Communautarisme et universalisme
Posté: Sam 4 Juil 2020 19:24
Je poursuis ici le débat sur les mouvements communautaristes ici qui avait dérivé depuis le sujet des analyses des élections municipales pour l'UDMF. Et comme j'en ai pas mal à déballer, je préfère couper tout de suite court au hors-sujet.
Et je vais directement m'attaquer au cas Adama Traoré, car il est à lui seul représentatif de toutes les dérives communautaristes de notre société. Les soutiens de ce comité essaient de faire croire (avec malheureusement un succès retentissant) qu'il y aurait en France une violence policière spécifique contre les personnes de couleur noire en France. Rappelons quand même quelques faits :
- Le seul cas de violence policière française dite raciste que les manifestants prennent en exemple est celui d'Adama Traoré. Disons que c'est un peu court pour en extraire un problème de société...
- Le Adama Traoré en question était un délinquant récidiviste notoire qui a de plus résisté à son arrestation. Outre que voir ce genre de personnage érigé en symbole en dit déjà long sur les valeurs de ce mouvement, il est assez comique de constater que certaines personnes de "couleur non blanche" se sentent, selon leurs propres témoignages, obligés à l'aune de ce seul fait divers d'expliquer à leurs gosses que les policiers sont dangereux et qu'il faut s'en méfier. Il y a pourtant un procédé très clair à respecter pour s'en prémunir : respecter la loi... Et si quelque chose d'aussi élémentaire reste si insurmontable que ça pour certains, il y a toujours une porte de sortie : se montrer le plus coopératif possible quand on se fait attraper en flagrant délit.
- Rajoutons à cela que les expertises médicales qui n'ont pas été réalisées à la demande de la famille ont toutes relevé que Traoré était fragilisé par une maladie, ce que les policiers ne pouvaient bien entendu pas savoir au moment de maîtriser l'individu récalcitrant. Et contrairement à ce qui a été dit précédemment dans ce débat, ce n'est pas Alamo qui se prend pour un médecin en relevant cet état de fait, mais bien ses contradicteurs qui nient les résultats d'un rapport médical officiel.
- Il est donc déjà complètement dingue de voir dans cet incident une volonté de la part des policiers de faire justice eux-mêmes, mais il l'est encore plus de voir ici un acte raciste et motivé par la couleur de peau de la victime, car des cas de décès suite à des violences policières, on en trouve aussi qui voient la mort de personnes de couleur blanche, et contrairement à Traoré, qui, on ne le répétera jamais assez, était un voyou qui s'est battu contre les policiers venant l'interpeller, d'autres cas de violence policière sont commises contre des victimes au profil bien moins répréhensible. Mais bien sûr, comme les victimes en question ont des têtes de Gaulois, c'est tout de suite moins grave aux yeux de nos amis indigénistes. Pire, cela vient pourrir leurs statistiques en diminuant la part des "minorités ethniques" parmi les violences policières : c'est en cela, et seulement cela, que ces agressions sont problématiques... Des exemples de cassage de gueule de Blancs, on en a vu à la pelle lors des manifestations des Gilets jaunes. Et grâce aux images, on sait que beaucoup n'avaient d'ailleurs même pas commis le moindre geste répréhensible. Il y a aussi le cas Cédric Chouviat, déjà évoqué par Alamo, et pourtant bien blanc de peau, ce qui ne lui a pas permis de la sauver pour autant... Dénoncer un problème de violences policières en France, c'est donc tout à fait possible. Mais pour y voir du racisme systémique avec les faits dont on dispose, il faut être complètement taré.
Sur le communautarisme en lui-même maintenant, j'ai noté une tentative d'homme de paille dans ce débat de prêter l'intention aux universalistes républicains de dénoncer le regroupement entre communautés. Alors même que ce qui est réellement dénoncé est de toute autre nature, à savoir les revendications communautaires. Ces revendications peuvent prendre souvent deux formes : exiger des autres communautés une adaptation de leur législation ou de leur mode de vie ou bien exiger des mesures de discrimination positive en leur faveur (quotas ou préférence directe) . Ça va donc bien plus loin que différentes communautés ayant tendance à vivre côte-à-côté sans interaction entre elles.
