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La vie politique américaine

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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Ven 21 Juin 2019 23:39

L'équation se complique grandement au niveau de la scène internationale pour Trump.
Depuis sa dénonciation de l'accord précédent sur le nucléaire (qui, aux yeux de Trump, avait surtout le tort d'être un legs d'Obama) et de nouvelles sanctions, c'est l'escalade entre l'Iran et les USA (il faut bien avouer que la diplomatie US ne proposait aucun plan de remplacement). Parmi les étapes : mise sur la liste des organisations terroristes des gardiens de la révolution par Washington, attaque de pétroliers dans le détroit d'Ormuz (que Téhéran menace de fermer), envoi d'un milliers de soldats US sur zone, intervention de plus en plus marquée de l'Iran dans les conflits régionaux (Syrie, Liban, Yémen...), jusqu'au dernier jalon en date, avec les Iraniens qui ont abattu un drône US (dans leur espace aérien selon Téhéran, non selon les Américains).
Et, suite à tout ça, on vient d'assister, je crois, à une grande première (en tout cas, assumée publiquement comme tel) : alors que Trump avait ordonné plusieurs frappes aériennes contre l'Iran, il s'est ravisé 10 minutes avant en annulant tout.
Face à cet événement sans précédent, beaucoup se perdent en conjectures, et la suite est imprévisible.
https://edition.cnn.com/2019/06/21/poli ... index.html
Trump dit qu'il aurait annulé quand les militaires lui auraient annoncé qu'ils estimaient les pertes iraniennes probables à environ 150 morts, le président jugeant alors cette riposte disproportionnée pour un simple drone abattu. Personne ne sait si c'est réellement ce qu'il s'est passé. Si oui, c'est surréaliste. Trump aurait donc ordonné les frappes dans un premier temps sans avoir été briefé sur les objectifs et les pertes potentielles ? J'avoue avoir beaucoup de mal à avaler ce scénario. Mais le contre ordre est lui aussi troublant : pourquoi changer d'avis ? Tout cela est il un billard à 3 bandes pour faire peur aux Iraniens ? Là aussi, beaucoup se perdent en conjectures quant à l'image qu'offre Trump sur ce coup là : un faux dur qui a craqué devant l'obstacle, un tacticien qui joue la psychologie inversée ? Personnellement je suis perplexe.
Déjà, depuis le départ dans le dossier iranien, on ne voit pas vraiment l'objectif recherché par Trump. Il a dénoncé l'accord nucléaire mais n'a rien tenté derrière, et les rodomontades depuis entre Téhéran et Washington ne peuvent que dégénérer.
Au niveau de l'administration US, les faucons ont pris beaucoup de poids autour de Bolton et de Pence. Trump est notoirement hostile à une intervention militaire à l'étranger, avec une ligne plus isolationniste, mais qui est largement démentie par le discours et les actions contre Téhéran. Pour l'heure, Trump temporise et va se rendre à l'ONU pour débattre de tout ça. Que va t il proposer concrètement ? Les Iraniens vont-ils percevoir la reculade comme une faiblesse de Trump ou comme une ouverture à des négociations ? L'avenir nous le dira, mais tout cela crée clairement un nouveau climat pour la campagne présidentielle US, mais surtout aggrave les tensions au Moyen-Orient.
Le gros problème c'est qu'au niveau de l'agenda intérieur iranien, les durs sont eux aussi renforcés par les mouvements de la diplomatie trumpienne.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Eco92 » Sam 22 Juin 2019 08:06

Sur la politique étrangère je trouve que le vote contre un contrat de 8,1 milliards de dollars de vente d'arme à l'Arabie Saoudite par le Sénat (où des républicains se sont donc joints aux démocrates) est aussi un camouflet important. En mai, Trump avait signé ces contrats sans consulter les chambres, invoquant une "situation d'urgence provoquée par l'Iran", justement. Cela lui permettait de passer outre le Congrès démocrate et de continuer sa curieuse géopolitique locale.

Pas de bol, entre la guerre au Yémen et surtout l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, qui résidait aux USA et travaillait dans un journal américain, que la rapporteur de l'ONU vient de déclarer crime d'état, font tâches pour certains républicains. Trois résolutions s'opposant à ces ventes ont donc été votées, le Congrès les votera aussi sans problème. Trump pourra y mettre son veto mais cela souligne encore la fracture entre lui et la diplomatie.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/le-senat-americain-bloque-une-vente-d-armes-a-l-arabie-en-s-opposant-a-trump-20190620
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Re: La vie politique américaine

Messagede Eco92 » Dim 23 Juin 2019 07:54

Corondar a écrit:
Corondar a écrit:(personnellement j'ai arrêté de tenir le compte des départs depuis un moment...)


