alamo a écrit:Corondar a écrit:
Je ne sais pas pour l'ensemble des Grecs, en tout cas il semblerait que pour la majorité de l'électorat de Syriza la "trahison" de Tsipras ne justifiait pas de changer de crémerie politique. Il faut croire que ses électeurs aussi se sont convertis au réalisme de l'exercice du pouvoir.
Oh non, pitié, pas le discours sur le « réalisme » politique ! le TINA de Thatcher…
Elle n’avait d’ailleurs rien inventé, la mégère (comme l’appelait Chirac).
Au Moyen-âge déjà , les curés expliquaient aux paysans qui crevaient de fin que s’ils étaient pauvres, c’était Dieu qui l’avait voulu, que c’était donc inéluctable et qu’il fallait courber l’échine sans même caresser l’idée de s’attaquer aux châteaux.
Aujourd’hui on a remplacé Dieu par le marché, les châteaux par les banques et les curés par des journalistes, larbins persuadés de faire partie des puissants, mais sur le fond, le discours est le même depuis mille ans.
En 1940, le « réalisme » commandait de se ranger derrière l’Allemagne nazie (puisqu’elle était sûre de gagner). Heureusement qu De Gaulle, Fabien (le Colonel, pas le politiquemaniaque), Moulin, Guingoin ou Manouchian n’étaient pas »réalistes ».
Et en 20014, il fallait se ranger derrière G.W. Bush et placer des soldats français sous commandement US pour raser l’Irak , sous peine d’être écartés du partage du butin après pillage (position des Sarkozy, Lellouche et Kouchner). Chirac et Villepin n’ont pas été « réalistes », ils ont juste sauvé l’honneur de notre pays (malheureusement mis ensuite plus bas que terre par les deux successeurs de Chirac à l’Elysée)
Tsipras n’a pas trahi, il ne s’est pas converti au « réalisme » de Schaüble, il n’a pas été transformé d’un coup de baguette magique en François Hollande (question look il y perdrait…), il a dû s’incliner devant des pressions comme jamais un pays n’en avait subi en temps de paix, et a sans doute cru sincèrement, à force de se l’entendre répéter, que la sortie de l’Euro serait pire pour la Grèce que la situation actuelle.
Il a dit lui-même ne pas croire à un « plan » qui va achever de ruiner le pays, détruire ce qui reste d’Etat et de protection des plus faibles, plonger la population dans la misère et aggraver irrémédiablement le déficit et l’endettement.
Tout ça pour quoi ? l’enrichissement sans cause de quelques-uns..
Le niveau de l’abstention (premier parti du pays) à une élection censément importante montre qu’une grande partie de la population est désabusée pour ne pas dire désespérée, mais il s’est trouvé une majorité pour préférer un Tsipras vaincu par la dictature de l’Eurofric au retour des crapules qui ont plongé le pays dans le marasme.
Les mentalités évoluent : hier soir au JT, F Lenglet, le très libéral « expert » en économie de nos chaines télévisées ( on ne sait pas pourquoi d’ailleurs, il est titulaire d’une maîtrise de lettres modernes et d’une maîtrise de philosophie), a dit au détour d’une phrase que l’adoption de l’Euro avait fait d’énormes dégâts)
C’est presque une révolution…
Je me borne à constater que Tsipras et les Grecs ne veulent pas quitter la zone euro et qu'ils ont donc décidé d'en tirer les conclusions. Rien de plus rien de moins.
Tsipras, après le référendum, aurait pu décider de claquer la porte. Il ne l'a pas fait, et il semblerait qu'il garde malgré tout le soutien de suffisamment de ses électeurs. Tsipras et ses électeurs ont fait un choix. Il en existait un autre. Quant à savoir si ce choix a été librement consenti ou exercé sous pression, je noterai juste qu'avec le référendum Tsipras et les Grecs avaient l'opportunité et les moyens. Ils les ont laissés passer parce qu'ils ont considéré qu'in fine la zone euro avait plus d'avantages que d'inconvénients.
On peut le regretter, ou pas d'ailleurs, mais c'est ainsi.
Quant au "réalisme politique", là aussi je constate que lorsqu'un mouvement arrive au pouvoir sur un programme très à gauche ou révolutionnaire, soit il bascule à droite, soit il se fracasse sur les "puissances de l'argent" pour reprendre un terme que j'affectionne :). Je ne sais pas si c'est du réalisme, mais c'est la réalité.