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Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 5 Juin 2011 12:33
de Artisan-Politologue
On s'éloigne un peu du sujet (Vincent va me taper sur les doigts), mais oui Vudeloin, il est vrai que chaque mouvement (et pas uniquement le PS et le FN) a un électorat pluriel. Pour prendre l'exemple des écolos, l'électeur vert alsacien a peu à voir avec le CSP+ de centre-ville qui vote EELV. De même, le centrisme vendéen est assez différent du lyonnais. Le premier est assez conservateur, influencé par le christianisme social, le second mâtiné de radicalisme à la Edouard Herriot. Pourtant tous deux ont globalement voté Bayrou en 2007.
Pour revenir au FN, j'ai déterminé, dans mon étude sur les cantonales 2011 à Saint-Marcellin (http://www.atlaspol.com/boutons/Cahiers1.htm) qu'il avait au moins trois natures: la "classique" plus âgée sur la ligne ni droite ni gauche de JMLP, la "gauchiste" qui pousse dans les fiefs PS-PCF, et la "mariniste", nouvelle venue, plus jeune et hétéroclite, mais également plus volatile aux frontières de l'abstentionnisme.

Manu

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 5 Juin 2011 12:37
de vincent
vudeloin a écrit:Notons aussi que l'Assemblée sortante en 1981 était d'ailleurs légèrement différente de celle de 1978, puisque le PS avait gagné, en partielle, la circonscription de Plaisance dans le 14e arrondissement parisien ( avec Edwige Avice ) et la 3e de l'Ain, avec l'élection de Noel Ravassard sur le secteur d'Ambérieu, Trévoux.

Gains auxquels viennent s'ajouter les succès d'Yvon Tondon dans la 1ère circonscription de Meurthe-et-Moselle (élection partielle suite à l'annulation du scrutin général et victoire sur Jean-Jacques Servan-Schreiber) et de René Souchon dans la 1ère circonscription du Cantal (élection partielle suite à la démission d'Augustin Chauvet).

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 5 Juin 2011 16:17
de vudeloin
L'écart entre Tondon et JJSS fut effectivement réduit au printemps 1978.
Dans la 1ere circonscription de Meurthe et Moselle ( Nancy Nord ), le candidat PS avait obtenu 16 571 voix au premier tour, contre 16 292 pour JJSS, 14 240 pour un candidat RPR, 11 981 pour le candidat communiste Roland Favaro, alors secrétaire de la fédération du PCF, tandis que du côté gauche, on avait encore 2 600 voix pour les différents candidats d'extrême gauche, et qu'on comptait 1 279 voix divers et extrême droite, complétées par 754 voix pour un gaulliste de progrès.
Au second tour, JJSS avait gagné avec 32 843 voix contre 32 821 voix pour Yvon Tondon.
Ecart réduit qui avait conduit à l'annulation du scrutin et à la victoire, quelques mois plus tard, du candidat socialiste en partielle.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 12 Juin 2011 03:33
de HORATIO
vudeloin a écrit: En 1978, l'extrême droite parisienne a présenté plus de 60 candidats aux législatives, notamment parce qu'à l'époque, il reste une division entre Front National de Jean Marie Le Pen d'un côté et Parti des Forces Nouvelles de Pascal Gauchon de l'autre.


Citation extraite du sujet : « les élections à Paris ».
histoire-elections-f33/les-elections-paris-t1183-10.html

Sait-on combien il y avait de candidats FN et de candidats PFN sur l’ensemble du pays ?
Combien d’entre eux ont dépassé la barre les 5% ?
Y-en-a-t-il eu au second tour ?

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Dim 12 Juin 2011 18:55
de vudeloin
Sur l'ensemble du pays, on comptait 250 candidats d'extrême droite, qu'il s'agisse de candidats FN ou de candidats PFN.

La Région Ile de France en comptait, à elle seule, 108 dont, comme nous l'avons indiqué, 62 sur la seule ville de Paris, signe d'une extrême droite qui restait, de manière générale, une extrême droite intellectuelle et bourgeoise repliée, en quelque sorte, sur ses «  noyaux durs «  des facs de droit, des professions juridiques et j'en passe.

