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Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Mer 29 Aoû 2012 03:19
de vudeloin
Les données les plus anciennes relatives aux élections cantonales que l'on peut trouver doivent probablement se trouver dans les années de l'immédiat après Première Guerre Mondiale.

La presse de l'époque n'a souvent publié que des informations sommaires, en tout cas pour ce qui concerne les quotidiens d'information nationale.

La presse régionale présentait souvent des résultats plus complets, allant parfois jusqu'au détail des votes par commune...

Détail important : le conseil général de la Seine n'était pas concerné par le renouvellement cantonal ordinaire, puisque son élection succédait à celle des conseils municipaux, notamment celui de Paris dont les membres étaient également conseillers généraux.

Bon, histoire de pointer tout de suite de quoi il s'agit, répartition des sièges en 1934 selon les différentes sensibilités politiques de l'époque.

A droite, nous avons eu 70 élus conservateurs, 275 républicains URD, 36 démocrates populaires (démocrates chrétiens) et 269 républicains de gauche, soit 650 élus à droite et au centre droit.

Au centre, centre gauche, 145 radicaux indépendants et 484 radicaux et radicaux socialistes, soit 629 élus, force centrale des conseils généraux de l'entre deux guerres.

A gauche, on comptait 64 républicains socialistes, 23 socialistes de France (dissidence de la SFIO), 118 socialistes SFIO et 34 communistes, soit un ensemble plus ou moins cohérent de 239 élus dont une part importante dans les cantons urbains de la France d'alors.

En 1937 (le principe de renouvellement partiel par moitié était déjà en vigueur), on se retrouve avec la répartition suivante.

A droite, 2 élus PPF (parti de Jacques Doriot), 14 PSF (Parti social français, créé à partir des ligues et du mouvement Croix de Feu du colonel De La Rocque), 59 conservateurs, 240 URD, 207 républicains de gauche et 20 démocrates populares, soit un total de 542 élus de droite et du centre droit.

Au centre et centre gauche, on trouvait 119 radicaux et radicaux indépendants et 529 radicaux socialistes, soit un total de 648 sièges avec, dans le cas des radicaux socialistes, des attitudes aussi variées et variables.

A gauche, on trouve deux élus du parti radical Camille Pelletan, 15 socialistes indépendants, 29 républicains socialistes, 3 socialistes français, 14 socialistes de France, 234 socialistes SFIO et 41 communistes, soit un ensemble plus ou moins cohérent (et à l'époque, autour des gouvernements de Front Populaire) de 336 élus.

La France cantonale de l'avant guerre est donc largement radicale socialiste, si l'on peut dire.

Cette situation, évidemment, appelle des exceptions mais le fait est que c'est ce qui ressort de l'examen des résultats, même sommairement rapportés.

Prenons l'exemple d'un département comme la Seine et Oise, largement marquée par certaines formes d'urbanisation dans les années de l'entre deux guerres.

En 1934, le département doit élire 21 conseillers généraux.

Dès le premier tour, sont réélus ou élus les conseillers de

Arpajon (Simon, radical socialiste)
Chevreuse (Aumont, républicain socialiste)
Dourdan Sud (Trouvé, radical indépendant)
La Ferté Alais (Arnoux, républicain de gauche)
L'Isle Adam (Lévêque, républicain de gauche)
Marines (Lelong, républicain de gauche)
Méréville (Dormann, député, radical indépendant)
Le Raincy (Amiard, sénateur, radical indépendant)
Saint Germain en Laye (Bertrand, républicain de gauche)
Sèvres (Duroisel, URD)

On le voit, le premier tour de cette série est largement favorable à la droite.

Le second tour va donner les résultats suivants

Survenu d'ailleurs le jour de la mort de Raymond Poincaré, le vote s'en trouve quelque peu occulté par l'événement concerné d'autant que le décès du Président signataire du Traité de Versailles va de pair avec les suites de l'attentat de Marseille contre le roi Alexandre de Yougoslavie et le ministre Louis Barthou.

Résultats en Seine et Oise

Aulnay sous Bois : Fernet (PCF)
Gonesse : Demusois (PCF)
Bonnières sur Seine : Lamy (radical socialiste)
Houdan : Chapellier (radical socialiste)
Limay : Lefébure (URD)
Limours : Béné (radical socialiste)
Longjumeau : Besson (PCF)
Maisons Laffitte : Robbe (républicain de gauche)
Poissy : Caffin (républicain de gauche)
Versailles Ouest : Henry – Haye (député, républicain de gauche)
Versailles Sud : Denis (URD)

Sur 21 sièges, nous avons donc trois communistes, quatre radicaux socialistes, un républicain socialiste, trois radicaux indépendants, sept républicains de gauche et trois URD.

Le scrutin de 1937 est légèrement différent.

Le contexte politique a changé, puisque les législatives de 1936 ont conduit la gauche au pouvoir, dans le cadre du Front Populaire, une alliance politique dont la fin de l'année 37 est cependant difficile.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, la tension née de la guerre civile en Espagne pèse dans le contexte politique national.

Ceci dit, les électeurs de Seine et Oise doivent élire en octobre 1937 21 conseillers généraux, 20 venant de la série renouvelable et un (le canton de la Ferté Alais) de la série 1934 qui était vacant.

Au premier tour, sont réélus ou élus

Rambouillet : Patenôtre (député, USR)
Milly la Forêt : De Ganay (URD)
Montmorency : Fleury (URD)
Etampes : Chevigny (républicain de gauche)
Meulan : Bézard (démocrate populaire)
La Ferté Alais : Arnoux fils (républicain national)

Le second tour est différent.

Pontoise : Debrie (PSF)
Villeneuve Saint Georges : Janin (PCF)
Taverny : Leyma (républicain de gauche)
Luzarches : Guilbert (radical indépendant)
Magny en Vexin : Reaubourg (radical indépendant)
Mantes : Bergery (député, gauche unie)
Montfort l'Amaury : Plessis (PSF)
Boissy Saint Léger : Gauthier (PCF)
Corbeil : Berreau (radical indépendant)
Ecouen : Varagne (PCF)
Versailles Nord : Fourcault de Pavant (député, PSF)
Marly le Roi : Dadot (député, PCF)
Argenteuil : Péronnet (PCF)
Palaiseau : Yvon (PCF)
Dourdan Nord : Rolland (radical socialiste)

La série donne donc six communistes, un USR, un gauche unie et un radical socialiste, un démocrate populaire, trois radicaux indépendants, deux républicains de gauche, deux URD, un républicain national, trois PSF.

Nous avons donc, en 1937, un conseil général de Seine et Oise ainsi constitué

Arrondissement de Corbeil

Arpajon : Lucien Simon, radical socialiste

Corbeil : Henri Berreau, radical indépendant, maire d'Essonnes.

Longjumeau : Léopold Besson, PCF, maire d'Athis Mons (1931-32 puis 1935-39).

Boissy Saint Léger : Louis Gauthier, PCF, maire d'Ormesson sur Marne, ouvrier ciseleur; résistant. A noter qu'en 1935, il a battu le candidat de la famille d'Ormesson, en recueillant les votes des « mal lotis », habitants des lotissements constituées par démembrement progressif du parc du château d'Ormesson et de la propriété de la famille de l'actuel académicien.

Villeneuve Saint Georges : Henri Janin, PCF, maire de Villeneuve Saint Georges, résistant en Bretagne, déporté. Redevenu maire de la ville à la Libération, meurt en juin 1946.

Ex Arrondissement d’Etampes


Etampes : Charles Chavigny, républicain de gauche. Avant guerre, il est dans l'opposition au maire d'Etampes, le docteur Camus, plus proche des radicaux socialistes favorables au Front Populaire. Il est nommé adjoint de la délégation spéciale remplaçant la municipalité sous Vichy.

La Ferté Alais : Maurice Arnoux (fils de Louis Arnoux), républicain national, maire de Chamarande et aviateur mort en 1940 au combat au dessus de l'Oise. Il combattit seul contre sept avions allemands.

Méréville : Maurice Dormann, député puis sénateur, radical indépendant, journaliste localier à « l'Abeille d'Etampes », journal de droite, grand mutilé de guerre lors de la bataille de Verdun (blessé gravement à Douaumont), Ministre des Pensions en 1930/31. Père de la romancière Geneviève Dormann.

Milly la Forêt : Marquis Charles Jean De Ganay, URD, ancien président du Conseil général de Seine et Oise, propriétaire du château de Courances, famille noble nivernaise dont un certain nombre de descendants sont toujours engagés en politique (toujours à droite) et qui, par alliance, se sont trouvés liés à la famille Lebaudy, industriels du sucre.
Jean Louis De Ganay, de la même famille, sera également conseiller général de Milly la Forêt dans les années 50.

Ex Arrondissement de Mantes

Bonnières sur Seine : Fernand Lamy, radical socialiste
Houdan : Ernest Adolphe Chapellier, radical socialiste, vétérinaire de profession.

Limay : Paul Lefébure, URD, propriétaire du château des Célestins à Limay. (Vieille famille de Limay, Paul ayant écrit des livres d'histoire locale).

Magny en Vexin : Gaston Réaubourg, radical indépendant, pharmacien à Paris XVIe, maire de Vétheuil, auteur de livres sur la botanique et notamment un inoubliable volume sur « l'Etude organographique et anatomique des lardizabalées « .

Mantes Gassicourt : Gaston Bergery, rassemblement des gauches et fondateur du Parti Frontiste. Gaston Bergery, qui fut maire de Mantes, est un radical « de gauche » qui avait souhaité, bien avant 1934, constituer une alliance à gauche avec la SFIO. Elu député en 1936 avec le soutien des partis de Front Populaire, il défendra ensuite des thèses pacifistes et finira par soutenir le régime de Vichy, devenant son ambassadeur à Moscou, entre autres.

Arrondissement de Pontoise

L’Isle Adam : Henri Lévêque, républicain de gauche, ingénieur aéronautique (?), peut être inventeur du premier hydravion français, construit à Bezons et Argenteuil.

Marines : Emmanuel Lelong, républicain de gauche

Pontoise : Jean Debrie, PSF

Gonesse : Antoine Demusois, député, PCF, né au Creusot, cheminot, maire d'Arnouville les Gonesse. Déchu de ses mandats en 1939, Antoine Demusois sera interné entre autres en Algérie à la prison de Maison Carrée. Il sera réélu maire de sa commune et député de Seine et Oise à la Libération.

Luzarches : André Guilbert, radical indépendant, maire de Louvres (alors un petit village rural de quelques centaines d'habitants).

Aulnay sous Bois : Louis Fernet, PCF, maire de Sevran. A sa mort, en mars 1939, Louis Fernet est remplacé à l'occasion d'une partielle par Gilbert Berger, PCF également, maire de Tremblay les Gonesse.

Le Raincy : Louis Amiard, sénateur, radical indépendant décédé en 1935.
Maire de Villiers sur Marne, Louis Amiard sera président du Conseil général de 1923 à sa mort et président de commission au Sénat.
L'élection partielle, organisée en juillet 1935, voit la victoire d'Emile Cossonneau, PCF, maire de Gagny, par 7 863 voix contre 7 379 pour Guillaume Ballu, le maire de droite de Gournay sur Marne.

Ecouen : Alexis Varagne, PCF, cheminot (dans les services administratifs), maire de Villiers le Bel élu en 1935. Alexis Varagne, résistant, mourra en déportation en 1944 au camp d'Oranienburg.

Montmorency : Paul Fleury, URD, maire de Deuil La Barre, connu pour avoir lancé les travaux de construction de l'Hôtel de Ville en 1933.