Voilà qui ne devrait pas m'aider à tenir les comptes : Pat Shanahan, le secrétaire à la défense par intérim (depuis la démission de Jim Mattis il y a 6 mois), vient d'annoncer qu'il retirerait sa candidature pour être confirmé par le Sénat, et que, par voix de conséquence, il quittait également son intérim.
https://edition.cnn.com/2019/06/18/poli ... index.html


Trump a annoncé la nomination de Mark Esper au poste de ministre de la défense. C'est un ancien militaire (il a combattu en Irak lors de la Guerre du Golfe) qui s'est reconverti dans l’industrie de la défense et qui était jusqu’ici ministre adjoint chargé de l’armée de terre.

https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Ven 28 Juin 2019 01:13

Corondar a écrit:Enfin, dans un autre registre, Trump a annoncé via twitter que Sarah Huckabee, la porte parole officielle de la Maison Blanche, allait quitter ses fonctions à la fin du mois. Possiblement pour tenter une candidature pour le poste de gouverneur de l'Arkansas. Et depuis que le rapport Mueller avait rendu publique ses déclarations où elle reconnaissait mentir dans ses fonctions, son image, déjà polémique, s'était fortement dégradée.
Aucune annonce pour l'heure quant à un possible remplacement, et la plupart des médias font remarquer que les points presse de la Maison Blanche étant désormais en voie de disparition (photo à l'appui des poussières sur les pupitres de la salle de presse), est ce vraiment utile de nommer un remplaçant ? Objectivement, Trump est son premier porte parole, et en second, il y a Fox. L'ex directeur de la communication, Bill Shine, qui a démissionné en mars (personnellement j'ai arrêté de tenir le compte des départs depuis un moment...), n'a toujours pas été remplacé. En sera t il de même pour le porte-parole ?
https://www.cnbc.com/2019/06/13/sarah-h ... -says.html
https://twitter.com/maeganvaz/status/11 ... 38/photo/1


Trump a finalement décidé qu'il y aurait bien un remplaçant au porte parolat : Stephanie Grisham, actuelle porte parole de la première dame, va devenir porte parole de la Maison Blanche. Encore une fois Trump se révèle incapable d'attirer du sang neuf dans son administration, et il est obligé de recruter en interne. Encore plus problématique, elle va cumuler 3 postes : elle reste porte parole de la première dame, devient porte parole de la Maison Blanche mais récupère aussi le poste de directeur de la communication (vacant depuis mars). Je trouve tout bonnement incroyable qu'on puisse croire qu'une même personne puisse occuper 3 fonctions aussi importantes sans que cela ne pose quelques soucis d'efficacité.
https://www.politico.com/story/2019/06/ ... rs-1382203
Plus important, la Cour suprême rendait aujourd'hui deux jugements majeurs, sur deux sujets différents et, le moins qu'on puisse dire c'est que le chief justice Roberts a confirmé son rôle prépondérant, et sans doute aussi sa volonté d'équilibre pour l'institution.
En effet, il vient d'appliquer un jugement de Salomon, y en a pour tout le monde.
Sur le dossier du gerrymandering, par 5 voix contre 4 (les 4 juges conservateurs plus Roberts contre les 4 juges libéraux), la SCOTUS déclare qu'elle n'a rien à redire d'un point de vue constitutionnel à la pratique du gerrymandering. Elle réaffirme l'autorité des états à organiser leurs institutions et leur code électoral. Plus étonnant (voire cynique), l'arrêté sous-entend carrément que la liberté laissée aux deux partis de pratiquer le gerrymandering est un gage d'équité. Par contre il réaffirme l'interdiction du gerrymandering racial, en disant que le gerrymandering politique est donc légal. Les républicains perçoivent ça comme une victoire pour eux. Je serais moins catégorique. A mon avis, la boite de Pandore est désormais ouverte. Jusqu'ici, les démocrates ne pratiquaient le gerrymandering que dans leurs états chasse-gardée du nord est. A mon avis, maintenant ils vont eux aussi avoir la main lourde et répondre au gerrymandering républicain. A mon avis les états de la côte ouest et les états tangents où les démocrates ont désormais le trifecta (Colorado et Nevada) vont s'y mettre aussi. Et contrairement aux états du Sud, les démocrates n'auront même pas besoin de laisser un siège ou deux aux républicains au nom de la représentation raciale.
Sur le dossier plus technique de la question de citoyenneté dans le questionnaire du recensement (l'administration trumpienne voulait inscrire une question sur la nationalité afin d'exclure les immigrés du poids démographique des états, afin de réduire le poids des états démocrates les plus peuplés et comptant plus d'immigrés), par 5 voix contre 4 (les 4 juges libéraux plus Roberts contre les 4 juges conservateurs) la SCOTUS vient d'interdire à l'administration fédérale d'exclure les non Américains du recensement. Dans son arrêté, la Cour défend un principe d'équité indépendant de la nationalité, et pointe surtout que Washington a été incapable de défendre l'intérêt d'une telle question au delà d'une volonté apparente de discrimination. Là ce sont les démocrates qui sabrent le champagne et les républicains qui font grise mine. A noter tout de même que certains élus républicains du Texas sont quand même pas mécontents : leur état aussi risquait de perdre des plumes au regard de sa forte population latino.
https://edition.cnn.com/2019/06/27/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2019/06/27/poli ... index.html
Ce que l'on subodorait semble se concrétiser : Roberts va jouer un rôle pivot, choisissant ses combats et essayant de garder une apparence d'équilibre à l'institution qu'il préside. Dans certains cas il votera avec les conservateurs, dans d'autres avec les libéraux.
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Jeu 4 Juil 2019 00:33