10 candidats dans les Yvelines avec un score de 2,6 % sur Saint Germain en Laye et 2,1 % sur Marly Le Roi, 1 candidat dans l'Essonne ( Louis Ressicaud, qui sera animateur du FN dans le département dans les années 80 et obtient 1,9 %), 13 dans les Hauts de Seine ( 2,1 % sur Courbevoie La Garenne et 1,9 % sur Neuilly Puteaux ), 7 candidats dans la Seine Saint Denis ( 2,5 % sur Montreuil Rosny ), 10 dans le Val de Marne ( meilleur score : Créteil Saint Maur avec 1,8 % ) et 5 candidats dans le Val d'Oise ( meilleur score : 1,8 % au total pour FN et PFN sur Cormeilles Taverny ).

1 seul candidat en Champagne Ardennes sur le siège de Reims I ( 1,6 % pour le candidat en lice ).

3 candidats en Picardie aux scores anecdotiques,

14 candidats en Haute Normandie, dont les deux meilleurs dépassèrent le 1 % sur les sièges du Havre.

10 candidats en Basse Normandie, sans aucun score supérieur à 1 %.

4 candidats en région Centre avec un score de 2 % sur Dreux ( fichtre ) pour un certain Jean Pierre Stirbois...

2 candidats en Bourgogne, sans pavoiser sur le score et 10 candidats dans le Nord Pas de Calais : 2,1 % sur Hazebrouck, constituant le meilleur résultat.
Et pas de candidat sur l'ex bassin houiller côté Pas de Calais...

8 candidats en Bretagne avec des scores en général inférieurs au 1 %, 8 candidats en Pays de Loire ( score le plus élevé sur Saint Nazaire, dans une circonscription comprenant aussi la Brière ).
4 candidats en Poitou, avec le meilleur score à 1,7 % sur le siège de Saintes Jonzac ; 6 candidats en Lorraine avec, tout de même, un score de 2,3 % sur Lunéville et 1,2 % sur Toul,, circonscriptions marquées par la présence de l'armée ; 6 candidats en Alsace avec un 2,6 % sur Strasbourg 2 et plus de 3 % sur Haguenau ( armée là encore plus Alsace du Nord plutôt protestante ) mais il s'agit là d'une extrême droite locale...

1 seul candidat en Franche Comté, pas le moindre en Limousin ; 6 en Aquitaine avec les scores sur Bordeaux ville dépassant le 1 %, 6 en Midi Pyrénées sans résultat patent, 4 en Auvergne avec le 1 % dépassé sur Vichy (1,6 %) et Le Puy Yssingeaux (1,9 %).

21 candidats dans la région Rhône Alpes, avec les meilleurs scores sur Saint Chamond dans la Loire, Valence dans la Drôme ( on est autour de 1,5 % ), la 5e du Rhône ( notamment le secteur de Lyon Perrache ) où le score atteint 3,7 %, enfin score de 1,6 % sur le secteur d'Annemasse Bonneville.

4 candidats en Languedoc Roussillon ( faibles scores en général ) et 24 en Provence Alpes Côte d'Azur.

Des candidats qui dépassent en général le 1 % là où ils sont candidats, soit seuls, soit en doublet, avec notamment un 2,3 % sur le siège de Gaston Defferre à Marseille, alors découpé entre les quais et les quartiers populaires du 2e arrondissement et le 7e, qui l'est un peu moins...

Enfin, pas de candidat FN sur la Corse ou les DOM TOM...

L'extrême droite de 1978 est donc parisienne et si l'on reprend le schéma devenu pratique de la liste Caen Perpignan, on constate 204 candidatures à l'Est de cette ligne et 56 à l'Ouest...

Un air de déjà vu, me semble t il, mais avec cette étrange impression que l'extrême droite s'est peut être, sur la durée, nourrie d'une plus grande friabilité de l'électorat de droite.

Il convient aussi de noter que quelques uns des candidats d'extrême droite de 1978 ont ensuite été envoyés en mission, si l'on peut dire, en province pour tenter d'implanter leur mouvement et de cristalliser leur électorat.

Mais c'est une autre histoire qui mériterait de retracer plus précisément certains parcours...

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Mar 25 Juin 2013 17:07
de LeysinNight
Voici les principaux résultats en Ardèche (07).

L'Ardèche conserve sa confiance à la majorité RPR-UDF (2 députés UDF et 1 RPR), même si la gauche avait les moyens de faire tomber la 1re circonscription.

1re (Privas) : Une élection difficile attend l'UDF Pierre Cornet (élu depuis 1967) ou il doit faire face à son adversaire habituel le maire PCF de Cruas Henri Chaze (député de 62 à 67) et à un inconnu Robert Chapuis (qui sera élu en 1981) qui le candidat du PS et qui avait comme candidat-suppléant Lucien Auzas (Auzas avait battu Cornet aux cantonales de 1976). Le dimanche 12 mars, la gauche (PS-PCF) obtenait 45,75% et la droite (UDF-RPR) 45,84%. Chapuis se désiste en faveur de Chaze mais les 886 électeurs supplémentaires du second-tour feront la différence et Pierre Cornet sera réélu avec 51,40% (51,50 en 73) pour 48,60 pour Henri Chaze.

