Re: La vie politique portugaise.
Posté: Sam 30 Sep 2017 14:35
Élections municipales de 2017 (Eleições autárquicas portuguesas de 2017)
Ce dimanche 1er octobre, près de 9,4 millions de portugais sont appelés à renouveler leurs élus locaux. Redevenus des élections de mi-mandat via la dissolution de 2011, ces élections constituent un gros test pour le Gvt minoritaire socialiste d'Antonio Costa, soutenu également par les deux autres forces de gauche.
Il y a 4 ans, sur fond de forte abstention et de crise économique, les électeurs avaient globalement sanctionné l’exécutif de droite au pourvoir.
Cette année, le contexte est bien différent. Alors que certains redoutaient un effondrement rapide de la coalition inédite de gauche accompagné d'un "désastre économique", c'est l'inverse qui s'est produit au grand dam de la droite. (L'ancien Premier Ministre Passos Coelho pronostiquait ainsi la "venue du diable" (Troika) à l'automne 2016). Depuis près de deux ans, il y a eu :
- retour des 4 fériés supprimés par la droite
- retour des 35 h dans la fonction publique
- augmentation des prestation sociales
- réduction progressive des impôts
- augmentation du SMIC de plus de 10 % en deux ans
- les exportations augmentent à un rythme soutenu
- le chômage baisse (11,8 % en 2015, moins de 9 % aujourd'hui). Entre décembre 2015 et août 2017 : pop ayant un emploi + 197 000 // chômeurs : - 140 000
- la croissance est meilleure que prévue : 1,6 % en 2016 // 2,5 % ou plus en 2017 (le gvt tablait sur 1,8...)
- le déficit public se réduit et plus vite que prévu : 4,4 % du PIB en 2015, 2 % en 2016, le plus faible taaux post-74. Le Portugal est ainsi sorti de la procédure des déficits excessifs. Un doute subsiste pour 2017 car la recapitalisation de la CGD (Banque publique) pourrait refaire grimper le taux. Mais les résultats du 1er semestre montrent encore que le déficit public se réduit plus qu'espéré... (1,9 % contre 3,1 pour le premier semestre 2016)
- début septembre, Moody's a relevé la perspective du Portugal à Positif et mi-septembre Standard and Poors a surpris en augmentant la note du Portugal d'un cran : le pays est sorti de la catégorie investissement à risque.
Reste encore beaucoup de bémols :
- tissu industriel du pays reste fragile
- secteur bancaire fragile : recapitalisation de la CGD en 2017, le dossier du Novo Banco qui tarde à être refermé...
- solde migratoire reste négatif
- le vieillissement de la population ralentit mais l'émigration massive des jeunes a du mal à être inversé
- l'endettement public est encore à un niveau élevé : autour de 130 % du PIB. rappelons que le Portugal paye l'équivalent de 4 pts de PIB en intérêts de la dette (faites le compte pour la France, vous allez voir...)
Bon évidemment, les bons résultats économiques ne satisfont pas la droite qui essaye par n'importe quel moyen de déstabiliser le Gvt ou encore de minimiser les ces résultats. L'ancien Premier Ministre Passos Coelho est passé maître dans l'art du déni ou de la mauvaise foi en imputant les mauvais résultats au Gvt socialiste et les bons au sien...
Au niveau gouvernemental, tout n'est pas rose loin de là. L'exécutif d'Antonio Costa vient de sortir d'un Été très compliqué :
- démission de 3 secrétaires d’État mis en examen dans le cadre du "Galpgate" (de Galp, l'entreprise pétrolière portugaise, qui a invité ces 3 personnes à assister à des matchs de l'Euro2016)
- vol de matériel militaire
- et surtout la tragédie de Pedrogao Grande, du nom de cette localité où près de 70 personnes sont décédés dans un vaste incendie.
Clairement, le Gvt Costa a foiré la gestion post-incendie mais il s'en est tiré grâce à Passos Coelho. L'ex-chef du Gvt a ainsi inventé des décès post-incendie avec des blessés physiques ou psychologiques qui se seraient suicidés. Évidemment, c'était faux et après une levée de boucliers des autorités locales et de la gauche, il a dû reconnaitre qu'il avait balancé n'importe quoi.
A titre indicatif, les dernières enquêtes d'opinion au niveau national donnent :
PS : 40-43 % (+ 8 à + 10,7 pts par rapport à 2015)
PSD : 23-29
BE : 8,4-9,1 (- 1,1 à 1,8 pt)
CDU : 7,3-7,8 (-0,5 à -1 pt)
CDS-PP : 5-7
Union de la droite : 28,1 à 35,5 (-3,1 pts à - 10,5 pts)
-------------
Revenons maintenant au scrutin municipal. Précisons d'abord que le pays dispose d'une structure locale différente de la nôtre : absence de conseils départementaux, seulement deux conseils régionaux (Açores et Madère).
