Politiquemania

La base de données de la vie politique française

La vie politique au Chili

Ce forum permet de réagir sur tous les évènements politiques qui ne concernent ni la France ni l'Europe. Exprimez-vous sur les élections, décisions ou nominations dans le reste du monde.

Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Lun 12 Nov 2012 01:07

Un petit bilan pour mieux apprécier les choses

Communes élisant 10 conseillers

Arica : Parti Progressiste
Antofagasta : indépendante
Valparaiso : UDI
Viña del Mar : UDI
Rancagua : UDI
Talca : divers droite
Concepcion : PDC
Temuco : RN
Puerto Montt : PS

La Florida : UDI
Las Condes : UDI
Maipu : PDC
Ñuñoa : contentieux électoral
Peñalolen : PDC
Puente Alto : UDI
San Bernardo : UDI
Santiago : PPD

Communes élisant 8 conseillers

Iquique : régionaliste
Calama : parti progressiste
Copiapo : régionaliste
Coquimbo : PDC
Ovalle : indépendant
La Serena : PRSD
Quilpué : PS
San Antonio : PRSD
Villa Alemana : divers droite
Curico : PDC
Linares : UDI
Chillan : divers droite
Coronel : UDI
Hualpen : PPD
Los Angeles : PRSD
Talcahuano : divers gauche
Valdivia : UDI
Osorno : PDC
Punta Arenas : apparenté PPD

Cerro Navia : RN
Conchali : PPD
El Bosque : PS
Estacion Central ; UDI
Independencia : PS
La Cisterna : PPD
La Granja : PDC
La Pintana : PPD
La Reina : PDC
Lo Espejo : PPD
Lo Prado : PPD
Macul : PDC
Melipilla : PPD
Pedro Aguirre Cerda : PCCh
Providencia : indépendante de gauche
Pudahuel : PS
Quilicura : indépendant (ex PDC)
Quinta Normal : PDC
Recoleta : PCCh
Renca : UDI
San Joaquin : PPD
San Miguel : PS
San Ramon : PS
Vitacura : RN

Sur dix sept municipalités élisant dix conseillers, la coalition de droite dispose de neuf d'entre elles, la coalition de centre gauche de quatre mairies, la coalition de gauche d'une, le parti progressiste d'une, les indépendants d'une.
Une commune reste non attribuée pour cause de contentieux électoral.

Sur quarante trois municipalités élisant huit conseillers, la coalition de droite gère neuf communes, la coalition de centre gauche treize, la coalition de gauche quatorze, les indépendants proches de la gauche trois, les progressistes une, les régionalistes deux et les indépendants une.

La poussée à gauche s'est donc clairement exprimée dans ces villes et singulièrement sur la région de la Capitale.

Nous verrons dans d'autres articles comment fonctionnent les Assemblées chiliennes, avec leurs qualités et leurs défauts.

De même que nous ferons un retour sur quelques données historiques particulières du pays, notamment en matière de généalogie politique...
vudeloin
 
Messages: 8288
Inscription: Mer 5 Jan 2011 11:39
Avertissements: 3

Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Mar 13 Nov 2012 01:28

Le prochain rendez vous politique du Chili est évidemment fixé à l'élection présidentielle de la fin de l'année 2013 et des élections législatives qui suivront.

Un premier principe existe, fixé par la loi organique relative au Congrès, c'est celui du non cumul des mandats qui veut que tout parlementaire ne peut exercer la moindre fonction élective locale (maire, conseiller municipal ou conseiller régional), non cumul rendu plus facile, soit dit en passant, par le nombre relativement réduit de postes à pourvoir (345 maires, 170 conseillers dans les plus grandes communes, 344 dans les villes de taille moyenne et 1 710 dans les communes comptant six conseillers ; 120 députés ; 38 sénateurs ; 12 à 25 conseillers régionaux par Région) et par application du scrutin proportionnel.

