Il est exact que les hausses de tarifs, les déremboursements voire les taxes (celle sur les contrats de couverture santé étant supérieure au taux réduit et même au taux intermédiaire de TVA: certains dirigeants mutualistes l'ont résumé sous le slogan "la santé plus taxée que les hamburgers") jouent sur le tarif des complémentaires santé.
Complémentaires que les retraités et les fonctionnaires paient plein pot contrairement aux salariés du privé pour qui l'Accord National Interprofessionnel conclu et transformé en loi sous le quinquennat précédent impose une prise en charge par l'employeur d'au moins 50%... augmentations incluses!
Dans le sondage Elabe, outre la faible cote de l'exécutif parmi les ouvriers (20% Macron, 18% Philippe , -9 points dans les deux cas), on peut retenir le gradient selon la catégorie d'agglomération des sondés: 30% en zone rurale, 33% en petite agglomération, 39 en grande agglomération et 46% en région parisienne pour Macron. Le souci pour l'exécutif étant que les zones peu peuplées sont plutôt sur-représentées électoralement (circonscriptions plus petites à cause des limites des départements, nombre de mairies, de sièges sénatoriaux), ceci étant au demeurant (à mon avis de rural) nécessaire et même insuffisant pour contrer la tendance des métropoles à tirer la couverture à elles. Etre moins populaire dans des zones surreprésentées peut les mener à des déconvenues même si elles pourraient attendre 2022.
L'idéologie "en marche" c'est-à-dire du mouvement perpétuel socio-économique et sociétal s'oppose à la stabilité que vivent, de gré ou un peu de force, certaines strates de population qui tout compte fait préfèrent que ce soit ainsi: pour ceux qui sont à une basse place stable, ils craignent que le mouvement rende les choses pires pour eux.
Ces strates sont plutôt, dirais-je, dans les petites agglomérations, plutôt de faible niveau de formation et peu confiantes dans les miracles supposés de la formation professionnelle, plutôt dans la fonction publique ou en CDI long, plutôt avec des convictions religieuses relativement fermes (vers les deux bouts du spectre traditionnel athée/catholique notamment).
gerguil a écrit:En ce qui concerne les ouvriers ,même s'ils n'ont plus la force de manifester,plus aucun ne se fait d'illusion sur la loi Travail .S'il en était besoin les épisodes Pimkie,Peugeot,Carrefour les éclaireraient sur leur avenir.
Complètement.
Mais pas de jaloux, bientôt des "départs volontaires" chez les fonctionnaires !!!, que va-t- on inventer pour motiver les récalcitrants ? contraintes horaires ? mises au placard ? mutations autoritaires ? ....
Toutes ces contraintes existent déjà dans une certaine mesure mais des mesures sont prévues pour forcer encore plus de mutations, notamment je suppose à une distance importante de leur domicile, ce qui "permettrait" une "optimisation" des effectifs notamment en zone rurale profonde, autrement dit de vider plus vite certains départements de leurs services publics. Une partie de ces départs correspondront au flux habituel de démissions et mises en disponibilité non interrompues (tant qu'à partir, autant toucher la prime), peut-être une partie du stock de ceux qui s'accrochaient à leur poste tout en y étant malheureux mais les agents qui se savent utiles voire surchargés de travail et peu attendus à l'extérieur tendront à rester. Ceux qui seraient très près de la retraite donc sans grandes questions de reconversion partiraient probablement plus volontiers (les pré-retraites progressives à 50% de temps travaillé payé 80 avaient semble-t-il autant de succès dans le public que dans le privé du temps où ce dispositif qui arrangeait tout le monde existait).
Par rapport aux zones rurales, le renchérissement des carburants et la future diminution de la vitesse autorisée sur route tendent à rendre plus chers et plus longs les trajets vers les grandes villes, que ce soit pour travailler au quotidien ou aller dans des services publics (ex. CHU, préfecture) et commerces spécialisés. Donc à renforcer l'isolement, à rendre plus difficile la revente des logements... C'est censé être compensé par la suppression de la taxe d'habitation? Elle est toutefois plutôt plus élevée en grande agglomération: là encore, cela avantage plus ces dernières. Sans mesures de relance de l'industrie et du commerce de centre-ville dans les petites agglomérations (et pas seulement de l'agriculture, qui n'occupe plus qu'une minorité des emplois même en zone rurale), les problèmes et le mécontentement auront tendance à perdurer.