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Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 18:28
de Zimmer
Alors que la gauche y était généralement majoritaire jusque dans les années 80, le département du Val-d’Oise a connu, globalement, un glissement progressif vers la droite depuis une vingtaine d’années. Sur ses 9 circonscriptions issues du découpage de 1986, le PS en détenait 5 et le PCF 1 en 1988 et, tandis qu’il n'y avait plus aucun député de gauche lors de la vague bleue de 1993 et que 1997 voyait encore l’élection de 3 députés PS, 1 PCF et 1 Vert, il n’y avait plus que 2 députés PS en 2002 et 1 seul en 2007, alors que ce dernier scrutin était plus favorable à la gauche, au plan national, que le précédent. Les 8 autres députés actuels du Val-d’Oise sont tous étiquetés UMP.

Le découpage, dans sa version de 2009, a fait bénéficier à ce département d’une circonscription supplémentaire et c’est donc 10 députés que les val-d’oisiens enverront à l’Assemblée nationale, en 2012. La 2ème circonscription (député actuel : Axel Poniatowski, UMP), qui était aussi devenue la circonscription la plus peuplée de France, se trouve scindée en deux, la nouvelle 10ème circonscription comprenant désormais les cantons de Cergy-Nord et L’Hautil (moins la commune de Neuville-sur-Oise) qui lui étaient précédemment rattachés. Cette 2ème circonscription comprend toujours les cantons de Cergy-Sud, L'Isle-Adam, Saint-Ouen-l'Aumône ainsi que la commune de Neuville-sur-Oise, et se voit rajouter le canton de Viarmes qui faisait, jusqu’alors, partie de la 7ème circonscription (député actuel : Jérôme Chartier, UMP), celle-ci continuant à être constituée des cantons de Domont, Ecouen, Montmorency et Sarcelles-Sud-Ouest. Les sept autres circonscriptions du département ne connaissent aucune modification.

En 2012, les choses pourraient se profiler de la façon suivante.

1ère circ. :
Cantons de : Beaumont-sur-Oise, Magny-en-Vexin, Marines, Pontoise, La Vallée-du-Sausseron, Vigny.

Cette circonscription située dans le Vexin, qui couvre la moitié de la superficie du département, élit un député de droite depuis 1988. Le maire de Pontoise et député sortant Philippe Houillon (UMP), qui siège à l’Assemblée nationale depuis 1993, ne paraît pas vraiment menacé s’il décide de solliciter un cinquième mandat.

2ème circ. :
Cantons de : Cergy-Sud, L'Isle-Adam, Saint-Ouen-L'Aumône, Viarmes, commune de Neuville-sur-Oise.

La nouvelle configuration de cette circonscription (perte des cantons de Cergy-Nord et L’Hautil (sauf la commune de Neuville-sur-Oise) et ajout du canton de Viarmes) devrait renforcer les chances de réélection du maire de L’Isle-Adam et député sortant Axel Poniatowski (UMP), qui avait conquis celle-ci sur le PS en 2002.

En 2007, son challenger socialiste était le maire de Cergy et premier secrétaire de la fédération départementale du PS, Dominique Lefebvre. Si celui-ci est à nouveau candidat en 2012, il pourrait aussi l’être dans la nouvelle 10ème circonscription, qui comprend une partie de sa ville et qui paraît davantage gagnable pour la gauche. L’ancienne députée PS et ancienne secrétaire d’Etat du gouvernement Jospin, Dominique Gillot, fait, quant à elle, toujours partie des personnalités politiques qui comptent, dans cette 2ème circonscription, où elle exerce les mandats de conseillère générale (depuis 1979) du canton de Cergy-Sud et de maire d’Eragny (depuis 2001).

3ème circ. :
Cantons de : Beauchamp, Cormeilles-en-Parisis, Herblay, Taverny.

La circonscription est à droite depuis 1993, mais elle avait élu un député socialiste en 1988.

Le PS a reconquis, même si c’était à l’arraché, le canton de Cormeilles-en-Parisis lors des élections cantonales de 2008, et celui d’Herblay est l’un de ceux qu’il peut éventuellement reconquérir (même si ce n’est pas acquis d’avance) en mars 2011. Les choses seront très ouvertes en 2012, dans cette circonscription, dont le député sortant, Jean Bardet (UMP) qui en est le représentant également depuis 1993, n’a plus d’autre mandat que celui-ci et est assez critiqué pour son manque d’assiduité à l’Assemblée nationale. Alors qu’il sera âgé de plus de 70 ans, la question de savoir s’il sera à nouveau candidat se pose d’ailleurs.

