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Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 12 Jan 2017 10:45
de pop03
J'ai été surpris par ce tableau où le Wisconsin, le Maine et même le Nouveau-Mexique ont eu un une dépense publicitaire plus favorable à Trump. On peut aussi se poser la question de l'intérêt de cette dépense d'argent en comparant les votes après investissement publicitaires dans l'Iowa.


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Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Sam 14 Jan 2017 07:23
de ligerien
Pour le Wisconsin, on peut dire que les républicains ont été plus clairvoyants.
Pour New Hampshire, d'un côté comme de l'autre, ça me semble beaucoup d'argent pour 4 grands électeurs.
Le Michigan, on voit bien qu'on ne croyait pas trop à la bascule, sinon on aurait dû être dans les niveaux de dépense de la Pennsylvanie et de la Caroline du Nord.
La dépense démocrate Iowa semble dingue quand on voit les résultats.
Pour l'Ohio, finalement pas serré, c'est dingue des 2 côtés. Au ratio des grands électeurs, c'est pareil pour le Colorado.
Côté démocrate 24 M dans le Nevada c'est beaucoup pour 6 grands électeurs, par exemple aux 28 M en Pennsylvanie.
En Virginie on sent que le tropisme bleu a intégré en cours de route.
Le Maine, compte tenu du découpage en 3 districts, est-ce que ça vaut bien la peine ? A compte-là, on aurait dû investir aussi sur le district d'Omaha au Nebraska.

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Ven 10 Fév 2017 16:18
de Corondar
Quelques informations intéressantes (enfin, selon moi :) ) que je n'ai pas vues passer ici, mais qui pourront être utiles pour certains : Trump est arrivé en tête dans 230 districts de la Chambre contre 205 pour Clinton (en 2012, c'était assez proche puisqu'on avait Romney en tête dans 224 districts contre 211 pour Obama). En 2016, seuls 8% des districts de la Chambre (35 en tout) ont eu un vote différent entre l'élection présidentielle et l'élection à la Chambre, contre 26 districts en 2012. Ces chiffres mettent assez crument en lumière le gerrymandering et le clivage désormais extrêmement partisan du pays. Pour mémoire, en 1976, alors que l'écart en pourcentage entre les 2 candidats à la présidence était assez proche de celui de 2016 (2 points d'avance pour Carter sur Ford contre 2.2 points pour Clinton sur Trump), à l'époque, 124 des 435 districts (28.5% du total) de la Chambre voyaient un vote différent entre la présidentielle et le législatif.
Tout cela est à mon avis assez représentatif de l'Everest que représente désormais pour les démocrates la bascule de la Chambre.
Je vous invite à lire ce très intéressant article sur Larry Sabato là dessus, qui dessine une première approche des futures midterms (et oui, c'est déjà l'année prochaine :) ).
http://www.centerforpolitics.org/crysta ... er-appeal/
Ce que je retiens surtout de l'article personnellement c'est qu'il rappelle fort justement qu'il est dans bien des cas, pour l'heure, difficile de savoir si certaines évolutions observées lors de l'élection présidentielle de 2016 sont les premiers signes d'évolutions pérennes, ou alors des votes épisodiques liés à l'affiche atypique de cette élection (Trump et Clinton étant des candidats pouvant provoquer des réactions atypiques chez certains électorats). Par exemple il est trop tôt pour savoir si la bascule du très conservateur comté californien d'Orange dans l'escarcelle de Clinton est un épiphénomène ou le début d'un véritable glissement électoral. De même, dans certaines zones des Grands Lacs il est très difficile de savoir si la poussée de Trump aura des répercussion sur le long terme (d'autant que dans ces zones là, les bascules se font dans des contextes de participation assez faibles).
Enfin, si les démocrates veulent récupérer la Chambre, je pense qu'ils doivent surtout faire un tabac lors des élections des gouverneurs pour espérer pouvoir redécouper de façon moins partisane les circonscriptions de la Chambre. Avec le découpage actuel il faudrait soit un tsunami bleu soit une déroute rouge pour voir la Chambre basculer.

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Ven 10 Fév 2017 17:47
de Relique
Corondar a écrit:Enfin, si les démocrates veulent récupérer la Chambre, je pense qu'ils doivent surtout faire un tabac lors des élections des gouverneurs pour espérer pouvoir redécouper de façon moins partisane les circonscriptions de la Chambre. Avec le découpage actuel il faudrait soit un tsunami bleu soit une déroute rouge pour voir la Chambre basculer.