Prenons l'exemple de l'Islam puisque c'est celui qui revient le plus dans les débats, et également celui où les illustrations sont les plus nombreuses. Déjà, je ne peux pas dire que je suis surpris par l'indulgence de beaucoup envers les revendications islamistes tellement on y est habitués, mais je crois bon de remettre certains points sur certains i. Déjà, en ce qui me concerne, je suis tout comme Alamo athée et ai à ce titre un problème avec toutes les religions en soi. Je dois même dire que ça me dépasse complètement qu'il soit possible d'avoir des croyances religieuses passé 12 ans. Mais bon, cela reste l'affaire des croyants à ce niveau. Ce qui l'est beaucoup moins, ce sont justement les revendications communautaires inhérentes à cette religion. Parmi ces revendications, citons l'exigence d'avoir des horaires séparés pour les hommes et les femmes dans les piscines publiques. Si un riche émir qatari décide de venir construire et entretenir à ses frais une grande piscine privée où il y inviterait tous les musulmans à venir nager avec des horaires séparés pour les hommes et les femmes, et bien grand bien lui fasse. C'est une forme de communautarisme mais qui n'a pas pour caractéristique de proposer à ses membres l'activité "chier dans les bottes du voisin". Mais dans le cas des piscines publiques, il y a bien la volonté d'imposer un certain mode de vie à l'ensemble de la communauté, antirépublicain de surcroît, et cela quoi qu'en disent ceux qui osent se dire républicains alors qu'ils ferment les yeux sur ce genre de réalité. À titre de second exemple, citons aussi l'existence du Halal dans de plus en plus de restaurants. Il est vrai qu'à première vue, et pour quelqu'un ne connaissant rien au sujet, il pourrait être tenté de dire "Et alors ? S'ils veulent manger Halal, c'est eux que ça regarde : chacun fait comme il veut !" Sauf que l'Islam étant une religion extrêmement tolérante des pratiques différentes, il est interdit par celui-ci de préparer dans un restaurant à la fois du Halal et du non Halal. Donc qui dit apparition du Halal implique immédiatement la disparition de toute nourriture non Halal, et du porc par la même occasion. Ici un article qui illustre bien la situation. Déjà, il est intéressant de voir la réaction des nouveaux clients musulmans interviewés qui sont heureux de n'être enfin plus discriminés mais trouvent tout à fait légitime que soient discriminés ceux qui ne sont pas de leur communauté : des musulmans "modérés" qui sont simplement heureux de pratiquer librement leur religion sans doute... Il est tout autant intéressant de noter que ce qui conduit à ce genre de dérive est l'augmentation de la demande de ce type de consommation. Donc quand nos pseudo-progressistes affirment que la croissance du poids de certaines communautés est sans conséquence sur la vie des autres, et que toutes les gênes des "vieux blancs racistes et rétifs à tous changements" n'est dû qu'à leur tropisme conservateur et à leur peur de l'inconnu, c'est du flan... Et même je suis hostile à tout dogme religieux, il n'y a pas d'obsession particulière sur l'Islam à souligner ces faits, ou alors, il faut que l'on vienne exhiber des faits de communautarisme comparables venant d'autres religions. Et je parle d'aujourd'hui hein, pas d'il y a 60 ans...
