En effet, pour estimer la "vitalité" militante d'un parti, il me semble plus opportun de regarder l'activité au sein des fédérations et l'affluence dans les meetings et/ou rendez-vous militants pour se faire une petite idée, plutôt que des chiffres fournis par des état-major, soumis à caution, et difficilement vérifiables d'ailleurs.
Et il me semble assez logique de supposer qu'en année de congrès (où on vote pour un chef et/ou une ligne), les militants sont plus à même de se mobiliser (je peux par exemple vous confirmer qu'au sein de ma peu "peuplée" section du Pas de Calais, on a vu plus de participants en 2012 et en 2014 à l'approche des congrès). Avec en plus à l'UMP, l'élément supplémentaire que les sarkozystes sont indéniablement habiles à mobiliser leurs fans. Ceci étant dit, le chiffre de plus de 260 000 militants me semble tout de même un poil optimiste (on est pas loin du plus haut historique, et si j'ai bien l'impression qu'on récupère de l'effectif depuis l'hémorragie post guerre Fillon/Copé, je suis pas sur qu'on en soit déjà revenu à ce niveau là). Sachant qu'on peut tout de même être militant à jour de cotisation sans être très présent dans la vie interne du parti (j'en connais aussi pas mal qui ont leur carte par "soutien", sans que ça aille beaucoup plus loin que ça).
Pour en revenir au FN, encore une fois, je ne pointais pas un comportement unique ou exceptionnel. Seulement le fait qu'il est assez rare qu'un parti puisse être pris aussi ouvertement en flagrant délit de cafouillage sur son nombre d'adhérents.
En effet, comme le rappellent Ploumploum et Caroline (via l'article du Figaro), pour le scrutin du week-end, le FN a arrêté un corps électoral de 42 000 militants à jour de cotisation au 24 octobre.
Le problème, c'est que selon d'autres sources, le FN revendique dans le même temps plus de 80 000 militants, eux aussi à jour de cotisation :
http://www.huffingtonpost.fr/2014/10/30 ... _hp_ref=twvie-partis-f16/15eme-congres-t3825-50.html#p68427Pour résumer, même si je pense que le chiffre de l'UMP de plus de 260 000 militants à jour de cotisation est pour le moins optimiste, il est le seul sur lequel l'UMP communique officiellement (c'est bien le chiffre qu'elle revendique, et c'est bien celui qu'elle prend en compte pour compter le taux de participation au scrutin de samedi dernier). Sachant que, pour arriver à ce chiffre là, l'UMP prend en compte aussi bien les gens ayant été à jour de cotisation le 31 décembre 2013, que ceux ayant adhéré entre cette date et le 30 juin (des nouveaux adhérents donc), ou ceux ayant réactivé leur adhésion tombée en déshérence avant cette date (des anciens militants peu impliqués, ou sur le départ). Donc, forcément, cela aide à augmenter le chiffre. Et si vous notez en effet que les déclarations des différents responsables UMP sur le sujet ont été assez contradictoires, il est à peu près certains que tous ne retenaient pas le même mode de calcul ou les mêmes dates (le chiffre de Juppé, par exemple, semblait bien n'inclure que les adhésions faites entre le 01 janvier et le 30 juin 2014, en excluant donc celles faites en 2013).
Bref, qu'il y ait gonflement des chiffres, ça me parait évident. Mais les instances officielles de l'UMP, et la Haute Autorité du scrutin, communiquent bien, in fine, sur le chiffre global de 260 000 militants.
Ce que je ne comprends pas du côté du FN, c'est comment, en arrêtant un chiffre de 42 000 militants à jour au 24 octobre, ils peuvent dans le même temps en revendiquer plus de 80 000, eux aussi à jour (c'est là où je ne comprends pas : si encore ces 80 000 étaient présentés comme incluant des militants non à jour, et encore, le passage du simple au double me paraitrait quand même gros). Et je n'ai trouvé nul part d'explications venant du FN sur le sujet (et, en même temps, comme aucun media ne semble le leur demander, à priori, ça risque pas d'arriver). A moins qu'ils n'aient inclus un élément d'ancienneté pour pour pouvoir participer au vote (ce dont je doute, puisque l'âge minimal requis est de 16 ans révolus), mais si tel est le cas, je n'en trouve trace nul part. Et si il y a, là aussi, cafouillage entre les uns et les autres sur la manière de compter, ça ne transpire d'aucune déclaration ou texte.
Tout cela me rend d'autant plus perplexe, qu'il suffisait au FN de reconnaître un taux de participation pour l'élection à la présidence du parti de l'ordre de 25% pour éviter le problème (ce qui représenterait toujours 2 fois plus de votes exprimés qu'en 2011, et ne me paraitrait pas si infamant que ça, pour une élection sans enjeu, avec une seule candidate). Par exemple, en 2002, la nouvelle UMP avait assumé pleinement son maigre 29% de participation pour la ratification de Juppé en tant que président.