4ème circ. :
Cantons de : Eaubonne, Ermont, Franconville, Saint-Leu-La-Forêt.

Bien qu’étant détenue par la droite depuis 1988, cette circonscription, dont le député sortant (élu pour la première fois en 2007) est le conseiller régional Claude Bodin (UMP) peut également basculer, notamment si la gauche était victorieuse au plan national.

L’avenir de la droite, dans cette circonscription, pourrait être incarné par le maire UMP de Saint-Leu-la-Forét (depuis 2008), Sébastien Meurant.

5ème circ. :
Cantons de : Argenteuil-Est, Argenteuil-Nord, Argenteuil-Ouest, Bezons.

Le PCF semble désormais hors course, dans cette circonscription qui fut l’un de ses bastions historiques pendant plusieurs dizaines d’années (son dernier député a été son ancien secrétaire national, Robert Hue, de 1997 à 2002). Cette circonscription très populaire a pour député sortant Georges Mothron (UMP), qui en est le représentant depuis 2002 (il l’avait déjà été de 1993 à 1997). Bien qu’il ait perdu sa mairie d’Argenteuil (qu’il avait conquise sur le PCF en 2001) en 2008, tout reste à nouveau possible s’il se représente (ce qui devrait être le cas) en 2012. Le début de mandat du nouveau maire PS de cette ville, Philippe Doucet, se révèle assez chaotique et, en raison des nouvelles règles de non cumul des mandats instaurées au sein de son parti, il est assez peu probable que ce dernier soit lui-même candidat à ce scrutin.

6ème circ. :
Cantons de : Enghien-les-Bains, Saint-Gratien, Sannois, Soisy-sous-Montmorency.

Il s’agit d’une circonscription favorable à la droite et qui devrait le rester.

Son député sortant, qui en est le représentant depuis 2002 et qui est par ailleurs l’ancien président du conseil général du département (toujours conseiller général du canton de Saint-Gratien), François Scellier (UMP), sera alors âgé de 76 ans. S’il n’est pas à nouveau candidat, la relève, du côté du parti présidentiel, pourrait être assurée par le maire de Sannois et actuel député de la 9ème circonscription Yanick Paternotte, d’autant plus que la réélection de ce dernier est très loin d’être assurée dans la circonscription dont il est actuellement le représentant.

7ème circ. :
Cantons de : Domont, Ecouen, Montmorency, Sarcelles-Sud-Ouest

Le fait que le canton de Viarmes (plutôt favorable à la droite) ne soit plus inclus dans cette circonscription ne pèse pas favorablement dans la balance pour le député sortant et très probablement à nouveau candidat, Jérôme Chartier (UMP). Il est cependant bien implanté dans cette circonscription et la commune de Domont, dont il est le maire depuis 1995, constitue pour lui un solide point d’appui.

Son principal adversaire était jusqu’à présent le socialiste Didier Arnal, auquel il avait ravi son siège de député en 2002. Depuis 2008, celui-ci, qui est par ailleurs proche de François Hollande, est président du conseil général du département. Il devra conserver cette présidence en 2011, ce qui n’est pas acquis actuellement, mais si c’était le cas et toujours en raison des nouvelles règles instaurées au sein du PS, il ne serait pas certain que ça soit lui qui soit à nouveau son challenger. L’autre personnalité du PS qui compte, dans cette circonscription, est l’ancienne présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), conseillère régionale et première adjointe au maire d’Ecouen, Charlotte Brun, qui était par ailleurs candidate suppléante de Didier Arnal en 2007.

Les choses sont également ouvertes dans cette circonscription, même si Jérôme Chartier continue d’y partir favori.

8ème circ. :
Cantons de : Garges-lès-Gonesse-Est, Garges-lès-Gonesse-Ouest, Sarcelles-Nord-Est, Villiers-Le-Bel.

Cette circonscription, également très populaire, est la seule encore détenue par la gauche dans ce département. Depuis décembre 2007, son député est le maire de Sarcelles, François Pupponi (PS). Celui-ci a été élu lors d’une élection législative partielle entraînée par la démission de Dominique Strauss-Kahn (auquel il avait déjà succédé à la mairie de Sarcelles en 1997) après sa nomination à la direction générale du FMI. François Pupponi, qui est un élu très présent sur le terrain et bien implanté, pourrait souhaiter solliciter un second mandat à l’Assemblée nationale et il aurait alors de fortes chances d’être réélu. Dans ce cas de figure et toujours en raison des nouvelles règles instaurées au PS à propos du cumul des mandats, il devrait alors trouver quelqu’un pour lui succéder à la tête de sa mairie.