Oui, le prochain redécoupage est prévu pour 2020 il me semble... Donc il faudra voir l'état des gouverneurs et des chambres d'état (je me demande si certaines n'ont pas une influence dans certains Etats) à ce moment-là pour voir un peu quel résultat aurait ce redécoupage sur l'équilibre de la chambre.

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Dim 26 Fév 2017 19:58
de Corondar
Mieux vaut tard que jamais, un petit bilan électoral de l'élection présidentielle US. Rendons à César ce qui est à César, mon analyse se base sur des éléments électoraux bruts, mais aussi de nombreux articles publiés sur l'excellent site de Larry Sabato, qui a déjà rendu tout un tas d'analyses pertinentes sur les résultats. Je remets donc le lien vers son site :
http://www.centerforpolitics.org/crystalball/
Personnellement, quand je commence à me balader sur ce site, j'y reste parfois très longtemps à consulter les articles, souvent passionnants et intéressants. Vous êtes prévenus :). Je vous remets aussi un document utile qui compile de manière assez claire les résultats :
https://docs.google.com/spreadsheets/d/ ... w?sle=true
Ce document reprend pour les swing states une définition assez commune, que je trouve assez satisfaisante, même si elle est toujours critiquable puisque cela reste un choix un peu arbitraire (et qu'on pourrait sans doute en faire un autre qui ne reprendrait du coup peut-être pas la même liste de swing states). Sont donc retenus comme swing states les états qui voient un écart entre les 2 principaux candidats inférieurs à 5 points (Arizona, Caroline du Nord), ou des états qui ont basculé par rapport à l'élection précédente (Ohio, Iowa...), les deux étant possibles pour un même état (Floride, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin...).
Avant de commencer à analyser les résultats, arrêtons nous un instant sur cette liste.

Swing states : être ou ne pas être...
Les grands classiques sont là (Floride, Ohio, Iowa, New Hampshire), les nouveaux classiques aussi (Caroline du Nord, Nevada), et les états potentiellement tangents du "mur bleu" que visait Trump également (Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin...).
On a par contre des états normalement moins attendus : l'Arizona et le Maine. Le premier est censé être un état rouge, le second un état bleu. Mais ils ont tous deux des éléments particuliers qui ont pris une résonance encore plus particulière avec l'affiche Clinton-Trump (on notera d'ailleurs un rapport de force assez proche dans les 2 états : Trump a 3.5 points d'avance sur Clinton en Arizona, dans le Maine Clinton a 3 points d'avance sur Trump). L'Arizona est de plus en plus urbanisé et latino, le Maine a un fond conservateur ancien, est très blanc et assez rural. On verra si cette entrée dans la zone swing state est un accident ou un début de tendance. A mon avis c'est bien un début de tendance dans les 2 cas, mais qui pourrait être moins marqué ou plus marqué avec des candidats moins clivants, ou au contraire plus atypiques.
On notera aussi des absents dans cette liste. C'est ce que j'appelle la frontière du swing state. Le Colorado se retrouve dans la liste de peu (4.9 points d'avance pour Clinton), et d'autres états n'y sont pas de peu (Géorgie : +5.2 pour Trump, Virginie : +5.3 pour Clinton). On est sur des états potentiellement swing states, mais dont le statut est limite. Je pense que la Virginie sort de plus en plus de cette zone, le Colorado aussi, et je pense que la Géorgie garde pour l'heure un penchant républicain. Mais rien n'est encore gravé dans le marbre concernant ces 3 états.
Quant au Nouveau-Mexique, je reste sur mon incompréhension quant au fait qu'il ait pu être considéré comme un swing state. Clinton y a plus de 8.2 points d'avance sur Trump, dans un contexte où les "petits" candidats réunissent plus de 11% sur leurs noms. Le Nouveau Mexique n'est plus un swing state, mais bien un état bleu.
Je ferai le même commentaire pour le Missouri : ce n'est plus un swing state mais un état rouge.
Passons désormais à la participation.