2e (Annonay) : Le député sortant Henri Torre (UDF) est réélu au premier-tour avec 52,53%. La victoire du PS à Annonay en mars 1977, ne sera donc pas un problème pour Torre qui deviendra sénateur en 1980.

3e (Largentière) : Dans cette circonscription de droite (avec Aubenas, Vals et Largentière), le député RPR sortant Albert Liogier arrive en tête avec 25,25% suivi de son prédécesseur Jean Moulin (UDF, député de 62 à 68) 22,17% le PCF arrive en 3e position avec 19,77% des suffrages. Moulin se retire en faveur de Liogier qui affronte le candidat de la gauche René Vidal. Albert Liogier sera reconduit dans ses fonctions avec 54,78% le 19 mars 1978.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Mar 25 Juin 2013 17:31
de Zimmer
LeysinNight a écrit:1re (Privas) : Une élection difficile attend l'UDF Pierre Cornet (élu depuis 1967) ou il doit faire face à son adversaire habituel le maire PCF de Cruas Henri Chaze (député de 62 à 67) et à un inconnu Robert Chapuis (qui sera élu en 1981)


Robert Chapuis n'était pas vraiment un "inconnu" en 1978. Il avait remplacé Michel Rocard comme secrétaire national du PSU en 1973 et l'était resté pendant un an avant de rejoindre le PS, suivant alors le même Michel Rocard. Il deviendra par ailleurs, en mai 1988, secrétaire d'État à l'Enseignement technique dans le gouvernement dirigé par ce dernier.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Mar 25 Juin 2013 18:12
de LeysinNight
Le mot "inconnu" est peut être un peu fort. Robert Chapuis fut secrétaire national du PSU de 1973 à 1974 puis il a adhéré au PS. Bras-droit et ami de Michel Rocard.

Il ne faut pas oublier qu'il fut candidat aux législatives de mars 1973 dans le XIVe arrondissement de Paris.

Je dis le mot "inconnu" pour deux raisons : du faite que quand il se présente en mars 1978, il n'est pas vraiment connu dans le département (aucun mandat locaux). C'est après son élection en juin 81, que Chapuis s'implante politiquement (maire, conseiller régional, conseiller général...).

D'après son livre "Si Rocard avait su" (un livre très intéressant), Robert Chapuis explique que ce sont les militants socialistes qui lui ont demandé d'être candidat en mars 1978 du faite qu'à cette époque dans la 1re circonscription de l'Ardèche, le PCF était le 1er parti de gauche.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Mar 25 Juin 2013 18:29
de LeysinNight
Voici les principaux résultats dans le Lot (46).

Après onze ans de présence, Bernard Pons quitte la 2e circonscription pour un département "jouable" (il sera élu dans l'Essonne) et cela permettra à Martin Malvy d'être élu. Le Lot retrouve deux élus de gauche.

1re (Cahors-Gourdon) : Un nouveau mandat pour l'inamovible Maurice Faure (MRG) qui arrive largement en tête le 12 mars avec 41,24% contre 23,44 pour le candidat RPR. Faure est réélu le 19 mars avec 60,86% des suffrages.

2e (Figeac) : La troisième tentative fut la bonne pour Martin Malvy (PS) qui après avoir échoué en 1968 et 1973, est élu face au nouveau maire de Souillac Alain Chastagnol (RPR). Chastagnol fut moqué durant cette élection pour avoir mené une campagne à "l'américaine". Malvy arrive en tête avec 40,30% et il bat Alain Chastagnol avec 55,44% contre 44,56 pour le candidat du RPR.

Re: Elections législatives de 1978

MessagePosté: Mer 26 Aoû 2015 12:17
de DidierFradin75
Je me pose une question: Si je ne me trompe pas, Raymond Barre a été élu député de Lyon, et a occupé le siège alors qu'il était Premier Ministre. Je ne pensais pas que l'on avait le droit, même à l'époque d'exercer à la fois un mandat législatif et exécutif. Ou bien n'a t-il pas occupé son Siège. La biographie récemment sortie de Raymond Barre, au demeurant très bien faite, ne m'a pas donné de réponse tangible. Quelqu'un saurait-il répondre à cette question?
Merci.