Taverny : Henri Leyma, républicain de gauche, maire de Taverny depuis 1919 jusqu'à la fin de la guerre.
On doit donc supposer qu'il n'a pas trouvé à redire au régime de Vichy.

Arrondissement de Rambouillet

Chevreuse : Pierre Aumont, républicain socialiste

Dourdan Nord : Henri Rolland, radical socialiste, maire de Dourdan.

Dourdan Sud : Henri Trouvé, radical indépendant

Limours en Hurepoix : Maurice Béné, radical socialiste, maire de Limours. Maurice Béné sera résistant pendant la guerre, membre du Comité départemental de Libération et sera député Radical de Seine et Oise sous al Quatrième République.

Montfort l’Amaury : Stanislas Plessis, PSF. Déjà âgé de soixante ans lors de son élection, il n'a pas laissé de traces particulières sur place.

Rambouillet : Raymond Patenôtre, député, USR. Maire de Rambouillet, Ministre, journaliste et propriétaire de journaux, Raymond Patenôtre, fils de l'ambassadeur de France aux USA en 1900, épousa en 1925 une jeune femme nommée Jacqueline Thome, fille du député maire de Rambouillet, mort pour la France devant Verdun en 1916.
A la Libération et plus encore après la mort de Raymond en 1951, Jacqueline, devenue Thome Patenôtre aura à son tour une carrière politique, étant maire de Rambouillet de 1947 à 1983, Conseillère de la République puis Sénatrice de Seine et Oise jusqu'en 1958, où elle devient députée du même département puis des Yvelines jusqu'en 1978.
Son retrait, alors, correspond à la première élection de Nicolas About, ancien Maire de Montigny le Bretonneux, ancien Sénateur des Yvelines et ancien Président de la Commission des Affaires sociales du Sénat.
Jacqueline Thome Patenôtre sera aussi Secrétaire d'Etat au Logement en 1957 et exercera la fonction de Présidente de la Société Protectrice des Animaux.
A ce titre, elle a laissé son nom à une loi de 1970 fixant les conditions d'accueil des animaux dans les immeubles collectifs.

Arrondissement de Versailles

Argenteuil : Louis Péronnet, PCF, maire de Bezons. Résistant, il connut lui aussi le bagne de Maison Carrée (aujourd'hui El Harrach) avant de revenir en France et de redevenir maire de Bezons jusqu'en 1961.
Bezons fut, en 1930, la première ville à accueillir la Fête de l'Humanité, étant l'une des premières municipalités communistes du pays (les élus socialistes de 1920 prirent tous parti pour l'adhésion à la IIIe Internationale au moment du Congrès de Tours).
Après la Libération, dans un contexte politique différent, il sera Président du conseil général de Seine et Oise de 1945 à 1948.

Maisons Laffitte : Fernand Robbe, député, républicain de gauche puis PSF; Ingénieur, Fernand Robbe se place résolument dans l'opposition au Front Populaire.
Pendant la guerre, il témoigne lors d'un des procès de Riom contre l'ancien Ministre de l'Air Guy La Chambre, ancien député d'Ille et Vilaine.
Une attitude qui lui vaudra d'être frappé d'indignité nationale à la Libération et de se retrouver inéligible. Il se préoccupera ensuite de la restructuration des forces de droite, notamment au Comité de Regroupement Républicain où il tente, avec Edmond Barrachin (qui sera sénateur encore sous la Cinquième République) de réunir une partie des hommes de droite victimes de l'épuration ou placés au purgatoire.

Meulan : Raymond Bézard, démocrate populaire. Jeune élu démocrate chrétien (né en 1902), maire de Meulan en 1935, inspecteur d'assurances, i sera mobilisé en 1939/40 et décédera à la fin de la guerre, des suites des blessures et privations subies. L'un de ses adjoints accepte de devenir maire de la ville à la demande du pouvoir pétainiste puis la ville passe à gauche à la Libération, comme le canton qui élit Paul Raoult, SFIO, maire de Tessancourt, exact homonyme d'un élu du Nord de même obédience plus récent.

Poissy : Paul Caffin, républicain de gauche puis proche du PSF. Gros exploitant agricole, spécialisé en fruiticulture, Paul Caffin participe à l'été 36 à la création de l'Association Centrale des Employeurs Agricoles, mouvement proche du Front paysan d'Henri Dorgères (pseudonyme du comte Henri d'Halluin), opposé au Front Populaire et notamment aux accords collectifs signés avec les syndicats ouvriers dans l'agriculture.
Paul Caffin illustre assez bien, d'ailleurs, le positionnement politique d'une partie des exploitants agricoles de l'Ile de France (betteraviers, céréaliers, etc...) qui se placent clairement à droite, d'autant que leur situation économique est souvent loin d'être aussi calamiteuse que celle de la petite paysannerie du Sud Ouest...Probable que Paul Caffin ait été déclaré inéligible à la Libération, mais cela ne semble pas l'avoir empêché de devenir le premier Président de la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits et Légumes en 1946.
A ce stade, il me reste à définir si Jean Michel Caffin, conseiller régional UMP d'Ile de France, et Président de la Chambre d'Agriculture de la Région a quelque lien avec lui.

Palaiseau : Gaston Yvon, PCF, conseiller municipal à La Ville du Bois. Mobilisé en 1939, il est déchu de son mandat pour appartenance au PCF.
Gaston Yvon sera fait prisonnier et reviendra siéger à l'assemblée provisoire du conseil général de Seine et Oise à la Libération. Mais il ne sera pas élu aux cantonales de 1945.

Marly le Roi : Pierre Dadot, député, PCF. Fraiseur de profession, Pierre Dadot est arrivé à la politique par le syndicalisme, en étant secrétaire de la fédération CGTU des Travailleurs de l'Etat (employés des arsenaux et employés civils de la Défense Nationale). Elu municipal de Rueil Malmaison (qui est gagnée par la gauche en 1935), il est député en 1936 dans une circonscription tout de même assez étonnante puisque regourpant les cantons de Saint Germain en Laye et de Marly Le Roi.
Dans le détail, les communes de Rueil Malmaison, Bougival, La Celle Saint Cloud, Louveciennes, Croissy sur Seine, Le Pecq, Le Vésinet, Chatou, Mareil Marly, Marly le Roi, Port Marly, Bailly, Noisy le Roi, Rennemoulin, Villepreux, Saint Germain en Laye, Fourqueux, Feucherolles, L'Etang la Ville, Saint Nom la Bretèche, Chavenay.
Pour donner une idée des résultats, Pierre Dadot obtient 17 % des voix au premier tour sur la ville de Saint Germain en Laye et réalise un score de 43,4 % des votes au second tour dans la ville natale de Louis XIV !
L'animosité entre le radical indépendant sortant Chatenet et l'URD Adam, qui se sont maintenus au second tour tous les deux, lui permet, en rassemblant la gauche, d'être élu avec 46,3 % des voix et 372 voix de majorité (sur un électoral de près de 24 000 exprimés) sur le meilleur candidat de droite.

Arrêté dès septembre 39, libéré puis réincarcéré en avril 40, Pierre Dadot va faire le long chemin de pénitence des internés : La Santé, le château de Baillet (ex propriété des Métaux CGT), l'Ile d'Yeu et le sanatorium d'Aincourt en Seine et Oise. Comme il est mutilé de 14 – 18, il est cependant libéré en février 1941 avant de se consacrer à des activités de Résistance qui l'amènent en zone dite libre où il organise notamment l'action de la Résistance drômoise.
A la Libération, il ne se consacrera qu'à des activités d'élu municipal à Rueil Malmaison et au développement de sa Fédération syndicale dont il deviendra le très estimé secrétaire général.
A noter que le Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes local de Saint Germain en Laye était animé dans les années 1935 – 1940 par un jeune professeur de mathématiques, syndiqué à la fédération CGT de l'enseignement nommé Marcel Roby.
Arrêté pour faits de Résistance et déporté, Marcel Roby meurt en mars 1944 au camp de Buchenwald.
Son nom sera donné au Lycée de Garçons de la ville, tandis que le nom de Claude Debussy, jusqu'ici attribué, et autre enfant de la ville, est donné au Lycée de Jeunes Filles.

Saint Germain en Laye : Henry Bertrand, républicain de gauche et/ou radical indépendant. Il sera président du Conseil général à la fin de la période. Né en 1863 et fils de l'archéologue Alexandre Bertrand, fondateur du Musée des Antiquités Nationales, aujourd'hui logé dans le Château de Saint Germain, Henry Bertrand a été maire de la ville entre 1919 et 1929 et il sera conseiller général de 1922 à sa mort, survenue le 8 mai 1940, deux jours avant le déclenchement de l'offensive allemande victorieuse sur les Ardennes et cinq ans, jour pour jour, avant la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe.

Sèvres : Nicolas Duroisel, URD, déjà âgé de 58 ans lors de son élection en 1934, ne semble pas avoir continué après la guerre ses activités politiques.

Versailles Nord : François Fourcault de Pavant, député, PSF. Maire de Versailles pendant l'Occupation, et bien qu'il ait, apparemment, apporté quelque soutien aux réfractaires du STO ou à des familles juives persécutées, déclaré inéligible à la Libération.

Versailles Ouest : Gaston Henry – Haye, député puis sénateur, républicain de gauche, maire de Versailles de 1935 à 1940. Gaston Henry Haye, qui oeuvra beaucoup pour embellir sa ville (notamment par la réalisation d'espaces verts, la restauration du théâtre Montansier et du musée Lambinet), fut ambassadeur de France aux Etats Unis pour le compte du régime de Vichy.
Cette situation fit qu'à la Libération, il quitta la France, préférant fuir en Afrique du Sud jusqu'en 1950.
Il ne fut pas poursuivi à son retour (il aurait pu l'être au moins pour son vote favorable à Pétain du 10 juillet 1940) mais ne s'impliqua plus jamais dans la vie politique versaillaise.

Versailles Sud : Marcel Denis, URD. Relativement jeune lors de son élection (42 ans), pas de renseignements complémentaires trouvés pour l'heure.

Sur les quarante et un membres du conseil général, nous avons donc dix élus communistes, un USR, un rassemblement des gauches, un républicain socialiste et cinq radicaux socialistes, soit dix huit élus de gauche.

Nous avons aussi cinq radicaux indépendants, huit républicains de gauche, un démocrate populaire, cinq URD, un républicain national et trois PSF, soit vingt trois élus de droite et du centre droit.


Comme chacun l'aura remarqué, la Seine et Oise de l'avant guerre présente au moins une particularité : la droite y est majoritaire et nul doute qu'elle doive une bonne partie de la situation à un découpage électoral qui est tout de même assez particulier.
C'est que, globalement, l'ancienne structure cantonale est maintenue alors que la population du département évolue très vite, passant d'un peu plus de 920 000 personnes en 1921 à près d'un million quatre cent mille dix ans plus tard dont, faut il le souligner, cent mille personnes de nationalité étrangère.

Et que cette évolution vient, fondamentalement du processus des lotissements, par découpage et mise en vente d'anciens terrains agricoles dans un grand nombre de communes plus ou moins proches de Paris.

La défense des « mal lotis » qui a déjà modifié les rapports de forces politiques dans les communes de la Seine banlieue, va commettre les mêmes effets dans les villes qui s'urbanisent de la Seine et Oise et singulièrement les communes de ce qu'on peut appeler « l'entre deux », c'est à dire celles qui ne sont pas suffisamment éloignées de Paris pour jouer un rôle de pôle urbain et administratif déterminant ( comme Versailles ou Mantes) et qui en sont en même temps comme une zone de relégation, parfois proche des nouvelles infrastructures de transport qui se développent ou conditionnent l'étalement des lotissements de « Sam'Suffit » plus ou moins réussis.