Même s'il se trouve que le scrutin proportionnel est assorti d'un vote préférentiel et de règles particulièrement délicates quand il s'agit d'élire les membres du Parlement.

Comme le montre l'article 109 bis de la loi 18700 relative aux opérations électorales au Chili.

 Artículo 109 bis.- En el caso de elecciones de Parlamentarios, el Tribunal proclamará elegidos Senadores o Diputados a los dos candidatos de una misma lista, cuando ésta alcanzare el mayor número de sufragios y tuviere un total de votos que excediere el doble de los que alcanzare la lista o nómina que le siguiere en número de sufragios.

    Si ninguna lista obtuviere los dos cargos, elegirá un cargo cada una de las listas o nóminas que obtengan las dos más altas mayorías de votos totales de lista o nómina, debiendo el Tribunal proclamar elegidos Senadores o Diputados a aquellos candidatos que, dentro de cada lista o nómina, hubieren obtenido las más altas mayorías.

    Si el segundo cargo por llenar correspondiere con igual derecho a dos o más listas o nóminas, el Tribunal proclamará electo al candidato que hubiere reunido
mayor cantidad de preferencias individuales.

    En caso de empate entre candidatos de una misma lista o entre candidatos de distintas listas o nóminas, que a su vez estuviesen empatadas, el Tribunal procederá, en audiencia pública, a efectuar un sorteo entre ellos, y proclamará electo al que salga favorecido.

En clair, dans une circonscription donnée, si une liste obtient 55 % et la seconde liste (ou second « pacte électoral ») 30 %, les deux sièges seront attribués au meilleur candidat de la première liste et au meilleur candidat de la seconde liste.

Si, par contre, nous avons une liste à 52 %, une deuxième liste à 24 % et une troisième à 18 %, c'est la liste ayant obtenu 52 % qui obtient les deux élus.

Pour l'élection des conseillers municipaux (que je n'ai fait qu'ébaucher), le principe est encore plus simple et complexe à la fois.

On fait le total de voix obtenues, au scrutin préférentiel, par les 6,8 ou 10 candidats d'une liste présentée soit par un parti politique, soit par une alliance de partis différents et d'indépendants.

On procède également au même calcul pour les tickets incomplets.

Ensuite on prend le nombre de votes émis qu'on divise par le nombre de sièges à pourvoir, constituant un quotient.

Dès que l'un des totaux constitués par les listes de candidats est supérieur à ce quotient, la liste concernée obtient un, deux ou trois élus ou plus...

Ainsi, dans une ville élisant dix conseillers, si nous avons une liste à 38 %, une seconde liste à 26 %, une troisième à 14 %, puis 22 % répartis entre une liste à 8 %, une liste à 7 %, un candidat isolé à 5 % et un autre à 2 %, nous avons, dès le départ, six sièges attribués.

En l'espèce, trois à la première liste, deux à la seconde, un pour la troisième.
Le quatrième élu de la liste A est à 9,5 %, le troisième de la seconde à 8,66 % et le second de la troisième liste à 7 %.

De fait, la liste 1 obtient un quatrième siège, la liste 2 un troisième avant que la liste 4 n'obtienne un siège.
Quant au dixième élu, il va au bénéfice de la liste 1 (le 5e siège est à 7,8 %).

Vous avez tout suivi ?
vudeloin
 
Messages: 8288
Inscription: Mer 5 Jan 2011 11:39
Avertissements: 3

Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Mer 14 Nov 2012 16:43

Le Tribunal des contentieux électoraux (Tricel ou Tribunal Calificador de Elecciones) a inversé le résultat de la municipalité de Ñuñoa en donnant 34 247 voix au sortant de droite, le RN Pedro Sabat, et 34 217 à la candidate socialiste, Maya Fernandez Allende.

