Pullo a écrit:Si Sarkozy était réelu, qu'est-ce qui garantit qu'il aura le poste de Premier ministre ? Rien. Et n'oublions pas qu'en politique, Sarkozy sort de l'école chiraco-pasquaïenne : les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent et y croient. On peut promettre n'importe quoi, pourvu que ça permette de gagner les élections. Sans oublier le fait que certains à l'UMP (Copé, la Droite populaire), échaudés par la politique d'ouverture en 2007, ne voudront pas au gouvernement d'un homme qui a passé tout le quinquennat précédent à les critiquer, parfois durement.
Pour ce qui est du ralliement à Sarkozy entre les deux tours, les arguments sont, à mon avis, déjà tout trouvés : nécessité d'une "union nationale" dans le contexte de crise financière et économique, "gauchisation" de la gauche qui empêche désormais tout rapprochement avec celle-ci sachant qu'elle-même n'en veut pas, etc... Sarkozy, de son côté, aurait l'occasion de faire un "coup" en annonçant publiquement, toujours entre le 22 avril et le 6 mai, qu'il nommerait Bayrou premier ministre s'il était réélu (car, encore une fois, il aura impérativement besoin des voix du candidat du Modem pour cela, même si celui-ci ne fait qu'un score à un chiffre au premier tour). Après une telle annonce, il aurait du mal à ne pas tenir cet engagement une fois réélu, d'autant plus qu'il y aura des élections législatives un mois plus tard.
Pour ce qui est de la suite de cet éventuel tandem Sarkozy-Bayrou, c'est bien-sûr une autre histoire...
Pullo a écrit:Et enfin, en cas de défaite de Sarkozy, avec ou sans son soutien au second tour, qu'est-ce qui dit que Bayrou profitera de la recomposition de la droite parlementaire ? A part le fait que ce soit sa famille d'origine, rien. Il a déjà été incapable de profiter de la défaite de Royal et du trouble créé par la politique d'ouverture pour récupérer l'aile droite du PS, qui aurait fournit au MODEM des cadres et des élus.
En cas d'élection de Hollande, je ne vois pas non plus d'avenir politique pour Bayrou. Avec 8 ou 9% contre 26 ou 27% pour Hollande et 13 ou 14% pour JLM, et une gauche à 46 ou 47% au premier tour, comment peut-il peser ? Et si en plus appelle à voter au second tour pour Sarkozy, il donne raison à ceux qui l'ont toujours considéré à gauche comme un droitiste, et voyaient la posture centriste du MODEM comme une imposture (à mon avis, c'est vrai pour Bayrou, mais pas pour les militants qui ont rejoint le MODEM lors de sa création).
L'idée que Bayrou aurait pu rallier à lui l'aile droite du PS (qui allait, en gros, de Strauss-Kahn à Valls en passant par Moscovici, Bockel ayant déjà, de son côté, rejoint Sarkozy) après 2007 a toujours été assez irréaliste, selon moi. L'actuel président du Modem est dans la tradition historique du centre droit à la française. Avant lui et déjà sous la Vème République, des Lecanuet ou des Poher avaient fini par retourner dans le giron de la droite "classique". Bayrou a vocation à faire de même.