Ce n'est sans doute pas par hasard que la gauche de Seine et Oise s'impose, dans les années 30, par le biais des candidats communistes issus du monde du travail, souvent syndicalistes de formation, dans des secteurs comme Aulnay sous Bois, Gonesse, Ecouen ou encore Villeneuve Saint Georges ou Longjumeau.

La présence, parfois, de sites industriels, ou de concentrations de populations ouvrières (cheminots entre autres), le développement des lotissements, souvent habités par des populations modestes, victimes d'une certaine manière de la spéculation immobilière, qui vont se structurer rapidement en associations syndicales se battant pour la réalisation de la voirie, des réseaux d'évacuation des eaux usées, des services de transport dans leurs nouveaux habitats et quartiers, tout cela concourt à développer la radicalisation du vote à gauche, dépassant le personnel des « petits boutiquiers » et notables encore presque ruraux du parti radical socialiste.
Pour une bonne part, comme on l'a vu, les rapports de forces de 1935 en Seine et Oise ont beaucoup à voir avec ceux d'aujourd'hui.

Le cas étonnant de Pierre Dadot, élu communiste de Marly Le Roi (!) ne doit pas tromper.

Rueil Malmaison, la ville dont il est élu compte environ 26 000 habitants en 1936 et cela aide sur un siège où Saint Germain est moins peuplé (environ 22 000 habitants) ou quand des communes fort bourgeoises aujourd'hui comme l'Etang la Ville compte 750 habitants, Fourqueux 650, Saint Nom la Bretèche 700, Port Marly 1 100 et Le Pecq environ 5 000 et Chatou 12 000.

Sur le siège, c'est bel et bien Rueil qui pèse le plus lourd et va donc conduire au résultat observé.

La relativement forte présence des élus communistes (10 en 1938, alors que le PCF n'a qu'environ 75 élus sur l'ensemble de la France, en dehors des nombreux élus de la Seine), l'absence d'élus SFIO et la forte présence des branches les plus virulentes de la droite sont les caractères de ce conseil général atypique.

Nous allons en chercher un ou deux autres, en comparaison, juste pour voir ce qu'il en était alors...

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Jeu 30 Aoû 2012 04:31
de vudeloin
Pour changer un peu de l'examen des situations parisiennes et assimilées, un message portant sur le Conseil général d'un département devenu, depuis les années trente, et singulièrement depuis vingt cinq ans, un des fiefs de la gauche socialiste.

Il s'agit de la Loire Atlantique, encore appelée à l'époque la Loire Inférieure.


En 1934, si l'on en croit la presse de l'époque, les habitants de la Loire Inférieure devaient élire vingt trois conseillers généraux.

Vingt sièges furent pourvus dès le premier tour, signe d'une des habitudes de l'époque qui semblait vouloir faire en sorte qu'on réglait assez vite le problème des élections locales.

Par organisation politique, ces vingt sièges sont ainsi répartis.

SFIO :

Canton de Saint Nazaire : François Blancho, député, maire de Saint Nazaire, réélu.
Agé d'environ quarante ans en 1934, François Blancho est alors maire de la ville de Saint Nazaire et conseiller général depuis 1925.
Chaudronnier de formation, ayant travaillé aux Chantiers de Penhoët, mobilisé à la fin de la Première Guerre Mondiale, il mène de front en 1919 une activité politique et une activité syndicale, faisant de lui le secrétaire de l'union des syndicats de Loire Inférieure.
Il fut élu député de 1928 à 1940, l'emportant même au premier tour en 1936.
Son fief électoral étant tout de même connu pour être d'abord et avant tout une ville destinée à la construction navale, François Blancho sera plusieurs fois sous secrétaire d'Etat à la Marine de guerre.
Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.
Exclu de la SFIO à la Libération, il est cependant élu, comme apparenté, sur une liste socialiste à la mairie de Saint Nazaire, ville dont il est en partie resté maire pendant la guerre et qui connut l'occupation allemande jusqu'en mai 1945, de par la résistance des troupes de marine qui y avaient été placés.

Radical socialiste :

Canton de Derval : Docteur Daguin, maire de Sion les Mines, élu. Le docteur Daguin est le fils du premier élu républicain du canton, Michel Daguin, dans les années 1880 – 1890 et retrouve donc le mandat de son père. Pendant la guerre, bien que maintenu en place par le régime de Vichy, il participe activement à la Résistance, facilitant notamment la fuite de combattants persécutés.
Une attitude qui lui permet de rester élu après guerre, ce qu'il fait d'abord au sein du RPF puis du parti radical.
(On rappellera ici que le parti radical de Loire Inférieure est marqué, sous la Quatrième République, par la présence et l'action d'André Morice, animateur d'une des principales tendances du parti, tendance plus tard opposée au Programme commun de la gauche).

Républicains de gauche :


Canton de Blain : Jean Guihard, réélu. Même si l'intéressé a laissé son nom à une rue de la ville, pas d'éléments trouvés. A noter qu'il y a un conseiller général du Morbihan (canton de la Roche Bernard, nommé Alain Guihard).

Canton de Rougé : Lanoë, réélu. Descendant de François Guihéneuc, chef royaliste sur le canton de Rougé, dans le passé.

Canton de Saint Etienne de Montluc : Horveno, élu. Pas d'éléments trouvés d'autant que l'intéressé n'était pas maire de la moindre commune du canton.

Union Républicaine et Démocratique (URD)


Canton de Carquefou : Baron René de Kainlis de la Seilleraye, élu. Propriétaire du domaine de la Seilleraye, il s'agit du cinquième baron du nom. Son père fut maire de Carquefou entre 1899 et 1924 et fut l'un des donateurs de l'Eglise de cette petite ville en payant notamment l'une des cloches de l'édifice.

Canton de Guéméné Penfao : Emerand Bardoul (fils), maire de Marsac sur Don, élu.
Emerand Bardoul, mutli médaillé de la Première Guerre Mondiale, diplômé en droit et conseiller référendaire à la Cour des Comptes, était le fils d'un avocat nantais élu avant lui maire de la commune de Marsac sur Don, et conseiller général de Guéméné Penfao.
Membre du groupe de la Fédération Républicaine, Emerand Bardoul intervient évidemment sur l'ensemble des dossiers financiers et budgétaires.
Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940.
Toutefois, pendant la guerre, il apporte soutien et appui à la Résistance, tout en restant maire de Marsac sur Don.
La situation est ainsi faite qu'il est relevé de son inéligibilité à la Libération quand bien même il se contentera alors d'être élu Maire de sa petite commune jusqu'en ...1977.

Canton d'Herbignac : Marquis Hubert de Montaigu, député, maire de Missillac, réélu
Comme d'autres élus du département, Hubert de Montaigu est une sorte « héritier » des mandats antérieurement détenus par son père, député de Loire Inférieure de 1898 à 1910 puis sénateur de 1920 à 1927.
Le cas de ce père de famille issu de la noblesse auvergnate appelle d'ailleurs quelques observations puisque Pierre de Montaigu, qui siégera sans interruption sur les bancs de droite, se marie avec une demoiselle De Wendel, un nom que l'on ne présente pas dans la tradition de la petite noblesse recyclée en bourgeoisie industrielle.
Pierre de Montaigu sera longtemps conseiller général de Saint Gildas des Bois, avant d'exercer les activités parlementaires susnommées tout en étant à la fois propriétaire foncier en Loire Atlantique et administrateur de sociétés implantées dans la région (Chargeurs de l'Ouest, forges de Basse Indre, par exemple).
Vu la proximité d'Herbignac, l'élection de Hubert de Montaigu n'était pas l'affaire la plus délicate et ses élections successives comme député sont relativement aisées également.
Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940, ce qui vaudra de subir la peine d'indignité nationale et d'inéligibilité à la Libération.
A tel point que, pour sauver les apparences et ce qui est presque un bien de famille, il fera élire sa femme comme maire de Missillac jusqu'à ce que l'indulgence d'une amnistie lui permette d'exercer à nouveau ce mandat de maire jusqu'à sa mort en 1959...

Canton de Nantes (5e) : Dr Edmond Bonamy, réélu. Le docteur Bonamy est issu d'une vieille famille nantaise (son grand père, le docteur Eugène Bonamy fut médecin chef des Hospices de Nantes et a fondé la Société académique et la Société industrielle de Nantes).
L'origine de la famille est, semble t il, italienne (famille Buonamici, ayant pris le parti perdant des guelfes au Moyen Age Italien) et sa fixation en Bretagne se situe au XIVe siècle.
Au fil des ans, les Bonamy ont noué des liens familiaux avec l'ensemble des grandes familles nantaises.
Ainsi, un certain Alexis Bonamy s'est marié au XVIIIe siècle avec une demoiselle Le Cour Grandmaison, un de ses petits enfants prénommé Edouard devint l'un des amis de Jules Verne, l'accompagnant lors de son premier voyage à Paris pour études en 1848.

Canton de Nort sur Erdre : Docteur Joseph Tardiveau, réélu. Joseph Tardiveau, dans les années 50, sera l'un des chefs de service des Hôpitaux nantais. Il est maire du chef lieu en 1936.

Canton de Paimboeuf : Paumier, élu. Une famille ancienne de Paimboeuf, dont plusieurs membres ont joué un rôle dans la vie locale, Léon Paumier, né en 1906, a combattu dans la France Libre.

Conservateurs :


Canton d'Aigrefeuille : Chevalier de La Barthe, réélu

Canton d'Ancenis : Comte De Landemont, élu

Canton de Clisson : Maujouan du Gasset, réélu, maire de Gorges (son neveu, Joseph Henri, fut député pendant de longues années de 1964 à 1993 et devint maire de Gorges dès 1953). La famille Maujouan du Gasset est propriétaire viticole dans le vignoble de Muscadet.

Canton du Loroux Bottereau : Louis Linyër, réélu, maire du Loroux Bottereau.
Ancien aviateur et prisonnier de la Première Guerre Mondiale, Louis Linyër sera maire et conseiller général du Loroux pendant toute la période de l'entre deux guerres.
Avocat, il sera un temps bâtonnier de l'ordre des avocats de Nantes.
Devenu Sénateur de Loire Inférieure en 1927, il vote en juillet 1940 les pleins pouvoirs à Pétain mais, déçu par l'attitude du Maréchal, se retrouve vite engagé dans la Résistance à l'ennemi.
Ce qui lui vaudra de ne pas être suspendu à la Libération même s'il cesse d'exercer des mandats électifs.

Canton de Riaillé : Comte Adolphe Le Gualès de Mézaubran, réélu, maire de Joué sur Erdre.
Mort pendant la guerre, le comte Adolphe se sera cependant illustré en protégeant des familles juives persécutées, ce qui lui vaut d'être l'un des justes du Mémorial de Yad Vashem.
Les dépendances de son domaine de La Lucinière, notamment celles situées sur la commune des Touches, remplissent alors le rôle de cache.

Ses descendants, Yves puis Isabelle Le Gualès de Mézaubran, exerceront le mandat de maire de Joué sur Erdre de 1953 à … 2001, la comtesse étant même quelque temps conseillère générale de Riaillé.