Cette décision, que le PS chilien va sans doute contester devant les juridictions compétentes, donne donc une vingtième municipalité de droite dans la région de la Capitale.
vudeloin
 
Messages: 8288
Inscription: Mer 5 Jan 2011 11:39
Avertissements: 3

Re: La vie politique au Chili

Messagede vudeloin » Mer 14 Nov 2012 22:14

Comme un certain nombre de lecteurs ont pu s'en rendre compte, le personnel politique chilien est assez largement composé de personnes ayant des ascendances diverses mais également relativement typées, puisque, entre autres, l'élément originel basque est singulièrement présent au Chili et qu'il y côtoie en particulier l'élément français, les originaires d'Allemagne et de Croatie, parfois des personnes venues d'autres origines.

Pour ce qui est des noms d'essence castillane, il convient de se rappeler que les noms castillans les plus usuels (Martinez, Gonzalez, Hernandez ou Marquez pour donner quelques exemples précis) sont parfois trompeurs quant à l'origine des personnes concernées, car ils ont souvent été attribués aux autochtones (Mapuches, Aymaras, par exemple) par le colonisateur.

On notera cependant que certains noms indiens subsistent parfois et expliquent certains assemblages d'état civil au demeurant assez surprenants pour nous.

Prenons cependant quelques exemples de familles ayant laissé une trace dans la vie politique et l'histoire du Chili.

Par exemple, la famille Allende, que nous retrouvons pour le président de l'époque de l'Unité Populaire, Salvador Allende Gossens, pour la candidate pour le moment malheureuse de la municipale de Ñuñoa, Maya Fernandez Allende, pour l'écrivaine Isabel Allende Llona, nièce du président ou pour Maria Isabel Allende Bussi, la fille du Président, un temps députée de la région Métropolitaine et présidente de la Chambre.

Le premier Allende qui vient au Chili est Juan Ortiz de Allende y Guevara, né à Bilbao en décembre 1584 et arrivé au Chili en 1602 (au tout début du XVIIe siècle donc) où il exerce moult fonctions publiques et militaires, comme Syndic et procurateur de Santiago, capitaine et maître de camp, marié en 1613 à Costanza de Uriona y Escobar, née à Santiago de la première immigration espagnole.

Juan Ortiz de Allende aura notamment un fils, Diego, devenu évidemment Ortiz de Allende Uriona, qui de son mariage avec une Juana Perez Carrasco Nunez de Silva, va avoir pas moins de neuf enfants dont deux vont donner une lignée particulièrement complexe, sans compter un enfant naturel.

Le premier est Pedro de Allende Carrasco, né en 1650 et mort en 1741 (!), qui va avoir quatre enfants, s'implanter de manière durable dans la région de Quillota et de San Felipe, c'est à dire dans la région de Valparaiso.

Cette lignée va conduire jusqu'à Jaime Delvalle Alliende, avocat, né en 1931 et qui sera ministre des Affaires Etrangères sous Pinochet.

La lignée partie de José de Allende Carrasco, né en mars 1659, nous amène à José Gregorio Allende Garcès, compagnon de combat de Bernardo O'Higgins, puis à Ramon Allende Padin (son fils), né en 1845, médecin chirurgien militaire, député de Santiago, puis des provinces du Nord, puis sénateur d'Atacama, tout en exerçant, à la fin de sa vie assez brève (il est mort en 1884), la fonction de Grand Maître de la Loge maçonnique du Chili.
Marié en 1869 à Valparaiso à Eugenia Castro del Fierro, Ramon Allende aura trois enfants (Ramon, Tomas et Salvador, celui ci étant le père de celui qui deviendra Président du Chili).

Ramon Allende fut membre du parti radical chilien et surnommé « el Rojo » (le Rouge) pour ses positions modernistes et anticléricales.

C'est Salvador Allende Castro, avocat, notaire, poète et écrivain de Valparaiso, qui, en se mariant avec une dame Laura Gossens Uribe (encore l'élément basque), aura comme fils Salvador Allende Gossens, né en 1908 à Valparaiso et beau frère d'Eduardo Grove, médecin, maire de Viña del Mar.

