de Zimmer » Dim 5 Sep 2010 18:28
Alors que la gauche y était généralement majoritaire jusque dans les années 80, le département du Val-d’Oise a connu, globalement, un glissement progressif vers la droite depuis une vingtaine d’années. Sur ses 9 circonscriptions issues du découpage de 1986, le PS en détenait 5 et le PCF 1 en 1988 et, tandis qu’il n'y avait plus aucun député de gauche lors de la vague bleue de 1993 et que 1997 voyait encore l’élection de 3 députés PS, 1 PCF et 1 Vert, il n’y avait plus que 2 députés PS en 2002 et 1 seul en 2007, alors que ce dernier scrutin était plus favorable à la gauche, au plan national, que le précédent. Les 8 autres députés actuels du Val-d’Oise sont tous étiquetés UMP.
Le découpage, dans sa version de 2009, a fait bénéficier à ce département d’une circonscription supplémentaire et c’est donc 10 députés que les val-d’oisiens enverront à l’Assemblée nationale, en 2012. La 2ème circonscription (député actuel : Axel Poniatowski, UMP), qui était aussi devenue la circonscription la plus peuplée de France, se trouve scindée en deux, la nouvelle 10ème circonscription comprenant désormais les cantons de Cergy-Nord et L’Hautil (moins la commune de Neuville-sur-Oise) qui lui étaient précédemment rattachés. Cette 2ème circonscription comprend toujours les cantons de Cergy-Sud, L'Isle-Adam, Saint-Ouen-l'Aumône ainsi que la commune de Neuville-sur-Oise, et se voit rajouter le canton de Viarmes qui faisait, jusqu’alors, partie de la 7ème circonscription (député actuel : Jérôme Chartier, UMP), celle-ci continuant à être constituée des cantons de Domont, Ecouen, Montmorency et Sarcelles-Sud-Ouest. Les sept autres circonscriptions du département ne connaissent aucune modification.
En 2012, les choses pourraient se profiler de la façon suivante.
1ère circ. :
Cantons de : Beaumont-sur-Oise, Magny-en-Vexin, Marines, Pontoise, La Vallée-du-Sausseron, Vigny.
Cette circonscription située dans le Vexin, qui couvre la moitié de la superficie du département, élit un député de droite depuis 1988. Le maire de Pontoise et député sortant Philippe Houillon (UMP), qui siège à l’Assemblée nationale depuis 1993, ne paraît pas vraiment menacé s’il décide de solliciter un cinquième mandat.
2ème circ. :
Cantons de : Cergy-Sud, L'Isle-Adam, Saint-Ouen-L'Aumône, Viarmes, commune de Neuville-sur-Oise.
La nouvelle configuration de cette circonscription (perte des cantons de Cergy-Nord et L’Hautil (sauf la commune de Neuville-sur-Oise) et ajout du canton de Viarmes) devrait renforcer les chances de réélection du maire de L’Isle-Adam et député sortant Axel Poniatowski (UMP), qui avait conquis celle-ci sur le PS en 2002.
En 2007, son challenger socialiste était le maire de Cergy et premier secrétaire de la fédération départementale du PS, Dominique Lefebvre. Si celui-ci est à nouveau candidat en 2012, il pourrait aussi l’être dans la nouvelle 10ème circonscription, qui comprend une partie de sa ville et qui paraît davantage gagnable pour la gauche. L’ancienne députée PS et ancienne secrétaire d’Etat du gouvernement Jospin, Dominique Gillot, fait, quant à elle, toujours partie des personnalités politiques qui comptent, dans cette 2ème circonscription, où elle exerce les mandats de conseillère générale (depuis 1979) du canton de Cergy-Sud et de maire d’Eragny (depuis 2001).
3ème circ. :
Cantons de : Beauchamp, Cormeilles-en-Parisis, Herblay, Taverny.
La circonscription est à droite depuis 1993, mais elle avait élu un député socialiste en 1988.
Le PS a reconquis, même si c’était à l’arraché, le canton de Cormeilles-en-Parisis lors des élections cantonales de 2008, et celui d’Herblay est l’un de ceux qu’il peut éventuellement reconquérir (même si ce n’est pas acquis d’avance) en mars 2011. Les choses seront très ouvertes en 2012, dans cette circonscription, dont le député sortant, Jean Bardet (UMP) qui en est le représentant également depuis 1993, n’a plus d’autre mandat que celui-ci et est assez critiqué pour son manque d’assiduité à l’Assemblée nationale. Alors qu’il sera âgé de plus de 70 ans, la question de savoir s’il sera à nouveau candidat se pose d’ailleurs.
4ème circ. :
Cantons de : Eaubonne, Ermont, Franconville, Saint-Leu-La-Forêt.
Bien qu’étant détenue par la droite depuis 1988, cette circonscription, dont le député sortant (élu pour la première fois en 2007) est le conseiller régional Claude Bodin (UMP) peut également basculer, notamment si la gauche était victorieuse au plan national.
L’avenir de la droite, dans cette circonscription, pourrait être incarné par le maire UMP de Saint-Leu-la-Forét (depuis 2008), Sébastien Meurant.
5ème circ. :
Cantons de : Argenteuil-Est, Argenteuil-Nord, Argenteuil-Ouest, Bezons.