Canton de Saint Philbert de Grandlieu : Norbert Fleury, réélu

Canton de Savenay : Henri Le Cour Grandmaison, réélu. Issu d'une grande famille nantaise, largement fournie en élus au Conseil général ou au Parlement, comportant moult marins, armateurs et hommes d'affaires, Henri Le Cour Grandmaison est un ancien aviateur de la guerre de 1914 -18 qui se trouvera fort engagé avec les agrariens et monarchistes recyclés en conservateurs comme les Ferron de la Ferronnays.
Son père, également prénommé Henri, fut longtemps maire de Campbon conseiller général de Savenay, connaissant également une carrière parlementaire.
Son cousin, Jean, est, dans le même temps, maire de la commune de Guenrouet et député non inscrit (quoique de sensibilité catholique) de la Loire Inférieure.

Canton de Varades : Courlas, élu

Canton de Vertou : François Le Cour Grandmaison, réélu. Un autre membre de la famille, célèbre pour ses activités dans le domaine de l'armement maritime (notamment la Société des Chargeurs de l'Ouest) et dont le premier établissement se trouvait à Vertou.

Le second tour de ces cantonales 1934, tenu le 14 octobre, ne portait donc que sur trois cantons.

En voici les résultats


Canton de Pornic : Pierre Fleury, radical indépendant, réélu. Maire de Clion sur Mer (commune aujourd'hui rattachée à Pornic), Pierre Fleury devient conseiller général dès 1932 . Malgré ses positions de centre droit, il va participer à la Résistance dans son secteur, ce qui lui permet d'être de nouveau élu à la Libération, et de parvenir même au Palais du Luxembourg, où il est élu Conseiller de la République entre 1948 et 1955, sur une liste commune avec le Rassemblement du Peuple Français.
Pierre Fleury aura été maire du Clion de 1925 à 1964 et conseiller général jusqu'en 1967.

Canton de Nantes (1er) : Vincent, URD, réélu

Canton de Nantes (3e) : Ganuchaud, URD, réélu.

Manifestement, le conseil général de Loire Atlantique était très largement dominé par la droite conservatrice locale, la gauche étant confinée dans le seul canton de Saint Nazaire.

En 1937, dans un contexte politique différent, nous avons eu les résultats suivants.

Vingt trois sièges sont à pourvoir dans ce renouvellement, dont dix neuf vont être pourvus au premier tour.

SFIO

Canton de Nantes (2e) : Auguste Pageot, député, maire de Nantes, réélu. Contrôleur de l'administration des PTT, franc maçon, Auguste Pageot, comme Eugène Le Roux, fut l'un des animateurs de la SFIO sur Nantes à partir de la fin de la Première Guerre Mondiale.
Elu conseiller municipal de Nantes dès 1919, il sera renouvelé à chaque occasion jusqu'à devenir maire de la grande ville ligérienne et bretonne en 1935.
Comme nous l'avons vu, il cumulera ces fonctions avec celle de député en 1936, et sera conseiller du deuxième canton jusqu'en 1940.
Ceci dit, comme pour beaucoup d'autres élus socialistes, son vote positif en faveur de Pétain le 10 juillet 1940 marquera autant la fin de la IIIe République que celle de sa carrière, son exclusion de la SFIO intervenant à la Libération.

Canton de Nantes (7e) : Eugène Le Roux, député, réélu. Représentant de commerce puis directeurs des Entrepôts coopératifs de France, Eugène Le Roux fut, dès 1919, l'un des candidats réguliers de la SFIO aux élections en Loire Inférieure.
Elu conseiller général du 7e canton dès 1925, il sera conseiller municipal puis adjoint au maire de Nantes en 1935, avant de se faire enfin élire député lors du scrutin du printemps 1936.
Son vote positif en faveur de Pétain le 10 juillet 1940 marquera le terme d'une vie politique qu'il ne pourra reprendre après guerre, ayant été exclu de son parti.

Radicaux socialistes

Canton de Châteaubriant : Docteur André Bernou, élu. Fils de Pharmacien originaire du Sud Ouest, André Bernou, né en 1889, est un médecin pneumologue, spécialiste de la lutte contre la tuberculose, maladie dont il souffrait lui même.
Après avoir été l'un des chefs de service de l'Hôpital de la ville, il crée une clinique spécialisée, les Fougerays, qui acquerra rapidement une forte renommée dans le traitement des maladies respiratoires d'autant qu'André Bernou y met en œuvre des techniques nouvelles de traitement.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la clinique sanatorium du docteur Bernou va devenir un point de passage pour résistants et réfractaires désireux d'échapper aux griffes des Allemands.

Républicains et républicains de gauche

Canton de Vallet : Emile Gabory, élu. Victime d'un accident de train en 1899, Emile Gabory profite de l'indemnité dont il bénéficie pour visiter le monde et se forme peu à peu au métier d'archiviste.
Il est d'abord employé par le département de la Vendée avant d'accomplir cette mission pour la Loire Inférieure. 
Il écrit également de nombreux livres et articles sur l'histoire locale.
C'est à sa retraite qu'il est élu conseiller général de Vallet, peu de temps après être devenu premier adjoint au maire. Il sera réélu en 1945.

Canton de Moisdon La Rivière : Salmon, réélu. Pas d'éléments. Rappelons cependant que le village fut un camp d'internement et, de fait, d'extermination pour les Républicains espagnols, les Juifs et les Tsiganes pendant la Seconde Guerre Mondiale.

URD

Canton de Ligné : Francis Athimon, réélu, maire du Cellier, propriétaire foncier et lotisseur.
C'est la mise en lots de ses biens qui provoque, dans les années 20, la première croissance démographique du Cellier. Il reste élu après guerre jusqu'en 1955, deux ans avant sa mort.

Union Nationale (UN)

Canton de Légé : Marquis De Goulaine, réélu, maire de Saint Etienne de Corcoué, aujourd'hui intégrée dans la commune de Corcoué sur Logne.
Son neveu, Robert de Goulaine fut conseiller général du même canton entre 1964 et 1976 et viticulteur, producteur notamment du fameux gros plant du Pays Nantais. Il fut aussi le premier maire de Corcoué lors de la création de la commune.

Canton de Nozay : Maurice Ricordeau, élu. Issu d'une famille de la bourgeoisie nantaise, Maurice Ricordeau est alors maire de Saffré et vient de succéder à son père Alexis, l'un des grands avocats du barreau de Nantes.
Au moment de l'élection, il habite dans le château de Saffré qui sera bientôt victime des aléas de la guerre...
La famille Ricordeau n'aura plus de mandat électif après guerre.

Canton de Guérande : Colonel Paul Pichelin, élu. Issu d'une famille nantaise déjà ancienne, le colonel Pichelin ne sera maire de Guérande et conseiller général que durant la période précédant le déclenchement de la Seconde guerre mondiale.
Le colonel, intéressé par l'histoire locale, participe à des congrès historiques sur les richesses et le passé bretons, pendant lesquels il est amené à rencontrer une bonne part des descendants de la noblesse locale.

Conservateurs


Canton de La Chapelle sur Erdre : Olivier de Sesmaisons, maire de La Chapelle sur Erdre , réélu. Une famille très anciennement implantée dans la région et singulièrement dans ce canton, trois autres De Sesmaisons ayant été parlementaires avant lui et deux à un moment donné Président du Conseil général de Loire Inférieure. Proche du syndicalisme agricole monarchiste et conservateur, Olivier de Sesmaisons sera de nouveau conseiller général du canton entre 1945 et 1967 et député du département.
Sa position est d'autant plus forte qu'il tient la haute main sur bien des questions essentielles pour le monde rural : président de syndicat d'électrification rurale, de la caisse du crédit agricole,  etc...
Pendant la guerre, Olivier de Sesmaisons que son orientation de droite a laissé à la tête de sa mairie, est cependant un maire résistant, menant maintes actions, notamment pour protéger les réfractaires du STO.
Il est élu, à la Libération, sur les listes du Parti républicain de la Liberté qui, a priori, regroupait les élus de droite conservatrice qui n'avaient pas glissé dans la collaboration.
Il rejoindra le RPF en 1951 avant d'adhérer, à la fin de sa carrière parlementaire, aux Indépendants et Paysans puis aux Républicains indépendants.
Il garde évidemment la haute main sur les affaires de sa commune les deux maires de la période 1945 – 1965 étant, de fait, une sorte de « prête nom ».
Son fils Donatien lui succédera à la mairie de La Chapelle en 1971 jusqu'en 1989 où le PS emporte la mairie qu'il détient toujours.

Canton de Machecoul : Augustin Dutertre de la Coudre, député, maire de Machecoul, réélu. Propriétaire terrien, Augustin Dutertre devint député en 1937, à l'âge de 58 ans, lors de l'élection partielle sur le siège de Paimboeuf faisant suite à l'élection au Sénat de son collègue du conseil général Jacques de Juigné. Il fut conseiller général de Machecoul pendant quarante ans, vota sans états d'âme les pleins pouvoirs à Pétain et disparut de la vie politique après la guerre.

Canton de Saint Mars La Jaille : Marquis Henry Ferron De La Ferronays, député, maire de Saint Mars La Jaille, réélu, Président du conseil général de Loire Inférieure de 1931 à 1940. Le marquis, profondément catholique et opposé à toutes les idées de gauche, défenseur de l'école privée, a pris la suite de son père qui fut également député d'Ancenis par le passé.
On remarquera que le canton de Saint Mars La Jaille, avec Charles Henri de Cossé Brissac, aura encore le « privilège » d'abriter un Président du Conseil général.

Canton de Saint Julien de Vouvantes : Vicomte Ferdinand de Charette de la Contrie, réélu, maire de la Chapelle Glain. Il n'est pas indispensable d'indiquer que le vicomte est le descendant direct du chef chouan Charette et qu'il s'agit aussi d'un des membres de l'arbre généalogique de notre Hervé de Charette, actuellement encore maire de Saint Florent le Vieil, dans le Maine et Loire voisin et giscardien indécrottable devant l'Eternel.
Le vicomte est évidemment d'abord et avant tout un propriétaire terrien et un exploitant agricole (traduire : des gens travaillent sur son domaine), puisqu'il est considéré, en 1929, comme propriétaire de 664 ha de terres (l'équivalent d'un arrondissement parisien) dans sa commune d'élection.
Ferdinand de Charette a d'ailleurs succédé dans cette fonction au comte Henri de Pontbriand, lui même grand propriétaire foncier de la région.
Ferdinand de Charette, au sein du CNIP, sera encore conseiller général de Saint Julien après la guerre.

Canton de Saint Nicolas de Redon : Vicomte Jean du Dresnay, maire de Fégréac, réélu. Une vieille famille implantée dans la région (habitant toujours la propriété familiale, le château du Dreneuc) dont l'intéressé devint Président du conseil général de Loire Atlantique entre 1970 et 1976.

En remontant les branches de la famille du Dresnay, on peut arriver à retrouver un ancêtre commun entre Jean du Dresnay, aujourd'hui décédé, et le navigateur Olivier de Kersauson, lui même cousiné avec des familles comme la famille Cazin d'Honincthun (ancien député du Finistère Nord), la famille d'Aboville (qui a fourni nombre d'hommes politiques de droite, le moindre n'étant pas le célèbre rameur Gérard d'Aboville).

Canton de Pontchâteau : Marquis De Marcé des Louppes, réélu. Maire du chef lieu et propriétaire du château de Casso . Encore une famille noble de la région, dont les liens familiaux nous entraînent, au fil des branches de l'arbre généalogique, vers les De Lattre de Tassigny (une branche arrive en effet à Mouilleron en Pareds, village natal du maréchal et de … Georges Clemenceau), vers les De Lesquen ou encore, plus sérieusement, vers les Rohan et les De Menou.