La participation : de grandes disparités

Rappelons déjà qu'il est difficile d'avoir un chiffre précis concernant la participation aux USA (pour tout un tas de raisons, historiques, culturelles, pratiques...), notamment parce que là bas on tente d'établir ce taux par rapport à la population totale en âge de voter plutôt que par rapport au nombre d'inscrits. Mais même en essayant de rapporter ça aux inscrits, il est compliqué d'avoir ce chiffre (certains états communiquant mieux que d'autres sur le sujet). En 2008, la participation tournait autour de 61-63%. En 2012, elle était de l'ordre de 58-59%. En 2016, on est entre 56 et 58% (ce qui là aussi contredit un peu l'image d'une campagne mobilisatrice). On est plutôt sur une baisse, mais faire des comparaisons de participation globales par état seraient fastidieux et pas forcément très pertinent.
Je vais donc plutôt comparer ça en terme de suffrages exprimés. On a une hausse de 7 millions des suffrages exprimés par rapport à 2012, ce qui rapporté à la hausse des inscrits et de la population, est assez faible. Cela représente une hausse de 5.9% des exprimés par rapport à 2012.
Mais comme souvent avec la participation, on a des disparités immenses selon les états.
Comparatif swing states et non swing states
Contrairement à ce qu'on entend dire parfois, la hausse des exprimés a été plus forte dans les non swing states (+6.4%) que dans les swing states (+4.8%). Le fait d'être dans un état à fort enjeu n'est donc pas une garantie de mobilisation supérieure.
On notera déjà que 5 états se distinguent par une baisse des exprimés : Iowa (-1%), Ohio (-1.5), Wisconsin (-3%), Hawaï (-1.3%) et Mississippi (-5.9%). Dans le cas du Wisconsin, la législature de l'état (républicaine) a fait voter avant l'élection des lois afin de compliquer l'inscription sur les listes électorales (en réclamant notamment des papiers d'identité récents). Ces lois ont eu pour effet de réduire les inscrits dans les zones les plus pauvres de l'état. A Hawaï, il y a sans doute eu en 2012 un effet Obama (il est né à Hawaï) qui ne s'est pas reproduit cette fois ci. Pour l'Iowa et l'Ohio, des zones démocrates ont été nettement moins civiques que 4 ans plus tôt. Pour le Mississipi je ne m'explique pas vraiment ce décrochage. J'ai essayé de trouver des chiffres actualisés concernant la démographie de l'état (peut-être cet état a t il connu une forte baisse de sa population ?). Mais je n'ai rien trouvé de probant (les derniers recensements de 2010 n'indiquaient pas de baisse, et je n'ai pas trouvé de chiffres plus récents).
Une forte hausse des exprimés dans les états latinos
Pour le reste, on notera au sein des swing states qu'il existe un vrai clivage au niveau hausse des exprimés entre les états fortement latinos et les autres. +11.9% pour l'Arizona, +11.2% pour la Floride, +10.9% pour le Nevada, +8.2% pour le Colorado. De l'autre côté, des états comme le Minnesota ou le Michigan voient les exprimés augmenter très peu (+0.3% pour le premier, +1.4% pour le second). On notera que cette forte hausse des exprimés se retrouve aussi dans les états latinos non swing states (+8.8% pour la Californie, +12.2% pour le Texas, seul le Nouveau-Mexique fait exception avec un maigre +1.9%).
Il est difficile de ne pas voir dans ces chiffres un effet Trump : beaucoup d'électeurs latinos se sont fortement mobilisés contre ce candidat clivant (à une exception notable sur laquelle on reviendra, la Floride). De même, il y a un swing state non latino qui se distingue par une participation supérieure à la moyenne, c'est la Pennsylvanie (sur laquelle je reviendrai également plus tard, car cet état offre aussi dans la carte des résultats des éléments très étonnants).
Des états rouges et bleus très civiques, et de plus en plus polarisés
Là aussi, contrairement à ce qu'on pense parfois, l'affiche très clivante de cette année, a en fait fortement mobilisé les bases de chaque côté, dans des états déjà très polarisés. Ce qui a eu pour effet de les polariser encore plus. En clair, dans ces états, les abstentionnistes qui sont venus aux urnes sont des électeurs proches des partis dominants déjà en place, qui avaient tendance à ne pas se déplacer par sentiment que leur état était déjà acquis à leur cause. Cette année, le rejet du candidat d'en face les a incités à se mobiliser pour faire pencher encore un peu plus leurs états vers un camp. L'équipe bleue a ainsi obtenu des scores historiques dans des états comme le Massachussetts, Washington, la Californie ou D.C. Et l'équipe rouge a obtenu des scores canons dans des états comme les Dakota, le Montana, la VIrginie Occidentale et les états de la bible belt (à l'exception de la Géorgie). Seuls l'Utah et le Texas ne cadrent pas avec ça : dans le premier cas, c'est du à la relation très spécifique entre Trump et les Mormons, et dans le second cas c'est du à l'aspect très latino de l'état, qui a compensé très nettement son côté rural (lui aussi aura le droit à un traitement spécial pour les résultats).
Passons aux résultats en eux-mêmes.