Mais je ne vais pas disserter davantage sur l'Islam car le communautarisme musulman n'est au final qu'un communautarisme parmi les autres, même s'il est l'un des plus bruyants. En fait, il y a un communautarisme pour à peu près tout aujourd'hui, et si certaines personnes s'insurgent contre certains communautarismes, elles sont parfois en parallèle tout aussi promptes à en soutenir d'autres. Par exemple, il y a beaucoup de gens (surtout chez l'aile droite de LREM et chez LR) qui trouvent scandaleux les communautarismes musulman ou noir, et à qui la simple pensée qu'il puisse exister à l'avenir des quotas de couleur de peau sur les plateaux de télévision donnent à juste raison des boutons, mais qui n'ont aucun problème avec l'existence de la parité homme-femme, lois sexistes, communautaristes, antirépublicaines et anti-universalistes par essence, et qui ne sont à l'heure actuelle plus au stade de revendication, mais de loi inscrite de longue date dans la Constitution. La France n'est donc d'ores et déjà plus, de facto, une République universaliste. C'est sans même compter que les revendications de discrimination sont toujours brandies pour répondre à des discriminations imaginaires. Car oui, je vais le dire d'emblée et cash : il n'y a pas de discrimination systémique en France (j'espère que ceux qui arrivaient à déjà trouver les propos pourtant très conciliants d'Alamo "puants" avaient leur sac à vomi à portée de main quand ils ont lu ceci...). Toutes les fantasmes sur les pseudo-discriminations reposent sur deux choses : les témoignages et les statistiques. Commençons par les témoignages, seule arme pouvant être utilisée par les "antiracistes" pour justifier de l'existence de discriminations basées sur la couleur de peau, puisque les statistiques ethniques sont interdites. On devrait donc croire sur parole que ces discriminations existent puisque des milliers de témoignages des personnes concernées abondent dans ce sens. Ces personnes auraient donc plus de mal à trouver un logement ou un emploi. Mais j'aimerais bien savoir sur quoi ces personnes se basent pour dire que lorsque qu'elles sont passées à côté d'une opportunité de ce type, c'était à cause de leur couleur de peau. A priori, on a simplement dit à ces personnes : "Excusez-moi, vous n'êtes pas retenu pour ce poste" ou "Ce logement n'est plus disponible" et à aucun moment il n'a été dit "La raison, c'est qu'on veut pas de Noirs ici". C'est une interprétation qui est toujours très personnelle bien évidemment, il existe mille et une raisons qui peuvent expliquer un refus de candidature. Les Blancs qui galèrent pour trouver un emploi ou un logement, ça existe tout autant, j'en connais des dizaines et ai été moi-même concerné. Et bien souvent, on ne comprend pas non plus la raison du refus car toutes les cases étaient cochées. Mais quand on leur dit "Non", il ne leur vient même pas à l'esprit de penser que leur couleur de peau peut en être la cause et donc oui, ils n'ont donc pas idée de penser à témoigner en ce sens. De plus, il y a un certain nombre de biais statistiques qui peuvent expliquer que les "minorités ethniques" ont plus de difficultés, mais le problème est social et uniquement social. J'espère que tout le monde conviendra que les codes sociaux se transmettent de parents à enfants et que plus de personnes encore conviendront que le phénotype propre aux "minorités ethniques" se transmet également des parents aux enfants. Il n'est donc pas étonnant qu'un Noir ou un Maghrébin venu travailler en France pour un faible salaire et peu intégré à son pays d'accueil engendre des enfants présentant les mêmes caractéristiques sociales et les mêmes caractéristiques phénotypiques. Ces enfants sont souvent, arrivés adultes, moins diplômés, ne connaissent pas les codes sociaux à adopter en entretien, ont un vocabulaire au mieux limité, au pire familier, et s'expriment avec un accent des banlieues à couper au couteau. Et pour certains, il apparaît encore nécessaire de faire appel au facteur "race" pour expliquer leur plus difficile accession au marché du travail ??? C'est plutôt là qu'on nage en plein "délire fiévreux" au sens médical et clinique du terme.
Passons maintenant aux statistiques, beaucoup utilisées en France pour illustrer de pseudo-inégalités homme/femme. Prenons l'exemple le plus récurrent des inégalités de salaires avec les femmes gagnant en moyenne 19% de moins que les hommes. Avoir des chiffres, c'est bien, mais ils disent rien de plus que ce qu'ils disent, et ne disent en particulier rien sur le pourquoi. Mais chez les féministes, il est étrangement permis d'admettre le postulat que la raison est que les employeurs ont officieusement une grille de salaire homme et une grille de salaire femme bien distinctes... Or, beaucoup d'études ont démontré que ce chiffre de 19% tombait sous les 10% une fois qu'on prenait en considération un certain nombre de variables comme le poste occupé, le niveau d'études et le nombre d'heures travaillées. Certes, il reste près de 10% à expliquer mais toutes les variables ne sont jamais contrôlées et il y a aussi un élément extrêmement déterminant qui est la négociation du salaire. Or, les femmes ont tendance à être plus modestes que les hommes et ça se retrouve dans les prétentions salariales. En clair, ce n'est pas la féminité, mais la modestie qui est sanctionnée. Et ce raisonnement vaut aussi pour la faible présence des femmes dans les assemblées politiques : le moindre attrait (en moyenne, ce n'est pas la peine de venir contre-argumenter si c'est pour me dire qu'un tel connaît plusieurs femmes que ça passionne) des femmes pour la politique n'est plus à démontrer : les partis qui n'arrivent pas à boucler leurs listes aux municipales n'y parviennent pas à cause du quota de femmes, pas celui d'hommes. En 2017, la fameuse "primaire des Français" qui n'avait aucune barrière à l'entrée (donc aucune discrimination sexiste à l'entrée) n'avait que 15% de femmes candidates, soit pas beaucoup plus que le pourcentage d'élues avant les lois sur la parité ; ratio que l'on retrouvait également cette année chez les deux primaires des partis PS et LR : pourtant, le PS avait fait pression pour que des femmes se présentent et ne pas passer pour le mauvais élève. Mais quand ça veut pas...