Canton de Saint Gildas des Bois : Vicomte René Le Gouvello de la Porte, réélu, maire de Séverac. Ancien combattant de 14 – 18, décoré, le vicomte est dans la main du comité des droites de Loire Inférieure.

Canton de Bourgneuf en Retz : Marquis Jacques Le Clerc De Juigné, député puis sénateur élu en novembre 1936, réélu. Le marquis, député depuis 1906, votera évidemment les pleins pouvoirs à Pétain mais on doit aussi remarquer qu'il est resté, pendant quarante ans, tout en étant député de Loire Inférieure, maire de la commune sarthoise de Juigné, située dans le canton de Sablé sur Sarthe, à proximité de Solesmes.
Le marquis de Juigné devait évidemment son élection au fait qu'il disposait, dans le canton de Bourgneuf, près du village de Saint Hilaire de Chaléons et de celui de Chéméré, du château du Bois Rouaud, bien de famille qui lui était parvenu par son oncle, comte de Juigné prénommé Charles et qui fut maire de Saint Hilaire de Chaléons, conseiller général de Bourgneuf de 1865 à 1900 et même Président du conseil général de Loire Inférieure .
Monarchiste, le comte de Juigné fut également député de Loire Inférieure de 1871 à 1878, et fut élu sénateur en 1900, année de son décès.
Membre du Jockey Club, le comte de Juigné était l'un des plus riches propriétaires fonciers de Bretagne et il revendiqua longtemps la propriété du Lac de Grandlieu.
Son neveu ne fit donc, dans une certaine mesure, que prendre la suite de son oncle, comme si les mandats électoraux de l'époque devaient faire partie d'un bien de famille aussi transmissible.
« Homme de cheval » comme son oncle, le marquis de Juigné fut aussi président de la Société Hippique Française, le domaine de Bois Rouaud s'apparentant de fait à un haras privé.

Canton du Pellerin : Comte Paul De La Ruelle, réélu, maire de Sainte Pazanne de 1910 à 1940. Le nom semble disparaître après la Libération.
Mais on trouve encore, parmi les maires de la commune, un Guillet de la Brosse, une importante famille d'armateurs nantais.
Le plus connu des Guillet de la Brosse est sans nul doute Eugène (1857 – 1939), élève de l'Ecole des Mines et ingénieur naval qui va créer, avec son associé Henri Fouché, diplômé de Polytechnique, la société des Ateliers et Chantiers de Bretagne, l'un des trois grands chantiers navals nantais avec Dubigeon et Les Ateliers et Chantiers de la Loire, qui vont ouvrir bientôt le site de Penhoët Saint Nazaire et une usine de moteurs à Saint Denis.
(cette usine, lorsque l'ensemble fera partie du groupe Alstom Atlantique comptera encore dans les années 80 environ 1 500 salariés. Aujourd'hui fermée, elle a été réhabilitée pour accueillir le collège du quartier de la Plaine Saint Denis).
Dans les années 30, les ACB vont collaborer directement avec la société des Etablissements Rateau, implantée en banlieue parisienne à La Courneuve, et fondée par Auguste Rateau, sorti major de Polytechnique et des Mines, inventeur de la turbocompression et grand concepteur de turbines et de moteurs.
La coopération entre les deux entreprises permet la fabrication des plus rapides torpilleurs de la marine française à l'époque.
L'usine, faut il le rappeler, existe toujours et continue de produire notamment des turbines pour centrales de production électrique.
Elle est également dans le groupe Alstom.

Canton de Saint Père en Retz : Vallex, réélu. Pas d'éléments en plus.

Le second tour, tenu le 17 octobre, conduit aux résultats suivants.

Canton de Nantes (4e) : Alexandre Fourny, SFIO, élu (sortant républicain de gauche). Avocat et secrétaire de la section socialiste, Alexandre Fourny sera l'un des fusillés de Nantes du 22 octobre 1941 (une partie des exécutions d'otages aura lieu dans la tristement célèbre carrière de Châteaubriant).

Canton de Nantes (6e) : Edmond Prieur, SFIO, élu (sortant républicain de gauche). Adjoint au maire de Nantes Auguste Pageot, il devient maire de la ville après la suspension de celui ci pendant une partie de l'année 41.
Il ne retrouve pas de rôle politique déterminant après guerre.

Canton de Bouaye : Maurice Thiéfaine, SFIO, élu (sortant radical socialiste). Originaire de Thiérache, Maurice Thiéfaine travaille comme dessinateur aux chemins de fer de la Compagnie du Paris Orléans avant de se trouver mobilisé en 14 – 18 et de finir gravement mutilé de la guerre (amputé de la cuisse gauche).
Militant socialiste en Loire Inférieure où il s'est installé, il devient dans un premier temps adjoint du maire de Rezé les Nantes, avant d'être élu maire adjoint de la ville en 1935, suite à la victoire de la liste Pageot sur la liste Cassegrain (du nom du maire sortant radical, Léo Cassegrain, issu de la fameuse famille d'industriels de la conserverie).
En 1936, il est élu député et gagne donc le siège de conseiller général de Bouaye en 1937.
Il vote les pleins pouvoirs à Pétain le 10 juillet 1940 et sa vie politique s'en achève d'autant, après quelques mois de plus à assurer sa mission d'adjoint au maire.

Canton du Croisic : Auguste Masson, radical socialiste, réélu. Maire du Croisic de 1928 à 1939.

Nous avons donc un conseil général de Loire Inférieure très largement dominé par la droite puisque nous nous trouvons, en 1937, avec un conseil comprenant au total six élus SFIO, trois élus radicaux socialistes, soit neuf élus à gauche et, surtout, un radical indépendant, cinq républicains de gauche, neuf URD, trois UN et dix neuf conservateurs, soit trente sept élus.

Et encore faut il souligner que le renouvellement 1937 traduit un glissement à gauche relatif, puisque trois élus SFIO remplacent des élus républicains de gauche ou radical socialiste.

Il n'aura également échappé à personne que l'influence de la gauche se trouve limitée à la ville de Nantes et à la région de Saint Nazaire, tandis que le pays de Retz, le vignoble et les cantons ruraux de manière générale sont largement contrôlés par la droite.

Les élections sont cependant marquées par l'emprise de certains candidats sur leur canton et ses habitants.

Ainsi, en 1934, si nous avons vingt élus au premier tour, c'est somme toute assez logique.

Dans le canton de Riaillé, les 2 328 électeurs n'ont qu'un seul candidat en lice, le comte Gualès de Mézaubran qui n'a plus qu'à collecter 1 532 voix pour être élu.

Dans le canton de Saint Philbert de Grandlieu, même situation pour Norbert Fleury qui, seul, réunit 1 818 voix et est élu.

Dans un autre style, Le Cour Grandmaison est élu conseiller général de Savenay avec 2 189 voix contre 135 à son adversaire, un certain Thomas.

Le détail des votes par commune est clair.

A Savenay, Le Cour Grandmaison obtient 325 voix et Thomas 125.
Par contre, dans toutes les autres communes du canton, Le Cour Grandmaison obtient systématiquement la totalité des suffrages.

Dans le canton de Nort sur Erdre, la victoire de Joseph Tardiveau est du même profil : 2 666 voix contre 196 au candidat SFIO.

En fait, seuls les cantons urbains votent de manière à peu près claire.

Ainsi, dans le canton de Saint Nazaire ou les cantons nantais, la répartition des votes est réelle et chaque candidat obtient des votes.

A Saint Nazaire, le SFIO Blancho est élu grâce à la ville, puisque Donges donne la majorité au candidat de droite, comme Saint Malo de Guersac et Pornichet.
Le candidat SFIO obtient cependant 938 voix sur 1 261 à Trignac et 469 sur 763 à Montoir de Bretagne.

Les élections de 1937 ne sont guère plus transparentes, avec, par exemple, la victoire du vicomte Du Dresnay par 2 192 voix contre 181 dans le canton de Saint Nicolas de Redon.

Même profil dans le canton de Rougé où, dans la commune de Villepot, l'élu de droite recueille 205 voix, le communiste 1 voix et les divers 2 pour le scrutin au conseil d'arrondissement.

Il semble bien que l'aristocratie terrienne de Loire Inférieure ait eu quelque peine avec la transparence des opérations électorales.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Jeu 30 Aoû 2012 12:45
de vudeloin
Compléments au message précédent.

Norbert Fleury, conseiller général de Saint Philbert, était maire de Saint Colomban.
L'un de ses aïeux (peut être son père ou son grand père ? ) fit partie des "Soldats du Pape" dans les années 1860, lorsque le général Lamoricière, Nantais d'origine, commandait les troupes pontificales opposées d'un côté aux garibaldiens et de l'autre aux Piémontais.
Le tout se termina cependant par l'aboutissement de l'unité italienne en 1870 et la réduction des biens pontificaux à la cité du Vatican, même si l'affaire dut attendre les accords de Latran (1929) pour se terminer...

Georges Ganuchaud, conseiller général de Nantes, était issu d'une ancienne famille de négociants nantais, également présents dans les activités de construction et de travaux publics.
Il est aussi propriétaire du château de la Claverie à Sucé sur Erdre et spécialiste d'histoire locale, écrivant quelques ouvrages consacrés aux édifices religieux du pays.
Il meurt peu de temps avant le début de la guerre.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Lun 3 Sep 2012 19:16
de vudeloin
Un peu en brut de décoffrage, sans observation sur les élus et leur parcours ultérieur (certains ont déjà été évoqués dans le fil des élections législatives de 1936), un petit message sur les cantonales 1934 et 1937 dans le Nord Pas de Calais, qui sont comme un moment charnière dans l'histoire politique de cette Région.

1934

Pas de Calais

Elus ou réélus au premier tour


Ardres : Donjon de Saint Martin, conservateur
Arras Nord : Brassart, radical indépendant
Audruicq : Dupont, républicain de gauche
Avesnes le Comte : Bouillet, radical socialiste (pris à l'URD)
Beaumetz les Loges : De Diesbach, républicain de gauche
Béthune : Thillier, radical indépendant
Boulogne sur Mer Nord : Farjon, républicain de gauche
Boulogne sur Mer Sud : Bacquet, républicain de gauche (pris aux radicaux socialistes)
Calais Nord Ouest : Deroide, URD
Campagne les Hesdin : Ferrier, républicain de gauche (pris aux radicaux indépendants)
Desvres : Vincent, républicain de gauche
Etaples : Candeliez, républicain de gauche
Fauquembergues : Lootvoët, républicain de gauche
Montreuil sur Mer : Malingre, républicain de gauche
Le Parcq : Dacquin, républicain de gauche
Saint Pol sur Ternoise : Dupire, républicain de gauche
Vitry en Artois : Détrez, radical socialiste

Elus au second tour

Arras Sud : Paris, URD
Calais Sud Est : Vantielcke, SFIO (pris à la droite)
Cambrin : Halle, SFIO
Carvin : Leclercq, SFIO (pris à la droite)
Lillers : Muller, radical socialiste
Vimy : Parent, PCF (pris aux républicains socialistes)

La série donne donc une nette majorité à droite avec un conservateur, deux URD, onze républicains de gauche et deux radicaux indépendants, soit seize élus de droite et du centre droit face à trois radicaux socialistes, trois SFIO et un PCF, soit sept élus de gauche.