Résultats globaux : entre permanence et changements

Des coalitions qui ne bougent pas...
Comme déjà évoqué ici précédemment, pas de gros changements dans les coalitions :
- les jeunes, les femmes, les pauvres, les minorités et les urbains pour les démocrates
- les vieux, les hommes, les riches, les blancs et les ruraux pour les républicains
Dans bien des cas, les tendances se sont même accentuées : l'opposition urbain/rural est désormais massive entre des villes très bleues et des campagnes très rouges. Là aussi, Clinton a connu des scores historiques dans les grandes villes, et Trump des résultats impressionnants dans les comtés ruraux. Clinton parvient même à être en tête dans des comtés urbains d'états très rouges (notamment le comté de Salt Lake City), et Trump parvient à faire basculer les derniers comtés ruraux démocrates qui pouvaient subsister ici ou là.
Mais on notera que ce qui est certainement fatal à Clinton, c'est qu'elle ne retrouve pas complètement les voix des minorités d'Obama dans certains états clefs (les Noirs dans les Grands Lacs, les Latinos en Floride), et que si elle est dominante chez les femmes, elle est loin de l'être autant qu'attendu (Obama raflait 52% du vote féminin en 2012, Clinton 53% en 2016, et Trump reste en tête chez les électrices républicaines). Il ne semble pas que la féminité de la candidate démocrate ait eu une plus-value électorale en la matière.
... mais des changements notables.
Côté démocrates, il y a une véritable percée dans les banlieues aisées (ce qui, aux États Unis est globalement un pléonasme : les pauvres vivent plutôt en centre ville, et les banlieues sont des zones concentrant les richesses), et plus largement auprès des blancs ayant un haut niveau d'études. Cette percée explique que les comtés entourant les grandes villes ont vu des bascules historiques ou des résultats serrés (le comté d'Orange en Californie, les banlieues de San Antonio et Dallas au Texas, les banlieues d'Atlanta en Géorgie). On notera aussi que cette élection a joué à l'extrême la carte gagnants de la mondialisation vs perdants de la mondialisation.
Côté républicains, la main mise sur les blue collars (ancienne) est désormais complète : Trump a obtenu auprès de cet électorat là des résultats proches (voire meilleurs dans certains comtés) de ceux de Reagan dans les années 1980.
Reste à savoir si ces évolutions vont se pérenniser ou si elles sont la conséquence de l'affiche atypique du duel Clinton-Trump.
En l'état, si on garde les résultats de la présidentielle, si les 2 partis veulent gagner des sièges lors des midterms, les démocrates doivent viser les comtés de banlieues, et les républicains les comtés populaires des Grands Lacs et du Midwest.


[A venir : une analyse plus précise de quelques états clefs ou importants...]

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 1 Juin 2017 07:16
de guillaume44
Un petit mot pour revenir sur la présidentielle de 2016 et son caractère assez exceptionnelle. D'habitude, les candidats ou candidates vaincus abandonnent la politique et ne critique qu'en de rare occasion l'exercice de pouvoir par le candidat vainqueur. Quelques exceptions cependant McCain a continué à se représenter au sénatoriale mais il n'a jamais contesté sa défaite et la légitimité de Barack Obama.
Mitt Romney a pratiquement disparu de la circulation entre 2012 et 2016. C'était la même pour Al Gore et John Kerry défait par W en 2000 et 2004. Ils ont effectué quelques brèves interviews politiques sans jamais remettre en cause la légitimité du candidat vainqueur..
Avec Hillary Clinton, c'est tout autre, elle ne fait aucune critique de sa campagne et continue à dire que sa défaite est dû à 2 raisons :
- le supposé piratage russe
- la lettre de James Comey à une semaine de l'élection
- l'instauration de carte d'idenditié pour aller voter dans la Wisconsin

Hier elle a été plus loin en supposant que des américains certainement des gens de l'équipe Trump avait collué avec les russes pour propager les emails deWikileaks dans les médias et elle continue à dire qu'elle a gagné 3 millions de voix de plus que son adversaire.

A titre personnel, je trouve que le parti démocrate et la justice donnent beaucoup d'importance à ces emails. On n'y a rien appris de neuf. Le parti démocrate a tout fait pour bousiller la campagne de Sanders, tout le monde le savait non ? Le DNC aurait été un peu plus honnête, il n'y aurait rien eu à "leaker".