Une autre famille intéressante de notre vie politique chilienne est la famille Letelier, dont l'origine française ne fait évidemment pas le moindre doute.

La famille Letelier a ainsi fourni au pays le fondateur du parti radical, Valentin Letelier Madariaga, recteur de l'Université du Chili, né en 1852 à Linares (région du Maule), l'ancien Ministre de Salvador Allende, Sergio Letelier del Solar, assassiné à Washington en 1976 par des agents de la dictature, Juan Pablo Letelier Morel, actuel sénateur de la région d'O'Higgins, Tomas Jocelyn Holt Letelier, ancien député DC de Santiago jusqu'en 2000 ou encore, bien avant, Pedro Letelier Silva, sénateur pour Talca (région du Maule encore) au début du XX e siècle et Vice Président du Sénat, sous les couleurs du Parti Libéral Démocratique, parti qui soutiendra notamment l’action du Président Balmaceda à la fin des années 1880 ; mais encore le compositeur Alfonso Letelier Llona (un nom que l’on retrouve dans la lignée Allende) qui s’est marié avec une demoiselle Subercaseaux, famille landaise d’origine extrêmement fréquente au Chili.

Les Letelier ont aussi fourni au Chili moult élus, députés et sénateurs, et le général Ambrosio Letelier y Rojas (1838-1900), officier général pendant la guerre du Pacifique.

Originaires de Saint Malo où ils étaient connus sous le nom de L’Hôtelier et Floret, les Letelier sont arrivés au Chili au début du XVIIIe siècle, leur présence étant attestée dès cette époque sur Curico et Talca (région du Maule).

Une des branches de la famille s’y est d’ailleurs mélangée avec une autre famille venue de Saint Malo et installée dans un premier temps du côté de Cauquenes pour y faire commerce, à savoir celle de Guillaume Pinochet, connu sous le surnom « El Frances don Guillermo ».

Le petit fils de Don Guillermo, également prénommé Guillermo (Guillaume) Pinochet y Bravo de Villalba se marie en 1797 en secondes noces avec Maria del Rosario Letelier Verdugo dont il aura rien moins que quatorze enfants.

A l’origine, en fait, le premier Pinochet aura dix enfants de son mariage avec une demoiselle De La Vega Montero, native de Concepcion, qui vont générer les différentes branches de la famille et dont les rejetons croiseront la route des Letelier, au moins à deux reprises puisque nous avons pointé le cas de Guillermo, petit fils du premier des Pinochet mais que nous ne pouvons également oublier celui d’Alejandro de la Cruz, son frère, premier militaire de la famille (colonel de la milice de Cauquenes entre autres grades), qui aura comme petit fils un certain José Manuel Pinochet Letelier, dont seront issus onze enfants (Pinochet Letelier), vingt et un petits enfants connus (Pinochet Letelier, encore, Pinochet Dominguez, Pinochet Zambrano et Pinochet Vera) et au moins treize arrière petits enfants nommés Pinochet Leon ou Pinochet Ugarte, rang de famille où l’aîné s’appellera Augusto José Ramon, né en 1915 et devenu qui vous savez…

Pour la famille Frei, qui a fourni deux Présidents au Chili (Eduardo Frei Montalva dans les années 60 et Frei Ruiz Tagle dans les années 90), il importe de revenir au départ, c’est-à-dire à la famille Montalva, implantée sur Concepcion mais surtout dans le Sud, à Osorno, où la plupart des Montalva ont fait souche, en se mêlant d’ailleurs assez souvent aux Saavedra, émigrés galiciens comme leur nom le laisse supposer.

(je rappelle qu’on appelle souvent Gallego n’importe quel Espagnol ayant émigré vers l’Amérique Latine, vu la propension sérieuse de cette région de l’Espagne à fournir des émigrants).