1934

Nord

Elus ou réélus au premier tour


Avesnes sur Helpe Sud : Antoine, radical socialiste
Bailleul Sud Ouest : Perrier, radical indépendant
La Bassée : Crespel, conservateur
Bourbourg : Blondé, radical socialiste
Cambrai Ouest : Demolon, radical indépendant
Condé sur l'Escaut : Delcourt, SFIO
Hazebrouck Sud : De La Grange, républicain de gauche
Hondschoote : Mortier, républicain de gauche
Lille Ouest : Catoire, URD (pris aux conservateurs)
Marchiennes : Brachelet, PCF
Marcoing : Leriche, radical indépendant
Merville : Watine, URD
Orchies : Bonnet, radical indépendant
Le Quesnoy Ouest : Lacourt, radical socialiste
Saint Amand les Eaux Rive gauche : Davaine, radical indépendant
Valenciennes Nord : Thiétard, SFIO (pris au PCF)

Elus au second tour

Berlaimont : Stiévenard, PCF (pris aux radicaux socialistes)
Clary : Dehé, républicain de gauche (pris aux radicaux socialistes)
Denain : Douchemont, PCF (pris à la SFIO)
Douai Nord : Martel, PCF
Dunkerque Ouest : Valentin, SFIO (pris à l'URD)
Haubourdin : Dereuse, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Lille Centre : Becquart, URD
Lille Nord : Guilbaut, URD
Lille Sud : Leroy, SFIO
Maubeuge Nord : Forest, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Quesnoy sur Deûle : Meurillon, républicain de gauche
Roubaix Nord : Briffaut, SFIO
Roubaix Sud : Roussel, radical indépendant
Steenvoorde : Plancke, radical indépendant (pris à l'URD)
Tourcoing Sud : Maréchal, républicain de gauche
Trélon : Derigny, SFIO
Valenciennes Sud : Dewez, PCF (pris aux radicaux indépendants)

Le nombre élevé de ballottages trouve une traduction dans la répartition finale des sièges de la série.

A droite, dix sept élus ainsi répartis : un conservateur, quatre URD, cinq républicains de gauche et sept radicaux indépendants.

A gauche, seize élus dont trois radicaux socialistes, huit SFIO et cinq PCF.


( les renouvellements cantonaux, dans les années de l'entre deux guerres, conduisent le plus souvent à l'élection d'un conseiller général dans deux tiers des cantons concernés. Un taux de 50 % de ballottages, comme nous le voyons dans le Nord en 1934, est donc rare).

A noter que si le premier tour n'est marqué que par des transferts internes à la gauche et à la droite, le second marque une inflexion à gauche avec le gain net d'un siège, la perte du canton semi rural de Clary étant compensée par le succès sur Dunkerque Ouest et Valenciennes Sud.
Mais il y a un mouvement global à gauche puisque les radicaux socialistes perdent au total quatre élus dont trois au profit de la SFIO et du PCF.
Ils n'obtiennent aucun élu au second tour...

1937

Pas de Calais

Elus ou réélus au premier tour


Fruges : Caron, radical socialiste
Hesdin : Ledeux, radical indépendant
Hucqueliers : De La Gorce, républicain
Aire sur la Lys : Bar, républicain de gauche
Lumbres : Chochoy, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Saint Omer Nord : Tillié, républicain de gauche
Laventie : Couhé, républicain de gauche
Lens Ouest : Delorme, SFIO
Guînes : Parmentier, républicain de gauche
Aubigny en Artois : Sinot, républicain de gauche
Bertincourt : Durieux, républicain de gauche
Heuchin : Tellier, républicain de gauche
Pas en Artois : Monpetit, républicain de gauche.

Elus au second tour

Marquise : Le Sénéchal, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Samer : Desclève, SFIO
Saint Omer Sud : André, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Lens Est : Sion, SFIO
Norrent Fontes : Delerue, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Auxi le Château : Hardhuin, républicain de gauche
Bapaume : Guidet, radical socialiste
Croisilles : Raison, radical socialiste (pris aux républicains de gauche)
Marquion : Delaplace, radical socialiste
Houdain : Beltrémieux, SFIO.

La série marque un glissement à gauche, la droite ne remportant qu'un seul des sièges en jeu au second tour et en perdant deux, dont celui de Norrent Fontes, largement composé par des cités minières.

Sur l'ensemble de la série, la droite obtient onze élus dont un républicain, un radical indépendant et neuf républicains de gauche ; la gauche, pour sa part, obtient douze sièges dont neuf SFIO et trois radicaux socialistes.

Les radicaux perdent trois sièges sur la série, au profit de la SFIO qui se positionne comme la principale force dans le bassin minier.

A noter que le PCF n'a qu'un seul élu au conseil général au terme des deux renouvellements de la fin des années trente, dans un canton semi rural et n'a pas encore de positions affirmées dans le bassin minier.

Sur l'ensemble des deux séries, la droite reste majoritaire avec un républicain indépendant, un conservateur, deux URD, deux radicaux indépendants et vingt républicains de gauche, soit vingt six sièges.

A gauche, nous avons six radicaux socialistes, douze SFIO et un communiste, soit dix neuf élus.

(sauf partielles éventuelles sur la série de 1934)

1937

Nord

Elus ou réélus au premier tour


Landrecies : Gillet, républicain de gauche
Wormhout : Morel, républicain indépendant
Cassel : Masselin, républicain
Bergues : Wemaere, URD
Hazebrouck Nord : Degroote, URD
Lille Sud Ouest : Henri Salengro, SFIO
Pont à Marcq : Laurent, SFIO

Elus ou réélus au second tour

Avesnes sur Helpe Nord : Lahanier, SFIO
Bavay : Constant, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Le Quesnoy Est : Thomas, SFIO (pris aux radicaux indépendants)
Maubeuge Sud : Deudon, SFIO (pris aux républicains)
Solre le Château : Bérard, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Cambrai Est : Houillon, radical socialiste
Carnières : Waxin, SFIO
Le Cateau Cambrésis : Villebasse, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Solesmes : Carlier, SFIO
Arleux : Delevallée, PCF (pris aux républicains de gauche)
Douai Est : Goniaux, SFIO
Douai Sud : Ramette, PCF (pris aux radicaux indépendants)
Dunkerque Est : Machy, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Gravelines : Denvers (!), SFIO (pris aux républicains de gauche)
Armentières : Duriez, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Cysoing : Guillemain, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Lannoy : Lorthioir, SFIO
Lille Est : Cordonnier, SFIO
Lille Nord Est : Masson, SFIO
Lille Sud Est : Saint Venant, SFIO
Roubaix Est : Lebas, SFIO
Seclin : Savage, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Tourcoing Nord : Descamps, républicain de gauche
Tourcoing Nord Est : Casier, PCF (pris aux radicaux socialistes)
Bouchain : Lemoine, PCF (pris à la SFIO)
Saint Amand les Eaux Rive Droite : Couteaux, SFIO
Saint Amand les Eaux Rive Gauche : Davaine, radical indépendant
Valenciennes Est : Carpentier, PCF (pris à l'URD).

Le 17 octobre 1937 marque une date essentielle dans l'histoire politique du Nord.

La gauche obtient en effet une victoire éclatante au second tour des cantonales, qui lui donne la majorité au conseil général de ce département.

Sur la série 1934, le siège de Saint Amand les Eaux Rive Gauche a été renouvelé en 1937 et Jules Davaine a remplacé son père.

Mais pour le reste, sur l'ensemble des trente quatre sièges à pourvoir, nous avons :

A droite, nous avons un républicain, un républicain indépendant, deux URD, deux républicains de gauche, soit six sièges.

A gauche, un radical socialiste, vingt deux élus SFIO et cinq communistes, soit vingt huit sièges.

Le nouveau conseil général du Nord comprend donc, en octobre 1937 (nonobstant les éventuelles partielles de la série 1934) :

A droite, un conservateur, un républicain, un républicain indépendant, six URD, sept républicains de gauche et sept radicaux indépendants, soit vingt trois élus.

A gauche, quatre radicaux socialistes, trente SFIO et dix PCF, soit quarante quatre élus de gauche.

(La presse de l'époque rapporte ceci dit que la SFIO avait conquis, en partielle, l'un des sièges de la série 1934).

Alors que la situation était presque équilibrée au départ (trente trois sièges de droite, trente quatre de gauche), le solde en faveur de la gauche est finalement de dix sièges sur la série.

Et le conseil général du Nord de 1937 échappe à la combinaison antérieure qui voulait que la droite et les radicaux se partagent les responsabilités.

L'élément clé de 1937, c'est qu'une alliance SFIO/PCF est majoritaire au conseil général avec quarante et un sièges sur soixante sept.

A noter cependant que le candidat radical de Cambrai Est a été élu contre un candidat SFIO, et que les voix de droite ne lui ont donc pas manqué pour se faire élire.

Vous pouvez produire sur ce message les observations que vous souhaitez.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Lun 3 Sep 2012 21:20
de Pullo
Dans les renouvellements cantonaux du 62, on voit que le Boulonnais dans les années 1930 penche fortement à droite. Très différent de la situation d'après-guerre où, jusqu'aux années 1980, il y avait une confrontation PS/PCF plus ou moins musclée (la droite jouant les arbitres), et celle d'aujourd'hui, où le PS domine une gauche largement majoritaire. A croire que la droite locale a été totalement discréditée par les mauvais choix de 1940...

Rappelons qu'Albert Denvers, avec le frère de Roger Salengro, était le plus jeune élu du conseil général du Nord en 1937, à 32 ans.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Lun 3 Sep 2012 22:48
de vudeloin
Eh oui Albert Denvers, déjà élu en 1937 !
Un ami à moi disait que le jour de son enterrement, on aurait pu installer une urne à coté de son cercueil, les gens auraient encore voté pour lui...

Mais bon, foin de plaisanteries et d'humour noir, la remarque que tu fais, Pullo, est tout à fait essentielle.
Le Pas de Calais des années 30 n'a effectivement pas grand chose à voir avec celui de l'après guerre et plus encore de celui des années du programme commun, où le vote local obéissait à la règle des trois tiers (un tiers coco, un tiers socialo, un tiers tout le reste).
Même si, comme nous aurons peut être l'occasion d'y revenir, on verra que les positions des uns et des autres ne se sont finalement jamais beaucoup éloignées de ce que l'on pouvait observer...
Ah oui, au fait, un point clé.
En 1930 et quelques, les mineurs polonais (et les ouvriers agricoles itou ou les belges, et j'en passe) n'ont pas le droit de vote.
Leurs enfants, nés entre terris et Monts du Boulonnais, l'auront.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Mar 4 Sep 2012 10:21
de vudeloin
Pour donner une idée des rapports de forces politiques réels, quelques chiffres sur le Pas de Calais, resté géré par des élus de droite...

Dans le canton de Bapaume, le député radical socialiste Abel Guidet est élu au second tour avec 1 374 voix contre 797 au républicain de gauche Parsy.

Par contre, dans le canton de Lens Est, Paul Sion, député SFIO, l'emporte avec 11 933 voix contre 3 383 pour le candidat PSF Drelon et, mieux encore si l'on peut dire, Beltrémieux, député SFIO également, est réélu sur Houdain avec 17 354 voix contre 2 886 au PSF (parti social français du Colonel De La Rocque) Trinquemaille.

Bernard Chochoy, futur sénateur du département, est élu à Lumbres en 1936 dans un canton comptant 5 067 inscrits.

Les inégalités de découpage et de population sont donc patentes et doivent expliquer la répartition des sièges au conseil général.
A noter que le jeune élu SFIO de Lumbres est choisi finalement par 2 478 électeurs (près de 49 % des inscrits !) et que la participation au scrutin atteint 90,3 %...

