Le SNP fait une performance très moyenne, on est d'accord là -dessus. En tout cas par rapport à tous les sondages c'est une réelle contre-performance. Après si on fait de l'analyse électorale plus précise, le résultat de 2011 était tout de même déjà exceptionnel, et là le SNP progresse encore un peu par circonscriptions. Il ne recule que concernant le vote proportionnel, qui a été clairement négligé par le SNP qui n'espérait pas grappiller beaucoup de sièges là -dessus (à raison d'ailleurs, mais bon vu la majorité absolue s'est peut-être jouée ici).
Il ne faut cela dit ne pas négliger le fait que le SNP gouverne l'Ecosse seul depuis 9 ans maintenant... et c'est donc sa troisième victoire électorale consécutive aux élections régionales. L'usure du pouvoir l'a forcément un peu atteint, et les Ecossais ont probablement voulu ne pas donner tous les leviers du pouvoir à un unique parti (d'autant qu'il représente depuis un an quasi à lui tout seul l'Ecosse à Westminster).
Sinon, la poussée conservatrice est plus importante que prévu c'est vrai, mais je ne pense pas que ce soit une vraie victoire non plus pour les Conservateurs qui ne fait que prospérer sur les ruines du Labour et dans certaines des anciennes terres LibDem. Les LibDem justement s'en sortent plutôt bien, contrairement à attendu ils consolident leurs derniers fiefs et en reconquièrent quelques uns perdus lors de la débâcle de 2011. Après, quand on sait que ce parti était historiquement très fort en Ecosse, ce n'est pas non plus un résultat phénoménal.
Le parti qui perd gros est le Labour, totalement éjecté de ses fiefs de la Central Belt, et tout particulièrement de Glasgow et sa région. Il garde néanmoins de justesse deux fiefs plus ruraux situés à l'extrémité de cette ceinture centrale, et conquiert un ancien fief LibDem au sud d'Edimbourg conquis de justesse par le SNP en 2011.
In fine, le SNP régresse quelque peu dans ces vieux bastions ruraux du Nord de l'Ecosse tout en progressant de nouveau jusqu'à devenir ultra-dominateur dans la Ceinture centrale de l'Ecosse, réalisant notamment un grand chelem inédit sur les 8 circonscriptions de Glasgow. Le contraste avec le SNP de 1999, qui possédait toutes ses circonscriptions en zone rurale, est saisissant.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ ... 99.svg.pngJe pense que cette évolution est due à deux facteurs fondamentaux : premièrement le renouveau relatif des Conservateurs écossais, au fond du trou pendant près de 25 ans et qui restent puissants dans l'Ecosse rurale tout en progressant dans d'anciennes terres LibDem (flagrant sur Edimbourg par exemple et dans l'Aberdeenshire) alors qu'en parallèle le Scottish Labour continue sa chute et perd encore beaucoup de positions dans ses anciens fiefs, secondement l'évolution programmatique du SNP et la lutte résolue pour l'indépendance qui a semble-t-il transformé quelque peu l'électorat du parti, en lui faisant perdre des électeurs ruraux, attachés à la défense de l'identité écossaise plus qu'à l'indépendance qui peut rebuter économiquement et leur faire craindre d'être encore plus isolés qu'ils ne le sont aujourd'hui, tout en lui faisant gagner encore d'anciens électeurs travaillistes, de nombreux membres des classes ouvrières et moyennes de la Ceinture centrale de l'Ecosse, qui avec le déclassement économique sont devenus de fervents partisans d'une Ecosse indépendante (pensant notamment qu'ils n'ont plus grand chose à perdre et que les politiques sociales et économiques d'Holyrood leur sont plus favorables et leur conviennent davantage que celles de Londres, difficile de leur donner tort sur ce point d'ailleurs).
A cet égard, la carte des élections d'hier est très proche de celle du référendum de 2014, qui avait déjà rebattu pas mal de cartes.
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/ ... esults.svgSur la carte du référendum, on voit que l'indépendance rebute beaucoup moins les électeurs de la Central Belt que ceux des zones rurales du reste de l'Ecosse. On observe de forts votes anti-indépendantistes à la fois dans les Lowlands, mais aussi dans la région d'Edimbourg et dans l'Aberdeenshire (ainsi que dans les Orcades et les Shetland). Dans certaines de ces région, l'Aberdeenshire particulièrement, mais même la région d'Edimbourg, le SNP a des points d'appui depuis longtemps, mais c'est là qu'il perd quelques plumes hier. Alors qu'en parallèle il consolide sa domination quasi totale de la Central Belt de l'Ecosse, là où l'indépendance bien que pas forcément majoritaire partout, avait séduit une forte proportion des électeurs en 2014.
Le SNP devient de plus en plus le parti du vote indépendantiste, du même coup, c'est sommes toutes assez logique. Ce qui lui fait perdre quelques électeurs historiques et en gagner quelques autres. Les résultats d'hier apparaissent finalement très proches de ceux du référendum. On voit d'ailleurs la marche (petite certes, mais non négligeable) qu'il reste à franchir pour que l'indépendantisme devienne franchement majoritaire en Ecosse... même si le Brexit pourrait lui fournir un gros coup de pouce s'il intervenait.
Sinon, notons les bons résultats des candidats verts là où ils se présentaient, notamment Patrick Harvie, leur leader qui finit second derrière le SNP sur Glasgow Kelvin. Bon score aussi sur Edinburgh Central... mais bilan moins glorieux car la candidate verte contribue fortement à la perte du siège par le SNP au profit de la leader des Conservateurs écossais.