La propension de cette administration à créer de la polémique ne cessera jamais de m'étonner...
Premier acte : Mike Pence est au cœur de ce que l'on pourrait appeler un mystère, une situation intrigante en tout cas. Hier, le VP devait se rendre dans le New Hampshire pour faire un discours sur la crise opioïde. Quelques heures avant le début de l'intervention du VP, un membre du staff de Pence est apparu sur scène pour annoncer que le discours était annulé, et qu'Air Force Two avait du faire demi tour pour retourner à DC. Mouvement de panique et d'incrédulité dans la salle : un VP qui se déroute ainsi au dernier moment, si ce n'est pas unique dans l'histoire, c'est rare. Généralement il y a peu de raisons pour un tel changement de dernière minute : une crise grave (nationale ou internationale) ou un président malade qui rendrait la présence du VP obligatoire à DC.
Renseignement pris, Air Force Two n'a en fait jamais décollé de DC, le VP était bien monté à bord, puis il a été rapatrié d'urgence à Washington (personnellement, le gars qui a annoncé, à tort, que l'avion avait été dérouté après décollage, moi je le licencie, mais bon...). Quand les journalistes se sont tournés vers la Maison Blanche pour en savoir plus, gros moment de flottement : il semblerait que eux non plus n'étaient pas trop dans la boucle du pourquoi de l'annulation. Ils n'ont pu que confirmer qu'aucune urgence particulière n'exigeait le retour imminent du VP.
Acte deux : un porte parole de Pence vient d'annoncer que la santé du VP n'était pas non plus en cause, et que ses services seraient en mesure d'annoncer le pourquoi de l'annulation impromptue d'ici une ou deux semaines.
Bilan : niveau staff c'est toujours pas très bien cadré, et tout le monde se perd en conjecture sur le pourquoi de tout ça...
https://www.politico.com/story/2019/07/ ... el-1395406

L'autre polémique du moment est beaucoup plus importante, et concerne Trump au premier chef. Depuis sa visite en France lors du 14 juillet, Trump n'arrête pas de dire qu'il voudrait un défilé militaire semblable. Problème : aux USA, malgré une culture très militaire et un culte des armes affirmé, l'histoire et la psyché américaine font que l'on y regarde les défilés militaires avec un œil très suspicieux. C'est un legs des premières heures de la République américaine : on dépeignait alors les armées comme les armes des tyrans (par opposition aux milices populaires), image renforcée au cours de l'histoire US où l'on disait beaucoup de mal des défilés militaires des adversaires historiques (les Japonais, les Allemands, puis les Soviétiques).
Bref, si les Américains adorent leurs soldats, il n'aiment guère les faire défiler en grande pompe.
Trump veut changer tout ça. Jusque là pourquoi pas ? En Europe on est nettement moins frileux sur ce genre de choses (en France en tout cas...). Mais comme souvent avec le Donald, il y a plusieurs os, et de taille.
Déjà, Trump va cette année rompre avec une tradition : il va prononcer un discours officiel lors des commémorations du 04 juillet depuis le Lincoln monument (traditionnellement les présidents US s'astreignent soit au silence œcuménique, soit à un petit communiqué rassembleur de bon aloi). Et Trump sort la totale, renforçant considérablement le défilé habituel : l'espace aérien de DC va être fermé, des chars vont défiler dans la capitale, un immense feu d'artifice va être organisé.
https://edition.cnn.com/2019/05/10/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2019/07/01/poli ... index.html
https://edition.cnn.com/2019/07/02/poli ... index.html
Derrière, polémiques en cascade. Déjà, assez logiquement, la mairie de la capitale (démocrate) dénonce les immenses contrariétés que tout cela va créer pour les Washingtoniens, d'autres dénoncent la dérive autoritaire pour des raisons historiques que j'évoquais plus haut. Surtout, plus problématique pour les républicains, beaucoup de militaires (à la retraite) dénoncent ce qu'ils perçoivent comme une vaste opération de communication présidentielle via une instrumentalisation exacerbée de l'outil militaire, à des fins d'agenda politicien.
https://www.politico.com/story/2019/07/ ... -4-1567767
Beaucoup plus potentiellement problématique, tout cela a un coup budgétaire (2.5 millions de dollars tout de même), et des conséquences judiciaires potentiellement illégales. Au niveau du coût, tout cela survient à un moment où l'administration Trump met en avant des difficultés financières pour justifier les conditions de détention exécrables des immigrés clandestins (à qui l'on ne fournit plus aucun produit hygiénique en détention, et dont on vient d'enregistrer le 11e décès en moins d'un an, dans des lieux de détention qui s'apparentent de plus en plus à des prisons insalubres). Certains le dénoncent.
https://www.washingtonpost.com/politics ... ec7f3d0172
Enfin, si le Président et le VP sont dispensés par le Hatch Act de l'interdiction de faire campagne pour des employés fédéraux, la loi stipule bien que ce droit à faire campagne dans le cadre de leurs fonctions ne les autorise pas à faire campagne en utilisant des fonds publics. Or, beaucoup de juristes soulignent que si Trump transforme ce défilé militaire en rallye de campagne (cela dépendra essentiellement du contenu du discours qu'il tiendra lors des célébrations), alors il pourrait être considéré comme en violation du Hatch Act.
https://slate.com/news-and-politics/201 ... ation.html
Cette situation créerait à tout le moins une situation légale compliquée à démêler. Bref, la suite au prochain numéro...
Personnellement, je retiens surtout la teneur du tweet par lequel Trump a annoncé l'événement : je ne résiste pas à une traduction :
"RETENEZ LA DATE ! [NDLR : les majuscules sont contractuelles] Nous aurons l'un des plus gros rassemblements dans l'histoire de Washington DC, ce 04 juillet. Cela va s'appeler "Un salut à l'Amérique", et se déroulera au Memorial Lincoln. Énormes feux d'artifice à prévoir, divertissements et un discours par votre Président favori, moi !"
Un rassemblement historique, et un discours du meilleur président de tous les temps, rien que ça...
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Eco92 » Ven 12 Juil 2019 15:54

Encore une démission au gouvernement de Trump, j'ai l'impression qu'on a quand même un record là ?