9ème circ. :
Cantons de : Gonesse, Goussainville, Luzarches.

En 2007, Yanick Paternotte (UMP) avait conquis, par surprise et avec 290 voix d’avance sur le maire de Gonesse et député sortant PS Jean-Pierre Blazy, au second tour, cette circonscription. Depuis cette date, le PS a conquis le canton de Goussainville lors des élections cantonales de 2008 puis la mairie de cette commune à l’occasion d’une élection municipale partielle en juin 2009. Il semble être en position de pouvoir reconquérir cette circonscription, notamment si son député sortant Yanick Paternotte était cette fois candidat dans la 6ème circonscription (voir précédemment).

10ème circ. :
Cantons de : Cergy-Nord, L'Hautil (moins la commune de Neuville-sur-Oise).

Sur le papier, cette nouvelle circonscription issue de l’actuelle 2ème circonscription semble être plutôt favorable à la gauche, même si son avance sur la droite n’y est pas non plus prépondérante.

Le candidat de la droite pourrait y être le conseiller général UMP de Cergy-Nord et chef de file de la droite au sein du conseil rnunicipal de cette même ville, Thierry Sibieude.

Les candidats possibles, pour le PS, sont le maire de Cergy, Dominique Lefebvre (voir précédemment), ou la conseillère régionale et maire de Courdimanche (depuis 2008), Elvira Jaouën (ce qui l’amènerait alors, en cas d’élection au Palais Bourbon, à abandonner ce dernier mandat).

Europe Ecologie compte, dans cette circonscription, deux maires qui l’ont récemment ralliée : Bernard Morin (Vauréal) et Eric Proffit-Brulfert (Menucourt).

Le scrutin de 2012 s’annonce donc assez ouvert, dans le Val-d’Oise. Sera-t-il, pour autant, marqué par un début de sa reconquête par la gauche et, en fait, quasiment exclusivement par le PS ? Même si les chances, pour celui-ci, de reconquérir ou conquérir de nouvelles positions sont réelles, ces gains devraient cependant rester précaires dans ce département où les rapports de forces resteront, quoi qu’il arrive, assez équilibrés.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 6 Sep 2010 13:39
de Jean-Philippe
Dans les circonscriptions de la 2e couronne, souvent ancrée à droite, le PS va peut-être se rallier à un candidat écologiste, histoire de rééditer l'historique victoire de Rambouillet. Yves Cochet a d'ailleurs été élu député de la 7e circonscription en 1997 avant d'être nommé au gouvernement en 2001 et d'être élu à Paris en 2002.
La forte croissance démographique de cette deuxième couronne risque de donner des surprises, ce nouvel électorat étant probablement plus favorable à la gauche.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 6 Sep 2010 22:26
de Zimmer
Jean-Philippe a écrit:La forte croissance démographique de cette deuxième couronne risque de donner des surprises, ce nouvel électorat étant probablement plus favorable à la gauche.


Ce n'est pas sûr. Même si la gauche paraît en mesure de gagner des sièges, en 2012 dans le Val-d'Oise et comme je l'écrivais à la fin de mon précédent post, ces gains devraient être davantage conjoncturels que constituer une évolution électorale durable.

Dans le fil consacré aux élections législatives dans les Hauts-de-Seine, j'avais écrit que je croyais assez, à moyen terme, en une évolution de certaines communes de l'ouest francilien (notamment de ce département de la première couronne, mais aussi des Yvelines) "à la parisienne", avec une montée en puissance de la gauche favorisée par leur transformation sociologique et leur "boboïsation".