Le Portugal est composé de 308 municipalités ( municípios) qui sont à leur tour composés de freguesias, subdivision territoriale qui équivaut à nos arrondissements. Il y en a 3092.
Municipalité et Freguesia disposent chacun d'un organe exécutif et d'un organe législatif.
La Municipalité est dirigée par une Câmara Municipal composée de 5 à 17 vereadores*. Le nombre dépend du nombre d'inscrits et le Président est la tête de liste vainqueur.
Mode de scrutin : proportionnel avec méthode d'Hondt
* Lisbonne a 17 vereadores/ Porto : 13
11 : 100 000 électeurs + plus
9 : 50 001 à 99 999 électeurs
7 : 10 001 à 50000 électeurs
5 : 10 000 ou moins
L'organe législatif est l'Assemblée Municipale (Assembleia Municipal) dont le nombre de membres doit satisfaire deux conditions :
- être au moins trois fois supérieurs au nombre de vereadores de la Camara
- être supérieur au nombre de de députés de droit que sont les Présidentes de Juntas de Freguesia composant la municipalité
Ex de Lisbonne : 17 vereadores = au moins 51 députés élus au scrutin de liste
24 freguesias = 24 députés de droit
= assembleia municipal de 75 personnes
La Freguesia est composée d'une "Junta" (exécutif) et d'une assembleia de freguesia (législatif).
Les électeurs élisent les membres de l'assembleia à la proportionnelle. (au moins 7 membres*) La tête de liste vainqueur est automatiquement élu Présidente da Junta . Il est assisté d'au moins deux adjoints (vogais)
Le mandats d'adjoint et Président sont incompatibles avec celui de membre de l'Assemblée, il y a un remplacement par les suivants de liste.
* 7 membres pour les freguesias de moins de 1000 électeurs ou moins
9 pour les freguesias de 1001 à 5000 électeurs
13 pour freguesias de 5001 à 20000 électeurs
19 pour les freguesias de 20001 à 39999 électeurs.
Au delà, 1 membre de plus par tranche de 10 000 électeurs. Et si on rajoute un membre si le nombre obtenu précédemment est pair.
Exemple : freguesia de Rio Tinto (municipalité de Gondomar) a 44 786 électeurs : ce qui fait 19 + 1 pour la tranche supplémentaire de 10 000 + 1 pour avoir un nombre pair = une assemblée de freguesia à 21 membres.
En résumé, l'électeur portugais votent trois fois lorsqu'il se déplace au bureau de vote.
Résultats de 2013 :
Câmaras Municipais (308)
PS : 150 câmaras
PSD : 106 dont 20 en coalition avec le CDS
CDU (PCP-PEV) : 34
CDS-PP : 5
DIV : 13
Vereadores (2086)
PS : 923
CDU : 213
PSD-CDS : 822
BE : 8
Autres : 120
Assembleias municipais (6487 membres)
PS : 2659
PSD-CDS : 2589
CDU : 747
BE : 100
Autres : 392
Presidentes de Juntas de Freguesia (3085)
PSD-CDS : 1286
PS : 1282
CDU : 170
Autres : 347
Le PS avait conservé Lisbonne (1ère ville du pays, à l'époque dirigée par un certain Antonio Costa), conquis
Sintra (2ème), Vila Nova de Gaia (3ème), Gondomar (12ème), ou encore Funchal, véritable bastion du PSD à Madère.
Dans les grosses pertes :
Loures (6ème), au profit du PCP
Braga (7ème) au profit du PSD
Les communistes avaient récupéré d'ex-bastions comme Evora, Beja (chefs-lieux de districts) ou encore la symbolique Grândola
Le CDS avait augmenté son nombre de câmaras en prenant notamment des communes sur le PSD
Le PSD, lui avait perdu Porto, Sintra, Coimbra ou encore Funchal. Des pertes compensées par les gains de Guarda, Braga...
L'autre évènement majeur du scrutin, ç’avait été la conquête de Porto par un indépendant (soutenu un peu par le CDS)
Les quelques sondages réalisés montrent un relatif statu-quo. Porto est assez disputé entre le sortant indépendant et le candidat socialiste. L'autre enjeu semble être les scores des candidates PSD sur Lisbonne et Porto. Les sondages les donnent à peine en 3ème position, autour de 10 % chacune. Du jamais-vu ! Et comme elles ont été choisies par Passos Coelho au mépris de la base, ça provoque d'énormes tensions au sein du parti.
A noter aussi que Assunçao Cristas, leader du CDS-PP, est candidate à la mairie de Lisbonne. Elle est donnée loin derrière le sortant PS (successeur de Costa), mais devant la candidate PSD...