Bref, la question du communautarisme et de la segmentation des citoyens dépasse de très loin la question du seul communautarisme islamiste et je regrette qu'il soit systématiquement abordé sous ce seul prisme. Et pour répondre à la question du classement à gauche et à l'extrême-gauche des formations anti-universalistes (ce qui apparaît en effet paradoxal car la gauche s'est illustrée en luttant pour l'égalité pendant des décennies et ces mouvements sont l'antithèse exacte de l'égalité), je dirai en première instance que c'est parce que plus on se déplace à gauche du spectre politique, plus le soutien à ces mouvements sont forts (si on fait abstraction de LO) : tous les partis de gauche se caractérisent au pire par un soutien actif, au mieux par une certaine bienveillance à l'égard de ces mouvements. Chez LREM et LR, on les combat plus ou moins (encore que localement, il peut y avoir, et on l'a vu, de grosses souplesses là-dessus...), mais le communautarisme des sexes est fortement encouragé. Enfin, au RN, s'il existe un très fort clivage entre la communauté nationale et les étrangers via un programme très rétif à l'immigration et aux conditions d'accès à la nationalité française, le désir de communautarisme ethnique ou sexiste au sein de la communauté nationale dans son discours est en constant effondrement depuis l'accession de MLP à sa tête (certains pourront objecter qu'il y a le discours et les arrières-pensées ... mais je ne suis pas là pour sonder les cœurs et les reins). Cette situation paradoxale tient au fait que l'on pense à tort que le moteur premier de la gauche est la recherche de l'égalité. C'est inexact dans les faits : son moteur principal a toujours été le progrès. Et le progrès, c'est une notion très subjective : tout ce qui permet "d'aller de l'avant" peut d'une façon ou d'une autre y être associé. Pendant des siècles, en effet, c'est dans la recherche de plus d'égalité que la gauche a satisfait son désir de progrès. Mais quand l'égalité en droits a été atteinte et que l'égalité des niveaux de vie a commencé à devenir de plus en plus difficile à faire progresser (car bon, il y avait quand même plus de boulot dans la matière au début du XIXème siècle qu'aujourd'hui quoi qu'on pense de la régression sociale de la politique de Macron), la gauche a dû trouver d'autres moteurs à faire tourner. Il y a d'abord eu l'internationalisme qui consistait à vouloir reproduire ce qui avait été fait en France ailleurs. Mais quand il s'est avéré que c'est plutôt un alignement de la France sur des systèmes sociaux pas vraiment aussi favorables aux classes populaires que le nôtre qui se mettait ainsi en place, la gauche se tourne aujourd'hui vers ce genre de thèse : une sorte de société post-égalitariste où l'on pense qu'il y a encore quelque chose au-dessus de l'égalité. Voilà, en gros, comme ce genre d'aberrations intellectuelles dont le paradigme autorise à affirmer que pour atteindre l'égalité, il faut prôner l'inégalité, a pu germer. Triste, certes. Quitte à abandonner le front des luttes sociales, j'aurais préféré voir la gauche plaider pour un investissement massif dans la recherche médicale pour lutter contre les vrais handicaps qui passent aussi bien par la lutte contre les prédispositions au cancer et aux maladies cardiovasculaires, aux maladies génétiques en tout genre. Mais bon, peut-être que la science, c'est raciste, allez savoir... Ne négligeons pas non plus l'aspect moins idéologique et déjà évoqué, à savoir la volonté d'attirer un nouvel électorat en faisant croire aux concernés que s'ils ne réussissent pas aussi bien dans la vie qu'ils le voudraient, c'est parce que des forces obscures qui les dépassent se déchaînent contre eux. Ça flatte l'ego en annihilant la part qui relève de leur responsabilité individuelle et en donnant l'allure de héros de tragédie grecque. Qui n'achèterait pas ?
