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Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Lun 2 Nov 2009 15:16
de Jean-Philippe
Voici la situation dans cette région qui fut une des grandes surprises du scrutin de 2004 qui a vu Fillon, président de 1998 à 2002, être battu.

Après le retrait de Roselyne Bachelot, c'est un autre angevin qui a pris la tête de l'UMP pour mener la campagne.
Christophe Béchu, 35 ans seulement, est déjà un "cumulard" gourmand puisqu'il est président du conseil général depuis 2004 et député européen depuis juin dernier, après une candidature manquée aux municipales d'Angers, où il fut battu de peu. Il serait allié avec le MPF de De Villiers dès le premier tour.
Face à lui, le sortant Jacques Auxiette pourra jouer du fait qu'il n'est pas un cumulard puisqu'il a quitté sa mairie de la Roche-sur-Yon en 2004 (après 27 ans de mandat), ainsi que sur son bilan.
Le troisième candidat qui jouera un grand rôle est celui des écolo, Jean-Philippe Magnen, adjoint au maire de Nantes et président des Verts 44, atteindra sans difficulté les 10% nécessaires pour peser face au PS. Il n'est pas totalement exclu qu'il soit très proche voire devant Auxiette au premier tour.

A côté de ce trio, les centristes non membres du Modem ont plusieurs pistes : soit partir dès le premier tour avec l'UMP, soit présenter une liste distincte. Cette dernière piste a la faveur du député de Châteaubriand Michel Hunault, conseiller régional sortant du NC, qui se verrait bien tête de liste. Mais Jean Arthuis, président du conseil général et sénateur de Mayenne, tête de liste en 2004 pour l'UDF, aujourd'hui président de l'Alliance centriste, de lui laissera peut-être pas le champ libre. En effet c'est lui qui, en septembre dernier, lançait un appel au rassemblement de tous les centristes et les invitait à se retrouver. Ainsi une réunion fut organisée le 19 septembre à laquelle participèrent centristes du MoDem et du Nouveau Centre. Jean Arthuis proposa de constituer ensemble des groupes de travail en vue de présenter une liste commune.
Mais le Modem, qui dispose de peu d'élus locaux, a décidé de partir seul, avec pour l'instant comme probable tête de liste Raoul Mestre, conseiller municipal de la Roche-sur-Yon. Rappelons qu'aux municipales, le Modem était souvent allié à l'UMP : à Saumur, Angers, Laval (officiellement dans cette dernière ville, puisque des centristes, menés par un cadre du Modem, conseiller sortant, avaient mené une liste séparée et qu'une autre élue sortante avait rejoint la liste de gauche).

Le PC qui n'est présent localement que dans la région de Saint-Nazaire et la banlieue sud du Mans (Allonnes) va devoir s'allier au PS s'il veut des élus.

Enfin le FN, qui présente la tête de liste bretonne de 2004, va avoir encore plus de mal à approcher des 10%.

rappel des résultats de 2004 :
gauche unie 37,2 >52,35
UMP 32,33 >47,65
UDF 12,14 (fusion)
FN 9,71
LO-LCR 6,07
MNR 2,55

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Mar 3 Nov 2009 20:29
de Jean-Philippe
Une pierre d'achoppement entre écolo et une partie du PS (JM Ayrault, député maire de Nantes en tête), qui peut avoir de lourdes conséquences et sur laquelle va probablement jouer l'UMP, est le débat sur l'aéroport de ND des Landes, entre Rennes et Nantes.
Pendant la mandature passée, les rapports entre les Verts et le PS sont restés bons du fait de l'absence de prise de position du conseil régional sur ce sujet épineux. Mais la politique étant l'art de décider, il faudra bien que le conseil régional donne son avis. Si le PS est majoritairement favorable au projet (ses élus du moins), l'UMP se garde bien de claironner sur les toits qu'elle y est également favorable.
Ce différend n'empêchera pas un accord de gouvernance au second tour (beaucoup d'élus régionaux Verts actuels sont adjoints dans les villes, majoritairement gérées par la gauche), mais le poids électoral des écolo jouera un rôle dans sa résolution. Leur score dans la zone prévue d'implantation de l'aéroport y sera probablement très élevé, devant le PS et peut-être devant l'UMP, avec des reports sur la liste d'union qui seront moindres qu'ailleurs au second tour.

