La tension continue à monter au FN comme le montrent ces articles très intéressants sur ce blog lié au Monde.fr. Cela rappelle un peu le climat avant la scission mégretiste. Si Gollnisch gagne (c'est peu probable), le FN explose. Si les Le Pen se maintiennent, une nouvelle série de départs de cadres est à prévoir (50% de chances je dirais) à court terme.
Avant les cantonales, ça tombe mal, même si le FN ne peut guère espérer d'élus. En tout cas, sa capacité de nuisance peut en être amoindri.
Cependant, à moyen terme, je ne pense pas que cela soit aussi grave pour le parti. Je ne sais pas combien les partisans de Gollnisch pèsent en terme d'élus régionaux, hors de sa région du Rhône-Alpes, mais l'appareil étant largement dans les mains des Le Pen, les investitures aux régionales ont dû favoriser les "marinistes".
12 octobre 2010
Marine Le Pen et “Minute”: la guerre ouverte ?
La “cover” de l’hebdomadaire d’extrême droite Minute, à paraître mercredi 13 octobre est perçue comme une déclaration de guerre par Marine Le Pen et son entourage. Un titre barre la photo pleine page de la vice-présidente du FN: “Ces marinistes qui veulent tous les pouvoirs”. Le tout renvoie à une double page qui fait état d’“un document explosif”. A savoir “l’organigramme” de la direction d’un futur FN mariniste.Cet article uniquement signé “Minute“, est présenté comme suit: “Dans la bataille pour la présidence du FN, depuis la fin de la semaine dernière, Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen ont sorti les flingues. Pour tirer à vue sur Bruno Gollnisch, accusé de vouloir réintégrer au FN des traîtres et des félons. (…) Notre document indique que la tendance est grande chez certains marinistes de verrouiller l’appareil. Avec des hommes qui sont, pour beaucoup, d’anciens mégrétistes.”
Tout cela intervient dans un campagne interne qui s’est durcie et qui se cristallise autour de la question d’un éventuel retour au Front des “dissidents” (comprendre Carl Lang, Jean-Claude Martinez et Bernard Antony). Bruno Gollnisch y est favorable, les Le Pen père et fille, viscéralement opposés. Face aux réactions épidermiques des marinistes quant à cette perspective, les pro-Gollnisch font valoir que Marine Le Pen a réintégré, dans son entourage proche, d’anciens partisans de Bruno Mégret, comme Steeve Briois, Nicolas Bay ou encore Bruno Bilde.
Cet article, précédé à quelques pages d’un entretien avec M. Gollnisch, recèle quelques piques à l’attention des Le Pen. “Dans la famille Le Pen, on ne lit pas qu’Harry Potter, mais aussi Mickey”; ou encore : “Comme quoi, contrairement à ce qui est colporté, Marine Le pen sait pratiquer le pardon des offenses”.
Du coup Marine Le Pen est persuadée que Minute roule désormais pour Bruno Gollnisch. “Le fait que la fille de Molitor [actuel patron de Minute] soit l’attachée de presse de Bruno Gollnisch explique ce changement de ton radical de Minute. Quoi d’autre peut justifier qu’en trois mois ils aient changé comme ça?”, accuse Mme Le Pen. Elle ajoute: “Larebière [rédacteur en chef de l’hebdomadaire] est le patron des Identitaires qui ont été des concurrents du FN lors des régionales.Il n’y a pas que Woerth qui connaisse des conflits d’intérêts. Minute aussi.” L’attachée de presse de M. Gollnisch, elle, assurait mardi midi “ne pas être au courant” de la dernière livraison de l’hebdomadaire. “Je n’ai rien à voir avec ça. J’ai 29 ans et le cordon avec mon père est coupé depuis longtemps”, se défendait la jeune femme.