Et je vais directement m'attaquer au cas Adama Traoré, car il est à lui seul représentatif de toutes les dérives communautaristes de notre société. Les soutiens de ce comité essaient de faire croire (avec malheureusement un succès retentissant) qu'il y aurait en France une violence policière spécifique contre les personnes de couleur noire en France. Rappelons quand même quelques faits :
- Le seul cas de violence policière française dite raciste que les manifestants prennent en exemple est celui d'Adama Traoré. Disons que c'est un peu court pour en extraire un problème de société...
- Le Adama Traoré en question était un délinquant récidiviste notoire qui a de plus résisté à son arrestation. Outre que voir ce genre de personnage érigé en symbole en dit déjà long sur les valeurs de ce mouvement, il est assez comique de constater que certaines personnes de "couleur non blanche" se sentent, selon leurs propres témoignages, obligés à l'aune de ce seul fait divers d'expliquer à leurs gosses que les policiers sont dangereux et qu'il faut s'en méfier. Il y a pourtant un procédé très clair à respecter pour s'en prémunir : respecter la loi... Et si quelque chose d'aussi élémentaire reste si insurmontable que ça pour certains, il y a toujours une porte de sortie : se montrer le plus coopératif possible quand on se fait attraper en flagrant délit.
- Rajoutons à cela que les expertises médicales qui n'ont pas été réalisées à la demande de la famille ont toutes relevé que Traoré était fragilisé par une maladie, ce que les policiers ne pouvaient bien entendu pas savoir au moment de maîtriser l'individu récalcitrant. Et contrairement à ce qui a été dit précédemment dans ce débat, ce n'est pas Alamo qui se prend pour un médecin en relevant cet état de fait, mais bien ses contradicteurs qui nient les résultats d'un rapport médical officiel.
- Il est donc déjà complètement dingue de voir dans cet incident une volonté de la part des policiers de faire justice eux-mêmes, mais il l'est encore plus de voir ici un acte raciste et motivé par la couleur de peau de la victime, car des cas de décès suite à des violences policières, on en trouve aussi qui voient la mort de personnes de couleur blanche, et contrairement à Traoré, qui, on ne le répétera jamais assez, était un voyou qui s'est battu contre les policiers venant l'interpeller, d'autres cas de violence policière sont commises contre des victimes au profil bien moins répréhensible. Mais bien sûr, comme les victimes en question ont des têtes de Gaulois, c'est tout de suite moins grave aux yeux de nos amis indigénistes. Pire, cela vient pourrir leurs statistiques en diminuant la part des "minorités ethniques" parmi les violences policières : c'est en cela, et seulement cela, que ces agressions sont problématiques... Des exemples de cassage de gueule de Blancs, on en a vu à la pelle lors des manifestations des Gilets jaunes. Et grâce aux images, on sait que beaucoup n'avaient d'ailleurs même pas commis le moindre geste répréhensible. Il y a aussi le cas Cédric Chouviat, déjà évoqué par Alamo, et pourtant bien blanc de peau, ce qui ne lui a pas permis de la sauver pour autant... Dénoncer un problème de violences policières en France, c'est donc tout à fait possible. Mais pour y voir du racisme systémique avec les faits dont on dispose, il faut être complètement taré.
Sur le communautarisme en lui-même maintenant, j'ai noté une tentative d'homme de paille dans ce débat de prêter l'intention aux universalistes républicains de dénoncer le regroupement entre communautés. Alors même que ce qui est réellement dénoncé est de toute autre nature, à savoir les revendications communautaires. Ces revendications peuvent prendre souvent deux formes : exiger des autres communautés une adaptation de leur législation ou de leur mode de vie ou bien exiger des mesures de discrimination positive en leur faveur (quotas ou préférence directe) . Ça va donc bien plus loin que différentes communautés ayant tendance à vivre côte-à-côté sans interaction entre elles.