Alexander Acosta, ministre du travail et proche du président, a finalement cédé à la pression.

Cela est lié à un accord particulièrement favorable négocié en 2008 sous son égide (il était procureur fédéral en Floride) pour le riche investisseur Jeffrey Epstein, accusé de viols et d’agressions sur mineures. Il avait du faire de la prison mais n'avait pas eu de procès, pouvant passer un grand nombre d'heures par jour hors de la prison, continuer à travailler...

Seulement il a de nouveau été inculpé lundi, pour rien de moins que l'exploitation sexuelle de dizaines de mineures. Il encourt jusqu'à 45 ans de prison. Accosta a tenu à s'en désolidariser en disant qu'il était choqué par les nouveaux éléments mais beaucoup lui ont rappelé les éléments de l'époque, parfaitement clairs et tout aussi à charge.

https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201907/12/01-5233677-affaire-epstein-le-secretaire-au-travail-demissionne.php
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Re: L'élection présidentielle de 2020 aux Etats-Unis

Messagede Corondar » Dim 14 Juil 2019 13:41

Eco92 a écrit:Encore une démission au gouvernement de Trump, j'ai l'impression qu'on a quand même un record là ?

Alexander Acosta, ministre du travail et proche du président, a finalement cédé à la pression.

Cela est lié à un accord particulièrement favorable négocié en 2008 sous son égide (il était procureur fédéral en Floride) pour le riche investisseur Jeffrey Epstein, accusé de viols et d’agressions sur mineures. Il avait du faire de la prison mais n'avait pas eu de procès, pouvant passer un grand nombre d'heures par jour hors de la prison, continuer à travailler...

Seulement il a de nouveau été inculpé lundi, pour rien de moins que l'exploitation sexuelle de dizaines de mineures. Il encourt jusqu'à 45 ans de prison. Accosta a tenu à s'en désolidariser en disant qu'il était choqué par les nouveaux éléments mais beaucoup lui ont rappelé les éléments de l'époque, parfaitement clairs et tout aussi à charge.

https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201907/12/01-5233677-affaire-epstein-le-secretaire-au-travail-demissionne.php


Je confirme, on est dans du record. Aucun des 5 prédécesseurs directs de Trump n'avait connu un tel turn over sur son premier mandat que Trump en deux ans et demi. Le précédent record datait de Bush père, qui avait vu 8 des membres de son cabinet quitter leurs fonctions sur la totalité de son premier mandat. Trump, en deux an et demi, en est déjà à 9, et le compteur tourne toujours...
https://time.com/5625699/trump-cabinet-acosta/
Là où ce cabinet défie aussi les statistiques, c'est sur les remplacements : jamais autant de membre d'un cabinet présidentiel n'avait été membre par intérim (plusieurs attendent toujours leurs confirmations par le Sénat, et il n'est pas certain que tous soient confirmés avant la fin du mandat). Mais ce turn over au sein du cabinet n'est que la pointe émergée de l'iceberg : le nombre de postes non pourvus dans l'ensemble des administrations centrales atteint là aussi des sommets (là ce ne sont pas les confirmations qui sont en cause, Trump n'a tout simplement aucun candidat à proposer, et le président ne semble pas prendre le recrutement très à cœur, en tout cas c'est un sujet qu'il ne traite pas). Certains ministères s'en plaignent et font état de carences administratives, notamment le secrétariat d'état, qui connait de gros problèmes au niveau du suivi de certaines ambassades.
Pour les membres par intérim du cabinet, les rares fois où le président s'est exprimé sur le sujet c'était pour dire que lui trouvait l'intérim génial : les intérimaires peuvent être limogés plus facilement, et Trump dit que ça lui évite trop de paperasses et de tracasseries avec le Sénat. Beaucoup de constitutionnalistes s'interrogent sur la limite ou non des pouvoirs de ces intérimaires. En effet, certaines attributions de leurs fonctions ne seraient garanties que par leur ratification par le Sénat (certains constitutionnalistes débattent, entre autres, par exemple pour savoir si un membre par intérim pourrait ou non participer au vote de destitution présidentielle prévue par le 25e amendement...).
Concernant la démission d'Acosta, malgré le parfum de scandale qui entoure son départ, Trump lui tresse des couronnes de lauriers comme un excellent secrétaire du travail (si son boulot était de réduire le peu de droit social existant aux USA, alors, en effet, le contrat est rempli : son travail des deux dernières années a consisté essentiellement à réduire les prérogatives des syndicats et les droits des salariés). Son remplaçant par intérim est Patrick Pizzella, l'adjoint d'Acosta. Ce dernier a un CV très raccord avec celui de son ancien patron : il est connu pour être un lobbyiste pro-patronat et anti-syndicat.
https://www.politico.com/story/2019/07/ ... ns-1589621
Quant aux retombées du scandale Epstein, là aussi, tout cela est assez surréaliste et très trumpien. Dans un premier temps Trump et plusieurs républicains ont rappelé qu'Epstein fut jadis un ami du couple Clinton. Ce qui est vrai, et Bill Clinton a depuis confirmé qu'il avait coupé les ponts avec Epstein après sa première condamnation.
Mais là où c'est hallucinant, c'est que plusieurs journalistes ont rappelé que Trump aussi avait été un ami d'Epstein dans les années 1990 (à la même époque où Trump et les Clinton étaient amis en fait :) ). A tel point que Trump et lui avaient organisé un petit tête à tête, à Mar a Largo en 1992, lors d'un week-end de détente pour eux deux, plus deux demies douzaines de femmes, jeunes et jolies (espérons qu'aucun journaliste ne découvrira que l'une d'entre elles était mineure au moment des faits...). A priori, c'était pour un concours de calendrier.
https://slate.com/news-and-politics/201 ... stein.html
Voilà, voilà, où nous en sommes au niveau de la présidence des USA...
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Lun 15 Juil 2019 19:09