Ce dimanche 1er octobre, près de 9,4 millions de portugais sont appelés à renouveler leurs élus locaux. Redevenus des élections de mi-mandat via la dissolution de 2011, ces élections constituent un gros test pour le Gvt minoritaire socialiste d'Antonio Costa, soutenu également par les deux autres forces de gauche.
Il y a 4 ans, sur fond de forte abstention et de crise économique, les électeurs avaient globalement sanctionné l’exécutif de droite au pourvoir.
Cette année, le contexte est bien différent. Alors que certains redoutaient un effondrement rapide de la coalition inédite de gauche accompagné d'un "désastre économique", c'est l'inverse qui s'est produit au grand dam de la droite. (L'ancien Premier Ministre Passos Coelho pronostiquait ainsi la "venue du diable" (Troika) à l'automne 2016). Depuis près de deux ans, il y a eu :
- retour des 4 fériés supprimés par la droite
- retour des 35 h dans la fonction publique
- augmentation des prestation sociales
- réduction progressive des impôts
- augmentation du SMIC de plus de 10 % en deux ans
- les exportations augmentent à un rythme soutenu
- le chômage baisse (11,8 % en 2015, moins de 9 % aujourd'hui). Entre décembre 2015 et août 2017 : pop ayant un emploi + 197 000 // chômeurs : - 140 000
- la croissance est meilleure que prévue : 1,6 % en 2016 // 2,5 % ou plus en 2017 (le gvt tablait sur 1,8...)
- le déficit public se réduit et plus vite que prévu : 4,4 % du PIB en 2015, 2 % en 2016, le plus faible taaux post-74. Le Portugal est ainsi sorti de la procédure des déficits excessifs. Un doute subsiste pour 2017 car la recapitalisation de la CGD (Banque publique) pourrait refaire grimper le taux. Mais les résultats du 1er semestre montrent encore que le déficit public se réduit plus qu'espéré... (1,9 % contre 3,1 pour le premier semestre 2016)
- début septembre, Moody's a relevé la perspective du Portugal à Positif et mi-septembre Standard and Poors a surpris en augmentant la note du Portugal d'un cran : le pays est sorti de la catégorie investissement à risque.
Reste encore beaucoup de bémols :
- tissu industriel du pays reste fragile
- secteur bancaire fragile : recapitalisation de la CGD en 2017, le dossier du Novo Banco qui tarde à être refermé...
- solde migratoire reste négatif
- le vieillissement de la population ralentit mais l'émigration massive des jeunes a du mal à être inversé
- l'endettement public est encore à un niveau élevé : autour de 130 % du PIB. rappelons que le Portugal paye l'équivalent de 4 pts de PIB en intérêts de la dette (faites le compte pour la France, vous allez voir...)
Bon évidemment, les bons résultats économiques ne satisfont pas la droite qui essaye par n'importe quel moyen de déstabiliser le Gvt ou encore de minimiser les ces résultats. L'ancien Premier Ministre Passos Coelho est passé maître dans l'art du déni ou de la mauvaise foi en imputant les mauvais résultats au Gvt socialiste et les bons au sien...
Au niveau gouvernemental, tout n'est pas rose loin de là. L'exécutif d'Antonio Costa vient de sortir d'un Été très compliqué :
- démission de 3 secrétaires d’État mis en examen dans le cadre du "Galpgate" (de Galp, l'entreprise pétrolière portugaise, qui a invité ces 3 personnes à assister à des matchs de l'Euro2016)
- vol de matériel militaire
- et surtout la tragédie de Pedrogao Grande, du nom de cette localité où près de 70 personnes sont décédés dans un vaste incendie.
Clairement, le Gvt Costa a foiré la gestion post-incendie mais il s'en est tiré grâce à Passos Coelho. L'ex-chef du Gvt a ainsi inventé des décès post-incendie avec des blessés physiques ou psychologiques qui se seraient suicidés. Évidemment, c'était faux et après une levée de boucliers des autorités locales et de la gauche, il a dû reconnaitre qu'il avait balancé n'importe quoi.
A titre indicatif, les dernières enquêtes d'opinion au niveau national donnent :
PS : 40-43 % (+ 8 à + 10,7 pts par rapport à 2015)
PSD : 23-29
BE : 8,4-9,1 (- 1,1 à 1,8 pt)
CDU : 7,3-7,8 (-0,5 à -1 pt)
CDS-PP : 5-7
Union de la droite : 28,1 à 35,5 (-3,1 pts à - 10,5 pts)
-------------
Revenons maintenant au scrutin municipal. Précisons d'abord que le pays dispose d'une structure locale différente de la nôtre : absence de conseils départementaux, seulement deux conseils régionaux (Açores et Madère).