La population du Val-d'Oise, mais aussi de la Seine-et-Marne et de l'Essonne, n'est pas tout-à-fait la même, sociologiquement. D'ailleurs, la forte croissance démographique que tu évoques a déjà eu lieu, dans ces trois derniers départements, depuis plus de 30 ans tandis que l'assise électorale de la gauche y a également reculé assez fortement pendant la même période. Ainsi, le Val-d'Oise est passé de 840 000 habitants en 1975 à 1 160 000 habitants en 2007 (+ 38 %). La gauche y obtenait 54,84 % des suffrages exprimés au second tour de l'élection présidentielle de 1974, 56,84 % en 1981, 55,53 % en 1988, 46,22 % en 1995 et 47,70 % en 2007. La Seine-et-Marne, de son côté, comptait 755 000 habitants en 1975 et 1 289 000 habitants en 2007 (+ 70 %). Aux mêmes élections, la gauche y faisait 49,26 % en 1974, 52,63 % en 1981, 53,05 % en 1988, 44,50 % en 1995 et 43,75 % en 2007. Enfin, l'Essonne avait une population de 923 000 habitants en 1975 et de 1 201 000 habitants en 2007 (+ 30 %). Les scores de la gauche, toujours aux mêmes élections, étaient de 54,71 % en 1974, 56,52 % en 1981, 54,95 % en 1988, 46,22 % en 1995 et 47,92 % en 2007.

Alors que les électeurs qui ont permis le succès de la gauche, à Paris, et qui seront peut-être à l’origine du même phénomène, demain, dans l’ouest francilien, appartiennent plutôt à des classes moyennes supérieures ou intellectuelles, celles qui se sont installées massivement dans les trois départements cités précédemment appartiennent souvent à des catégories plus populaires et laborieuses, assez éloignées de la sociologie des centres ville, qui ont fréquemment quitté la proche banlieue pour accéder à la propriété dans ces secteurs de la grande couronne, à la fois parce que la qualité de la vie s’est dégradée dans les communes populaires où ils vivaient la plupart du temps, précédemment, et parce que les prix de l’immobilier leur étaient inaccessibles dans les communes plus bourgeoises et plus « tranquilles » de cette même proche banlieue. Il s’agit d’une population qui était plutôt culturellement de gauche, à l’origine, mais qui a souvent été déçue par celle-ci et qui a pu trouver plus audible, pour ne citer que cet exemple emblématique, le discours du « travailler plus pour gagner plus » asséné par Sarkozy en 2007, que les discours et aussi les revirements d’une grande partie de la gauche, depuis maintenant 25 ans. C’est cet électorat, qui comme celui du grand nord-est de la France notamment, a fait défaut à la gauche, pour lui permettre de rester au pouvoir en 2002 et de reconquérir celui-ci en 2007.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Mar 7 Sep 2010 14:18
de Sommar
9ème circ. :
Cantons de : Gonesse, Goussainville, Luzarches.

En 2007, Yanick Paternotte (UMP) avait conquis, par surprise et avec 290 voix d’avance sur le maire de Gonesse et député sortant PS Jean-Pierre Blazy, au second tour, cette circonscription. Depuis cette date, le PS a conquis le canton de Goussainville lors des élections cantonales de 2008 puis la mairie de cette commune à l’occasion d’une élection municipale partielle en juin 2009. Il semble être en position de pouvoir reconquérir cette circonscription, notamment si son député sortant Yanick Paternotte était cette fois candidat dans la 6ème circonscription (voir précédemment).


Mais à la présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy avait obtenu un peu plus que 53 %, ce qui confirme de ce fait la bonne implantation de Jean-Pierre Blazy. S'il est candidat, il n'est pas si sûr que ce dernier la regagne facilement. Tout dépendra en grande partie du contexte national.

La population du Val-d'Oise, mais aussi de la Seine-et-Marne et de l'Essonne, n'est pas tout-à-fait la même, sociologiquement. D'ailleurs, la forte croissance démographique que tu évoques a déjà eu lieu, dans ces trois derniers départements, depuis plus de 30 ans tandis que l'assise électorale de la gauche y a également reculé assez fortement pendant la même période. Ainsi, le Val-d'Oise est passé de 840 000 habitants en 1975 à 1 160 000 habitants en 2007 (+ 38 %). La gauche y obtenait 54,84 % des suffrages exprimés au second tour de l'élection présidentielle de 1974, 56,84 % en 1981, 55,53 % en 1988, 46,22 % en 1995 et 47,70 % en 2007. La Seine-et-Marne, de son côté, comptait 755 000 habitants en 1975 et 1 289 000 habitants en 2007 (+ 70 %). Aux mêmes élections, la gauche y faisait 49,26 % en 1974, 52,63 % en 1981, 53,05 % en 1988, 44,50 % en 1995 et 43,75 % en 2007. Enfin, l'Essonne avait une population de 923 000 habitants en 1975 et de 1 201 000 habitants en 2007 (+ 30 %). Les scores de la gauche, toujours aux mêmes élections, étaient de 54,71 % en 1974, 56,52 % en 1981, 54,95 % en 1988, 46,22 % en 1995 et 47,92 % en 2007.