Et comme la région d’Osorno est aussi l’une des plus marquées par la présence allemande et/ou germanique au Chili, il s’est trouvé un jour qu’un M. Frei, venu de Zurich, a fini par se marier avec une Mlle Montalva…

Le hasard et la vie sont ainsi faits que si l’on regarde par exemple ce qu’il advint des ancêtres du Président Lagos Escobar, on découvre, au fil du temps, l’arrivée au Chili de pauvres soldats d’Estrémadure, venus s’implanter dans le pays du côté de Chillan et ayant ramifié dans l’ensemble de la région au point qu’il y aurait un fort lointain cousinage entre l’ex Président et Pablo Neruda, descendant d’un Lagos Arias de Chillan à la fin du XVIIIe siècle.

Quant à l’ancienne présidente Michelle Bachelet, ses origines nous emmènent en France et singulièrement en Bourgogne, pendant plusieurs siècles, du côté de Chassagne Montrachet, où la famille est vigneronne de père en fils.

Le premier Bachelet, Louis Joseph, vient au Chili en 1860 pour travailler la vigne appartenant alors aux Subercaseaux (autre famille française ayant fait souche au Chili), dans la région située au Sud de Santiago.

La plupart des Bachelet vont rester dans les activités agricoles et notamment viticoles.

Les sept enfants de Louis Joseph vont faire de subtils mariages, notamment avec des familles d’origine suisse ( les Contesse et les Brandt), le tout produisant huit petits enfants, connus au moins, et un nombre conséquent d’arrière petits enfants, treize enfants dans la génération suivante (celle du Général Bachelet) avant d’en arriver à la génération de l’ancienne Présidente, née en 1951.
vudeloin
 
Messages: 8288
Inscription: Mer 5 Jan 2011 11:39
Avertissements: 3

Re: La vie politique au Chili

Messagede Jean-Philippe » Ven 15 Nov 2019 11:57

Alors que de violentes manifestations ont ébranlé le pays et le gouvernement conservateur de Sebastian Piñera depuis deux mois, concernant notamment les très fortes inégalités héritées de l'époque de Pinochet, coalition gouvernementale et partis d’opposition sont parvenus à se mettre d’accord sur une modification de la constitution. Le référendum aura lieu en avril 2020.
Jusqu'à présent, aucun changement n'était possible à cause du fait que la majorité nécessaire au parlement pour la modifier était de 2 tiers.
https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html
Jean-Philippe
Animateur du site
Animateur du site
 
Messages: 9325
Inscription: Sam 26 Sep 2009 21:11
Localisation: Mayenne

Re: La vie politique au Chili

Messagede ploumploum » Sam 24 Oct 2020 09:17

Jean-Philippe a écrit:Alors que de violentes manifestations ont ébranlé le pays et le gouvernement conservateur de Sebastian Piñera depuis deux mois, concernant notamment les très fortes inégalités héritées de l'époque de Pinochet, coalition gouvernementale et partis d’opposition sont parvenus à se mettre d’accord sur une modification de la constitution. Le référendum aura lieu en avril 2020.
Jusqu'à présent, aucun changement n'était possible à cause du fait que la majorité nécessaire au parlement pour la modifier était de 2 tiers.
https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html


Je remonte le sujet car le référendum prévu en avril se tiendra finalement ce 25 octobre après un report dû au Covid-19.

Jusqu'à présent, aucun changement n'était possible à cause du fait que la majorité nécessaire au parlement pour la modifier était de 2 tiers.


Aucun changement de fond plutôt encore que c'est quasiment pas vrai car malgré des conditions de modification assez strictes, la Constitution chilienne adoptée sous Pinochet a été amendée à plusieurs reprises avec à la clé une démocratisation peut-être trop lente mais bien présente :
https://es.wikipedia.org/wiki/Constituc ... _1980#1989
J'invite à voir le point 4 de cet article espagnol de wikipedia.
Parmi les grandes réformes, il y a la réduction du mandat présidentiel de 8 à 6 puis à 4 ans, la fin des sénateurs à vie ou désignés, l'augmentation du nombre de parlementaires pour améliorer la représentativité...

