Montreuil : cinq adjoints de D. Voynet destitués

[Zimmer]

Montreuil: 5 adjoints de Voynet destitués
AFP
07/05/2010 | Mise à jour : 21:56

Cinq adjoints de la maire de Montreuil Dominique Voynet (Verts) au conseil municipal ont été destitués jeudi soir, après un bras de fer de plusieurs semaines avec celle-ci principalement autour d'une augmentation des impôts locaux. "Dix élus du conseil municipal dont cinq adjoints se sont vu retirer leur titre", a dit à l'AFP Manuel Martinez, adjoint à l'urbanisme, confirmant une information de Libération.

"L'affaire remonte au 18 février: on a refusé de siéger au conseil municipal parce que Dominique Voynet ne nous écoutait pas sur le budget", a-t-il dit. "Le 25 mars, nous avons voté contre l'augmentation de 12% de la taxe foncière et de 8% de la taxe d'habitation", poursuit M. Martinez.

"Nous nous étions engagés pendant la campagne à ne pas augmenter les impôts. Elle n'a pas souhaité tenir cet engagement", a-t-il déploré. Pour lui, même si la ville "est très endettée, (...) l'augmentation n'était pas nécessaire".

En revanche, pour Jacques Archimbaud, directeur de cabinet de Mme Voynet, "la seule façon de tenir le cap face au surendettement de la ville était d'augmenter la fiscalité". "La divergence était: soit on taille dans les dépenses d'investissement, soit on renonce à un engagement (celui de ne pas augmenter les impôts, ndlr)", selon le directeur de cabinet.

Il affirme que la majorité de Dominique Voynet au conseil municipal "n'est pas menacée". Les adjoints destitués vont "désormais siéger comme de simples conseillers municipaux de l'opposition", a expliqué M. Martinez, s'interrogeant sur les personnes qui allaient reprendre leurs dossiers.

Parmi les destitués figurent Mouna Viprey (éducation), Daniel Chaize (culture) et Manuel Martinez (urbanisme). Il s'agit d'anciens du PS, exclus au moment des municipales pour avoir rallié Dominique Voynet. Un processus de réintégration a été amorcé, selon Manuel Martinez.

Cette situation est "révélatrice des divergences sur la manière de conduire les affaires municipales, sur le rythme des projets à mener, sur les priorités et sur la manière de Dominique Voynet de gérer l'équipe municipale, elle est très autocratique et éloignée des réalités du terrain", a critiqué M. Martinez.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2010/05/07/97001-20100507FILWWW00654-montreuil-5-adjoints-de-voynet-destitues.php

[Jean-Philippe]

Ce cas n'est pas isolé comme le montrent l'élection de Cesson (78) et cet article du Post.fr qui cite d'autres situations analogues
http://www.lepost.fr/article/2010/04/13 ... -t-il.html

[Zimmer]

Un rappel concernant Montreuil... Commune emblématique de ce qu'était la "ceinture rouge" qui entourait Paris puisqu'elle était détenue par le PCF (même si son dernier maire communiste, Jean-Pierre Brard, avait quitté ce parti en 1996) depuis 1935 et a compté pendant plusieurs décennies, parmi ses administrés, le numéro deux du PCF de la grande époque Jacques Duclos (qui en fut député en 1936) et le secrétaire général de la CGT Benoît Frachon, Montreuil a été conquise par Dominique Voynet lors des dernières élections municipales de mars 2008 dans des conditions qui ont fait couler beaucoup d'encre.