“Bas et vil”
Jean-Marie Molitor, le patron de Minute, donc, dément tout engagement particulier de son titre dans la campagne interne. “Minute ne prend pas parti. Ce n’est pas notre rôle. On a eu des pièces. On a fait remonter l’info, on a fait notre boulot. On aurait fait la même chose avec Gollnisch. Si des choses bizarres se passent, on les dénoncera, sinon on serait aux ordres du FN”. S’agissant de la mise en cause de sa fille, il répond: “C’est bas et vil. C’est de la bêtise incarnée. C’est absolument ne pas connaitre ma fille”. Il assure “ne pas avoir de conflits avec Marine Le Pen”. Et ajoute: “J’attends d’ailleurs toujours qu’elle me rappelle”.
Sur le fond, l’article fait état de “quatre ex-mégrétistes devenus marinistes” pressentis “à des postes clés”. Il s’agit de MM. Briois, Bilde, Bay et Philippe Olivier, l’époux de Marie-Caroline Le Pen, l’ainée de la famille. Ainsi, selon cet organigramme, M. Briois serait secrétaire général; M. Bay intégrerait le secrétariat national en prenant en charge les actions catégorielles ainsi que la propagande et M. Bilde serait chef de cabinet. Philippe Olivier deviendrait directeur de cabinet et chargé, au secrétariat national, des campagnes électorales et, pour partie, du média-planning et internet.
Ce “document” donne l’impression d’une garde rapprochée qui cumule tous les postes. Marine Le Pen ne reconnaît aucune valeur à cet organigramme. “J’en reçois 15 par jour de ce genre de trucs. Je ne l’ai même pas vu. C’est l’oeuvre d’un militant de base de 25 ans.” Elle indique: “Je n’ai fait, à ce jour, aucun organigramme. Mais j’en ferai un et il n’aura pas la même tête.”
Les esprits s’échauffent
Bruno Bilde, bras droit de Mme Le Pen, explique: “J’ai reçu ce document mais je ne l’ai pas transmis à Marine”. Indice du climat interne qui tourne à la paranoïa: l’entourage Marine Le Pen laisse entendre que l’ordinateur de M. Bilde aurait pu être “visité”. D’ailleurs, Mme Le Pen dit “qu’elle va conseiller à ce jeune militant de porter plainte [contre Minute] pour recel de vol de correspondance”.
Bref, les esprits s’échauffent au FN et l’on rappelera qu’il reste encore… trois mois à tenir avant le congrès, convoqué les 15 et 16 janvier, à Tours. Au rythme pris depuis quinze jours (voir ici et là), on ignore dans quel état finira le parti d’extrême droite.
Alors qu’au début de la campagne interne, le clan mariniste parassait serein et ne semblait pas craindre Bruno Gollnisch, les choses ont changé depuis que ce dernier joue à tout va la carte de l’unité. Il se dit ouvert à toute réflexion sur un ticket avec Marine Le Pen (Le Monde du 7 octobre), qui le placerait président du FN, tandis sa rivale serait candidate à la présidentielle. Il se pose en rassembleur de la famille FN, prêt à réintégrer les dissidents.
Ce discours d’unité, et plus encore la solution du ticket, commence à mordre chez les adhérents. Ceci explique sans doute la virulence des contre-feux de Marine Le Pen et de son père. Lesquels ont notamment brandi le risque d’une scission (Le Monde du 12 octobre), en cas de victoire de M. Gollnisch. Une façon de combattre l’affichage unitaire de ce dernier, en le désignant comme un diviseur en puissance.
Les Le Pen père et fille sont totalement opposés à la solution de partage des rôles esquissée par M. Gollnisch. Pour elle, le congrès interne vaut primaires: “Le président du FN sera le candidat, le général en chef qui va au combat électoral. C’est la logique des institutions”. Elle juge intenable la double proposition de M. Gollnisch: réintégration et ticket, ne se voyant pas candidate à la présidentielle devant “prendre ses ordres” auprès d’une direction avec MM. Antony, Lang et Martinez.
http://droites-extremes.blog.lemonde.fr/2010/10/12/marine-le-pen-et-minute-la-guerre-ouverte/