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Mar 24 Nov 2009 23:48
de Jean-Philippe
Petit rappel de l'état actuel de la géopolitique régionale, a priori favorable à la droite, mais qui ne l'a pas empêcher de perdre en 2004 cette région jugée parmi les plus conservatrices de France (grâce à la Mayenne et la Vendée notamment).

députés : gauche 9, droite 21
sénateurs : gauche 3 (2 PS, 1 PG), droite 12 (7 UMP, 3 centristes, 2 MPF)
conseils généraux : 4 à droite (Mayenne et Vendée très largement, Maine-et-Loire largement, Sarthe de 6 sièges) contre 1 (Loire-Atlantique) largement à gauche, le plus important avec 1/3 de la population régionale
villes de plus de 30000 habitants en 1999 : 8 à gauche (dont 6 au premier tour en 2008), 1 à droite (Cholet)
villes de 10 à 30000 habitants : 12 à gauche, 17 à droite (respectivement 5 et 4 en banlieue nantaise)

Avec la poursuite de l'urbanisation et de la croissance démographique, les cartes seront une nouvelle fois rebattues, mais surtout au détriment de la droite qui a enchaîné défaite sur défaite depuis 2004 dans la région (en Mayenne, Sarkozy n'a remporté "que" 55% des suffrages contre 60 pour Chirac en 95).

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Jeu 10 Déc 2009 00:43
de Jean-Philippe
La tête de liste du Modem est Laurent Gérault. C'est un conseiller municipal d'opposition à Angers, élu en 2008 sur la liste UMP d'un certain Christophe Béchu en tant que chef de file de Modem. Ce ralliement avait provoqué quelques remous, mais moins qu'ailleurs (record à Laval où des sortants Modem étaient présents sur 3 listes concurrentes).
Pour les régionales, on peut supposer qu'un rapprochement avec l'UMP sera facilité par l'ancienne proximité entre les deux têtes de liste. Cependant, il n'est pas assurer que le Modem atteigne 5%, surtout si le président de l'Alliance centriste Jean Arthuis, sénateur et président du CG de la Mayenne, tente de monter une liste centriste. Je ne suis pas sûr qu'il aille au bout de sa démarche, faute d'accord avec le NC et le Modem. Peut-être que le ralliement d'Hervé de Charette au NC va changer la donne, mais l'UMP ne va pas laisser une liste centriste autonome se mettre en place sans réagir.
Dans cette région comme dans d'autres, le centre penche à droite, a fortiori quand on parle des élus. Le positionnement plus droitier de l'UMP par rapport à 2004 va peut-être poser problème, d'autant que le MPF est partie prenante.
Les électeurs, en 2004, ne se sont pas satisfait de l'accord d'appareil entre UMP et UDF et des voix centristes ont refusé de se porter sur l'UMP.

En gros, si la tête de liste du Modem penche à droite ("qui a penché d'un côté ne penchera de l'autre"), cela ne suffira peut-être pas à l'UMP pour récupérer l'ancien fauteuil de François Fillon car les électeurs auront le dernier mot.

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Sam 19 Déc 2009 15:02
de Jean-Philippe
Du côté des centristes, c'est toujours l'incertitude. Béchu veut rallier Arthuis à sa cause, se disant prêt à lui laisser la tête de liste en Mayenne, mais ce dernier refuse, cherchant toujours à rallier autour de lui tous les centristes (comme en 2004), avec la possibilité et la volonté de se maintenir au second tour si les 10% sont atteints. Or cette volonté d'indépendance ferait le jeu de la gauche. C'est assez surprenant quand on sait qu'Arthuis est président de la commission des finances au Sénat et que son siège est renouvelable en 2011. Si sa réélection comme sénateur est assurée (pour l'heure), sa prise de distance avec l'UMP peut lui coûter sa présidence de commission (la victoire de la gauche au Sénat aurait le même effet).
La stratégie de Béchu, à défaut de réussir une alliance avec les centristes au premier tour, est de faire savoir à tous (aux électeurs notamment) qu'il a tout fait pour rassembler.