Une nouvelle polémique chasse toujours l'ancienne très rapidement en trumpie. Exit la petite sauterie avec un pédophile condamné (pas au moment des faits ceci dit) entourés de jeunes femmes dévêtues dans les années 1990, retour aux fondamentaux : les dérapages racistes.
Acte 1 : comme souvent ça se passe sur twitter. Le président s'est fendu d'une série de tweets dans lesquels il s'en prend à plusieurs élues démocrates de la Chambre. Sur la forme c'est assez obscur : il s'adresse à des élues progressistes démocrates du Congrès (mais ne les nomme pas : "progressive" democrat congresswomen) qui viendraient de pays dont le gouvernement serait une catastrophe. Par contre, sur le fond, l'attaque raciste est elle évidente : il invite ces élues à repartir d'où elles viennent, pour soigner les pays dont elles sont originaires, puisqu'elles ne sont pas dignes des USA.
On suppose qu'il vise là plusieurs élues démocrates de la Chambre qui ont ses derniers jours dénoncé avec force la politique migratoire du gouvernement, notamment les conditions de détention inhumaines des clandestins, surtout des familles avec enfants.
Premier problème : les élues que Trump attaque sont toutes Américaines (Alexandra Ocasio Cortez, Rashida Tlaib, Ilhan Omar et Ayanna Presley), et nées aux USA, à l'exception de l'une d'entre elles (Ilhan Omar est née en Somalie, a émigré aux USA dans son enfance, et a obtenu la nationalité à 17 ans)? Cortez est née à NYC (et elle n'est même pas d'origine étrangère, puisqu'elle est porto-ricaine, ce qui en dit long sur les interprétations trumpiennes qui semblent carrément oublier que Porto Rico n'est pas un pays étranger, mais bien un territoire US), Tlaib est née à Détroit (sa famille est d'origine palestinienne) et Presley est née à Cincinnati (elle est descendante d'esclaves). On notera pour la forme que deux des quatre sont originaires de familles présentes sur le sol US depuis bien plus longtemps que la famille de Donald Trump.
Acte 2 : tempête médiatique et controverses à tous les étages. Les démocrates dénoncent tous avec des mots très durs ce dérapage raciste, dénoncent le fait que Trump dénie leur américanité à des citoyens au nom de leurs origines. Et les démocrates ont trouvé un angle humoristique je trouve : ils disent qu'ils sont d'accord avec Trump sur un point, pour dénoncer le fait que les quatre élues sont bien originaires d'un pays dont le gouvernement est une catastrophe et un échec, puisqu'elles sont toutes Américaines :). Trump nie que ce qu'il dit soit raciste, et dit que ce sont ces élues le problème puisqu'elles critiquent leurs pays. Les élues en question ont tenu à rappeler que critiquer le gouvernement d'un pays et sa politique était très différent d'attaquer le pays en question.
Au niveau du GOP, comme d'habitude on sent la gêne et l'embarras. Personne n'ose critiquer Trump ouvertement, mais beaucoup n'ose pas non plus soutenir ses propos. Bref, beaucoup essayent de voler sous les radars.
La polémique enfle et a déjà pris des proportions assez énormes. En tout cas, ça ne devrait pas aider les républicains à marquer des points auprès des femmes et des minorités. Mais ça devrait plaire à la base.
https://www.npr.org/2019/07/14/74163088 ... 3214078093
https://www.vox.com/2019/7/14/20693758/ ... -countries
https://www.huffpost.com/entry/hillary- ... 5a5d5d08d3
En tout cas, si certains pensaient que Trump tenterait un recentrage à l'approche de la présidentielle, ils en sont pour leurs frais.
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Re: La vie politique américaine

Messagede guillaume44 » Mer 17 Juil 2019 02:27

Corondar a écrit:
Eco92 a écrit:Encore une démission au gouvernement de Trump, j'ai l'impression qu'on a quand même un record là ?

Alexander Acosta, ministre du travail et proche du président, a finalement cédé à la pression.

Cela est lié à un accord particulièrement favorable négocié en 2008 sous son égide (il était procureur fédéral en Floride) pour le riche investisseur Jeffrey Epstein, accusé de viols et d’agressions sur mineures. Il avait du faire de la prison mais n'avait pas eu de procès, pouvant passer un grand nombre d'heures par jour hors de la prison, continuer à travailler...