O tempora, o mores, comme dirait l'autre !

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Mar 4 Sep 2012 19:51
de vudeloin
Toujours sans trop d'analyses et d'éléments sur les candidats présentés, un petit regard dans ce message sur les élections cantonales 1934 et 1937 dans l'actuelle région administrative Midi Pyrénées, en quelque sorte avant et après la victoire du Front Populaire.

Huit départements dans la région, comme chacun sait et une tradition politique aujourd'hui affirmée à gauche mais dont nous devons interroger les caractères.

Rappel important, avant d'examiner la problématique des cantonales (donc de l'implantation locale), celui de la répartition des élus à la Chambre de nos départements en 1936.

Ariège : 3 SFIO
Aveyron : 1 Socialiste de France, 3 FRF, 1 républicain indépendant
Haute Garonne : 5 SFIO, 1 radical socialiste
Gers : 2 SFIO, 1 radical socialiste
Lot : 1 USR, 1 radical socialiste, 1 non inscrit
Hautes Pyrénées : 1 radical socialiste, 2 radicaux indépendants
Tarn : 3 SFIO, 2 radicaux socialistes, 1 démocrate populaire
Tarn et Garonne : 1 SFIO, 2 radicaux socialistes.


Sur trente deux élus, on ne compte aucun député communiste, mais par contre quatorze SFIO et huit radicaux socialistes, complétés par un PsdF et un USR.

Le socialiste de France, issu de la scission néo, est connu puisqu'il s'agit d'un certain Paul Ramadier, député de Decazeville et l'USR n'est pas moins connu puisqu'il s'agit d'Anatole de Monzie.

Une moitié de députés issus du courant socialiste, un quart de radicaux, quelle étrange impression, non ?

Qu'en est il au plan cantonal ?

1934

Ariège (10 sièges à pourvoir)


Elus ou réélus au premier tour : 6

Ax les Thermes : Gomma, républicain de gauche
Les Cabannes : Sirgan, radical socialiste
Castillon en Couserans : Laffont, républicain radical (Président du Conseil général)
Massat : Galy – Gasparrou, radical socialiste
Saint Lizier : Broué, républicain radical
Saverdun : Remaury, URD

Aveyron (22 sièges à pourvoir)


Elus ou réélus au premier tour : 20

Camarès : Vergnes, URD
Capdenac Gare : Fourgous, radical indépendant
Cassagnes Begonhès : De Rudelle, conservateur (pris à l'URD)
Conques : Marion, URD
Cornus : Borel, républicain socialiste
Espalion : Lacroix, conservateur
Peyreleau : Vidal, conservateur
Réquista : Monsservin, URD (fils de député et oncle de Roland Boscary Monsservin)
Rieupeyroux : Coucoureux, URD
Rignac : Fraysse, radical indépendant
Rodez : Raynaldy, radical indépendant
Saint Beauzély : Rayrolles, radical indépendant
Saint Chély d'Aubrac : Pradel, URD
Sainte Geneviève sur Argence : Maynier, conservateur
Saint Geniez d'Olt : Alazard, conservateur (pris à l'URD)
Saint Rome de Tarn : Portalier, radical socialiste (pris aux conservateurs)
Salles Curan : Boudes, républicain de gauche (pris aux conservateurs)
Sauveterre de Rouergue : Roques, conservateur
Séverac le Château : Lacombe, radical socialiste
Villeneuve : Maruéjouls, républicain de gauche.

Haute Garonne (20 sièges)

Elus et réélus au premier tour : 17

Aurignac : Montalegre, radical indépendant
Bagnères de Luchon : Germes, URD
Boulogne sur Gesse : Cadéac, républicain de gauche
Castanet Tolosan : Delherm, radical socialiste
Cazères : Gouzy, SFIO
Cintegabelle : Bergé, radical socialiste
Fronton : Rouart, radical socialiste
Lanta : César – Bru, radical indépendant
L'Isle en Dodon : Ducassé, radical socialiste
Muret : Moisand, SFIO
Rieumes : Roger, SFIO
Rieux Volvestre : Lapasse, républicain de gauche
Saint Gaudens : Azémar, radical socialiste
Saint Martory : Brangé, radical socialiste
Toulouse Centre : Hyon, SFIO
Toulouse Ouest : Rieu, SFIO
Villefranche de Lauragais : Cazaban, radical socialiste

Gers (16 sièges à pourvoir)


Elus et réélus au premier tour : 14

Aignan : Castagnan, radical socialiste
Condom : Naples, radical socialiste
Eauze : Masclanis, radical indépendant
Gimont : Bassat, radical socialiste
l'Isle Jourdain : Delieux, radical socialiste (pris aux républicains de gauche)
Lectoure : De Sardac, radical socialiste
Marciac : Guichard, radical socialiste
Mauvezin : Philip, radical socialiste
Montesquiou : Bazillac, radical socialiste
Nogaro : Matignon, radical socialiste
Samatan : Saint Laurens, radical socialiste
Vic Fézensac : Corneille, radical socialiste
Jegun : Labatut, radical socialiste
Fleurance : Lapeyre, radical socialiste

Lot (14 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 13

Cahors Sud : Gayet, radical indépendant
Cazals : Tourriol, républicain de gauche (pris aux républicains socialistes)
Figeac Est : Gratacap, radical socialiste
Figeac Ouest : Loubet, radical socialiste
Gramat : Orliac (!), radical socialiste
Lalbenque : Guilhem, radical indépendant
Latronquière : Roussilhe, radical indépendant
Livernon : Vayssié, républicain de gauche
Puy L'Evêque : Rouma, républicain de gauche
Saint Géry : Benech, radical socialiste
Salviac : Cambornac, radical socialiste
Souillac : Léry, SFIO
Vayrac : Limes, radical socialiste

Hautes Pyrénées (13 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 10

Arreau : Mounicq, URD
Aucun : Pérus, radical socialiste
Bordères Louron : Aubiban, radical socialiste
Galan : Castets, radical indépendant
Lourdes : Bouriot, républicain de gauche
Mauléon Barousse : Manent, radical socialiste
Pouyastruc : Marre, républicain de gauche
Saint Pé de Bigorre : Batbie, URD
Trie sur Baïse : Desconets, radical socialiste
Vielle Aure : Salles, URD

Tarn (18 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 17

Alban : Sans, radical socialiste
Albi : Camboulives, socialiste de France
Anglès : Cauquil, radical socialiste (pris à l'URD)
Castelnau de Montmiral : Bonnery, radical socialiste
Cuq Toulza : Salinier, radical socialiste
Graulhet : Morel, radical socialiste
Labruguière : Réberga, radical socialiste
Lautrec : Delga (!), URD
Lisle sur Tarn : Saissac, radical socialiste
Mazamet : Durand, républicain de gauche (pris aux conservateurs)
Montredon Labessonnie : Lavergne, radical socialiste
Murat sur Vèbre : Gayraud, URD
Réalmont : Rigaud, radical indépendant
Roquecourbe : Laur, démocrate populaire
Saint Paul Cap de Joux : Compayré, radical socialiste
Salvagnac : Gleudes, radical socialiste
Valderiès : Raynal, radical socialiste

Tarn et Garonne (13 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 11

Castelsarrasin : Presseq, radical socialiste
Caussade : Granié, républicain de gauche
Grisolles : Marceilhac, radical socialiste
Lafrançaise : Bordaries, républicain de gauche
Lauzerte : Baron, radical socialiste
Monclar de Quercy : Roques, républicain de gauche
Montaigu de Quercy : Cabrit, conservateur
Montpezat de Quercy : Daillé, radical socialiste
Saint Antonin Noble Val : Benet, URD
Valence d'Agen : Bourgeat, radical socialiste
Molières ; Combelles, radical socialiste.

Comme on le voit, le premier tour consacre l'élection de la grande majorité des élus des huit départements.

Au total, on comptait cent vingt six sièges à pourvoir et il ne reste plus que dix huit sièges en ballottage au second tour, soit cent huit élus ou réélus.

A droite, on dénombre sept conservateurs, treize URD, quatorze républicains de gauche, un démocrate populaire et douze radicaux indépendants, soit un total de quarante sept élus ou réélus.

A gauche, on compte sur un républicain socialiste, un socialiste de France, six SFIO et, surtout, cinquante trois républicains radicaux et radicaux socialistes, soit un ensemble de soixante et un élus et réélus.

Vu l'influence du parti républicain radical et radical socialiste, on peut pratiquement définir celle ci en concomitance avec la diffusion du grand quotidien radical qu'est La Dépêche du Midi.

Et la puissance de la droite en Aveyron a sans doute beaucoup à voir, à l'époque, avec l'existence d'une presse conservatrice influente dans ce département de pratique religieuse par ailleurs plus forte qu'ailleurs dans le Midi.

Le second tour de ces élections 1934 est donc plutôt réduit dans notre Région Midi Pyrénées actuelle.

Résultats

Ariège

La Bastide de Sérou : Cougoureux, radical socialiste
Foix : Lafeu, SFIO (pris aux républicains de gauche)
Mirepoix : Cassagne, radical socialiste
Varilhes : Sinot, SFIO (pris aux radicaux socialistes)

Aveyron

Aubin : Ginestet, PCF (pris aux socialistes de France)
Decazeville : Ramadier, socialiste de France

Haute Garonne

Cadours : David, SFIO (pris aux radicaux indépendants)
Montastruc la Conseillère : Amat, radical socialiste
Revel : Audouy, SFIO (pris aux radicaux socialistes)

Gers
Auch Sud : Espiau, radical indépendant (pris aux radicaux socialistes)
Mirande : Lartigue, SFIO (pris aux radicaux indépendants)

Lot

Cahors Nord : Salanié, radical socialiste

Hautes Pyrénées

Saint Laurent de Neste : Refoul, radical indépendant
Tarbes Sud : Sempé, républicain de gauche (pris aux radicaux socialistes)
Tournay : Abadie, URD (pris aux radicaux indépendants)

Tarn

Cordes : Valat, radical socialiste

Tarn et Garonne

Beaumont de Lomagne : Frayssinet, URD (pris aux radicaux socialistes)
Montauban Est : Poutansant, radical socialiste.

Sur les dix huit sièges en ballottage, la droite et le centre droit en gagnent donc cinq (deux URD, un républicain de gauche, deux radicaux indépendants) et gauche et centre gauche en obtiennent donc treize (un PCF, le seul de la région ; cinq SFIO, un socialiste de France et six radicaux socialistes).

Sur les cent vingt six sièges, nous avons donc cinquante deux élus de droite et du centre droit dans cette série contre soixante quatorze de gauche et de centre gauche, parmi lesquels cinquante neuf radicaux socialistes.

Le mouvement global sur la région est faible et la gauche ne progresse que de deux sièges sur l'ensemble des huit départements.

1937

Ariège (10 sièges à pourvoir)


Elus ou réélus au premier tour : 9

Tarascon sur Ariège : Rauzy, SFIO
Pamiers : Rambaud, radical socialiste
Saint Girons : Dr Mazaud, SFIO
Le Fossat : Penent, radical socialiste
Oust : Vidal, républicain socialiste
Quérigut : Baby, républicain de gauche
Lavelanet : Bernadac, radical socialiste
Vicdessos : Barrère, SFIO (pris aux républicains socialistes)
Sainte Croix Volvestre : Regot, radical socialiste.

