Jean-Philippe a écrit:La sénatrice Claire Conner McCaskill du Missouri, candidate pour un nouveau mandat en novembre, a annoncé qu'elle s'opposera à la nomination du candidat de Trump à la Cour suprême Brett Kavanaugh. Elle justifie sa décision en précisant qu'elle est basée sur ses positions sur "l'avalanche d'argent sombre et anonyme qui écrase notre démocratie".
Elle avait déjà voté contre la nomination de Neil Gorsuch (son annonce n'est donc pas une vraie surprise), contrairement à ses autres collègues démocrates d'Etats très républicains (Manchin, Donnelly et Heitkamp).
SourceJ'ajoute,
toujours d'après The Hill, que trois centristes du GOP (dont Susan Collins, Lisa Murkowski), dont les votes semblaient douter, semblaient mercredi tourner en faveur de Kavanaugh, compte tenu de la décision de Ford (l'accusatrice du candidat) de ne pas témoigner lundi prochain (elle a jusqu'à vendredi 10h pour rendre sa décision).
Tout cela est un petit peu plus compliqué apparemment...
Ford (la femme qui accuse Kavanaugh de tentative de viol lors de leurs années de lycée) a bien confirmé son témoignage, et une procédure d'enquête du FBI a bien officiellement été ouverte suite à ces accusations. Dans un premier temps, Ford a déclaré ne pas vouloir être interrogée par le comité sénatorial tant que le FBI n'aurait pas rendu son rapport d'enquête préliminaire.
Le problème c'est que les républicains du comité sont eux pressés, et ne souhaitent pas attendre la fin de cette enquête, et se proposent juste d'entendre Ford et Kavanaugh. Via son avocat, Ford a fait savoir que face à la précipitation des républicains elle était prête à témoigner devant le comité, mais avec quelques conditions : elle souhaite être interrogée plus tard dans la semaine (jeudi ou vendredi ?), afin de pouvoir préparer son voyage et sa sécurité (suite à des menaces de mort qu'elle aurait reçues), et elle souhaiterait ne pas être confrontée à Kavanaugh devant le comité (son avocat aurait indiqué que cette confrontation devrait avoir lieu dans un cadre policier et non pas législatif). Pour le moment, le caucus républicain n'a pas donné sa réponse. Ça c'est l'aspect "technique" du dossier pour le comité sénatorial (pour l'aspect judiciaire, à part attendre les conclusions de l'enquête...). Comme souvent avec ce genre de dossier, on en est qu'au début...
https://www.politico.com/story/2018/09/ ... ord-831112https://www.theguardian.com/us-news/201 ... e-amy-chuaPolitiquement, par contre, les républicains sont coincés et bien embêtés. Si ils veulent changer de candidat, c'est maintenant qu'ils doivent le faire, en tout cas très rapidement. Vu le délai pour les auditions et les procédures de vote, si ils tardent trop à changer de candidat, cela veut dire que le nouveau candidat ne pourra pas être élu avant janvier, et ce sera donc entre les mains de la prochaine législature qui sortira des urnes en novembre. Mais il semble hautement improbable que Trump accepte la rebuffade consistant à devoir abandonner son poulain, et il est tout aussi improbable que McConnell accepte de laisser l'occasion de faire pencher la SCOTUS dans le sens des conservateurs entre les mains des électeurs, qui peuvent être inconsistants...Et puis, si on repousse à après les midterms, cela devient un enjeu électoral, l'électorat républicain pourra grogner que ces incapables du Congrès n'arrivent pas à élire leur candidat malgré leur majorité républicaine, et les électeurs démocrates pourront se motiver encore un peu plus, si le Sénat bascule, on bloque les nominations de Trump à la SCOTUS...
Mais politiquement, la précipitation et la nomination de Kavanaugh dans ce contexte représentent aussi de gros inconvénients. Tout cela peut avoir un impact très négatif auprès de certains électeurs, surtout des électrices. Après Trump et Roy Moore, et maintenant Kavanaugh, le GOP va avoir du mal à ne pas se trimbaler une image tenace de parti anti-féministe (voire pire, de pro-délinquant sexuel ?). Là où les démocrates ont été tout de même plus prompts à exclure leurs membres soupçonnés de dérapages ou de crimes en la matière. Mais il y a pire, ce serait pour la suite post-nomination en cas de développement des accusations.
Les faits reprochés se seraient déroulés dans le Maryland, qui ne pratique pas la prescription pour de tels faits. Si tout cela tourne au vilain, les républicains peuvent aussi se retrouver avec un nouveau juge à la SCOTUS poursuivi pour un crime sexuel, avec certainement à la clef une SCOTUS qui devra se prononcer (après récusation de Kavanaugh probablement) sur son exclusion ou non de la Cour...Bref, franchement pas réjouissant en cas d'accusations et/ou de nouvelles accusations.
En tout cas, quel que soit le développement, il y a en tout cas un élément qui a changé : les sénateurs démocrates élus dans des états rouges et candidats en novembre, ont désormais un argument tout trouvé pour ne pas voter pour Kavanaugh sans perdre trop de plumes électorales. En mode "les convictions conservatrices du juge nous convenaient parfaitement, mais on ne pouvait pas voter pour lui en notre âme et conscience sans de plus amples investigations policières concernant les accusations le concernant". D'autant que les démocrates entonnent déjà le refrain du "on n'est pas à quelques semaines près, laissons le FBI faire son travail". Bref, pour l'heure il est impossible de savoir comment tout cela va évoluer, mais les républicains n'ont que des coups à prendre dans cette affaire.