Seulement il a de nouveau été inculpé lundi, pour rien de moins que l'exploitation sexuelle de dizaines de mineures. Il encourt jusqu'à 45 ans de prison. Accosta a tenu à s'en désolidariser en disant qu'il était choqué par les nouveaux éléments mais beaucoup lui ont rappelé les éléments de l'époque, parfaitement clairs et tout aussi à charge.

https://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201907/12/01-5233677-affaire-epstein-le-secretaire-au-travail-demissionne.php


Je confirme, on est dans du record. Aucun des 5 prédécesseurs directs de Trump n'avait connu un tel turn over sur son premier mandat que Trump en deux ans et demi. Le précédent record datait de Bush père, qui avait vu 8 des membres de son cabinet quitter leurs fonctions sur la totalité de son premier mandat. Trump, en deux an et demi, en est déjà à 9, et le compteur tourne toujours...
https://time.com/5625699/trump-cabinet-acosta/
Là où ce cabinet défie aussi les statistiques, c'est sur les remplacements : jamais autant de membre d'un cabinet présidentiel n'avait été membre par intérim (plusieurs attendent toujours leurs confirmations par le Sénat, et il n'est pas certain que tous soient confirmés avant la fin du mandat). Mais ce turn over au sein du cabinet n'est que la pointe émergée de l'iceberg : le nombre de postes non pourvus dans l'ensemble des administrations centrales atteint là aussi des sommets (là ce ne sont pas les confirmations qui sont en cause, Trump n'a tout simplement aucun candidat à proposer, et le président ne semble pas prendre le recrutement très à cœur, en tout cas c'est un sujet qu'il ne traite pas). Certains ministères s'en plaignent et font état de carences administratives, notamment le secrétariat d'état, qui connait de gros problèmes au niveau du suivi de certaines ambassades.
Pour les membres par intérim du cabinet, les rares fois où le président s'est exprimé sur le sujet c'était pour dire que lui trouvait l'intérim génial : les intérimaires peuvent être limogés plus facilement, et Trump dit que ça lui évite trop de paperasses et de tracasseries avec le Sénat. Beaucoup de constitutionnalistes s'interrogent sur la limite ou non des pouvoirs de ces intérimaires. En effet, certaines attributions de leurs fonctions ne seraient garanties que par leur ratification par le Sénat (certains constitutionnalistes débattent, entre autres, par exemple pour savoir si un membre par intérim pourrait ou non participer au vote de destitution présidentielle prévue par le 25e amendement...).
Concernant la démission d'Acosta, malgré le parfum de scandale qui entoure son départ, Trump lui tresse des couronnes de lauriers comme un excellent secrétaire du travail (si son boulot était de réduire le peu de droit social existant aux USA, alors, en effet, le contrat est rempli : son travail des deux dernières années a consisté essentiellement à réduire les prérogatives des syndicats et les droits des salariés). Son remplaçant par intérim est Patrick Pizzella, l'adjoint d'Acosta. Ce dernier a un CV très raccord avec celui de son ancien patron : il est connu pour être un lobbyiste pro-patronat et anti-syndicat.
https://www.politico.com/story/2019/07/ ... ns-1589621


Concernant le nombre de poste vacants à pourvoir, le parti républicain est davantage à incriminer que Trump.
C'est davantage au parti de proposer des candidats qu'au président surtout dans le cas particulier de Trump. Ce dernier n'a réellement débuté en politique qu'en 2015, n'a donc aucun réseau et a pratiquement été élu seul (sans l'aide des caciques du parti en tous cas). Les seules choses qu'on peut lui reprocher c'est d'avoir mis Mike Pence en charge de la transition au lieu de laisser Chris Christie initialement.
Pour l'anecdote, Mike Pence souhaitait être un vice-président fort et s'inspirait de Dick Cheney. On se rappellera que ce dernier avait court circuité George W Bush en 2000 et s'était occupé de la transition avec son staff. Bref, on sent la différence entre Dick Cheney et Mike Pence sur ce point là.
De plus, il ne faut pas oublier que l'équipe de campagne Trump était très agée. Une fois l'élection de 2016 passée Newt Gingrich a préféré prendre plus de temps et s'occuper des jeunes pousses du parti républicain tandis que Rudolph Giuliani a décliné la proposition du secrétariat d'état étant donné l'emploi du temps important du poste.
Bref Mike Pence semble avoir mal fait son boulot lors de la période de transition tandis que le parti républicain n'a rien fait étant donné qu'il pensait l'élection de 2016 perdue.

La flemme de retrouver le lien mais en 2016, l'équipe de campagne d'Hillary Clinton avait loué un immeuble ou une centaine de personnes préparait la période de transition en cas de victoire.