Je ne vois vraiment pas l'intérêt de nommer un procureur spéciale pour quelques mails et créer une guerre au sein des agences de renseignement pour un truc aussi banale.

Concernant les 3 millions de voix d'avance d'Hillary Clinton, ils proviennent d'état ou Trump n'a pas (ou pratiquement pas) fait campagne cad la Californie, l'Illinois et New-York...

Il y a quelques jours déjà, elle avait appelé à destituer Donald Trump. Je trouve qu'elle devrait se taire car cela renforce sa stature de mauvaise perdante. Les erreurs de sa campagne ne se comptent pas :

- Ne pas avoir fait campagne l'intégralité du mois d'Août
- Avoir considéré le Wisconsin comme acquis alors que 2 états voisins l'Iowa et l'Ohio aux populations similaires donnaient Trump gagnant.
- N'avoir aucun message économique porteur contrairement à Trump et son protectionnisme
- Concernant les papiers d'identité dans le Wisconsin pour allait voter, elle devrait faire un tour en France pour voir comment se passe un vote. Et elle oublie de dire que Trump l'a emporté en Pennsylvanie avec un gouverneur démocrate...

Une très mauvaise candidate et une très mauvaise perdante...

http://www.lefigaro.fr/international/20 ... russes.php

http://www.leparisien.fr/international/ ... 004067.php

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 1 Juin 2017 14:49
de Corondar
guillaume44 a écrit:Un petit mot pour revenir sur la présidentielle de 2016 et son caractère assez exceptionnelle. D'habitude, les candidats ou candidates vaincus abandonnent la politique et ne critique qu'en de rare occasion l'exercice de pouvoir par le candidat vainqueur. Quelques exceptions cependant McCain a continué à se représenter au sénatoriale mais il n'a jamais contesté sa défaite et la légitimité de Barack Obama.
Mitt Romney a pratiquement disparu de la circulation entre 2012 et 2016. C'était la même pour Al Gore et John Kerry défait par W en 2000 et 2004. Ils ont effectué quelques brèves interviews politiques sans jamais remettre en cause la légitimité du candidat vainqueur..
Avec Hillary Clinton, c'est tout autre, elle ne fait aucune critique de sa campagne et continue à dire que sa défaite est dû à 2 raisons :
- le supposé piratage russe
- la lettre de James Comey à une semaine de l'élection
- l'instauration de carte d'idenditié pour aller voter dans la Wisconsin

Hier elle a été plus loin en supposant que des américains certainement des gens de l'équipe Trump avait collué avec les russes pour propager les emails deWikileaks dans les médias et elle continue à dire qu'elle a gagné 3 millions de voix de plus que son adversaire.

A titre personnel, je trouve que le parti démocrate et la justice donnent beaucoup d'importance à ces emails. On n'y a rien appris de neuf. Le parti démocrate a tout fait pour bousiller la campagne de Sanders, tout le monde le savait non ? Le DNC aurait été un peu plus honnête, il n'y aurait rien eu à "leaker".

Je ne vois vraiment pas l'intérêt de nommer un procureur spéciale pour quelques mails et créer une guerre au sein des agences de renseignement pour un truc aussi banale.

Concernant les 3 millions de voix d'avance d'Hillary Clinton, ils proviennent d'état ou Trump n'a pas (ou pratiquement pas) fait campagne cad la Californie, l'Illinois et New-York...

Il y a quelques jours déjà, elle avait appelé à destituer Donald Trump. Je trouve qu'elle devrait se taire car cela renforce sa stature de mauvaise perdante. Les erreurs de sa campagne ne se comptent pas :

- Ne pas avoir fait campagne l'intégralité du mois d'Août
- Avoir considéré le Wisconsin comme acquis alors que 2 états voisins l'Iowa et l'Ohio aux populations similaires donnaient Trump gagnant.
- N'avoir aucun message économique porteur contrairement à Trump et son protectionnisme
- Concernant les papiers d'identité dans le Wisconsin pour allait voter, elle devrait faire un tour en France pour voir comment se passe un vote. Et elle oublie de dire que Trump l'a emporté en Pennsylvanie avec un gouverneur démocrate...

