Le département perd l'un de ses 10 sièges avec le redécoupage qui entraîne des modifications pour 6 des 9 circonscriptions restantes.
Rappelons que la droite domine son conseil général depuis sa création (le rapport de force actuel est de 32 contre 19 pour la gauche), mais que ses positions ont été fragilisées en 2004 et 2008, perdant 5 sièges à chaque fois, avant d'obenir un solde net de +2 en 2011. Aux municipales, 2008 a été l'annus horibilis de la droite avec les pertes de Metz, Thionville, Forbach, Knutange, non compensées par les gains de Bitche et Folschviller (je n'ai pris que les villes de plus de 3500 habitants).
Le département a eu deux fois une majorité de députés de gauche depuis 1945 : en 1981 (5/8 contre 2 en 1978) et 1997 (6/10) grâce à des triangulaires qui ont contribué à la victoire de la gauche dans 3 cas sur 6. Aujourd'hui, le PS ne dispose que des 8e et 10e circonscriptions. Nous allons voir où ses espoirs de gains peuvent se porter en priorité.
La 1e circonscription, jusque là composée des cantons de Maizières-les-Metz (PS), Marange-Silvange (PS), Metz I et Woippy (UMP), perd celui de Metz 1 mais gagne celui de Rombas (PS depuis 2011 après 28 ans aux mains de Kiffer, le défunt maire d'Amnéville) et une partie à l'ouest du canton de Metz III.
Le départ pour le Sénat de François Grosdidier, le maire de Woippy, député depuis 1993 excepté sous Jospin, devrait contribuer à la bascule à gauche du siège d'autant plus que c'est Aurélie Filippetti, la sortante de la 8e (où elle avait été élue avec 50,96% face au frère de Panafieu) qui sera candidate, amenant avec elle le canton de Rombas. Elle affrontera Julien Freyburger, proche de Grosdidier et conseiller municipal d’opposition de Maizières-lès-Metz.
En 2007, Grosdidier avait été réélu avec 52,40% au 2e tour face à Gérard Terrier, maire et conseiller général de Maizières-les-Metz, député en 1997. L'élection de Filippetti est donc très probable, d'autant plus que le FN tourne autour de 15-16% au 1e tour des régionales.
La 2e circonscription, composée des cantons d'Ars-sur-Moselle (PS depuis 2004), Metz IV (PS depuis 2008), Montigny-lès-Metz (DVD app NC) (sans les communes de Chieulles, Mey, Saint-Julien-lès-Metz, Vantoux et Vany) et Verny (UMP PRV), est inchangée.
Le sortant UMP Denis Jacquat (68 ans en 2012) est élu depuis 1986. En 2007, il avait été réélu avec 55,89% au 2e tour face à la socialiste Marie-Thérèse Gansoinat-Ravaine (déjà candidate en 2002), conseillère régionale et qui a gagné en 2008 la mairie de Verny. En 2012, le PS a investi Jean-Michel Toulouze, conseiller Général de Metz IV. Le résultat devrait être serré et pourrait conduire à un basculement, l'usure du sortant pouvant commencer à se faire sentir, sa victoire aux cantonales de 2011 ne devant pas faire illusion.
La 3e circonscription, composée jusque là des cantons de Metz II (UMP depuis 2011 après un mandat à gauche, canton du député UMP de la 2e Denis Jacquat) et III (Modem), Pange (UMP), Vigny (DVD, canton du sénateur Masson), et des communes de Chieulles, Mey, Saint-Julien-lès-Metz, Vantoux et Vany (du canton de Montigny-lès-Metz), gagne le canton de Metz 1 (celui du maire PS Dominique Gros) issu de la 1e qu'elle échange contre la partie ouest du canton III.
