Majastre a écrit:
Un vrai casse tête pour Hollande ce perchoir. Le plus inspiré entre une enragée anti sarko et un type sans convictions réelles qui ne convergent que dans leurs ambitions personnelles détestables depuis 30 ans serait d'y mettre un tiers offrant une image plus lisse. Royal a au moins l'avantage de se mouiller personnellement dans la campagne de Hollande, l'autre n'attend qu'un siège à Saint-Dié offert par son parti pour lui assurer l'ordinaire. Entre la pasionaria ou le rentier nomade, faîtes votre choix !!!
Contrairement à la prédiction de Majastre, le parachutage de Jack Lang dans les Vosges ne sera pas une sinécure, loin s'en faut !
Certes, l’ancien et historique locataire de la rue de Valois a bénéficié d’un bel accueil dans la seconde circonscription, celle de Saint-Dié en l’occurrence. Le 7 janvier dernier, il est ainsi adoubé par quelques deux cents militants du PS, aiguillonnés par les caciques déodatiens au premier rang duquel on retrouve la figure de Christian Perret. Ancien secrétaire d’Etat chargé de l’industrie puis ministre délégué dans le même domaine sous Lionel Jospin, député de 1978 à 1993, il ne tient plus que la mairie de Saint-Dié, seul îlot de gauche du département qu’il occupe depuis 1989 mais sans véritable assise. Son ultime élection en 2008 sur le fil du rasoir (50,87% des voix au deuxième tour), puis sa gestion, sont très contestées, aussi bien à droite qu'à gauche.
N’empêche, une kyrielle de facteurs, et pas des moindres, joueront contre Lang. Son âge bien sûr (72 ans), mais plus encore l’usure politique qui le frappe après avoir pris son bâton de pèlerin trente-huit ans durant, gravitant dans les plus hautes sphères du pouvoir, aussi bien avec ses amis socialistes que s’acoquinant avec la droite, en particulier avec l’actuel président de la République. Il sera ainsi en première ligne dans les travaux aboutissant à la révision de la constitution en 2008 avant de devenir l’ambassadeur itinérant de Nicolas Sarkozy à … Cuba.
Ensuite, s’il est né dans les Vosges (à Miremont dans la 4ème circonscription, à savoir celle de Neufchâteau), il n’y a jamais grandi, ayant ses attaches à Nancy où il fit ses études secondaires avant d’enseigner le droit, sans parler de sa flamme pour le théâtre.
Du coup, son implantation ne fait pas l’unanimité parmi ses pairs socialistes, y compris dans le Pays de la Déodatie. Et un sondage hostile à son arrivée est publié dès le 11 janvier dans « Vosges Matin » qui révèle que 68% des lecteurs de ce quotidien estiment son irruption irrespectueuse pour les militants locaux du PS.
L’autre vent contraire contre lequel il devra faire face est la forte tradition conservatrice de sa nouvelle terre électorale. De 1958 à 1978, les Vosges ne connaîtront que des députés de droite. Ensuite, la gauche sera présente à l’Assemblée nationale mais jamais durablement, mettant à profit en réalité les vagues roses nationales de 1981, 1988 et 1997 ainsi que la proportionnelle de 1986 sans que la sociologie électorale du département s’en trouva bouleversée. Excepté peut-être la seconde circonscription justement, marquée par la prégnance industrielle, qui voit Pierret tailler des croupières à la droite en pleine apogée giscardienne (1978).
Néanmoins, la droite remet bon ordre dès 2002 par le biais de Gérard Cherpion qui cinq plus tard confirmera son statut de suzerain en écartant sans ménagement son vassal socialiste Claude Jacquot (54,99% au second tour). Agé aujourd’hui de 64 ans, cet ancien pharmacien très apprécié pour son abattage sur le terrain et à Paris remettra le couvert pour sauvegarder bec et ongles son bastion.
C’est Lang qui, au moment de sa délicate installation à Saint-Dié, non dépourvue de panache, reconnaissons-le, affirmait lucidement : « C'est une action de reconquête car la circonscription est tenue par le droite depuis dix ans. Ce n’est pas le choix de la facilité ». Parole, parole, me diriez-vous, puisque hélas voilà notre icône socialiste rêver déjà du perchoir, et ainsi revenir à ses pires démons, ceux attestant de son indécrottable condescendance. Assurément, Cherpion n’a pas fini de traîner ses guêtres dans le TGV est !
Genaro Flores