Eco92 a écrit:Dans une tribune sur Le Monde Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes et président de la fédération LR des Hauts-de-Seine, porte-parole de la délégation française au sein du groupe du Parti populaire européen dans la dernière mandature et candidat en fin de liste sur la liste LR, critique très fortement la ligne Wauquiez.
Il dénonce l'ancrage uniquement conservateur et "eurogrincheux" alors que leur famille politique était très libérale et pro-UE au Parlement. Il évoque la volonté de "refonte intellectuelle" portée par Wauquiez qui se résume à "refonte intellectuelle a été confisquée par quelques-uns" excluant toutes les voix non conservatrices et à une dramatisation du débat politique, rappelant qu'au PE le PPE travaille avec tous les partis sur les projets de lois, et peuvent voter avec la gauche ou les libéraux si cela convient à leur ligne.
Enfin, il écrit "Nous devons redevenir libéraux en économie, dans la société et les mœurs.
[…]
Parmi les plus durs sur la campagne on trouve Geoffroy Didier. Le futur-ex VP de la région IDF, car réélu eurodéputé, a déclaré notamment « La droite doit se déringardiser d'urgence et doit notamment abandonner son conservatisme sociétal. L'avenir de la droite ça peut pas être d'être contre l'IVG », il a aussi fustigé l'engagement de Bellamy pour le maintien en vie de Vincent Lambert, expliquant « C'est peut-être une droite mais ça n'est pas la droite ». Didier s'était déjà exprimé pour l'euthanasie, comme pour le PMA pour toutes par exemple, mais c'est quand même curieux de le voir faire le sniper furieux contre Bellamy alors que
1/ il a été réélu car il était n°7 sur sa liste
2/ qu'il était directeur de la campagne de Bellamy !!
Un parti libéral "en économie, dans la société et les mœurs", une droite "déringardisée", sans "conservatisme sociétal" ni tendance "eurogrincheuse", cela existe, cela s'appelle La République En Marche.
On peut penser tout ce que l'on veut de Laurent Wauquiez, de son opportunisme et de son manque de sincérité. Mais il semble qu'il a du moins compris que si un parti de Droite veut continuer d'exister en France, il ne peut plus se contenter d'être le parti du gros argent et de la modernité triomphante : ce créneau là lui a été pris par En Marche. Si maladroite fût elle, le "refonte intellectuelle" de la Droite française initiée par Wauquiez et incarnée par F.-X. Bellamy était (demeure?) le seul moyen pour les Républicains de manifester leur identité propre et de se donner un motif pour continuer d'exister. En représentant un courant conservateur dans le domaine de la société et des mœurs, mais aussi attaché à un équilibre entre la défense des intérêts propres de l'Etat et de la Nation (intérêts distincts de ceux des individus et des classes constituant cette Nation), et un humanisme hérité des Anciens comme de la tradition judéo-chrétienne - autrement dit un équilibre entre Libéralisme et Nationalisme.
Ce courant de pensée là existe en France, et les Républicains survivraient en s'en faisant les représentants. Ils survivraient, mais renonceraient à parvenir seuls au pouvoir. Car si ce courant existe, il n'est pas majoritaire, et ne semble pas avoir vocation à la devenir. Le gros de son électorat potentiel, celui qui demeure certes attaché aux valeurs que M. Bellamy pouvait représenter, est encore plus attaché à la défense de ses intérêts matériels individuels et de classe. On a relevé que les quartiers bourgeois de Paris, tels le XVIème ou mon VIIIème, ont donné des majorités massives à Renaissance. Ces gens-là peuvent bien avoir des convictions conservatrices, manifester contre le Mariage pour tous et pétitionner contre la PMA. Seulement cet hiver, les Gilets jaunes ont brûlé leurs voitures et cassé leurs banques. Et ce sont les policiers du très macroniste Casataner qui les ont protégés contre cette "chienlit" qui menaçait leurs intérêts. Alors ils ont voté pour leurs intérêts, laissant sur le sable les convictions de M. Bellamy.
Autrement dit, les Républicains ont le choix. Soit ils gardent leur identité propre, en affirmant des convictions conservatrices réellement de Droite; mais ils perdent une part de leur ancien électorat captif, et se trouvent réduits à une sorte de rôle de conscience morale qui ne satisfait guère les ambitions de ses jeunes loups ni de ses vieux barons. Soit elle se résigne au libéralisme sociétal et moral de la modernité, voire recommence à l'exalter; elle perd alors toute raison spécifique d'exister, puisqu'elle fait double emploi avec LREM, et ne peut plus être au mieux qu'un réservoir de futurs ralliés au progressisme autoritaire d'En Marche.
Les hommes étant ce qu'ils sont, on peut assez facilement préjuger du choix qui sera fait.
Dommage. Depuis plus de quarante ans que je suis la vie politique, c'est presque la première fois que je trouve un candidat de Droite intéréssant.