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Dim 20 Déc 2009 15:12
de Denis
Cher Jean-Philippe, et chers tous,

Vous évoquez dans un détour de phrase l'avenir d'Arthuis dans un Sénat qui serait passé à gauche. Je suis stupéfait, je dois le dire, de constater que cette perspective ne soit jamais reprise dans la presse alors qu'elle est presque mathématique. Le renouvèlement de septembre 2011 va d'abord et avant tout enregistrer la grosse vague rose des municipales de 2008 (le principal pourvoyeur en grands électeurs). Si l'on ajoute la colère noire des élus "divers", singulièrement en milieu rural, devant la politique présidentielle, ce qui, déjà, s'était traduit en 2008 par une quinzaine de sénateurs de gauche élus en plus que prévu, on ne coupera pas à un président de gauche au Sénat. Si Laurent Fabius change de chambre, il est programmé pour cela. Sinon cela pourrait être Rebsamen. Donc, ne croyez-vous pas que vos compétences pourraient être mobilisées sur l'hypothèse du basculement en déterminant fourchette basse et fourchette haute à horizon sept. 2011 ?

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Dim 20 Déc 2009 19:13
de Artisan-Politologue
Cher Denis,

La presse nationale n'évoque quasiment jamais la possibilité d'un Sénat à gauche pour deux raisons, principalement:
- le Sénat est supposé ne pas intéresser le grand public qui aurait du mal à situer son rôle dans nos institutions. Il est vrai aussi qu'un président socialiste du Sénat gênerait Sarkozy mais ne déclencherait pas une cohabitation pour autant. Donc très peu d'enjeux visibles
- la presse manque cruellement d'"analystes", elle s'intéresse davantage aux "petites phrases" et aux rapports de force entre la centaine d'hommes politiques les plus visibles médiatiquement, mais rarement à la géographie politique, qui est bien plus passionnante.
Je suis d'autant plus à l'aise pour en parler que je travaille en presse quotidienne régionale

Je pense également que le Sénat a de bonnes chances de basculer en septembre 2011. L'arithmétique jouera un grand rôle, mais elle ne doit pas nous aveugler lorsqu'on fait de la prospective électorale.
Deux exemples du scrutin de 2008: le Calvados et le Cantal.
Dans le Calvados, où trois sièges, tous de droite, étaient renouvelables au scrutin uninominal à deux tours, on pouvait s'attendre à ce qu'au moins un ou deux bascule à gauche. Surtout après la victoire socialiste aux municipales de mars à Caen, grosse pourvoyeuse de grands électeurs. De même, depuis 1992, la gauche a grignoté 11 cantons à la majorité de droite. Pourtant, la droite a tenu le choc et ses trois sortants ont été réélus.
Dans le Cantal, petit département presque totalement verrouillé par la droite, où deux sièges sont pourvus au scrutin uninominal à deux tours, la gauche a créé la surprise en enlevant un siège à la droite. C'est un PRG, Jacques Mézard, qui a été élu. Un PS aurait-il pu réussir à sa place? Je n'en suis pas sûr, au vu des reports de droite. A mon avis, la personnalité a ici davantage joué, bien que des changements géopolitiques semblent se dessiner dans ce département (http://artisans-politologues.blogspot.com/2008/12/mais-que-se-passe-t-il-donc-dans-le.html).

Faire des projections maintenant pourrait s'avérer hasardeux, même en tenant compte des municipales de 2008 (contre-exemple de Caen). Il faudrait attendre mars 2011 et les résultats des cantonales, pour voir comment seront rebattues les cartes. Pas tant numériquement (les conseillers généraux pèsent peu dans le scrutin) qu'au niveau des rapports de force. Certains petits élus attendront en effet de savoir qui tient le manche localement pour se décider.