Correctif 46,22 pour la gauche dans le 95 et 46,70 dans l'Essonne toujours pour la gauche.

En 1965, le Général De Gaulle avait réalisé 55,92 % en Seine-et-Marne et était majoritaire dans l'Essonne. Seul, le Val d'Oise avait placé la gauche en tête.

Le glissement à droite est aussi visible dans les Yvelines, même si comme vous le dite la population qui y réside est sociologiquement différente. La droite y a toujours été majoritaire, dès 1965: 52,94 % en 1974, 51,09 % en 1981, 53,12 % en 1988, 60,64 % en 1995 et enfin 58,71 % en 2007.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Dim 12 Sep 2010 22:05
de guillaume
je partage pleinement les propos de Zimmer
les évolutions électorales observées en IDF sont diamétralement opposées entre d'une part Paris intra-muros qui a connu en 20 ans un basculement d'une droite toute-puissante à une gauche non-communiste dominante stoppée devant les seuls quartiers de la grande bourgeoisie ; la petite couronne d'autre part dont la situation équilibrée a évolué à la marge entre fiefs bleus, rouges et roses ; enfin, la grande couronne, qui d'une solution équilibrée dans l'ensemble est devenue un véritable désert pour la gauche.

Ainsi, après les législatives de 1988, avec un découpage équivalent à l'actuel, les rapports droite/gauche étaient les suivants :
Paris : D : 16 / G : 5
92/93/94 : D : 18 / G : 20
77/78/91/95 : D : 20 / D : 20

à l'issue des législatives de 2007 (sans intégrer le dernier basculement de Rambouillet), le nouveau rapport de forces était le suivant :
Paris : D : 8 / G : 13
92/93/94 : D : 22 / G : 16
77/78/91/95 : D : 36 / D : 4

les évolutions décrites et les raisons avancées me semblent pertinentes, même si je pense que le système UMP craquera plus rapidement, et pour ces mêmes raisons, dans les Hauts de Seine ou certaines communes du Val de Marne jusqu’aujourd’hui imprenables pour la gauche, que dans les Yvelines, qui à Rambouillet comme ailleurs est encore loin de se boboïser. Dans ce contexte, des défaites de personnalités comme Patrick Devedjian à Antony ou Frédéric Lefebvre à Issy sont aujourd’hui envisageables, de même que Gilles Carrez qui sans le redécoupage lui rattachant la bourgeoise Nogent, pourrait également être menacé.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 17 Jan 2011 02:09
de vudeloin
Sans revenir à 1981, année où le PS obtint quatre députés et le PCF un sur les cinq du département, quelques opinions sur ce département un peu particulier de la région Parisienne et dont les évolutions sont réelles.
Le découpage Marleix est là encore un bon truc, avec le fait d'avoir mis Cergy Nord ( qui vote pour Thierry Sibieude, directeur de l'ESSEC et UMP ) avec le Sud de la ville nouvelle et Cergy Sud ( qui vote à gauche ) avec une partie présumée moins à gauche.
A dire vrai, la situation actuelle ne me semble pas faite pour être reconduite en 2012, sauf réélection de Nicolas Sarkozy et vote légitimiste pour l'UMP aux législatives suivant la présidentielle.
La gauche peut en effet, à mon avis, inquiéter la droite dans 9 des circonscriptions du département sur 10, la seule me semblant acquise à la droite étant celle d'Enghien les Bains, puisque la ville thermale est comme un handicap insurmontable pour n'importe quel candidat de gauche. Enghien c'est 1 500, 2 000 ou 3 000 voix de débours et pour remonter cela, il en faut !
Alors je vous donnerais mon sentiment sur tout cela bientôt.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 17 Jan 2011 03:45
de vudeloin
Pour donner une idée des évolutions du département, en 1977, après les municipales, la gauche était à la tête des municipalités suivantes

PCF : Argenteuil, Sarcelles, Garges les Gonesse, Goussainville, Franconville, Montigny les Cormeilles, Marly la Ville, Fosses, Vémars, Pierrelaye, Méry sur Oise, Mériel, La Frette sur Seine, Piscop, Saint Martin du Tertre, Bray et Lû, Montmagny, Persan, Bezons, Chaumontel, Eragny sur Oise.

