Le PS et la limitation du cumul des mandats

[esteban91]

Martine Aubry a été très claire : les députés et sénateurs "cumulards" vont devoir "immédiatement" démissionner de l'un de leurs deux mandats, président d'exécutif ou parlementaire ...
Ces cumulards sont encore extrêmement nombreux dans les deux assemblées : les députés Terrasse, Emmanuelli, Guedj, Rodet, Claeys, Martin du Gers, Destans, ..., les sénateurs Patriat, Rebsamen, Eblé, Collomb, Ries, Mazuir, Krattinger, Guillaume, Miquel, Vallini, ...

Comment concrètement va se mettre en oeuvre cette "révolution institutionnelle" ? Y aura-t-il in fine de nombreuses résistances autour de Patriat, Collomb et Rebsamen ? Personnellement, je n'ai jamais été convaincu par les arguments des "anti-cumul" ; je reste convaincu que des parlementaires "fonctionnarisés", vivant à Paris 7 jours sur 7 à l'exemple des sénateurs US, seront totalement et définitivement éloignés du terrain et de leur électorat ... Si le mandat unique se conçoit tout à fait pour les parlementaires parisiens (Assouline, Camba, ...), je pense comme Rebsamen qu'il faut être moins radical et plus souple dans l'application de cette promesse de campagne avec les représentants de la province ...

[Draume]

C'est la commission Jospin - Schrameck qui proposera des solutions cosmétiques... après le Congrès PS

[vudeloin]

Je pense que cosmétique est le mot qui convient assez bien à ce qui va se produire...
D'autant que les fonctions d'élu, local ou national, se doublent, fort souvent et de plus en plus, de mandats dans des structures diverses et variées qui versent également quelques compensations aux membres.
On se souviendra que François Rebsamen, Président du groupe PS du Sénat (avec les avantages liés à la fonction), fut un certain temps, contre indemnités sonnantes et trébuchantes, administrateur de la banque Dexia au titre de la représentation des élus...
Je crains, parfois, que les principes aient quelque difficulté à résister aux principes de réalité...
Mais nous verrons.

[Kerxizor]

je reste convaincu que des parlementaires "fonctionnarisés", vivant à Paris 7 jours sur 7 à l'exemple des sénateurs US, seront totalement et définitivement éloignés du terrain et de leur électorat ...

Allez dire ça John McCain, Barbara Boxer, Richard "Dick" Lugar, Mitch McConnell ou encore Orrin Hatch qui sont réélus depuis 20 ou 30 ans au Sénat US. Et les campagnes électorales sont autrement plus éprouvantes que chez nous étant donné le système de primaires intra-partis.

Le contre-argument de l'oncle Sam est d'ailleurs assez intéressant. Vous n'êtes pas sans savoir qu'aux Etats-Unis, la règle du non-cumul est appliquée de manière si poussée que des élus, qui voudraient se présenter à un autre poste, démissionnent en général quelques mois avant l'élection de leur fonction actuelle pour se consacrer entièrement à la campagne.

Pour le reste, il conviendra d'attendre les conclusions de la Commission Jospin, la présentation de la loi et les élections de 2014 pour juger le degré de résistance de nos chers édiles. J'ai l'impression qu'il faut distinguer dans cette affaire l'anti-Aubrysme de Gérard Collomb et François Rebsamen et la volonté nos élus de changer les pratiques politiques. Néanmoins, ce n'est pas véritablement la question prioritaire qui turlupine le pays en ce moment...

[pierrot]

J'espère que François Hollande aura le courage politique imposer ses engagements aux barons locaux. Martine Aubry seule n'est clairement pas en position de le faire. A mon sens, la perspective élections locales de 2014 n'est pas à prendre en compte par le PSsur ce sujet. Elles sont déjà largement compromises pour la majorité de par la situation économique actuelle et des trimestres à venir. Il faut regarder plus loin et sur ce sujet actuel Président de la République a la possibilité de marquer durablement la vie politique. Ce qui sera peut-être un désavantage à court terme ( ça reste à prouver) pourra donner une longueur d'avance à la gauche pour la suite en accélérant le renouvellement et le rajeunissement des élus. Mais il peut bien-sûr choisir de contenter Rebsamen, Collomb, Guérini ou Patriat en s'appuyant sur les conseils avisés de Jospin, expert en efficacité électorale, c'est connu . Si c'est de ce que côté-là que se trouve la gauche de demain, pourquoi pas ?
Entre un parti de potentats locaux tendance frêchisme P-R-Gisant et un parti moderne, on verra bien ce qu'il choisira ou malheureusement ne choisira pas, comme souvent.

[croket]

Quasiment à chaque fois, lorsqu'un maire se présente il arrive en tête dans sa commune
Et bien souvent, le député élu est le maire de la plus grande commune de la circonscription. C'est par exemple le cas dans la mienne, ou Alyagas (PS, maire d'Argeles), Irles (UMP, maire de Villeneuve-de-la-Raho) et Nicolas Garcia (FG, maire d'Elne) sont tous arrivés largement en tête dans leur commune. Au second tour, c'est Alyagas, qui fut élu, et pour le connaitre un peu personellement, je le vois mal abandonner Argeles...
Le non-cumul des mandats enlèvera cette "prime au maire", et fera le jeu de certaines formation politiques, le FN en tête...

[Draume]

L'une des questions intéressante à poser est de savoir si l'on peut se consacrer efficacement à deux fonctions importantes en même temps, à 500 Kms l'une de l'autre.
Cela fait penser, toute raison gardée, à des membres de 5 voire plus de Conseil d'administration du CAC 40... et de profs de faculté qu'on nommait profs TGV.

[esteban91]

Je m'étonne de ce soudain et excessif rejet du cumul des mandats et de ces curieux sondages ... Si les "sondés" sont soi disant si hostiles à tout cumul, ils n'auraient pas dû élire Arnaud Montebourg, déjà député de Saône-et-Loire, conseiller général de Montret et dans la foulée président en 2008 ni permettre à Valérie Fourneyron d'arracher Rouen à l'ex-UDF après la circonscription en 2007 ... Pendant 11 ans et jusqu'a il y a quelques mois à peine, François Hollande a cumulé la fonction de maire de Tulle, ville-préfecture, puis la présidence du conseil général de Corrèze avec la députation sans que personne ne s'en plaigne, en particulier les administrés corréziens ...

Le "cumul" est une tradition républicaine et démocratique qui remonte à la Troisième République (Georges Mandel, en 1920, présidait déjà le conseil général de la Gironde tout en siègeant à la chambre des députés ...) et s'est perpétuée jusqu'à aujourd'hui, illustrée, par exemple, par Pierre Mauroy (inamovible député-maire de Lille et premier ministre), François Mitterrand lui même, Raymond Barre, Jacques Chirac ou Jacques Chaban-Delmas.

Enfin, on remarquera que les plus hostiles au cumul, au sein du PS, sont souvent des personnalités ayant connu des échecs électoraux et donc non exemptes d'arrières pensées (Martine Aubry en 2002, Harlem Désir, exfiltré d'Aulnay-sous-Bois vers Strasbourg, ou bien Ségolène Royal, adepte du non cumul par intermittence, pendant 5 ans entre 2007 et jusqu'aux dernières législatives, après avoir trébuché aux cantonales de 1994 puis à Niort en 1995)