Le Portugal est composé de 308 municipalités ( municípios) qui sont à leur tour composés de freguesias, subdivision territoriale qui équivaut à nos arrondissements. Il y en a 3092.
Municipalité et Freguesia disposent chacun d'un organe exécutif et d'un organe législatif.
La Municipalité est dirigée par une Câmara Municipal composée de 5 à 17 vereadores*. Le nombre dépend du nombre d'inscrits et le Président est la tête de liste vainqueur.
Mode de scrutin : proportionnel avec méthode d'Hondt
* Lisbonne a 17 vereadores/ Porto : 13
11 : 100 000 électeurs + plus
9 : 50 001 à 99 999 électeurs
7 : 10 001 à 50000 électeurs
5 : 10 000 ou moins
L'organe législatif est l'Assemblée Municipale (Assembleia Municipal) dont le nombre de membres doit satisfaire deux conditions :
- être au moins trois fois supérieurs au nombre de vereadores de la Camara
- être supérieur au nombre de de députés de droit que sont les Présidentes de Juntas de Freguesia composant la municipalité
Ex de Lisbonne : 17 vereadores = au moins 51 députés élus au scrutin de liste
24 freguesias = 24 députés de droit
= assembleia municipal de 75 personnes
La Freguesia est composée d'une "Junta" (exécutif) et d'une assembleia de freguesia (législatif).
Les électeurs élisent les membres de l'assembleia à la proportionnelle. (au moins 7 membres*) La tête de liste vainqueur est automatiquement élu Présidente da Junta . Il est assisté d'au moins deux adjoints (vogais)
Le mandats d'adjoint et Président sont incompatibles avec celui de membre de l'Assemblée, il y a un remplacement par les suivants de liste.
* 7 membres pour les freguesias de moins de 1000 électeurs ou moins
9 pour les freguesias de 1001 à 5000 électeurs
13 pour freguesias de 5001 à 20000 électeurs
19 pour les freguesias de 20001 à 39999 électeurs.
Au delà, 1 membre de plus par tranche de 10 000 électeurs. Et si on rajoute un membre si le nombre obtenu précédemment est pair.
Exemple : freguesia de Rio Tinto (municipalité de Gondomar) a 44 786 électeurs : ce qui fait 19 + 1 pour la tranche supplémentaire de 10 000 + 1 pour avoir un nombre pair = une assemblée de freguesia à 21 membres.
En résumé, l'électeur portugais votent trois fois lorsqu'il se déplace au bureau de vote.
Résultats de 2013 :
Câmaras Municipais (308)
PS : 150 câmaras
PSD : 106 dont 20 en coalition avec le CDS
CDU (PCP-PEV) : 34
CDS-PP : 5
DIV : 13
Vereadores (2086)
PS : 923
CDU : 213
PSD-CDS : 822
BE : 8
Autres : 120
Assembleias municipais (6487 membres)
PS : 2659
PSD-CDS : 2589
CDU : 747
BE : 100
Autres : 392
Presidentes de Juntas de Freguesia (3085)
PSD-CDS : 1286
PS : 1282
CDU : 170
Autres : 347
Le PS avait conservé Lisbonne (1ère ville du pays, à l'époque dirigée par un certain Antonio Costa), conquis
Sintra (2ème), Vila Nova de Gaia (3ème), Gondomar (12ème), ou encore Funchal, véritable bastion du PSD à Madère.
Dans les grosses pertes :
Loures (6ème), au profit du PCP
Braga (7ème) au profit du PSD
Les communistes avaient récupéré d'ex-bastions comme Evora, Beja (chefs-lieux de districts) ou encore la symbolique Grândola
Le CDS avait augmenté son nombre de câmaras en prenant notamment des communes sur le PSD
Le PSD, lui avait perdu Porto, Sintra, Coimbra ou encore Funchal. Des pertes compensées par les gains de Guarda, Braga...
L'autre évènement majeur du scrutin, ç’avait été la conquête de Porto par un indépendant (soutenu un peu par le CDS)
Les quelques sondages réalisés montrent un relatif statu-quo. Porto est assez disputé entre le sortant indépendant et le candidat socialiste. L'autre enjeu semble être les scores des candidates PSD sur Lisbonne et Porto. Les sondages les donnent à peine en 3ème position, autour de 10 % chacune. Du jamais-vu ! Et comme elles ont été choisies par Passos Coelho au mépris de la base, ça provoque d'énormes tensions au sein du parti.
A noter aussi que Assunçao Cristas, leader du CDS-PP, est candidate à la mairie de Lisbonne. Elle est donnée loin derrière le sortant PS (successeur de Costa), mais devant la candidate PSD...