PS : Villiers le Bel, Survilliers, Boisemont, Vauréal, Saint Ouen l'Aumône, Domont, Bouffémont, Menucourt, Courdimanche, Taverny, Ecouen, Saint Gratien

MRG : Saint Leu la Forêt, Nointel

DVG : Villiers Adam, Marines.

De plus, des communes comme Le Thillay ou Beaumont sur Oise étaient dirigées par des maires socialisants, à la tête d'équipes municipales diverses, comprenant adhérents du PS comme sympathisants de droite.

La droite, et singulièrement l'UDF, avaient gardé la main sur les communes de : Pontoise, Cergy, Ermont, Eaubonne, Soisy sous Montmorency, Montmorency, Sannois, Enghien les Bains, Gonesse, Groslay, Ezanville, Luzarches, L'Isle Adam, Magny en Vexin, Auvers sur Oise, Herblay, Le Plessis Bouchard, Beauchamp, Cormeilles en Parisis, Saint Prix, Osny, Viarmes, Louvres, Fontenay en Parisis, Presles, Saint Witz, Parmain, Montlignon, Margency, Andilly, Jouy le Moutier ( alors moins peuplé qu'aujourd'hui ), Deuil la Barre ou encore Bonneuil en France.
La droite, avec un ancien socialiste opposé au programme commun, avait pris la mairie d'Arnouville les Gonesse et celle de Roissy en France, avec un maire proche du RPR.

Aux sénatoriales de 1977, la gauche, sur trois listes, avait d'ailleurs obtenu la majorité des voix sur le département.

Comme on le voit, la plus grande partie des positions du PCF que je rappelais plus haut ont été perdues, puisque 6 des villes ont encore un maire communiste, 6 un maire socialiste, 1 un maire MRC et les autres un maire de droite.

Les positions du PS ont changé puisque la droite lui a pris 4 villes, et les Verts 2 ( même si ces élus sont en fait d'ex PS ), mais le PS a aussi conquis, depuis, les 6 villes communistes plus Cergy, Gonesse, Montmorency, Magny en Vexin, Fontenay en Parisis, Jouy le Moutier et Auvers sur Oise.
Je ne suis pas certain que le PS ait conquis Chars et je ne suis d'ailleurs pas sûr que cette commune n'ait pas été de gauche en 1977.

Quant au MRG, il a perdu Saint Leu La Forêt et je ne suis pas certain qu'il tienne encore Nointel.

Par contre, des listes DVG président aux destinées de Bessancourt ( le maire serait Vert, mais pas ses colistiers ) ou encore du Thillay ( le maire est un adhérent du PS, mais pas tous les élus qui vont de la gauche à une partie de la droite ).
La municipalité actuelle est toutefois plus à gauche qu'en 1977.

Et Beaumont sur Oise demeure géré par un Maire membre de la fédération des élus socialistes sans être encarté au PS.

Pour les élections à venir, il ne faut cependant pas négliger un aspect essentiel ; celui du profond renouvellement de la population val d'oisienne, qui est l'un des départements ( sinon le département ) les plus jeunes de France.
Ce qui induit notamment une profonde disparité dans la pratique électorale, entre les présidentielles et les autres scrutins, où les décalages de votes peuvent être spectaculaires.
Une poussée nationale à gauche fait du Val d'Oise un département de gauche.
Si l'élan est à droite, comme en 2007, c'est le contraire qui se passe.

Au demeurant, on observera que si Sarkozy y est arrivé en tête en 2007, il l'a fait avec un pourcentage inférieur à sa moyenne nationale au second tour.
Tandis que Bayrou comme Royal, au premier tour, faisaient un score supérieur à leur moyenne nationale.

Aux régionales, le département a nettement voté à gauche, mais je me permettrais ici de relever que les 288 000 suffrages de 2007 pour Sarkozy au second tour sont devenus 123 000 pour Pécresse...
Soit une déperdition de 165 000 votes, ou 60 % ou peu s'en faut du total de départ.
Exemple : Garges les Gonesse, ville à la population la plus précarisée du département, et municipalité UMP, avait donné 4 500 voix au second tour des présidentielles de 2007 à Nicolas Sarkozy.
Valérie Pécresse a du se contenter de 1 520 voix aux régionales.

Notons cependant d'emblée qu'après avoir voté à près de 83 % aux présidentielles, les Gargeois n'ont plus été que 50 % environ à se déplacer pour mettre DSK en tête au second tour des législatives de juin.