Une très mauvaise candidate et une très mauvaise perdante...

http://www.lefigaro.fr/international/20 ... russes.php

http://www.leparisien.fr/international/ ... 004067.php


Pour Al Gore, ce n'est pas tout à fait vrai concernant sa "retraite" politique. Après son échec en 2000, il est devenu un ardent défenseur de la cause environnementale aux Etats-Unis et dans le monde. Par contre, en effet, il fut très sport avec Bush et n'attaqua jamais sa légitimité (ce qui, vu le résultat plus qu'ambigu de la Floride, aurait pu être le cas, bien plus que pour l'élection de 2016 d'ailleurs).
Quant à Clinton, c'est un point commun avec Trump : une incapacité chronique à se remettre en question et toujours blâmer les autres pour des échecs ou des erreurs personnels. Quant à l'élection, je pense en effet que l'action de Comey une semaine avant l'élection a eu beaucoup plus d'impact que les fuites des mails démocrates (à mon avis c'est surtout cet élément là qui fait basculer le vote dans des états clefs, en plus des carences antérieures de la candidature Clinton). Ce n'est pas une raison pour ne pas enquêter sur l'éventuelle ingérence d'un gouvernement étranger dans le processus électoral d'un état tiers. Personnellement je considère qu'une enquête judiciaire n'est jamais de trop pour établir la réalité des faits, et justement pour déterminer leur gravité ou non (au final, toutes les enquêtes sur l'emailgate ont démontré que Clinton n'avait rien à se reprocher, même si ça a encore dégradé un peu plus son image déjà négative chez beaucoup d'Américains).
Par contre pour les 3 millions de voix, c'est un fait, et comme je l'ai dit c'est désormais une constante de l'élection présidentielle US : les démocrates ont sur le vote populaire un avantage structurel majeur. L'argument du "Trump n'a pas fait campagne en Californie ou à New-York" n'en est pas un. Déjà parce que Clinton non plus n'a pas vraiment fait campagne en Californie ni à New-York, tout comme Trump et Clinton n'ont pas non plus vraiment fait campagne dans des dizaines d'autres états rouges (dont la population cumulée atteint largement celle de la Californie, et qui représentent plus de grands électeurs d'ailleurs). Ce n'est pas la campagne qui détermine le poids des candidats dans ces états là, mais bien leurs plate formes électorales et leurs coalitions respectives.
Pour le coup, sur le seul élément des 3 millions de voix d'avance de Clinton, c'est plutôt Trump qui parait dans le déni et pas très bon gagnant puisqu'il continue à entretenir le mythe (on est plus proche de la diffamation mensongère) des votants clandestins. Puisqu'à l'heure actuelle c'est bien la ligne officielle de Trump : c'est lui qui a gagné le vote populaire, les chiffres officiels étant le résultat d'une fraude de Clinton. Oui Clinton a bien eu 3 millions de voix d'avance sur le gagnant, et oui cela crée forcément une situation un peu baroque pour le président élu (situation encore renforcée par le fait que sa victoire au collège électorale est par contre nette, contrairement à 2000). Et comme depuis son élection il consacre tous ses efforts à plaire à sa base au détriment de tous les autres électorats tangents, ça continue à être encore plus clivant.

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Jeu 1 Juin 2017 17:53
de manudu83
Les vaincus à la présidentielle ne se sont pas si souvent retiré de la vie politique partisane
Ce fut le cas pour les présidents sortants battus (Ford - Carter - Bush Senior), ou pour les candidats agés (Dole), mais les politiciens dans la force de l'age ont continué la politique partisane.

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Sam 3 Juin 2017 12:59
de Corondar
manudu83 a écrit:Les vaincus à la présidentielle ne se sont pas si souvent retiré de la vie politique partisane
Ce fut le cas pour les présidents sortants battus (Ford - Carter - Bush Senior), ou pour les candidats agés (Dole), mais les politiciens dans la force de l'age ont continué la politique partisane.


En effet. Et même dans les sortants vaincus on a eu quelques exceptions :
1) Grover Cleveland fut président de 1885 à 1889. Il fut battu au collège électoral bien qu'ayant remporté le vote populaire, ce qui le mit dans une rage folle. Il se représenta en 1893 et obtint sa revanche. Il est le seul président à avoir effectué 2 mandats non consécutifs.
2) Nixon était le VP sortant en 1960 lorsqu'il fut battu par Kennedy. S'ensuivit une traversée du désert (après une autre défaite au poste de gouverneur de Californie) qui aurait du mettre fin à sa carrière. Il parvint à faire un incroyable come-back pour être élu président en 1968.
On notera quand même que ces 2 contre-exemples n'ont guère laissé de bons souvenirs : le second mandat de Cleveland fut une catastrophe (grave crise économique et dépression, explosion de la ségrégation raciale dans le Sud et émergence des lobbies industriels au Congrès), quant à Nixon on sait tous comment ça a fini.