A noter que les électeurs seront appelés à se prononcer sur deux questions :
- la première portant sur la volonté ou non d'une nouvelle Constitution. Les sondages donnent un Oui large vainqueur avec plus de 65 %

- la seconde porte sur le type d'organe devant rédiger la nouvelle Loi Fondamentale : convention constituante mixte composée de parlementaires en place et de citoyens ou bien une assemblée constituante élue à cet effet.
Ici, les sondages donnent l'option "Assemblée constituante" vainqueur.

A noter que si la première question fait consensus (majorité gouvernementale et opposition de centre-gauche sont favorables à un nouveau texte), la deuxième est marquée la divergence d'opinion entre les partis de la majorité qui soutiennent l'option de la convention mixte et les forces de l'opposition qui sont en faveur d'une Assemblée constituante.
ploumploum
 
Messages: 16362
Inscription: Ven 11 Mar 2011 18:24
Localisation: Séquano-Dionysien

Re: La vie politique au Chili

Messagede tonyhealer » Mar 18 Mai 2021 17:32

Les Chiliens étaient appelés aux urnes samedi 15 et dimanche 16 mai pour quatre scrutins simultanés : maires, conseillers municipaux et gouverneurs régionaux devaient être renouvelés et une convention constitutionnelle élue afin de rédiger une nouvelle constitution de la République.

C'est une surprise électorale: débâcle des partis traditionnels, « nuit des longs couteaux » au sein de la droite, début de la fin pour les héritiers de Pinochet, énorme défaite du président Sebastián Piñera — qui l’a reconnue lui-même —, victoire du mouvement populaire... Depuis hier soir, la presse chilienne multiplie les superlatifs pour cerner le séisme politique qui vient de secouer la cordillère des Andes. Personne, surtout pas les instituts de sondages, n’avait anticipé un tel bouleversement!

Tout d’abord, en ce qui concerne la constituante : la coalition de droite a du ravaler sa morgue. Ses dirigeants semblaient sûrs de réussir au moins à remporter un petit tiers des sièges (soient 52 sur 155), lui assurant ainsi une minorité de blocage et un droit de veto sur tous les articles de la future Constitution : c’est raté. Avec un peu plus de 23 % des voix, « Chile Vamos » devra se contenter de 37 sièges. C’est aussi un châtiment et une humiliation pour le président en exercice, M. Piñera, responsable de la crise que vit son pays depuis des mois.

Autre surprise, les rapports de force au sein de l’opposition de gauche se trouvent largement inversés. La liste qui regroupait le Parti communiste et le Front large (Frente amplio, nouvelle gauche issue des mouvements des années 2010) réussit son pari avec 28 élus constituants (18 % des suffrages exprimés). À l’inverse, les partis sociaux-libéraux de l’ancienne Concertation, qui ont gouverné de 1990 à 2010 sans remettre en cause l’héritage économique de la dictature, n’obtiennent que 25 sièges (dont 15 pour le Parti socialiste et seulement 2 pour la Démocratie-chrétienne).

Gauche et centre-gauche ne représenteront cependant qu’un tiers de l’assemblée. La véritable surprise vient surtout de l’ampleur du vote en faveur des « indépendants » qui raflent au total 48 sièges, marquant définitivement le rejet, massif, des partis politiques. Il s’agit d’un ensemble de candidatures très hétérogènes, incluant des complotistes et conservateurs notoires. Mais une majorité critique l’héritage autoritaire et néolibéral des dernières décennies. C’est particulièrement le cas des candidats de la « liste du peuple », qui regroupait des représentants des mouvements sociaux et de la société civile organisée, et qui avec 24 sièges fait entrer au sein de la constituante des figures de la révolte d’octobre, comme la « tante Pikachu » ou encore plusieurs dirigeantes du mouvement féministe, dont Mme Alondra Carillo. D’ailleurs, dans cette élection les femmes ont eu de bien meilleurs résultats que les hommes, certaines d’entre elles devant même renoncer à leur siège au nom du respect de la parité au sein de la convention constitutionnelle...