Prenons l'exemple de l'Islam puisque c'est celui qui revient le plus dans les débats, et également celui où les illustrations sont les plus nombreuses. Déjà, je ne peux pas dire que je suis surpris par l'indulgence de beaucoup envers les revendications islamistes tellement on y est habitués, mais je crois bon de remettre certains points sur certains i. Déjà, en ce qui me concerne, je suis tout comme Alamo athée et ai à ce titre un problème avec toutes les religions en soi. Je dois même dire que ça me dépasse complètement qu'il soit possible d'avoir des croyances religieuses passé 12 ans. Mais bon, cela reste l'affaire des croyants à ce niveau. Ce qui l'est beaucoup moins, ce sont justement les revendications communautaires inhérentes à cette religion. Parmi ces revendications, citons l'exigence d'avoir des horaires séparés pour les hommes et les femmes dans les piscines publiques. Si un riche émir qatari décide de venir construire et entretenir à ses frais une grande piscine privée où il y inviterait tous les musulmans à venir nager avec des horaires séparés pour les hommes et les femmes, et bien grand bien lui fasse. C'est une forme de communautarisme mais qui n'a pas pour caractéristique de proposer à ses membres l'activité "chier dans les bottes du voisin". Mais dans le cas des piscines publiques, il y a bien la volonté d'imposer un certain mode de vie à l'ensemble de la communauté, antirépublicain de surcroît, et cela quoi qu'en disent ceux qui osent se dire républicains alors qu'ils ferment les yeux sur ce genre de réalité. À titre de second exemple, citons aussi l'existence du Halal dans de plus en plus de restaurants. Il est vrai qu'à première vue, et pour quelqu'un ne connaissant rien au sujet, il pourrait être tenté de dire "Et alors ? S'ils veulent manger Halal, c'est eux que ça regarde : chacun fait comme il veut !" Sauf que l'Islam étant une religion extrêmement tolérante des pratiques différentes, il est interdit par celui-ci de préparer dans un restaurant à la fois du Halal et du non Halal. Donc qui dit apparition du Halal implique immédiatement la disparition de toute nourriture non Halal, et du porc par la même occasion. Ici un article qui illustre bien la situation. Déjà, il est intéressant de voir la réaction des nouveaux clients musulmans interviewés qui sont heureux de n'être enfin plus discriminés mais trouvent tout à fait légitime que soient discriminés ceux qui ne sont pas de leur communauté : des musulmans "modérés" qui sont simplement heureux de pratiquer librement leur religion sans doute... Il est tout autant intéressant de noter que ce qui conduit à ce genre de dérive est l'augmentation de la demande de ce type de consommation. Donc quand nos pseudo-progressistes affirment que la croissance du poids de certaines communautés est sans conséquence sur la vie des autres, et que toutes les gênes des "vieux blancs racistes et rétifs à tous changements" n'est dû qu'à leur tropisme conservateur et à leur peur de l'inconnu, c'est du flan... Et même je suis hostile à tout dogme religieux, il n'y a pas d'obsession particulière sur l'Islam à souligner ces faits, ou alors, il faut que l'on vienne exhiber des faits de communautarisme comparables venant d'autres religions. Et je parle d'aujourd'hui hein, pas d'il y a 60 ans...
Mais je ne vais pas disserter davantage sur l'Islam car le communautarisme musulman n'est au final qu'un communautarisme parmi les autres, même s'il est l'un des plus bruyants. En fait, il y a un communautarisme pour à peu près tout aujourd'hui, et si certaines personnes s'insurgent contre certains communautarismes, elles sont parfois en parallèle tout aussi promptes à en soutenir d'autres. Par exemple, il y a beaucoup de gens (surtout chez l'aile droite de LREM et chez LR) qui trouvent scandaleux les communautarismes musulman ou noir, et à qui la simple pensée qu'il puisse exister à l'avenir des quotas de couleur de peau sur les plateaux de télévision donnent à juste raison des boutons, mais qui n'ont aucun problème avec l'existence de la parité homme-femme, lois sexistes, communautaristes, antirépublicaines et anti-universalistes par essence, et qui ne sont à l'heure actuelle plus au stade de revendication, mais de loi inscrite de longue date dans la Constitution. La France n'est donc d'ores et déjà plus, de facto, une République universaliste. C'est sans même compter que les revendications de discrimination sont toujours brandies pour répondre à des discriminations imaginaires. Car oui, je vais le dire d'emblée et cash : il n'y a pas de discrimination systémique en France (j'espère que ceux qui arrivaient à déjà trouver les propos pourtant très conciliants d'Alamo "puants" avaient leur sac à vomi à portée de main quand ils ont lu ceci...). Toutes les fantasmes sur