En 2007, la sortante Marie-Jo Zimmermann (61 ans en 2012), élue d'opposition à Metz et proche du sénateur Masson, député de 1978 à décembre 1997, a été réélue pour la 3e fois (depuis février 1998) avec 50,96% au 1e tour, devant Christiane Pallez (PS) avec 21,11%. Cette dernière, adjointe et conseillère générale de Metz 2 entre 2004 et 2011 où elle a été battue de 24 voix, sera à nouveau candidate en 2012. Le FN sera assez loin je pense de la qualification pour le 2e tour, mais sa remontée obligera la sortante à un 2e tour où elle devrait l'emporter, mais avec une marge réduite.
La 4e circonscription, composée jusque là des cantons d'Albestroff (SE depuis 2008 élu face au PS et à l'UMP qui siège avec les indépendants), Château-Salins (DVD), Delme (DVD), Dieuze (UMP), Fénétrange (UMP), Lorquin (DVD ex Modem), Phalsbourg (DVD), Réchicourt-le-Château (DVD), Sarrebourg (UMP) et Vic-sur-Seille (UMP), gagne celui de Grostenquin (UMP), issu de la 7e, ce qui ne change pas fondamentalement les rapports de force.
La droite est ultra dominante puisque la gauche n'y compte aucun canton et que le député de 1988 à 2002, Aloyse Warhouver(conseiller général de Sarrebourg de 1973 à 1998), était un CDS rallié à la gauche en 1988 (battant Messmer, ce qui fut une des grandes sensations du scrutin). Sa défaite en 2002 est en quelque sorte un retour à la normale. Alain Marty (66 ans), qui lui a succédé en 2002, est le maire UMP de Sarrebourg. Il a été réélu avec 56,67% au 1e tour face à Olivia Chaponet (PS), 2e avec 12,83%. En 2007, il fera face notamment à Jean-Yves Schaff, conseiller municipal d'opposition à Sarrebourg et candidat aux dernières cantonales (battu avec un honorable 44,11% au 2e tour). Le FN tournant autour de 17-18% au 1e tour des régionales, une triangulaire est envisageable, mais la gauche ne devrait pas en profiter.
La 5e circonscription, au nord-est, composée des cantons de Bitche (DVD après une parenthèse de 2 mandats PS), Rohrbach-lès-Bitche (UMP), Sarralbe (UMP), Sarreguemines (DVD), Sarreguemines-Campagne (DVD) et Volmunster (NC), est inchangée.
Le sortant depuis 2002 est Céleste Lett (61 ans), maire de Sarreguemines. En 2007, il a battu Gilbert Maurer, le député PS de 1997, dès le 1e tour avec 61,4% contre 18,75%. Sa réélection devrait se faire au 2e tour en 2012 à cause de la poussée du FN, autour de 17-18% au 1e tour des régionales contre 5,55% aux législatives. Il affrontera la candidate PS Angèle Dufflo, adjointe à Gros-Réderching (canton de Rohrbach-lès-Bitche) et vice-présidente du conseil régional (avec pour suppléant Patrick Mohr, conseiller municipal de Willerwald dans le canton de Sarralbe). Je ne vois pas la candidate de gauche s'imposer dans ce fief de droite où Gilbert Maurer ne s'était imposé que de 245 voix en 1997 dans le cas d'une succession.
La 6e circonscription, composée des cantons de Behren-lès-Forbach (PS), Forbach (PS depuis 2004), Freyming-Merlebach (PS depuis 2004) et Stiring-Wendel (DVD), est inchangée. Le basculement de Forbach en 2008 (une première) peut contribuer à affaiblir Pierre Lang (65 ans en 2012), le sortant UMP depuis 1993 (battu en 1997 en triangulaire avec le FN), par ailleurs maire de Freyming-Merlebach. En 2007, il avait été réélu avec 52,40% au 1e tour devant Michel Obiegala, alors vice-président du conseil régional et maire de Behren-lès-Forbach de 2001 à 2008 (battu à cette date par une liste SE DVG). En 2012, il sera confronté à Laurent Kalinowski, nouveau maire de Forbach, conseiller général depuis 2004.
Une triangulaire est très probable, le FN étant arrivé en 2e position aux régionales dans tous les cantons sauf Forbach avec plus de 25% dans ces 3 cantons et un basculement du siège est pour moi l'hypothèse la plus vraissemblable.