Comme promis je continue mon tour d'horizon des résultats présidentiels avec quelques états dont les résultats ont été intéressants ou déterminants. Je les grouperai par états assez "similaires".
On va commencer par des poids lourds censément pas très intéressants car sans enjeu, et pourtant...

Californie et Texas : même combat ?

La Californie et le Texas sont tous les deux censés être des états majeurs (le premier et le second en matière de population : 40 millions pour la Californie et 27 millions pour le Texas, en 2015, ça a du augmenter depuis) acquis à un camp : démocrate pour la Californie et républicain pour le Texas.

La Californie : démocrateland ?

Contrairement à l'image qu'on en a, la Californie n'a pas toujours été un bastion démocrate inexpugnable. Jusque dans les années 1980 c'était même un état plutôt républicain, en tout cas à la présidentielle (de 1952 à 1988, Johnson fut le seul démocrate à remporter l'état en 1964). Reagan, ancien gouverneur de l'état, y obtenait des scores sans ambiguïté.
Tout changea dans les années 1990, les démocrates développant très rapidement une avance nette, puis une domination marquée (et ce à tous les échelons).
Pourquoi ? Essentiellement parce que le parti républicain et la Californie ont évolué dans des directions radicalement différentes. On notera que les républicains de Californie étaient en matière de mœurs ou de société des modérés (Reagan, Schwarzenegger...). Le glissement idéologique à droite toute du GOP ne collait pas trop avec le penchant libéral des Californiens. Et, surtout, la Californie est devenue l'état le plus cosmopolite des USA (les Blancs non hispaniques représentent désormais moins de 40% de la population). La domination des démocrates sur les minorités étant désormais sans partage, ça se ressent forcément dans un état où les "minorités" sont majoritaires. Mais la Californie conservait des bastions républicains : les comtés les plus ruraux du Nord et de l'intérieur, ainsi que le comté d'Orange (gros comté urbain de banlieue très chic au sud-est de LA) et la région de San Diego (grâce à la présence de nombreux militaires avec une base importante). L'élection de 2016 a vu ces bastions s'effriter.
La participation
La Californie a connu une très forte hausse de la participation (presque 9% de plus par rapport à 2012). Le vote anti-Trump y a été très net : la communauté latino s'est mobilisée, ainsi que les libéraux pour qui la ligne isolationniste et anti-écologique de Trump est plus qu'un épouvantail. Et ça s'est vu dans les résultats.
Le score de Clinton
Clinton a amélioré le score d'Obama de plus de 26%. C'est sans doute le seul état où elle accroit de manière aussi spectaculaire les résultats d'Obama. Elle gagne près de 2 millions de voix sur 2012. Et obtient près de 4.3 millions de voix de plus que Trump.
Le score de Trump
Forcément, par effet miroir, c'est pas brillant. Il n'améliore le score de Romney que d'à peine plus de 80 000 voix (moins de 2% de hausse).
La carte des résultats
Trump obtient des scores historiquement faibles dans les aires urbaines. Dans l'ultra libérale ville de San Francisco (une ville magnifique au passage, si vous avez l'occasion de la visiter un jour, foncez, c'est une ville réellement atypique selon les standards nord-américains) il dépasse péniblement les 10%, et c'est pas beaucoup mieux du côté de LA (à peine plus de 23%, contre 71% pour Clinton). Même à San Diego, le poids des militaires a été incapable d'enrayer la chute (près de 20 points d'avance pour Clinton). Seuls les comtés ruraux du Nord et de l'intérieur résistent.
Mais il y eut une grosse surprise peu attendue : la bascule du comté d'Orange, qui donna près de 8 points d'avance à Clinton, sans que les démocrates n'aient investi dans la course (ce qui, là aussi à la surprise générale, leur aurait sans doute permis de faire basculer quelques districts de la Chambre que le GOP ne conserva que de peu parfois). L'électorat aisé et éduqué de banlieue (traditionnellement acquis au GOP) n'a pas été emballé par l'offre Trump. La question ici est de savoir si c'est un mouvement atypique ou pérenne.
On notera aussi, pour illustrer encore un peu plus la terre de mission qu'est devenue la Californie pour le GOP, que la course sénatoriale dans l'état fut un camouflet pour les républicains. Déjà, aucun républicain n'a pu se qualifier pour la générale, qui voyait s'opposer 2 candidates démocrates (une libérale et une centriste). Mais surtout, alors qu'on s'attendait à une sous mobilisation pour ce scrutin (les électeurs républicains pouvant bouder cette affiche trop bleue), ça n'a pas été le cas. Les électeurs républicains sont allés voter, et ils ont préféré la libérale (la candidate centriste ne remporte que 2 comtés). Signe que les républicains de Californie sont très différents des républicains du reste du pays.
En l'état, le GOP tel qu'il existe (très à droite) aujourd'hui semble bien en peine de regagner du terrain dans le Golden State (qui continue à s'urbaniser et à recevoir des habitant issus des minorités).