les pseudo-discriminations reposent sur deux choses : les témoignages et les statistiques. Commençons par les témoignages, seule arme pouvant être utilisée par les "antiracistes" pour justifier de l'existence de discriminations basées sur la couleur de peau, puisque les statistiques ethniques sont interdites. On devrait donc croire sur parole que ces discriminations existent puisque des milliers de témoignages des personnes concernées abondent dans ce sens. Ces personnes auraient donc plus de mal à trouver un logement ou un emploi. Mais j'aimerais bien savoir sur quoi ces personnes se basent pour dire que lorsque qu'elles sont passées à côté d'une opportunité de ce type, c'était à cause de leur couleur de peau. A priori, on a simplement dit à ces personnes : "Excusez-moi, vous n'êtes pas retenu pour ce poste" ou "Ce logement n'est plus disponible" et à aucun moment il n'a été dit "La raison, c'est qu'on veut pas de Noirs ici". C'est une interprétation qui est toujours très personnelle bien évidemment, il existe mille et une raisons qui peuvent expliquer un refus de candidature. Les Blancs qui galèrent pour trouver un emploi ou un logement, ça existe tout autant, j'en connais des dizaines et ai été moi-même concerné. Et bien souvent, on ne comprend pas non plus la raison du refus car toutes les cases étaient cochées. Mais quand on leur dit "Non", il ne leur vient même pas à l'esprit de penser que leur couleur de peau peut en être la cause et donc oui, ils n'ont donc pas idée de penser à témoigner en ce sens. De plus, il y a un certain nombre de biais statistiques qui peuvent expliquer que les "minorités ethniques" ont plus de difficultés, mais le problème est social et uniquement social. J'espère que tout le monde conviendra que les codes sociaux se transmettent de parents à enfants et que plus de personnes encore conviendront que le phénotype propre aux "minorités ethniques" se transmet également des parents aux enfants. Il n'est donc pas étonnant qu'un Noir ou un Maghrébin venu travailler en France pour un faible salaire et peu intégré à son pays d'accueil engendre des enfants présentant les mêmes caractéristiques sociales et les mêmes caractéristiques phénotypiques. Ces enfants sont souvent, arrivés adultes, moins diplômés, ne connaissent pas les codes sociaux à adopter en entretien, ont un vocabulaire au mieux limité, au pire familier, et s'expriment avec un accent des banlieues à couper au couteau. Et pour certains, il apparaît encore nécessaire de faire appel au facteur "race" pour expliquer leur plus difficile accession au marché du travail ??? C'est plutôt là qu'on nage en plein "délire fiévreux" au sens médical et clinique du terme.
Passons maintenant aux statistiques, beaucoup utilisées en France pour illustrer de pseudo-inégalités homme/femme. Prenons l'exemple le plus récurrent des inégalités de salaires avec les femmes gagnant en moyenne 19% de moins que les hommes. Avoir des chiffres, c'est bien, mais ils disent rien de plus que ce qu'ils disent, et ne disent en particulier rien sur le pourquoi. Mais chez les féministes, il est étrangement permis d'admettre le postulat que la raison est que les employeurs ont officieusement une grille de salaire homme et une grille de salaire femme bien distinctes... Or, beaucoup d'études ont démontré que ce chiffre de 19% tombait sous les 10% une fois qu'on prenait en considération un certain nombre de variables comme le poste occupé, le niveau d'études et le nombre d'heures travaillées. Certes, il reste près de 10% à expliquer mais toutes les variables ne sont jamais contrôlées et il y a aussi un élément extrêmement déterminant qui est la négociation du salaire. Or, les femmes ont tendance à être plus modestes que les hommes et ça se retrouve dans les prétentions salariales. En clair, ce n'est pas la féminité, mais la modestie qui est sanctionnée. Et ce raisonnement vaut aussi pour la faible présence des femmes dans les assemblées politiques : le moindre attrait (en moyenne, ce n'est pas la peine de venir contre-argumenter si c'est pour me dire qu'un tel connaît plusieurs femmes que ça passionne) des femmes pour la politique n'est plus à démontrer : les partis qui n'arrivent pas à boucler leurs listes aux municipales n'y parviennent pas à cause du quota de femmes, pas celui d'hommes. En 2017, la fameuse "primaire des Français" qui n'avait aucune barrière à l'entrée (donc aucune discrimination sexiste à l'entrée) n'avait que 15% de femmes candidates, soit pas beaucoup plus que le pourcentage d'élues avant les lois sur la parité ; ratio que l'on retrouvait également cette année chez les deux primaires des partis PS et LR : pourtant, le PS avait fait pression pour que des femmes se présentent et ne pas passer pour le mauvais élève. Mais quand ça veut pas...