Alors que la direction nationale du PS avait décidé de soutenir Brard, maire de la ville depuis 1984, dès le premier tour, une partie des socialistes locaux, emmenés notamment par Mouna Viprey, adversaire de Brard lors des élections législatives de 2002 et de 2007 (contre la volonté du PS et alors qu'elle était devancée par ce dernier, elle s'était même maintenue contre lui lors du second tour des élections législatives de 2002 tandis qu'elle s'était effacée à contre-coeur lors du second tour de 2007), et par Manuel Martinez, conseiller général de Montreuil-ouest depuis 2004 (il avait alors ravi ce canton au PCF) et adjoint de Brard au sein de la municipalité sortante, avaient rallié l'ancienne ministre du gouvernement Jospin. Au premier tour, la liste Voynet était distancée par la liste Brard (32,47 % des suffrages exprimés pour Voynet contre 39,42 % à Brard) tandis qu’aucune des trois listes de droite en présence (dont une du Modem) ne parvenait à franchir la barre des 10 % permettant de se qualifier pour le second tour. Celui-ci a vu s’affronter les deux listes arrivées en tête et la sénatrice verte de la Seine-Saint-Denis l’a finalement emporté sur le maire sortant par 54,19 % des suffrages exprimés contre 45,81 %. Au passage, Montreuil est actuellement la seule ville de plus de 100 000 habitants, en France, à avoir un conseil municipal à 100 % à gauche.

Les deux premières années de la mandature ont été marquées à la fois par un amateurisme de la majorité municipale et une gestion désordonnée des affaires, avec un fond de clientélisme (ce que les candidats de la liste Voynet reprochaient pourtant à l’ancien maire, lors de la campagne municipale) et d’esprit de revanche. Depuis mars 2008, la municipalité conduite par Dominique Voynet ne semble d’ailleurs pas vraiment avoir emporté une large adhésion de la part de ses administrés. Il est, à ce sujet, intéressant de noter qu’entre les élections européennes de juin 2009 et le premier tour des élections régionales de mars 2010, Europe Ecologie est passée, en suffrages exprimés, de 29,08 % à 20,48 % à Montreuil (de 20,86 % à 16,58 % sur l'ensemble de la région Ile-de-France), tandis que dans cette même ville, le Front de Gauche (soutenu par Brard, qui est toujours député et conseiller municipal), est passé de 16,52 % à 18,41 % (de 6,32 % à 6,55 % au niveau régional).

Montreuil, commune limitrophe du 20ème arrondissement de Paris dont la partie ouest (le Bas Montreuil) s’est fortement « boboïsé » depuis plusieurs années, reste néanmoins une place forte pour les Verts et, alors qu’il était d’abord question que ces derniers, en contrepartie de leur ralliement aux dernières élections municipales, soutiennent Manuel Martinez, lors des prochaines élections cantonales de 2011, et Mouna Viprey, lors des élections législatives de 2012, les récents succès électoraux d’Europe Ecologie au niveau national ont semblé accroître leur appétit au niveau local. Au moins autant que leurs dissensions à propos de l’augmentation des impôts locaux et de certaines orientations municipales, c’est cette situation nouvelle qui a, en grande partie, causé la rupture entre les socialistes qui les avaient ralliés (et qui demandaient à être traités « à part » au sein de la majorité municipale, en étant des interlocuteurs directs de la maire) et les Verts.

Dans cette ville, les échéances électorales de ces prochaines années s’annoncent très ouvertes. Les élections cantonales de 2011 concerneront donc le canton de Montreuil-ouest (l’un des trois cantons montreuillois) et devraient faire l’objet d’un bel affrontement entre le PS, les Verts et même le Front de Gauche. Pour les élections législatives de 2012, la circonscription, qui n’était constituée, jusqu’à présent, que de la commune de Montreuil dans sa totalité, a été redécoupée et s’est vue adjoindre la commune de Bagnolet, toujours détenue par le PCF, ce qui pourrait aider à la réélection du député sortant Jean-Pierre Brard (qui devrait à nouveau être candidat si le PCF veut garder une petite chance de conserver la main sur ce siège), tandis qu’il est question que Dominique Voynet (qui devrait renoncer à son mandat au Palais du Luxembourg, à l’occasion du renouvellement sénatorial de septembre 2011) soit également candidate à ce scrutin. Enfin, une réélection de Brard en 2012 pourrait remettre celui-ci en selle pour les élections municipales de 2014 (il n’aura alors « que » 66 ans) tandis que le socialiste Manuel Martinez vise lui aussi désormais ouvertement le fauteuil de maire lors de cette même échéance.