de maxxx » Mer 20 Oct 2010 17:54
Je partage les constats de Jean-Philippe, mais en mettant Valognes dans le même lot que Coutances ou Carentan.
Valognes et Coutances ont la particularité d'avoir été perdus en 2004 par les deux députés UMP Alain Cousin, 63 ans, et Claude Gatignol, 72 ans, qui ont eu aussi l'habitude de réaliser de très bons scores aux législatives. Alain Cousin avait été sorti d'assez peu en 2004, avec 48.1% contre 51.9% à son adversaire socialiste, devenu conseiller général, alors qu'il siégeait au conseil général depuis 1985. Il avait depuis cette date obtenu des scores souvent serrés mais face à un candidat DVD. Claude Gatignol avait quant à lui subi un très sévère camouflet sur le canton Valognes, ville dont il fut par ailleurs adjoint au maire du temps où la sénatrice Anne Heinis dirigeait la ville (1983-1995) : mauvais score au premier tour (38% en étant candidat unique de la droite) et chute au second tour (43.6% contre 56.4% au candidat PS).
Deux cantons qui avaient donc plutôt sanctionné leurs sortants, du fait de l'usure des députés, auquel on peut rajouter Carentan : le conseiller général DVD Jean-François Landry avait été battu d'extrême justesse (49.7% contre 50.3% au candidat PS Houel) ; il n'était élu que depuis 1998 certes mais l'usure venait pour lui du fait qu'il était maire de Carentan depuis 1978 - il était en tête sur sa ville mais avec à peine 50.5% au second tour.
En 2011, ces configurations vont changer du tout au tout : la droite s'est largement maintenue, dès le premier tour, dans sa ville de Coutances, tout en conservant de justesse (51.8 contre 48.2% à la liste PS-MODEM du conseiller général) à Carentan en 2008. Cependant, même sur Carentan, le fait que le maire sortant DVD depuis 30 ans se soit retiré rabat pas mal les cartes, surtout si le nouveau maire, Jean-Pierre Lhonneur (UMP), part au combat. Il a depuis 2008 eut le temps de se construire politiquement en tant que maire.
C'est encore plus vrai sur Valognes : il faut surtout comprendre l'écart important au profit du PS en 2004 du fait de l'usure de Claude Gatignol - ce qui avait d'ailleurs conduit à des débats importants et des pressions sur l'option d'un retrait du député en 2007 - il avait au final été réinvesti par l'UMP mais avait réaliser un score en-deçà des résultats triomphants habituels (un petit 55% au second tour dans une circonscription où il obtenait généralement des scores supérieurs à 60%). La mairie de Valognes a en plus basculé à droite en 2008, après avoir été détenue par le PC pendant deux mandats (1995-2008) : en quadrangulaire, la liste de Jacques Coquelin, soutenue par l'UMP et sur laquelle figurait Jean-Louis Valentin, 46 ans, énarque ambitieux et qui a récemment démissionné de la Fédération française de football (FFF), de laquelle il était directeur délégué. Il est par ailleurs président de la communauté de communes et en piste pour les sénatoriales de 2011...Il ne devrait donc pas partir au combat aux cantonales mais le nouveau maire UMP Jacques Coquelin pourrait quant à lui être un très sérieux concurrent...Le sortant PS aura en tout cas probablement plus de mal qu'en 2004 à se faire élire.
A droite, le canton le plus menacé est certainement le canton de Saint-Lo-Ouest : le maire UMP de la ville, élu depuis 1995 et la prise de la ville, qui vote structurellement à gauche, François Digard, n'a été réélu en 2008 qu'avec 53% des voix, après avoir triomphé avec 62% en 2001 et le canton est de la ville a été arraché par la gauche. Le contexte local est donc moins évident pour la droite. François Brière, conseiller général DVD sortant, élu d'assez peu en 2004 (51.7%), est contesté à sa droite depuis son conflit avec François Digard : il n'a pas digéré le fait que ce dernier place son ancien directeur de cabinet, Ugo Paris (SE), au poste de 1er adjoint, que le maire lui aurait promis en échange d'une participation dès le premier tour sur sa liste (François Brière s'étant habitué à la dissidence en se présentant aux législatives face au candidat UMP désigné, soutenu par Jean-François Le Grand, président du conseil général, Philippe Gosselin : il avait obtenu un peu plus de 10% contre 38% à ce dernier.
Deux points jouent cependant en faveur de la droite même si ces divisions seront difficiles à surmonter : la droite était déjà très divisée en 2004, avec 4 candidats UMP ou DVD donc ce n'est pas une nouveauté et ces divisions n'avaient pas empêché François Brière de passer. Par ailleurs, la ville d'Agneaux est restée à l'UMP et subsiste comme fief de droite dans ce canton, ce qui lui apporte des réserves de voix.