Ce qui fait un décrochage plus fort et plus immédiat dans une ville sociologiquement et politiquement de gauche ( sauf aux municipales ) que partout ailleurs.

Il y a donc dans ce département un phénomène d'abstention massive qui devrait nous inciter à nous poser une question : le nombre de suffrages obtenus par les candidats de droite et de gauche connaît quelles évolutions ?

Et le vote massif de la jeunesse en faveur de Ségolène Royal ne se retrouve pas en d'autres circonstances.

L'absence des uns fait elle le bonheur des autres ?

Et pour donner une piste de réflexion, reprenons les résultats de la commune du Thillay en 2007.
Au premier tour, les divers candidats de gauche et écologistes ont fait 641 voix.
François Bayrou 292
Les divers candidats de droite et d'extrême droite 1 026 dont 641 pour Sarkozy et 331 pour Le Pen.
( pour info, le recensement INSEE situe à moins de 6 % la population étrangère de la commune avec une certaine présence de ressortissants UE ).
Au second tour, Sarkozy fait 1 070 voix et Royal 810.

Aux régionales, au premier tour, les listes de gauche obtiennent 377 voix.
La liste Modem 36, les listes de droite et d'extrême droite 428 et les divers 9.
La liste FN est d'ailleurs devant la liste UMP et n'est devancée que de 7 voix par la liste PS.

Au second tour, la liste Huchon fait 521 voix et la liste Pécresse 420, malgré une hausse de cinq points de la participation.

Vous y comprenez quelque chose ?

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 17 Jan 2011 04:16
de vudeloin
Pour en finir provisoirement avec le Val d'Oise, voici mon sentiment.

1ere circonscription : Magny et probablement la Vallée du Sausseron vont être de gauche, tandis que le canton de Beaumont tend à voter à gauche aux élections nationales et que, de fait, seul le canton de Vigny, le moins peuplé de la circonscription est vraiment à droite.
Houillon peut donc être menacé par une candidature PS.
2e circonscription : Viarmes balance de plus en plus ( voir les messages sur les cantonales ) tandis que Cergy Sud et Saint Ouen l'Aumone sont orientés à gauche.
Le Canton de L'Isle Adam est très à droite et fonctionne un peu comme un handicap.
Duel intéressant à suivre entre Poniatowski et un candidat de gauche.
3e circonscription : Siège ouvert dont le devenir dépend étroitement des cantonales de cette année puisque les deux cantons de droite sont renouvelables..
Basculement à ne pas exclure.
4e circonscription : un siège de droite que le PS peut toutefois contester, surtout en fonction des cantonales de cette année.
Ermont a un maire UMP mais vote souvent à gauche autrement, comme Franconville.
Meurant n'est pas vraiment l'espoir de la droite, étant en difficulté dans sa commune.
5e circonscription : basculement probable si le PS ne présente pas Philippe Doucet...
6e circonscription : siège «  secure «  pour l'UMP du fait d'Enghien les Bains et, dans une moindre mesure, de Soisy sous Montmorency.
7e circonscription : droite contestée sur Domont, plus deux cantons renouvelables au PS cette année, mais Chartier pas certain d'être reconduit.
Questions : combien de votants sur Sarcelles et que se passe t il sur Montmorency ?
Et puis Domont c'est 15 000 habitants alors que Sarcelles c'est au moins 30 000 par canton.
8e circonscription : siège «  secure «  à gauche avec majorité nette à Villiers le Bel ou Sarcelles, et même sur Garges.
Seules consolations pour l'UMP : arriver en tête à Bonneuil et à Arnouville
9e circonscription : Paternotte peut préparer son rapatriement sanitaire sur la 6e ou sur le Sénat.
Gonesse, Goussainville, Fosses et Marly la Ville, quatre des principales communes du siège, sont à gauche comme Le Thillay, les centristes n'ayant que Louvres et l'UMP Luzarches à mettre en face.
A suivre la cantonale de Gonesse pour avoir une idée des rapports de forces.
Notons tout de même que JP Blazy, en 2007, avait réussi l'exploit d'être l'un des rares ( peut être le seul ) député de gauche sortant de 2002 à être battu aux législatives.
Il avait perdu de 290 votes au second tour, plombé par les scores du candidat UMP sur Luzarches ( plus 338 voix d'avance sur le chef lieu ) ou encore Saint Witz ( plus 634 voix d'avance pour Paternotte ).
Dans cette petite localité bourgeoise ( elle accueille notamment quelques personnels navigants de l'aviation civile ), on avait voté à 64 % au second tour, contre 54 % à Gonesse...
10e circonscription : même si les ciseaux de Marleix ont mis le secteur Cergy Nord sur ce siège, on peut penser que le tendanciel est plutôt en faveur de la gauche.