Bref, la question du communautarisme et de la segmentation des citoyens dépasse de très loin la question du seul communautarisme islamiste et je regrette qu'il soit systématiquement abordé sous ce seul prisme. Et pour répondre à la question du classement à gauche et à l'extrême-gauche des formations anti-universalistes (ce qui apparaît en effet paradoxal car la gauche s'est illustrée en luttant pour l'égalité pendant des décennies et ces mouvements sont l'antithèse exacte de l'égalité), je dirai en première instance que c'est parce que plus on se déplace à gauche du spectre politique, plus le soutien à ces mouvements sont forts (si on fait abstraction de LO) : tous les partis de gauche se caractérisent au pire par un soutien actif, au mieux par une certaine bienveillance à l'égard de ces mouvements. Chez LREM et LR, on les combat plus ou moins (encore que localement, il peut y avoir, et on l'a vu, de grosses souplesses là-dessus...), mais le communautarisme des sexes est fortement encouragé. Enfin, au RN, s'il existe un très fort clivage entre la communauté nationale et les étrangers via un programme très rétif à l'immigration et aux conditions d'accès à la nationalité française, le désir de communautarisme ethnique ou sexiste au sein de la communauté nationale dans son discours est en constant effondrement depuis l'accession de MLP à sa tête (certains pourront objecter qu'il y a le discours et les arrières-pensées ... mais je ne suis pas là pour sonder les cœurs et les reins). Cette situation paradoxale tient au fait que l'on pense à tort que le moteur premier de la gauche est la recherche de l'égalité. C'est inexact dans les faits : son moteur principal a toujours été le progrès. Et le progrès, c'est une notion très subjective : tout ce qui permet "d'aller de l'avant" peut d'une façon ou d'une autre y être associé. Pendant des siècles, en effet, c'est dans la recherche de plus d'égalité que la gauche a satisfait son désir de progrès. Mais quand l'égalité en droits a été atteinte et que l'égalité des niveaux de vie a commencé à devenir de plus en plus difficile à faire progresser (car bon, il y avait quand même plus de boulot dans la matière au début du XIXème siècle qu'aujourd'hui quoi qu'on pense de la régression sociale de la politique de Macron), la gauche a dû trouver d'autres moteurs à faire tourner. Il y a d'abord eu l'internationalisme qui consistait à vouloir reproduire ce qui avait été fait en France ailleurs. Mais quand il s'est avéré que c'est plutôt un alignement de la France sur des systèmes sociaux pas vraiment aussi favorables aux classes populaires que le nôtre qui se mettait ainsi en place, la gauche se tourne aujourd'hui vers ce genre de thèse : une sorte de société post-égalitariste où l'on pense qu'il y a encore quelque chose au-dessus de l'égalité. Voilà, en gros, comme ce genre d'aberrations intellectuelles dont le paradigme autorise à affirmer que pour atteindre l'égalité, il faut prôner l'inégalité, a pu germer. Triste, certes. Quitte à abandonner le front des luttes sociales, j'aurais préféré voir la gauche plaider pour un investissement massif dans la recherche médicale pour lutter contre les vrais handicaps qui passent aussi bien par la lutte contre les prédispositions au cancer et aux maladies cardiovasculaires, aux maladies génétiques en tout genre. Mais bon, peut-être que la science, c'est raciste, allez savoir... Ne négligeons pas non plus l'aspect moins idéologique et déjà évoqué, à savoir la volonté d'attirer un nouvel électorat en faisant croire aux concernés que s'ils ne réussissent pas aussi bien dans la vie qu'ils le voudraient, c'est parce que des forces obscures qui les dépassent se déchaînent contre eux. Ça flatte l'ego en annihilant la part qui relève de leur responsabilité individuelle et en donnant l'allure de héros de tragédie grecque. Qui n'achèterait pas ?