Aveyron (21 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 21

Belmont sur Rance : Courrech, conservateur (pris aux radicaux indépendants)
Bozouls : Puech, républicain de gauche
Campagnac : Dr Touzery, conservateur
Entraygues sur Truyère : De Chefdebien, conservateur
Estaing : Galtier, conservateur
Laguiole : Malet, conservateur
Laissac : Clauzel de Coussergues, URD
Marcillac Vallon : Jaudon, républicain de gauche
Millau : Jonquet, radical indépendant
Montbazens : Lafon, radical socialiste
Mur de Barrez : Dr Viguié, URD
Najac : Iches, républicain de gauche
Nant : Dr Marquez, URD (pris aux radicaux socialistes)
Naucelle : Crozes, URD (pris aux républicains de gauche)
Pont de Salars : Séguret, conservateur
La Salvetat Peyralès : Chanoine Chincholle, URD
Saint Affrique : Dr Nicolas, radical socialiste
Saint Amans des Cots : Gauzit, URD
Saint Sernin sur Rance : Dr Cochy de Moncan, conservateur
Villefranche de Rouergue : Dr Magnes, URD (pris aux radicaux socialistes)
Vézins de Lévézou : Sigaud, républicain de gauche.

Haute Garonne (19 sièges à pourvoir)


Elus ou réélus au premier tour : 17

Auterive : Roques, SFIO
Caraman : Dr Mazières, radical socialiste
Carbonne : Auriol, SFIO
Le Fousseret : Esquirol, radical socialiste
Grenade : Cazabon, SFIO (pris aux socialistes indépendants)
Léguevin : Sarraute, radical socialiste
Montesquieu Volvestre : Clavet, radical socialiste
Montgiscard : Berseille, radical socialiste
Nailloux : Henri Auriol, URD
Saint Lys : Bastid, radical socialiste
Verfeil : Dandrieu, SFIO
Villemur sur Tarn : Dr Vignères, radical socialiste
Aspet : Jaureguiberry, radical socialiste
Barbazan les Thermes : Ducos, radical socialiste
Montréjeau : Carrère, radical socialiste
Saint Béat : Vivès, radical socialiste
Salies du Salat : Masquère (!) SFIO

Gers (17 sièges à pourvoir dont 4 hors série)

Elus et réélus au premier tour : 13

Auch Nord : Gardey, radical socialiste
Saramon : Denjois, radical socialiste
Jegun (hors série) : Labatut, radical socialiste
Lombez : Tournan, républicain socialiste
Cologne : Catalan, radical socialiste
Cazaubon : Bon, radical socialiste (pris aux républicains socialistes)
Fleurance (hors série)  : Dr Lapeyre, radical socialiste
Montréal du Gers : Lapeyrère, radical socialiste
Valence sur Baïse : Dubosc, SFIO ( pris aux radicaux socialistes)
Masseube : de Gontaut Biron, républicain
Miélan : Sénac (!), radical socialiste
Riscle : Dr Loumaigue, radical socialiste
Marciac (hors série)  : Saint Martin, SFIO (pris aux radicaux socialistes)

Lot (16 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 15

Cahors Sud : Calvet, républicain socialiste
Castelnau Montratier : Lacaze, radical socialiste
Catus : Soulié, radical socialiste
Lauzès : Dr Jardel, républicain de gauche
Limogne en Quercy : Dr Couderc, républicain de gauche
Luzech : Dr Rougier, radical socialiste
Montcuq : Dr Peindariès, radical socialiste
Bretenoux: Bastit, radical socialiste
Lacapelle Marival : Lappara, radical socialiste
Saint Céré : de Monzie, républicain socialiste
Gourdon : Delehie, SFIO (pris aux radicaux socialistes)
Labastide Murat : Malvy, radical socialiste
Martel : Malvy, radical socialiste
Payrac : Dr Constant, radical socialiste
Saint Germain du Bel Air : Cocula, radical socialiste.

Hautes Pyrénées (14 sièges à pourvoir dont 1 hors série)

Elus et réélus au premier tour : 7

Castelnau Rivière Basse : Dr Despouey, radical socialiste
Maubourguet : Dr Durand, radical socialiste
Rabastens de Bigorre : Baget, radical indépendant
Campan : Morère, radical socialiste
Lannemezan : Baratgin, radical socialiste
La Barthe de Neste : Bazerque, républicain
Ossun : Dr Peyou (!!), radical socialiste

Tarn (18 sièges à pourvoir)

Elus ou réélus au premier tour : 16

Brassac : Reille – Soult, démocrate populaire
Cadalen : Dr Cavaillès, radical socialiste
Carmaux : Fieu, SFIO
Gaillac : Loubat, radical socialiste
Lacaune : Cavaillès, socialiste indépendant
Lavaur : Dr Guiraud, radical socialiste
Monestiès : Balssa, radical socialiste
Pampelonne : Maffre, SFIO
Puylaurens : Algand, républicain socialiste
Rabastens : Malric, radical socialiste
Saint Amans Soult : Bourguet, radical socialiste
Vabre : Faure, radical socialiste
Valence d'Albigeois : Souilhac, républicain socialiste
Vaour : Calvet, socialiste indépendant
Vielmur sur Agout : Rascol, radical socialiste
Villefranche d'Albigeois : Rossignol, radical socialiste


Tarn et Garonne (12 sièges à pourvoir dont un Hors Série)

Elus et réélus au premier tour : 11

Auvillar : Laparre, radical socialiste
Bourg de Visa : Latapie, radical socialiste
Caylus : Andrieu, radical socialiste
Lavit de Lomagne : Dumas, radical socialiste (élection contestée)
Moissac : Delthil, radical socialiste
Molières (hors série) : Combelles, radical socialiste
Montech : Lespinasse, radical socialiste
Nègrepelisse : Laplume, URD
Saint Nicolas de la Grave : Gourgues, radical socialiste
Verdun sur Garonne : Augé, radical indépendant
Villebrumier : Coulon, radical socialiste.

Le scrutin de 1937 porte sur cent vingt sept cantons dont six issus de la série 1934 dont le titulaire est remis en jeu...

Peu de ballottages de manière générale : nous avons au total cent neuf élus, proportion très proche de la série 1934.

A droite, on compte sept conservateurs (tous en Aveyron et spécialement du côté de l'Aubrac), neuf URD, deux républicains, un démocrate populaire, sept républicains de gauche et trois radicaux indépendants, soit un total de vingt neuf sièges.
A gauche, on compte deux socialistes indépendants, six républicains socialistes et USR, treize SFIO et surtout, cinquante neuf radicaux socialistes (dont deux des sièges de la série 1934 conservés).

Le courant radical ne semble donc pas tout à fait en difficulté, malgré la primauté obtenue par la SFIO lors des législatives 1936.

Et la droite progresse pour l'heure de deux sièges, grâce à l'Aveyron.

Second tour

Ariège

Le Mas d'Azil : Laffite, radical socialiste

Haute Garonne

Toulouse Nord : Berlia, SFIO
Toulouse Sud : Bedouce, SFIO

Gers

Miradoux : Leygues, radical socialiste
Saint Clar : Cames, SFIO
Plaisance du Gers : Lamothe, SFIO (pris aux républicains)
Auch Sud (hors série) : Dr Demandes, radical socialiste (pris aux républicains indépendants)

Lot

Cajarc : Mirabel,  radical socialiste

Hautes Pyrénées

Tarbes Nord : Mailhe, radical socialiste
Vic en Bigorre : Jacques Fourcade, républicain (pris aux radicaux socialistes)
Bagnères de Bigorre : Dr Lacoste, radical socialiste (pris aux radicaux indépendants)
Castelnau Magnoac : Lartet, radical socialiste
Argelès Gazost : Abadie, radical socialiste (pris aux républicains de gauche)
Luz Saint Sauveur : Cazeaux, radical socialiste
Vielle Aure (hors série) : Duran, radical socialiste (pris à l'URD)

Tarn

Castres : Coudert, radical socialiste (pris à l'URD)
Dourgne : Durand, radical socialiste

Tarn et Garonne

Montauban Ouest : Veyriac, radical socialiste.

Victoire nette de la gauche lors de ce scrutin de ballottage, avec le seul succès de Jacques Fourcade, futur député RIAS des Hautes Pyrénées sous la Quatrième République, à Vic en Bigorre pour la droite et dix sept succès pour la SFIO (quatre) et les radicaux socialistes (treize).

Les conseils généraux de la région sont de fait globalement marqués à gauche.

En Ariège, la gauche dispose de dix sept sièges sur vingt.
Dans le Gers, elle mène avec trente sièges contre un, le siège de Masseube (futur fief communiste à l'époque de Joseph Lamothe, résistant) étant le dernier de la droite en 1937.
En Haute Garonne, on compte trente trois élus de gauche contre six de droite et du centre droit.
Dans le Lot, la gauche dispose de vingt deux sièges contre huit à la droite.
Dans le Tarn, la majorité radicale socialiste et SFIO dispose de trente sièges sur trente six.
Et dans le Tarn et Garonne, de dix sept sièges sur vingt cinq.

Reste le cas des Hautes Pyrénées.

Fin 1937, la gauche (radicaux et SFIO) y compte quinze élus et la droite et le centre droit douze.

Le renouvellement 1937, avec son nombre inhabituel de ballottages (7 sur 14) vient de conduire au changement de majorité, une option radicale socialiste/ SFIO pouvant prendre la place de l'option de centre droit.

Et il se passe ce qui doit se passer : le conseiller général de Castelnau Magnoac, M. Lartet (fils du préhistorien Louis Lartet, probablement), radical socialiste, qui remplace l'URD Georges Batbie à la présidence du Conseil général.

Enfin, demeure le cas de l'Aveyron, fief de la droite dans la Région.

En 1937, la droite tient trente six des quarante trois cantons aveyronnais, avec une gauche dont les positions, assez fragiles, se concentrent sur le bassin minier de Decazeville Aubin (avec le seul élu communiste de la toute la région) et quelques positions des radicaux dans le Larzac et sur Saint Affrique.

Pas nécessairement les cantons les plus peuplés de l'Aveyron, au demeurant.

En attendant quelques remarques de plus, le fait est que le paysage politique de cette partie de la France a un air de ressemblance avec ce que nous connaissons encore.

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Mar 4 Sep 2012 21:40
de Pullo
En effet, il n'y a pas beaucoup de surprises par rapports à la situation actuelle. Les zones de force de la droite en Midi-Pyrénées (l'Aveyron à l'exception des cantons autour de Decazeville et Villefranche-de-Rouergue, les cantons autour de Castres et Mazamet), où les catholiques pratiquants sont nombreux, sont quasiment les mêmes qu'aujourd'hui.

Je remarque que beaucoup d'élus ont le même nom de famille que certain(e)s député(e)s siégant dans l'actuelle Assemblée nationale et élus dans la région, très souvent dans le même département...

Re: Historique des élections cantonales

MessagePosté: Mer 5 Sep 2012 18:47
de vudeloin
Effectivement, quelques noms circulent toujours ( on pense aux Malvy immanquablement) et le fait est que les zones de force de la gauche, comme de la droite, sont déjà assez nettement marquées.
Le truc, c'est que la plupart de ces départements sont aujourd'hui devenus des positions de force du PS et que ce PS s'appuie sur un "soubassement" radical.
Ensuite, le moment clé, là encore, c'est 39 - 45 et ce qui se passe dans la région.
Sans oublier un point assez essentiel dans le paysage : l'intégration progressive de l'immigration espagnole et de sa descendance dans les années 50 et 60, singulièrement les fils et filles des réfugiés de la retirada de 1939.
Un véritable vivier pour la gauche, un mauvais flux pour une droite qui n'aura, bien souvent, que la solution du vote radical pour se protéger de la "peste rouge".