Bilan des courses : un siège de droite quoiqu'il arrive, un siège de gauche assuré, un autre très possible ( Argenteuil ) et les sept autres au gré des courants dominants...
Mais l'inversion du rapport des forces actuel n'est pas à exclure.

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 17 Jan 2011 13:58
de MacMalva
Quoi qu'il en soit, la gauche ne peut faire que mieux en 2012 qu'actuellement (1 député sur 9 circonscriptions...). Rappellons également que le résultat des législatives est intrinsèquement lié avec celui des présidentielles.

Pour reprendre les analyses de vudeloin, avec lesquelles je suis partiellement d'accord :

1ere : effectivement ce sera plus dur pour Houillon la prochaine fois, sa cote de popularité commence à fléchir, et cela sera amplifié si la Vallée du Sausseron passe à gauche. Il lui reste quand même Beaumont, Vigny et dans une moindre mesure, Marines. Reste à voir qui le PS entend présenter.

2e : personnellement je vois un boulevard pour Ponia. Le redécoupage lui retire un canton plutôt à gauche pour lui donner un canton clairement à droite, Viarmes. Son éternel concurrent, le maire de Cergy et premier secrétaire fédéral PS, Dominique Lefevbre, s'est déclaré candidat sur la 10e, nettement plus abordable. Dominique Gillot et Alain Richard, les deux autres personnalités socialistes de la circo, vont être élues sénateurs en septembre. A ma connaissance, il ne reste personne pour contester la légitimité du président de la commission des Affaires Etrangères de l'AN, élu depuis bientôt 10 ans, et dont la cote ne s'est pas érodée, loin de là!

4e et 6e : ce sont, aux termes de responsables UMP, des "golden circos". Les députés UMP sont solidement implantés, et verrouillent toutes les municipalités.

5e : Doucet or not Doucet? Après son desistement catastrophe pour les cantonales, tout le monde sait qu'il prépare les législatives. Mais le siège appartient toujours à G. Mothron, qui sera d'autant plus légitime si il gagne aux cantonales sur Argenteuil Nord (ce qui est maintenant plus que probable), et si Doucet continue de planter la gauche argenteuillaise...

7e : là est le danger pour la droite. Sans le canton de Viarmes passé dans la 2e, sans le canton de Montmorency qui risque de basculer, tout devient possible pour la gauche. Une candidature du maire de Montmorency est probable.

8e : aucun risque pour la gauche, qui devrait l'emporter facilement (surtout si DSK revient, mais je ne pense pas que ce soit le sujet de ce forum...).

9e : là encore, c'est assez risqué pour la doite, d'autant qu'il est porbable que Paternotte se "rapatrie" plus à l'ouest... Une candidature Blazy est très envisageable.

10e : cette nouvelle circo est quasiment offerte au PS, d'ailleurs le maire de Cergy ne s'y est pas trompé...

Re: Les législatives dans le Val-d'Oise

MessagePosté: Lun 17 Jan 2011 14:41
de vudeloin
Sans vouloir contrarier notre ami étudiant val d'oisien, je lui indique tout de même quelques petites choses.
Un, Eaubonne a un maire socialiste ( je sais, c'est bizarre, mais c'est comme ça ) alors que la ville fut longtemps le fief d'André Petit, ancien député de 78 à 81.
deux, Viarmes n'est pas clairement à droite, même si le canton a une tradition centriste, il lui arrive de voter à gauche dans d'autres élections que les cantonales et municipales.
Trois, Meurant est en difficulté sur Saint Leu la Forêt quant à sa gestion locale. mais soit...
Quatre, Franconville vote souvent à gauche dans d'autres élections que les municipales - elle fut tout de même mairie PCF et, pour l'heure, son CG est PS -.
Cinq, Ermont, ville dont le maire est le sénateur Hugues Portelli, ex PS et formateur de maints attachés parlementaires dans ses cours de droit, n'a donné que 51 % à Sarkozy en 2007 et a voté Huchon à près de 59 % en 2008.

Donc, maintenant, imaginons que le second tour de la présidentielle ait opposé le FN au PS.
Que restera t il de l'élan des présidentielles pour les candidats UMP dans le 95 ?