La 7e circonscription, jusque là composée des cantons de Boulay-Moselle (DVD), Faulquemont (DVD), Grostenquin, Saint-Avold I (DVG depuis 2008 grâce aux mauvais reports à droite) et II (UMP), perd celui de Grostenquin qui va dans la 4e, mais gagne celui de Bouzonville (UMP), jusque là dans la 8e. L'équilibre politique de la circonscription n'en est guère modifié.
En 2007, André Wojciechowski (56 ans en 2012), maire et conseiller général (UMP PRV) de Saint-Avold s'est faire élire pour son 1e mandat dès le 1e tour avec 52,12%, devançant Paola Zanetti (PS), 2e avec 18,37%.
En 2012, cette dernière sera à nouveau candidate. Conseillère régionale depuis 2004 et conseillère municipale (d'opposition) de Créhange, elle était 4e sur la liste PS-PC aux sénatoriales. Une triangulaire avec le FN est hautement probable, celui-ci atteingnant partout les 19% (25,7 dans le 2e canton de Saint-Avold) au 1e tour des régionales et arrivant 2e aussi dans celui de Bouzonville. Un basculement à gauche dans ce cas de figure est possible, mais peu probable à cause de l'ancrage du sortant.
La nouvelle 8e circonscription, qui correspond globalement à la 10e, jusque là composée des cantons d'Algrange (PS), Florange (PS), Fontoy (PS depuis 2004), Hayange (PS) et Moyeuvre-Grande (PC), gagne celui de Fameck (PS) issu de la 8e et la commune de Terville (NC ex UMP, dans le canton de Yutz), issue de la 9e.
Je ne vois pas comment le siège pourrait échapper au sortant Michel Liebgott (54 ans), maire de Fameck et député depuis 1997. En 2007, il a été réélu avec 56,10% face à l'UMP Christine Ferrari, adjointe à Clouange et 2e sur la liste Grosdidier aux sénatoriales 2011. Cette fois-ci, il devra battre Sylvie Thomas, conseillère municipale à Fontoy. Une triangulaire avec le FN n'est pas à exclure (entre 12 et 17,5% au 1e tour des régionales selon les cantons et autour de 15-16 de moyenne).
La 9e circonscription, jusque là composée des cantons de Cattenom (DVD depuis 2011), Sierck-les-Bains (UMP), Thionville Est et Ouest (qui ont basculé vers le PS tous deux en 2008) et Yutz (DVD), gagne celui de Metzervisse (PS) jusque là dans la 8e, et perd la commune de Terville qui va dans la nouvelle 8e. Le redécoupage favorise la gauche, même si les résultats de
Terville sont déconcertants, preuves de tensions lourdes entre candidats de droite.
La sortante UMP Anne Grommerch (41 ans depuis quelques jours) qui avait succédé en novembre 2008 à Jean-Marie Demange, élu depuis 1986, après le suicide dramatique de ce dernier, est conseillère municipale de Roussy-le-Village (canton de Cattenom) et conseillère régionale depuis 2010. Face à elle, le candidat du PS depuis 1997 Bertrand Mertz (50 ans) est à nouveau investi. Depuis 2007 (il était leader de l'opposition municipale à Thionville et conseiller régional), il a conforté sa position en gagnant en 2008 les mandats de maire (sur Demange) et conseiller général de Thionville-Ouest.
Jean-Marie Demange a été réélu avec 55,11% au 2e tour, en partie à cause de la dissidence du maire de Terville Patrick Luxembourger (15,08%). Je pense que le siège devrait basculer, même sans triangulaire, improbable vus les résultats du FN aux régionales (moins de 13% sur la circonscription au 1e tour).
Conclusion : en cas de vague rose, le PS devrait l'emporter dans la 1e, la 8e et la 9e, a des chances de faire de même dans la 2e et la 6e, voire la 7e. La droite devrait conserver la 3e, la 4e, la 5e. Le haut niveau du FN aura un impact direct sur le résultat dans plusieurs cas.