Le Texas : un colosse républicain aux pieds d'argile ?

Contrairement à la Californie, on est bien là sur un état dont la couleur politique semble ne pas avoir changé depuis plusieurs décennies. Les derniers démocrates à avoir remporté le Texas furent des gars du Sud : Johnson (un Texan) en 1964, et Carter (un Géorgien) en 1976 (une élection très atypique avec une carte originale). Depuis les années 1960, le GOP, pro-armes et pro-life, s'est retrouvé comme un poisson dans l'eau au sein d'un état où le culte des armes et de Dieu vont de paire. Cette domination fut symbolisée par l'ascension de la dynastie Bush, sur fond de lobby pétrolier. Et pourtant, depuis les années 1990, contrairement à la Californie, la domination du parti phare semble plutôt stagner voire reculer. En cause : une urbanisation et une latinisation croissantes.
La participation
Là aussi en très forte hausse (une des plus fortes hausses du pays) : +12.2% par rapport à 2012. Et là aussi, ce sont surtout des électeurs Latinos qui se sont sur-mobilisés.
Le score de Clinton
Son score en voix fait un bond de 17.7% par rapport à celui d'Obama (une autre de ses meilleures hausses).
Le score de Trump
Il augmente le score de Romney de moins de 3%. Surtout, son avance sur Clinton est inférieure à 1 million de voix (800 000 voix d'écart). Cette année, le Texas a été plus disputé que l'Ohio et l'Iowa (9 points d'écart).
La carte des résultats
C'est presque un cas d'école. Les comtés urbains sont très visibles : prenez la carte électorale du Texas de 2016, et vous pouvez situer les villes de Dallas, San Antonio, Austin et El Paso en les superposant avec les comtés bleus. La seule grande ville qui vote Trump est celle de Corpus Chrisi (le nom annonce la couleur :) ), et encore de peu (1500 voix d'avance sur Clinton).
Les autres poches démocrates correspondent aux comtés frontaliers du Mexique : les plus Latinos, et les plus hostiles au projet de mur trumpien (beaucoup de propriétaires terriens frontaliers craignent l'expropriation).
Par contre, contrairement à la Californie, le GOP conserve plus que de beaux restes dans le lone star state : tous les autres comtés votent massivement républicains. Et pas que des comtés ruraux, on a dans le lot des comtés également très peuplés.
Mais il y a une différence majeure entre la Californie et le Texas : si le GOP délaisse de plus en plus la première, les démocrates investissent beaucoup dans le Texas, notamment à l'échelon municipal et à la Chambre.

Le bilan de tout ça, c'est que la Californie et le Texas ne retirent pas de leur poids démographique l'attention électorale qu'ils mériteraient. Mais leur trajectoire semble pour l'heure prendre des chemins opposés : de plus en plus bleue pour la Californie, un peu plus pourpre pour le Texas. Et dans les deux cas ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets : de plus en plus d'urbains, et de plus en plus de Latinos.

[La suite avec des états qui swinguent...]

Re: Election présidentielle de novembre 2016 aux Etats-Unis

MessagePosté: Mar 6 Juin 2017 13:30
de guillaume44
Sur le même sujet, j'ai retrouvé un article de the Hill écrit quelques jours avant les résultats de la présidentielle américaine 2016, il décrit comment un état arrête de swinger en prenant l'exemple du Missouri passé de de swing state à red puis de la Virginie, du Colorado et du New Hampshire passé de swing state à Blue... Bon pour le dernier, ils se sont trompés car le New Hampshire a été très disputé avec 3000 voix d'écart.

Le centre de l'article porte suir l'Ohio qui à l'instar du Missouri en analysant les déplacements de populations de chrétiens évangéliques pourrait prendre le même chemin...

http://thehill.com/blogs/pundits-blog/c ... p-swinging