Même si c'est un avis subjectif je ne pense pas que cette situation de vacances de postes soit si mauvaise. D'une part ca permet de réduire les frais de fonctionnement et donc de tenir la promesse "Drain the Swamp". De plus, l'administration Trump me semble fonctionner très bien et tenir ses promesses (qu'on les aime ou pas) :
- baisse des impôts
- lutte contre l'immigration clandestine (même si je ne suis pas certain que l'administration Trump soit plus efficace que celle d'Obama en terme d'expulsion)
- défense des énergies fossiles (bien moins polluante que les énergies vertes à mon sens vu tous les trous dans la Terre qu'il faut faire pour extraire les métaux rares nécessaires à la fabrication des panneaux solaires, éolienne, voitures électriques et toutes lubbies de ce genre)
- rupture des traités internationaux

Bref, c'est un problème très surestimé selon moi.
guillaume44
 
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Re: La vie politique américaine

Messagede Corondar » Jeu 18 Juil 2019 17:01

guillaume44 a écrit:Concernant le nombre de poste vacants à pourvoir, le parti républicain est davantage à incriminer que Trump.
C'est davantage au parti de proposer des candidats qu'au président surtout dans le cas particulier de Trump. Ce dernier n'a réellement débuté en politique qu'en 2015, n'a donc aucun réseau et a pratiquement été élu seul (sans l'aide des caciques du parti en tous cas). Les seules choses qu'on peut lui reprocher c'est d'avoir mis Mike Pence en charge de la transition au lieu de laisser Chris Christie initialement.
Pour l'anecdote, Mike Pence souhaitait être un vice-président fort et s'inspirait de Dick Cheney. On se rappellera que ce dernier avait court circuité George W Bush en 2000 et s'était occupé de la transition avec son staff. Bref, on sent la différence entre Dick Cheney et Mike Pence sur ce point là.
De plus, il ne faut pas oublier que l'équipe de campagne Trump était très agée. Une fois l'élection de 2016 passée Newt Gingrich a préféré prendre plus de temps et s'occuper des jeunes pousses du parti républicain tandis que Rudolph Giuliani a décliné la proposition du secrétariat d'état étant donné l'emploi du temps important du poste.
Bref Mike Pence semble avoir mal fait son boulot lors de la période de transition tandis que le parti républicain n'a rien fait étant donné qu'il pensait l'élection de 2016 perdue.

La flemme de retrouver le lien mais en 2016, l'équipe de campagne d'Hillary Clinton avait loué un immeuble ou une centaine de personnes préparait la période de transition en cas de victoire.


La dernière fois que j'ai jeté un œil sur la constitution des Etats-Unis, il me semble bien que le pouvoir de nomination des postes administratifs était (intégralement) entre les mains du président (pour les postes de cabinet et de la SCOTUS il faut l'approbation du Sénat, pas pour les postes des différentes administrations centrales). Le VP n'a aucun rôle officiel, le parti du président encore moins.
Après, oui, certains présidents par le passé ont parfois sous-traité cette tâche à d'autres. Le problème c'est que pendant sa campagne Trump se présentait comme le manager en chef, qui allait s'entourer des meilleurs et faire tourner l'administration comme un PDG-manager. Force est de constater que ce n'est pas ce qu'on a eu.
Le problème est du a une multiplication des facteurs : impréparation totale des équipes de campagne en amont (soit parce qu'eux aussi étaient persuadés que Trump perdrait, soit parce que la campagne n'était pas du tout gérée ni cadrée, les deux hypothèses ne s'excluant pas l'une l'autre d'ailleurs...), absence totale d'investissement présidentiel dans le recrutement depuis (et il n'a pas non plus cédé le dossier du recrutement à d'autres à priori, mais bon, Kushner doit déjà apporter la paix au Moyen Orient et résoudre la crise opioïde, il ne peut pas être partout le malheureux :) ), et, surtout, difficulté chronique à trouver des candidats prêts à grimper à bord du SS Trump (quand on voit le turn over, le flou dans la feuille de route et la manière dont il traite ses collaborateurs, on les comprend un peu).

guillaume44 a écrit:Même si c'est un avis subjectif je ne pense pas que cette situation de vacances de postes soit si mauvaise. D'une part ca permet de réduire les frais de fonctionnement et donc de tenir la promesse "Drain the Swamp".


Bien tenté, mais non : concernant les économies, les tâches des postes vacants sont reportées sur le travail des échelons inférieurs pourvus. Dans ce genre de cas, le titulaire du poste à multiples casquettes cumule les salaires. Et on a ça dans beaucoup d'administrations et dans beaucoup de postes (cf la dernière nominée en date pour le porte parolat de la Maison Blanche, qui cumule aussi les postes, et les salaires, du porte parolat de la première dame et le poste de directrice de la communication). Vue l'inflation du déficit on ne voit d'ailleurs aucune économie à grande échelle au niveau des frais de fonctionnement.
Vous aurez du mal à me faire croire que faire cumuler à une personne les attributions et tâches de 2,3 ou 4 personnes dans les administrations précédentes soit un gage d'efficacité :). Les personnes en question se retrouvent simplement submergées par un travail qu'elles ne peuvent mener à bien, en sélectionnant leurs dossiers prioritaires. Et il y a bien une administration qui s'en plaint lourdement, c'est le secrétariat d'état (qui semble incapable de suivre au niveau de la demande des citoyens US pour leurs visas à l'étranger, à cause d'un trop grand nombre de postes non pourvus).
Quant à assécher le marais, là aussi, bonne blague. Déjà, il me semblait bien que Trump lui même lors de sa campagne parlait de lutter contre les lobbies. A cet égard, son administration ne dénote pas des précédentes : les lobbies ont toujours porte ouverte à la Maison Blanche et dans les différentes administrations. Je dirais que la seule différence c'est peut-être que cette administration s'en cache moins que les précédentes (et que plusieurs ministres ont déjà sauté pour des pots de vin un peu trop visibles). Je ne suis pas certain d'y voir là un progrès. Et je ne vois pas en quoi des postes non pourvus à différents niveaux de l'administration réduirait en quoi que ce soit la corruption et l'influence des lobbies ?
Au niveau de l’assèchement du marais on peut déjà mettre un zéro pointé à cette administration : Trump ignore complètement les règlements intérieurs (non contraignants) régissant le code de conduite des membres de son administration. Plusieurs des membres de l'administration ont ainsi reçu des cartons jaunes de la part de l'organe de contrôle (dont les avis sont là aussi non contraignants), avec zéro conséquence derrière.