Le PCF semble désormais hors course, dans cette circonscription qui fut l’un de ses bastions historiques pendant plusieurs dizaines d’années (son dernier député a été son ancien secrétaire national, Robert Hue, de 1997 à 2002). Cette circonscription très populaire a pour député sortant Georges Mothron (UMP), qui en est le représentant depuis 2002 (il l’avait déjà été de 1993 à 1997). Bien qu’il ait perdu sa mairie d’Argenteuil (qu’il avait conquise sur le PCF en 2001) en 2008, tout reste à nouveau possible s’il se représente (ce qui devrait être le cas) en 2012. Le début de mandat du nouveau maire PS de cette ville, Philippe Doucet, se révèle assez chaotique et, en raison des nouvelles règles de non cumul des mandats instaurées au sein de son parti, il est assez peu probable que ce dernier soit lui-même candidat à ce scrutin.
6ème circ. :
Cantons de : Enghien-les-Bains, Saint-Gratien, Sannois, Soisy-sous-Montmorency.
Il s’agit d’une circonscription favorable à la droite et qui devrait le rester.
Son député sortant, qui en est le représentant depuis 2002 et qui est par ailleurs l’ancien président du conseil général du département (toujours conseiller général du canton de Saint-Gratien), François Scellier (UMP), sera alors âgé de 76 ans. S’il n’est pas à nouveau candidat, la relève, du côté du parti présidentiel, pourrait être assurée par le maire de Sannois et actuel député de la 9ème circonscription Yanick Paternotte, d’autant plus que la réélection de ce dernier est très loin d’être assurée dans la circonscription dont il est actuellement le représentant.
7ème circ. :
Cantons de : Domont, Ecouen, Montmorency, Sarcelles-Sud-Ouest
Le fait que le canton de Viarmes (plutôt favorable à la droite) ne soit plus inclus dans cette circonscription ne pèse pas favorablement dans la balance pour le député sortant et très probablement à nouveau candidat, Jérôme Chartier (UMP). Il est cependant bien implanté dans cette circonscription et la commune de Domont, dont il est le maire depuis 1995, constitue pour lui un solide point d’appui.
Son principal adversaire était jusqu’à présent le socialiste Didier Arnal, auquel il avait ravi son siège de député en 2002. Depuis 2008, celui-ci, qui est par ailleurs proche de François Hollande, est président du conseil général du département. Il devra conserver cette présidence en 2011, ce qui n’est pas acquis actuellement, mais si c’était le cas et toujours en raison des nouvelles règles instaurées au sein du PS, il ne serait pas certain que ça soit lui qui soit à nouveau son challenger. L’autre personnalité du PS qui compte, dans cette circonscription, est l’ancienne présidente du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS), conseillère régionale et première adjointe au maire d’Ecouen, Charlotte Brun, qui était par ailleurs candidate suppléante de Didier Arnal en 2007.
Les choses sont également ouvertes dans cette circonscription, même si Jérôme Chartier continue d’y partir favori.
8ème circ. :
Cantons de : Garges-lès-Gonesse-Est, Garges-lès-Gonesse-Ouest, Sarcelles-Nord-Est, Villiers-Le-Bel.
Cette circonscription, également très populaire, est la seule encore détenue par la gauche dans ce département. Depuis décembre 2007, son député est le maire de Sarcelles, François Pupponi (PS). Celui-ci a été élu lors d’une élection législative partielle entraînée par la démission de Dominique Strauss-Kahn (auquel il avait déjà succédé à la mairie de Sarcelles en 1997) après sa nomination à la direction générale du FMI. François Pupponi, qui est un élu très présent sur le terrain et bien implanté, pourrait souhaiter solliciter un second mandat à l’Assemblée nationale et il aurait alors de fortes chances d’être réélu. Dans ce cas de figure et toujours en raison des nouvelles règles instaurées au PS à propos du cumul des mandats, il devrait alors trouver quelqu’un pour lui succéder à la tête de sa mairie.
9ème circ. :
Cantons de : Gonesse, Goussainville, Luzarches.
En 2007, Yanick Paternotte (UMP) avait conquis, par surprise et avec 290 voix d’avance sur le maire de Gonesse et député sortant PS Jean-Pierre Blazy, au second tour, cette circonscription. Depuis cette date, le PS a conquis le canton de Goussainville lors des élections cantonales de 2008 puis la mairie de cette commune à l’occasion d’une élection municipale partielle en juin 2009. Il semble être en position de pouvoir reconquérir cette circonscription, notamment si son député sortant Yanick Paternotte était cette fois candidat dans la 6ème circonscription (voir précédemment).
10ème circ. :
Cantons de : Cergy-Nord, L'Hautil (moins la commune de Neuville-sur-Oise).
Sur le papier, cette nouvelle circonscription issue de l’actuelle 2ème circonscription semble être plutôt favorable à la gauche, même si son avance sur la droite n’y est pas non plus prépondérante.
Le candidat de la droite pourrait y être le conseiller général UMP de Cergy-Nord et chef de file de la droite au sein du conseil rnunicipal de cette même ville, Thierry Sibieude.
Les candidats possibles, pour le PS, sont le maire de Cergy, Dominique Lefebvre (voir précédemment), ou la conseillère régionale et maire de Courdimanche (depuis 2008), Elvira Jaouën (ce qui l’amènerait alors, en cas d’élection au Palais Bourbon, à abandonner ce dernier mandat).
Europe Ecologie compte, dans cette circonscription, deux maires qui l’ont récemment ralliée : Bernard Morin (Vauréal) et Eric Proffit-Brulfert (Menucourt).
Le scrutin de 2012 s’annonce donc assez ouvert, dans le Val-d’Oise. Sera-t-il, pour autant, marqué par un début de sa reconquête par la gauche et, en fait, quasiment exclusivement par le PS ? Même si les chances, pour celui-ci, de reconquérir ou conquérir de nouvelles positions sont réelles, ces gains devraient cependant rester précaires dans ce département où les rapports de forces resteront, quoi qu’il arrive, assez équilibrés.