La poussée de la gauche pourrait aussi être accentuée par la réforme des collectivités locale. La fin de la taxe professionnelle va mécontenter les élus, et les fusions de cantons acceléreront ce phénomène. Il est d'ailleurs possible que des listes de conseillers généraux fusionnés se montent, ajoutant de la confusion.

Ensuite, il ne faut pas évacuer l'effet proportionnelle. Les créations de sièges et les changements de seuil ont mécaniquement favorisé la gauche depuis 1998, puisque la droite avait davantage à perdre. A contrario, ce phénomène a aussi favorisé la droite dans des gros départements de gauche, comme le Puy-de-Dôme.

Les points chauds à surveiller en septembre 2011: Loir-et-Cher, Loire, Loire-Atlantique, Marne, Mayenne, Meuse, Nord, Pyrénées-Atlantiques.


Manu

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 07:55
de Artisan-Politologue
Pour en revenir aux Pays-de-la-Loire, je ne crois pas beaucoup à une victoire de l'UMP.
Certes, leur tête de liste n'est pas inintéressante et a le mérite du renouvellement face à un Jacques Auxiette qui brigue un second mandat mais a tout de même été élu pour la première fois en 1977 à la mairie de La Roche-sur-Yon (Béchu n'avait alors que trois ans...). Christophe Béchu fait effectivement tout pour passer pour un rassembleur, alors qu'une candidature Bachelot aurait servi de repoussoir vis à vis du MPF.
Une fois de plus va donc se poser la question des réserves au second tour, même si le FN ne passe pas le premier. Si les centristes, malgré leur éclatement et leur tropisme à droite dans cette région, montent une liste qui ne passera pas les 10 %, ou fusionnera avec l'UMP dans le cas contraire, il n'est pas sûr que l'opération soit rentable, tant les tiraillements se multiplient (Arthuis qui joue sa petite musique, Charette qui trouve l'UMP trop à droite...).
Auxiette, de son côté, peut s'appuyer sur des réservoirs de gauche de plus en plus importants et situés dans les départements les plus peuplés (Loire-Atlantique, Sarthe, et dans une moindre mesure Maine-et-Loire). L'hypothèque d'une candidature villiériste, qui aurait mobilisé au moins 20 % des suffrages en Vendée, lui permet de respirer un peu dans son département. Même si La Roche-sur-Yon, création républicaine, est une enclave de gauche dans le bocage (mais pas dans la plaine et le marais dont le comportement électoral a toujours différé), il peut espérer grapiller quelques suffrages supplémentaire. Il faudra mesurer l'impact Arthuis dans la Mayenne, après l'élection d'un député socialiste sur trois en 2007 (une première au scrutin majoritaire sous la Ve République) et la victoire du PS à Laval en 2008.
En fait, le PS a peut-être davantage intérêt à se garder des écologistes, avec en filigrane le dossier difficile de l'aéroport de Nantes. Dans la région, les écolos ont été plutôt moins divisés qu'ailleurs lors de leurs années noires (1993-1997) et ils ont un député depuis 2007 à Nantes-Ouest (François Goulet de Rugy, qui provient du courant Mamère).

Manu

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 12:04
de Jean-Philippe
Suite à mes projections, on aurait dans la région au premier tour :
UMP : 38,32 (en prenant en compte la liste Hunault aux européennes 2004)
PS : 24,73
EE : 14,5
Modem : 8,68
FN : 5,05
NPA : 4,8
FG : 4,79

Le Modem est trop haut (surtout si Arthuis y va), tout comme l'UMP et EE (mais dans une moindre mesure pour ces deux listes), d'où un total qui dépasse de peu les 100%, mais sans prendre en compte AEI ni LO.

Re: Suspense en Pays-de-la-Loire

MessagePosté: Mar 22 Déc 2009 15:16
de Artisan-Politologue
Voici comment je vois le 1er tour:
Majorité 39
PS 22
EE 13
MODEM 8
FN 6
FG 5
NPA 4
AEI 2
LO 1
Des résultats qui pourraient bouger du côté de l'UMP et du MODEM si Arthuis se présente. A mon avis il ne devrait pas dépasser les 6 %.