guillaume44 a écrit: De plus, l'administration Trump me semble fonctionner très bien et tenir ses promesses (qu'on les aime ou pas) :
- baisse des impôts
- lutte contre l'immigration clandestine (même si je ne suis pas certain que l'administration Trump soit plus efficace que celle d'Obama en terme d'expulsion)
- défense des énergies fossiles (bien moins polluante que les énergies vertes à mon sens vu tous les trous dans la Terre qu'il faut faire pour extraire les métaux rares nécessaires à la fabrication des panneaux solaires, éolienne, voitures électriques et toutes lubbies de ce genre)
- rupture des traités internationaux

Bref, c'est un problème très surestimé selon moi.


Comme je l'ai déjà dit, personnellement j'attendrais encore une petite année avant de dresser le bilan du mandat Trump. Mais sur les points que vous soulevez :
1) oui les impôts ont baissé. Mais les impôts de certains plus que d'autres (pour rappel la baisse pour les classes moyennes est temporaire, pour les plus aisés elle est définitive), et certaines coupes fiscales ont déjà réapparu sur les déclarations d'impôts de certains. En tout cas vue la perception qu'ont les Américains de ces baisses d'impôts et l'impact sur les midterms, je ne suis pas certain que tous les contribuables s'y retrouvent. Et je ne parle même pas de l'aggravation dantesque du déficit, du risque que cela fait courir à l'économie US pour les années à venir (à la prochaine crise, les caisses seront vides et l'économie ne pourra plus être relancée avec les mêmes largesses qu'en 2008-2010).
2) pour l'immigration clandestine, en effet les chiffres d'expulsion sous Trump ne sont pas sensiblement supérieurs à ceux de l'ère Obama. Depuis quelques mois l'administration ne les fournit d'ailleurs plus (ce qui incite à penser que les chiffres sont sans doute moins bons). Par contre l'administration est très douée pour faire la publicité de ses opérations coups de poing (trop sans doute : les clandestins sont prévenus à l'avance des raids et s'évaporent dans la nature avant). La seule différence c'est que désormais on les traite moins bien en détention (déjà 11 morts, et des conditions d'hébergement plus que limites, sans même parler de la séparation des parents et des enfants : là aussi l'administration joue franc-jeu, le but avoué est bien de faire peur aux candidats futurs à l'immigration clandestine).
Par contre, de mur il n'y aura pas (en même temps, de mon point de vue, c'était une très mauvaise et coûteuse idée), et, là aussi, force est de constater que l'administration ne traite pas le nœud du problème (pas plus que les administrations précédentes) : tant qu'ils ne lutteront pas contre le patronat qui sert de pompes aspirantes à la main d'oeuvre clandestine bon marché (parmi eux le groupe Trump lui même : on ne compte plus les reportages démontrant que les hôtels du groupe ont recours à la main d'oeuvre clandestine, comme tous les autres), notamment dans les exploitations agricoles de la Californie et du Texas, on ne voit pas trop pourquoi les flux baisseraient.
3) on peut considérer que la destruction de l'écosystème est un bilan positif, pour le coup, c'est une question qui peut se débattre. Par contre, votre justification est assez incongrue : faire des trous pour extraire des métaux rares indispensables aux énergies dites "propres" serait plus destructeur au niveau environnemental que les trous faits par fracturation hydraulique par l'industrie de gaz de schiste ? J'ai pas de souci avec le fait qu'on puisse débattre de l'impact réel des énergies dites "propres" sur l'environnement, mais de là à dire qu'elles sont plus polluantes que les énergies fossiles, peut-être pas...
Quant au bilan écologique de Trump il est déjà catastrophique : la qualité de l'air et de l'eau aux USA, qui n'était déjà pas fameuse, s'est encore détériorée (sachant que les industriels ont désormais le droit de rejeter leurs déchets dans les réseaux fluviaux...).
4) rupture des traités internationaux ? Là aussi, le bilan n'est pas à la hauteur des promesses : si l'accord commercial trans pacifique a bien été annulé (et remplacé par un autre où la Chine a les coudées franches face à ses partenaires asiatiques), l'ALENA sera peut-être remplacé (ou pas, c'est toujours pas ratifié) par un nouveau traité très semblable au précédent. Au niveau de l'accord nucléaire iranien, l'annulation est objectivement très contre productive : les tensions entre Téhéran et Washington sont au plus haut, Téhéran enrichit de nouveau de l'uranium, dans les deux camps les faucons ont pris de l'importance, et on ne voit pas d'alternative à moyen terme pour dénouer la situation. Mais, à mon sens, dans tous ces dossiers il est de toute façon bien trop tôt pour préjuger des conséquences et du bilan...
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