Ainsi, si la droite perd le droit de veto qu’elle espérait, des alliances entre des représentants de la gauche sociale et politique pourraient permettre de gagner les deux tiers de l’assemblée et commencer — enfin — à déconstruire le néolibéralisme chilien.

La colère s’est aussi exprimée dans les urnes avec les élections municipales et celles des gouverneurs régionaux, dont il faudra analyser plus en détails les résultats. M. Jorge Sharp (gauche anti-néolibérale) est confortablement réélu à Valparaiso, ainsi que M. Daniel Jadue, maire communiste de la commune de Recoleta, dans la région métropolitaine (avec plus de 64 % des voix exprimées). Très populaire, M. Jadue est un candidat déclaré pour l’élection présidentielle qui aura lieu dans environ six mois. De quoi faire trembler un peu plus la droite et les sociaux-libéraux.

À Santiago, Mme Irací Hassler, militante féministe et communiste trentenaire, l’emporte face à M. Felipe Alessandri (droite) qui s’était fait remarquer par ses déclarations misogynes et anticommunistes durant la campagne. Au niveau des gouverneurs, la victoire de M. Rodrigo Mundaca à Valparaiso, militant écologiste, défenseur de l’eau comme bien commun, a été célébrée dans l’euphorie et la joie par de nombreux militants d’organisation sociales et environnementales.
tonyhealer
 
Messages: 5
Inscription: Mar 18 Mai 2021 13:02

Re: La vie politique au Chili

Messagede Fabien » Jeu 20 Mai 2021 17:01

Plusieurs scrutin se déroulaient le week-end dernier au Chili: les élections à la convention constituante, les élections des maires et conseillers municipaux, et celles des gouverneurs (qui jusqu'à présent été nommés). Seules ces dernières prévoient un second tour, quand aucun candidat ne dépasse les 40% des suffrages exprimés.
Globalement, c'est une déroute pour la coalition de droite au pouvoir, qui n'a pas réussi à limiter les dégâts malgré son unité, et un succès pour la gauche et les indépendants. La participation est faible.

élections à la constituante:

En avant pour la Chili (droite à extrême-droite, dont le RN, parti du président, et son allié habituel l'UDI): 19,66% 37 sièges
Approbation Dignité (gauche, dont le parti communiste et diverses formations politiques nées des mouvements sociaux des années 2010): 17,92% 28 sièges
Listes du Peuple (coalition de listes indépendantes ancrées à gauche, souvent issues du mouvement social de 2019): 15,07% 25 sièges
liste d'approbation (centre et centre gauche, dont PS, parti démocrate chrétien, et autres formations social démocrates et social-libérales issues de l'ancienne "concertation" au pouvoir de 1989 à 2009 et de 2013 à 2017: 13,82% 25 sièges
indépendants non-neutres (centre): 8,45% 11 sièges
17 sièges sont réservés aux populations indigènes.

On notera que la droite échoue à obtenir la minorité de blocage du tiers des sièges.

élections des maires

EAC: 26,02% 88 sièges (-58)
Unité Constituante (PS,PDC, etc.) 23,88% 128 sièges (-11)
Front Large (gauche) 7,8% 12 sièges (+11)
Chili Digne (PC et alliés) 6,62% 9 sièges (+6)
Dignité Maintenant (gauche) 3,38% 3 sièges (+3)
indépendants 105 sièges (+53)

élections des conseillers municipaux

EAC 773 sièges
UC 1011 sièges
CD 206 sièges
FL 132 sièges
DM 53 sièges
écologistes et indépendants 47 sièges
Republicanos (extrême droite, alliés du RN et de l'UDI au pouvoir pour les élections à la constituante) 11 sièges
indépendants 16 sièges

élections des gouverneurs

Attention, plusieurs de ces coalitions et partis ne se présentant pas partout, leur score en est mécaniquement minoré!

UC 25,87% 2 élus au premier tour
EAC 19,41%
FL 16,51% 1 élu au premier tour (à Valparaiso, le militant pour le droit à l'eau Rodrigo Cabrera, couronné de multiples prestigieux)
écologistes et indépendants 11,64%
PH (gauche) 5,94%
PC 3,83%
Rep. 3,42%
FREVS (écologistes) 3,02%
Parti de l'Egalité (extrême gauche) 2,24%
Union Patriotique (extrême gauche) 1,02%

Alors même que le mode de scrutin semblait taillé sur mesure pour la droite, unie là où la gauche est divisée, c'est pourtant cette dernière qui tire son épingle du jeu. Non seulement la coalition gouvernementale n'a aucun élu au premier tour, mais elle est même éliminée dans 4 régions sur 16, et souvent en ballotage difficile dans les 9 autres, faute de réserve de voix...

Même s'il est difficile de projeter ces résultats sur la présidentielle, ils me semblent rendre relativement crédible l'hypothèse d'un second tour sans la droite, opposant Unité Constituante et un représentant des formations situées sur sa gauche, pour peu qu'elles parviennent à s'unir. Ce serait un véritable séisme politique.
Fabien
 
Messages: 2013
Inscription: Lun 12 Oct 2009 07:49

Re: La vie politique au Chili

Messagede alamo » Sam 22 Mai 2021 09:24

D'autant que celui qui aujourd'hui est en tête dans tous les sondages de premier tour (24%) et souvent donné gagnant au second est le maire communiste de Recoleta Daniel Jadue, d'origine palestinienne, un des rares hommes (et femmes) politiques ayant participé aux manifestations de l'automne dernier.

Et là effectivement son élection serait un séisme régional et international.
A annoncer alors avec beaucoup de précautions à Biden si l'on se soucie de sa santé... ;-D

Rappelons par ailleurs que Santiago du Chili (qui vient d'élire une trentenaire appartenant au PC), en population, c'est deux fois Paris intra-muros...
alamo
 
Messages: 3339
Inscription: Lun 16 Avr 2012 14:22

Re: La vie politique au Chili

Messagede Corondar » Sam 22 Mai 2021 09:43

alamo a écrit:Et là effectivement son élection serait un séisme régional et international.
A annoncer alors avec beaucoup de précautions à Biden si l'on se soucie de sa santé... ;-D


Ce qui est assez drôle c'est que la droite américaine considère désormais Biden aussi comme un communiste :). A la louche, je dirais que pour un tiers de la population américaine, l'élection d'un communiste au Chili serait perçue comme l'élection d'un camarade de Biden :).
Alors bien sur, nous on sait que Biden n'est pas communiste, mais je pense que beaucoup d'Américains le perçoivent réellement comme ça...
Et, il faut quand même bien avouer que lorsqu'on regarde le programme économique et social de Biden à l'heure actuelle (notamment ses projets de hausses d'impôts pour les plus riches et les sociétés et ses projets de lutte contre la fraude fiscale), il me parait nettement plus à gauche que beaucoup de politiciens européens qui se revendiquent de gauche. De là à lui faire éventuellement apprécier l'élection d'un communiste au Chili, peut-être pas quand même, en effet :).
Corondar
Animateur du site
Animateur du site
 
Messages: 5285
Inscription: Mar 26 Jan 2010 01:57
Messages : 1 (détails)

PrécédenteSuivante

Retourner vers Politique dans le monde

Vidéos

Découvrez notre sélection de vidéos en lien avec l'actualité.

Voir toutes les vidéos

Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités