Les élections législatives en Côte d'Ivoire

[vudeloin]

Pour compléter un peu l'analyse, le résultat de la grande région des Lacs, dans le pays baoulé, qui avait voté en faveur du candidat du PDCI – RDA lors de l'élection présidentielle, c'est à dire Henri Konan Bédié ou HKB.

Cette région comprend les régions du Bélier, d'Iffou, de N'Zi et le district autonome de Yamoussoukro.

Elle élit au total 24 députés au Parlement ivoirien et regroupe un ensemble de 460 365 électeurs inscrits.

Pour l'heure, nous avons les résultats sur 23 sièges, un siège restant non détaillé dans le district de Yamoussoukro.

Le PDCI obtient 14 élus, le RDR 3 (dont les deux de Yamoussoukro commune) et les indépendants 6.

En nombre de voix, les données sont les suivantes.

Le PDCI, sur les quatre ensembles, obtient au total 92 681 voix, le RDR se contentant de 32 804 voix.
Les partis mineurs obtiennent, sur quelques candidats, un certain nombre de suffrages.
Le PIT est à 5 664 voix, l'UPCI 2 717 voix, l'UDPCI 529 et le MFA 633, soit un ensemble de 9 543 suffrages.
Ce sont les indépendants qui constituent la plus nette opposition au PDCI avec un total de 61 542 voix.

Le PDCI est donc en tête sur l'ensemble de la Région des Lacs, mais avec un pourcentage global de 47,15 %, face aux indépendants (31,31 %) et le RDR (16,69 %).

A noter que le pourcentage des exprimés se situe à 44,02 % des inscrits, en sachant que dans l'une des circonscriptions de la région du Bélier (celle de Didievi), il n'y avait qu'un seul candidat, membre du PDCI, qui a recueilli le soutien de plus de 60 % des électeurs inscrits.

La participation dans la région des Lacs est donc plus forte qu'à Abidjan mais l'abstention demeure majoritaire et le PDCI, dominant dans la région, n'est sans plus doute plus aussi influent que par le passé, puisqu'il se situe pour l'heure avec le soutien de 21 % des inscrits seulement...

[vudeloin]

Un message à caractère informatif de plus dans ce fil de discussion, portant cette fois sur la deuxième région, le Bas Sassandra, qui avait voté en faveur d’Henry Konan Bédié lors de la présidentielle de 2010.

La région couvre les régions électorales de Gbokle (n° 12, circonscriptions 64 à 66), Nawa (n°25, circonscriptions 148 à 153) et San Pedro (n° 28, circonscriptions 173 à 177).
(je précise cela pour ceux qui ont ouvert la carte de l'Artisan)

Elle est située sur la côte Sud Ouest du pays, autour du port de San Pedro, second port du pays, qui a gardé un nom portugais lié, bien entendu, au passage, à compter du XVe siècle, des navigateurs, commerçants puis négriers portugais sur les côtes du Golfe de Guinée.

Le peuplement de la région est essentiellement issu de l’ethnie kru.

Toujours est il que les électeurs de la Région étaient appelés à élire 18 députés (3 pour Gbokle, 8 pour Nawa, 7 pour San Pedro) pour un total de 351 787 électeurs, soit un député pour environ 20 000 inscrits.

Je ne reviens pas sur le décalage existant dans le pays entre la représentation des différentes parties du territoire, mais je rappelle ici qu’Abidjan, avec plus d’un million sept cent cinquante mille électeurs, n’avait loisir que de désigner 31 députés, c'est-à-dire un pour environ 50 000 inscrits.

Sur les 18 sièges du Bas Sassandra, 9 tombent dans l’escarcelle du PCDI – RDA, 6 dans celle du RDR, 3 indépendants complétant le tableau.

En termes de voix, sur les trois régions, les données sont différentes.

L’UDPCI, jadis fondée par les partisans du général Guei, obtient 1 275 voix.
Le mouvement Lider (61 voix) complète le panorama largement occupé par les forces ayant obtenu des élus.

Le RDR a rassemblé 31 018 suffrages, tandis que le PDCI en a cumulé 31 354, le match quasiment nul entre les deux frères siamois du Gouvernement Ouattara – Soro étant en partie arbitré par les indépendants, dépositaires de 16 209 suffrages.

Ce qui donne, en gros, un rapport de forces 40/40/20 entre PDCI, RDR et indépendants.

Nous avons donc au total 79 917 suffrages exprimés sur la région, soit un pourcentage de 22,72 % des inscrits, particulièrement faible.

On ne compte ainsi que 4 324 exprimés dans la circonscription 152 (Liliyo et Okrouyo), malgré la présence de 26 493 inscrits.

Je ne suis pas certain que les mouvements de population puissent constituer la seule explication au piètre résultat des urnes du Bas Sassandra en termes de participation au scrutin.

Un regard sur une région plus favorable à Guillaume Soro devrait donner des situations un peu différentes.

[vudeloin]

La connaissance des rapports de forces politiques ivoiriens passe évidemment par l’examen, au point où nous en sommes rendus, d’une des régions présumées les plus favorables au parti gouvernemental d’Alassane Ouattara, à savoir la grande région des Savanes, tout à fait au Nord du Pays, terre d’élection du Premier Ministre Guillaume Soro.

La grande région des Savanes couvre les régions de Bagoue (n° 3, circonscriptions 14 à 18, 5 sièges), Poro (n° 27, circonscriptions 163 à 172, 12 sièges) et Tchologo (n°30, circonscriptions 185 à 189, 7 sièges).

Elle est largement peuplée par les ethnies malinké ou mandé du Nord et sénoufo, populations également présentes au Burkina Faso et au Mali.

La région avait été marquée, au moment de l’élection présidentielle, par une forte primauté du vote Ouattara, qui avait fait douter de la fiabilité des opérations électorales dans cette partie du pays.

Le RDR obtient 20 sièges sur les 24 en jeu, seuls trois sièges (14, 165 et 188) revenant aux indépendants et le dernier (169) au PDCI – RDA.

Cette prééminence du parti de Guillaume Soro et d’Alassane Ouattara se manifeste aussi en termes de voix.

Sur les trois régions, les partis mineurs obtiennent peu de résultats.
Le MFA recueille 820 voix sur un candidat, l’UPCI 947, Lider 110, l’UDPCI 193, le GDP 2 084, soit un ensemble de 4 154 suffrages.

Le PDCI, pour sa part, a cumulé 25 545 voix.

Les indépendants, seconde force politique, ont rassemblé 43 224 voix.

Enfin le RDR, grand vainqueur, a rassemblé 146 324 voix, ce qui nous donne un total de 219 247 suffrages exprimés dans un collège électoral composé, a priori, de 373 018 électeurs, soit une proportion d’exprimés atteignant 58,78 % des inscrits.
Le RDR rassemble donc au total 66,74 % des voix sur la région et il est évident que le décalage observable avec les autres régions du pays interroge sur la fiabilité des opérations de vote.

Surtout quand on atteint les 90 % de votants dans la circonscription comme dans la circonscription 185 ou que Guillaume Soro est réélu avec 99,05 % des voix dans la 186.

[vudeloin]

Dans ce message, nous traiterons des deux régions du Sud de la Côte d’Ivoire que nous n’avons pas encore examinées, à savoir celle du Goh Djiboua, autour de Gagnoa, et celle de Comoe, à la frontière entre la Côte d’Ivoire et le Ghana.

Ces deux régions recoupent d’une part les régions de Goh (n° 13, circonscriptions 67 à 72, 7 sièges) et Loh Djiboua (n° 22, circonscriptions 125 à 132, 9 sièges) et d’autre part les régions de Indenie Djuablin (n° 20, circonscriptions 114 à 118, 6 sièges) et Su Comoé (n°29, circonscriptions 178 à 184, 7 sièges).

Ces deux régions, centrées autour de Gagnoa pour l’une et Aboisso pour l’autre, avaient opté pour Laurent Gbagbo lors de la controversée présidentielle de 2010.

Dans la première région, on compte au total 364 320 électeurs inscrits, ce qui situe la moyenne à un peu plus de 20 000 inscrits par député.

Le PDCI – RDA a obtenu 11 sièges sur la région, et le RDR 5.

Mais les données en voix sont un peu différentes.

Le nombre des suffrages exprimés est assez faible avec 94 749 bulletins validés, soit 26 % seulement des électeurs inscrits.

On se situe donc dans le profil global observé dans la capitale ou la région des Lagunes qui est proche de cette région du Goh Djiboua.

Quelques partis mineurs, avec un ou deux candidats obtiennent quelques suffrages : PIT 132 voix, PDR 78 voix, FDF 74 voix, UDPCI 67 voix, PIDAR 43 voix, PPS 468 voix, MEI 1 511 voix, soit un ensemble de 2 373 suffrages.

Les indépendants, sans élus cette fois, ont rassemblé 15 861 suffrages, soit 16,74 % des voix.

Le RDR, battu en nombre de sièges, obtient 40 183 voix, soit 42,41 % des votes.
Il devance le PDCI, favorisé par le découpage, qui ne réalise que 36 282 voix, soit 38,29 % des suffrages.

Dans le Comoé, le PDCI obtient 7 élus, le RDR 2 et les indépendants 4.

Quelques votes pour les partis mineurs : UPCI 1 014 voix, MNC 368 voix, PIT 797 voix, soit un ensemble de 2 179 suffrages.

Le RDR arrive en troisième position avec 19 695 voix, devancé par les indépendants avec 32 039 voix et le PDCI – RDA avec 33 925 voix.

Nous avons au total 87 838 bulletins validés, soit 34,61 % des inscrits.

Le PDCI est donc en tête avec 38,62 %, devant les indépendants 36,47 % et le RDR 22,42 %.

[vudeloin]

Les résultats du scrutin sont désormais connus dans la commune d'Attecoube, dans le district d'Abidjan.

Les candidats indépendants y ont recueilli 11 430 voix, dont 8 336 pour le duo le plus performant.
Les candidats du PDCI obtiennent 3 302 voix et ce sont les candidats du RDR qui raflent les deux sièges avec 9 284 suffrages.

Sur l'ensemble de la capitale économique du pays, les données sont donc les suivantes.

Inscrits 1 723 917
Exprimés 416 061 (24,13 %)

RDR 241 928 (58,15 %)
PDCI 104 132 (25,03 %)
RHDP 32 041 (7,70 %)
Indépendants 25 115 (6,04 %)

[vudeloin]

Pour en finir avec la présentation des résultats de ces élections ivoiriennes, un examen de la situation des dernières régions encore non détaillées.

Commençons par le pays Mandé, c'est-à-dire la région des Dix Huit Montagnes, regroupant les régions de Cavally (n°7, circonscriptions 33 à 37, 6 sièges), Guemon (n°16, circonscriptions 86 à 92, 7 sièges) et Tonkpi (n°31, circonscriptions 190 à 199, 12 sièges).

Cette région est le foyer d’origine du défunt général Guei, ce qui explique d’ailleurs la présence du parti qu’avait fondé l’ancien Président de la Côte d’Ivoire (suite à un coup d’Etat), l’UDPCI.

Elle avait cependant voté en faveur de Laurent Gbagbo lors de l’élection présidentielle.

Les trois régions regroupées élisaient donc 25 députés pour un total de 451 619 électeurs inscrits, soit une moyenne d’environ 18 000 électeurs qu’on comparera utilement.

Le nombre total des votes exprimés atteint 161 781 bulletins, soit un taux de 35,82 %.

Pour les vingt cinq sièges, un seul est pour le moment non pourvu (celui de la circonscription 195, dans le Tonkpi, autour de Bogouine et Logouale ).

En corrigeant le nombre des bulletins du nombre des électeurs inscrits dans cette circonscription, on se retrouve avec 36,96 % des inscrits ayant marqué un choix.

Sur les 24 sièges attribués, 6 vont au PDCI, 7 au RDR, 7 à l’UDPCI (c’est d’ailleurs là la seule région où ce parti obtient des élus) et les 4 derniers aux indépendants.

Les partis mineurs obtiennent un certain nombre de voix.

Le PIT réalise 1 411 voix, le parti de La Renaissance 495, l’UDTCI 1 270, l’UPOSCI 499 voix, l’USP 611, le CRI 20 voix, le RDP 76, le MFA 1 970, le PNDCI 267 voix.

Quant aux partis plus importants, ils obtiennent les résultats suivants :

PDCI – RDA 19 884 voix (12,35 %)
RDR 44 266 voix (27,36 %)
UDPCI 48 698 voix (30,10 %)

Enfin, les indépendants obtiennent 42 214 voix, ce qui leur donne tout de même 26,09 % des voix.

Autre région favorable à Laurent Gbagbo lors de la présidentielle, celle du Haut Sassandra Marahoué.

Cette région couvre les régions électorales du Haut Sassandra (n°18, circonscriptions 99 à 108, 15 sièges) et celle de Marahoué (n°23, circonscriptions 133 à 140, 8 sièges).

Le nombre des inscrits s’élevait à 469 488, soit une moyenne d’environ 20 000 électeurs par siège.

Sur les 23 sièges, on dénombre 15 élus pour le RDR, 6 pour le PDCI et 2 pour les indépendants.

Les rapports de forces réels sont toutefois assez nettement différents et les suffrages exprimés s’élèvent finalement à 150 905, soit une proportion de 32,14 % des inscrits.

Le pourcentage est plus faible dans le Haut Sassandra que dans le Marahoué, région où le poids des indépendants est plus fort.

En termes de voix, les partis mineurs rassemblent quelques miettes : Renaissance 24, MFA 332 voix, UPCI 218, UDPCI 314 voix, UDP 397 voix, UNG 573 voix, Lider 45, UDCy 475 voix, PRCI 246 voix, jusqu’aux 382 voix du Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d’Ivoire (tendance pro albanaise, si j’ai bien tout suivi).
Le PDCI – RDA obtient 63 279 voix, soit 41,93 % des votes.
Il devance de peu le RDR, pourtant plus pourvu en sièges (Marleix fait il des émules en Côte d’Ivoire ?) avec 61 062 voix, soit 40,46 % des voix.

A noter toutefois que le PDCI doit beaucoup cette performance au score très élevé de son candidat dans la circonscription 133, Charles Diby Koffi, qui obtient 17 216 voix et 95,3 % des suffrages sur le siège, avec un nombre de suffrages exprimés correspondant à 64,35 % des inscrits…

Je ne sais s’il convient de faire beaucoup de commentaires…

Les indépendants réalisent au total 23 558 voix, soit tout de même 15,61 % des votes.

Dernière région qui avait voté en faveur de Laurent Gbagbo lors de la présidentielle et que nous n’avons pas encore étudié : le Zanzan.

Cette région couvre les régions de Bounkani (n°6, circonscriptions 28 à 32, 6 sièges) et Gontougo (n°14, circonscriptions 73 à 82, 12 sièges).

Le nombre total des inscrits dans le Zanzan est de 198 497 électeurs, soit une moyenne par député proche de 11 000 électeurs.

Pour la première fois dans une région, le nombre des suffrages exprimés excède la majorité des inscrits.

On dénombre en effet 104 796 bulletins exprimés, soit une proportion de 52,79 % des inscrits.

Sur les dix huit sièges en jeu, le RDR réalise une excellente opération avec 10 élus, grâce notamment à un grand chelem sur la région de Bounkani.

Le PDCI – RDA obtient 4 élus, le MFA 3 sièges (les seuls qu’il ait obtenus dans le pays, dans les circonscriptions 74 et 77) et le dernier siège échoit aux indépendants.
Mais les vrais rapports de forces en voix sont assez nettement différents.

Les partis mineurs obtiennent de petits scores : Lider 774 voix, USP 39 voix, UPCI 551 voix, Renaissance 16 voix, UND 314 voix, UDPCI 628 voix.
Le Parti Ivoirien du Travail obtient tout de même 3 457 suffrages (3,30 %) et le Mouvement des Forces de l’Avenir, parti lié aux deux partis au pouvoir de toute manière, 8 092 voix (7,72 %).

On peut penser que sa représentation parlementaire a été « facilitée » par le RDR comme par le PDCI, ; pour éviter de priver le MFA de toute représentation, un peu comme nous l’avons vu pour la région des Montagnes et l’UDPCI.

Le RDR, justement, obtient 25 189 voix sur l’ensemble de la région (24,04 %), ce qui montre tout de même l’art du découpage électoral en vigueur…
Il est devancé par le PDCI – RDA, celui-ci réunissant 28 902 voix (27,58 %).

Et ce sont donc les indépendants qui arrivent en tête sur cette région aux frontières du Ghana et du Burkina Faso, avec un total de 36 834 voix (35,15 % des voix).

Le mode de scrutin ( « first past to post ») a donc clairement favorisé les deux partis dominants, en l’absence du FPI.

En effet, pour ne donner qu’un exemple, seuls les deux élus RDR de la circonscription 73 (Bondoukou et Pinda Boroko) dépassent la majorité absolue des votes pour leur parti.

Sur les 417 482 bulletins valides dénombrés dans les trois grandes régions ici évoquées, nous avons donc pour les partis ou étiquettes obtenant des élus les résultats suivants

MFA 10 394 voix, soit 2,49 % et 3 élus
UDPCI 49 640 voix, soit 11,89 % et 7 élus
PDCI – RDA 111 965 voix, soit 26,82 % et 16 élus
RDR 130 517 voix, soit 31,26 % et 32 élus ( !)

Indépendants 102 606 voix, soit 24,58 % et 7 élus.

Nous terminerons notre « histoire à épisodes » avec les régions du Nord du pays qui, outre la région des Savanes déjà étudiée, avaient opté pour la candidature Ouattara lors de la présidentielle.

[vudeloin]

Les trois dernières grandes régions restant à examiner sont toutes situées dans la zone d’influence du vote Ouattara lors de la présidentielle.

Il s’agit de la région de Denguelé, regroupant les régions de Folon (n°10, circonscriptions 54 et 55, 2 sièges) et Kabadougou (n°21, circonscriptions 119 à 124, 7 sièges), le tout pour 77 645 électeurs inscrits.

Mais aussi de la région du Woroba, regroupant les régions de Bafing (n°2, circonscriptions 9 à 13, 5 sièges), de Béré (n°5, circonscriptions 23 à 27, 5 sièges ) et de Worodougou (n° 32, circonscriptions 200 à 205, 6 sièges ), le tout pour 152 810 électeurs.

Et, enfin, de la Vallée du Bandama, regroupant les régions de Gbéké (n°11, circonscriptions 56 à 63, 13 sièges) et de Hambol (n°17, circonscriptions 93 à 98, 6 sièges), le tout pour 370 936 électeurs.

Si les deux premières régions n’ont, au final, qu’un député pour moins de 10 000 inscrits, la troisième, organisée autour de Bouaké, seconde ville du pays comptant à elle seule pour près de 40 % des inscrits dans le Bandama, en est à un élu pour environ 20 000 inscrits.

Sur les 44 sièges en jeu, la répartition est la suivante :

RDR 30 élus
PDCI – RDA 6 élus
UPCI 1 élu ( le seul du pays)
Indépendants 7 élus

La mainmise du RDR sur les régions du Nord est donc confirmée.

Même si le détail des voix donne, parfois, des choses moins tranchées.

La suprématie du RDR n’est pas discutable dans le Denguelé où l’on compte 49 793 exprimés (un pourcentage assez étonnant de 64,13 %) ainsi répartis :

PIT 181 voix (0,36 %)
PDCI 6 503 voix (13,06 %)
RDR 31 993 voix (64,25 %), 8 élus
Indépendants 11 116 voix (22,33 %), 1 élu

Dans le Woroba, on compte au total 88 358 exprimés, soit un pourcentage de 57,82 % des inscrits en net décalage avec ce que nous avons déjà observé.

En voix, les partis mineurs obtiennent des suffrages ainsi répartis

GDP 36 voix
UPCI 281 voix
UDCy 181 voix
MFA 284 voix
PIT 447 voix
UDPCI 540 voix

Reste nos trois ensembles habituels

PDCI 8 933 voix (10,11 %)
RDR 46 388 voix (52,50 %), 13 élus
Indépendants 31 268 voix (35,39 %), 3 élus

Enfin, dans la vallée du Bandama, on dénombre au final 169 898 exprimés, soit un pourcentage de 45,80 % des inscrits, affecté par une participation plus faible sur Bouaké avec environ 60 000 votants sur près de 155 000 inscrits.

Les partis mineurs obtiennent les résultats suivants :

PIA 289 voix
PNJDCI 143 voix
MFA 815 voix
UDPCI 384 voix
PIT 1 309 voix

L’UPCI, aidée par les autres partis de la coalition gouvernementale, obtient 3 971 voix et 1 élu.

Quant aux trois grands ensembles habituels, ils obtiennent les résultats suivants :

PDCI – RDA 57 577 voix (33,89 %), 6 élus
RDR 78 104 voix (45,97 %), 9 élus
Indépendants 27 306 voix (16,07 %), 3 élus.

Sur l’ensemble de ces trois régions, victoire assez nette donc pour le RDR (dans quelles conditions de transparence ?).
Sur les 308 049 bulletins validés, le parti d’Alassane Ouattara et de Guillaume Soro obtient donc 156 485 voix, soit une majorité absolue de 50,80 % des suffrages.

Avec le score de la région des Savanes, dont nous avons déjà parlé, la position majoritaire du RDR est effective dans le Nord du pays.

En ajoutant celle-ci aux trois ici détaillées, on obtient en effet un ensemble de 527 296 suffrages exprimés dont 302 809 pour le RDR (soit 57,43 %) et 50 élus sur 68.

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En l'attente d'une étude plus complète sur l'ensemble des régions, je peux d'ores et déjà indiquer que sur 254 sièges dont nous connaissons les élus, le RDR en a obtenu 127, soit juste la moitié.
Mais nous ferons, sur la base des messages précédents, une analyse plus synthétique du vote du 11 décembre.

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Sous réserve de quelques résultats manquants encore

Les résultats quasi définitifs des élections ivoiriennes ne laissent pas trop de trace au doute.

On ne saurait en effet dire si l'appel au boycott lancé par le Front Populaire Ivoirien a été écouté, mais on est tout de même tombé à un niveau de participation assez faible.

En effet, la Côte d'Ivoire comptait, pour ces élections législatives, 5 671 391 électeurs inscrits et l'on a dénombré au final 1 945 417 bulletins valides dans les urnes, soit un pourcentage général de 34,30 % qui interroge d'autant plus que nous avons noté, dans certains messages, les niveaux parfois étonnants de participation observés dans quelques régions ou circonscriptions.

Supposons tout de même que ces élections aient été transparentes (c'est le sentiment affiché par la délégation des observateurs de la Communauté des Etats de l'Afrique Occidentale).

Mais, dans ce cadre, on ne peut que relever le faible nombre de votants au regard de l'élection présidentielle de 2010.

Même si la fiabilité du résultat était douteuse, les trois principaux candidats avaient recueilli officiellement les scores suivants ;

Laurent Gbagbo (FPI) 1 756 504 voix
Alassane Dramane Ouattara (RDR) 1 481 091 voix
Henri Konan Bédié (PDCI – RDA) 1 165 532 voix

Le taux de participation de la présidentielle avait été de plus de 85 % et le taux de bulletins valides de 95 % dans cet ensemble.

Le RDR arrive en tête de tous les partis, tant en nombre d'élus que de voix, puisqu'il aurait aujourd'hui 127 élus au Parlement ivoirien sur 254 attribués, et a réalisé un total de 822 603 voix, soit 42,28 % des suffrages.
Le parti d'Alassane Dramane Ouattara et de Guillaume Soro parvient en tête sur Abidjan ville (plus de 58 % des votes dans un contexte de faible participation), dans la région du Goh Djiboua (à la majorité relative) et, surtout, dans les quatre régions du Nord du Pays que sont les Savanes (près de 67 %), le Denguelé (plus de 64 %), le Woroba (plus de 52 %) et le Bandama (un peu plus de 46 %).

Il est intéressant de noter que le PDCI – RDA est, en général, en tête dans les autres régions du pays à l'exception notable du Zanzan où ce sont les candidats indépendants qui ont rassemblé le plus grand nombre de voix et de la région des Dix Huit Montagnes où l'UDPCI, dont le fondateur, le défunt général Guei, était originaire, arrive de peu en tête sur les autres forces politiques.

Mais j'ai déjà eu l'occasion de souligner les faibles différences idéologiques entre les uns et les autres, donc...

Outre donc les 822 603 voix du RDR (42,28 %), nous avons les 556 380 voix du PDCI – RDA ( 28,60 %), c'est à dire moins de la moitié des voix de Henri Konan Bédié lors de la présidentielle et de 10 % des électeurs inscrits.

Les deux principaux partis alliés au Gouvernement actuel, le RHDP (qui ne présentait de candidats que sur Abidjan ) et l'UDPCI obtiennent au total 32 041 voix (1,65 %) et 58 855 voix (3,02 %).

Les indépendants réalisent un ensemble de 412 608 suffrages (21,21 %), répartis entre près de 500 candidatures qui ont évidemment eu un impact sur le nombre de sièges relativement réduit (35) qu'ils ont obtenu.

Pour les autres partis, voici ce que donnent les chiffres.

Le Parti Ivoirien des Travailleurs, d'orientation social démocrate, n'a pas obtenu d'élus et a recueilli finalement 19 744 voix, soit 1,01 % des suffrages.

Le Mouvement des Forces d'Avenir, proche du pouvoir, qui a obtenu 3 élus, a réuni au total 14 985 voix (0,77 %).

L'Union Pour la Côte d'Ivoire, qui a réussi à obtenir un siège, a recueilli pour sa part 5 796 voix (0,30 %).

Le mouvement Liberté et Démocratie pour la République (Lider), avec 12 candidats, a réuni 3 624 voix (0,19 %), sans obtenir de siège.

Le parti de la Renaissance, avec 535 voix, est sous le dixième de point.
Le Parti Ivoirien des Agriculteurs (PIA) s'est retrouvé avec 612 voix, dans le même état.
L'Union Démocratique et Citoyenne (UDCy) a réuni 1 505 voix (moins d'un dixième de point, là encore).
L'Union pour la Démocratie Totale en Côte d'Ivoire (UDTCI) a obtenu 1 270 voix.
Le Groupement pour la Démocratie et le Progrès (GDP) s'est rallié le soutien de 2 120 électeurs (0,11 %).
Le Parti Communiste Révolutionnaire de Côte d'Ivoire (PCRCI) a rassemblé 890 électeurs.
L'Union Socialiste du Peuple (USP) a fait 650 voix, le Conglomérat Ivoirien pour le Renouveau des Modérés (CIRM) 362 voix, la Fédération Des Familles (FDF) 74 voix, le Congrès pour la Renaissance Ivoirienne (CRI) 20 voix, le Mouvement Démocratique et Social (MDS) 766 suffrages, le Mouvement Ecologique Ivoirien (MEI) 1 511 voix, le Mouvement Ivoirien pour le Renouveau et l'Espoir (MIRE) 693 voix, le Parti des Démocrates Républicains (PDR) 78 voix, le Parti Ivoirien des Défis A Relever (PIDAR) 43 voix, le Parti National Démocratique de Côte d'Ivoire (PNDCI) 267 voix, le Parti National des Jeunes Démocrates de Côte d'Ivoire (PNJDCI) 143 voix, le Parti pour le Progrès et le Socialisme (PPS) 0 voix, le Parti Républicain de Côte d'Ivoire (PRCI) 246 voix, le Rassemblement Démocratique Panafricain (RDP) 76 voix, l'Union des Démocrates pour le Progrès (UDP) 397 voix, l'Union des Libéraux de Côte d'Ivoire (ULCI) 65 voix, l'Union Nationale pour la Démocratie (UND) 314 voix et l'Union des Paysans, Ouvriers et Salariés de Côte d'Ivoire (UPOSCI) 499 voix.

Une bonne partie de ces mouvements n'ont été présents que dans une ou deux des 205 circonscriptions.

Par ailleurs, 1 551 voix sont allées à des candidats d'une liste CAP – UDD, 573 à une liste UNG et 368 à une liste MNC.

Sans qu'il me soit possible de définir la qualité de ces listes et groupements dont une bonne part ne semble pas devoir être vraiment différenciée.

Pour en revenir à la participation et aux conditions générales de déroulement du scrutin, son faible niveau ne me paraît pas devoir garantir ce que l'on a appelé, officiellement, la «  consolidation «  de la démocratie en Côte d'Ivoire.

Et on peut même s'inquiéter de certains comportements électoraux qui me semblent traduire plutôt des lignes de fracture ethniques entre les électorats respectifs des uns et des autres qui polluent quelque peu, de par leur charge de tribalisme, le sens même de ces élections législatives.

Il y a moins tout de même moins de 30 % d'inscrits ayant choisi l'une des listes en présence sur Abidjan, dans la région des Lagunes, dans la région de Bas Sassandra, dans celle de Goh Djiboua.

C'est à dire, pour aller vite, dans l'ensemble des régions de la côte du Golfe de Guinée.

On se situe entre 30 et 40 % de votants dans la région de Comoé, celle des Montagnes, celle du Haut Sassandra – Marahoué,

On se situe entre 40 et 50 % dans la région des Lacs et celle du Bandama.

On est, enfin, au dessus de 50 % dans la région du Zanzan (mais avec une influence, en tête, des indépendants), mais surtout dans les Savanes, le Denguelé, le Woroba, toutes régions du Nord, favorables au RDR.

On peut supposer que les opérations électorales ont pu être entachées de fraude, mais il y a une autre supposition qui vaut ce qu'elle vaut, c'est celle d'un vote porté par les Mandés et autres Dioulas en faveur du RDR, par les Baoulés pour le PDCI et une abstention vive dans le pays Akan.

C'est à dire que le tribalisme semble s'être affirmé dans ces élections comme le moteur politique en faveur de tel ou tel.

Et ce vote en partie « identitaire » tendrait à prouver la fragilité de la démocratie en Côte d'Ivoire, si tant est qu'elle existe vraiment.

La problématique nationale en Côte d'Ivoire prend d'ailleurs un tour particulier.
Parce que, voyez vous, le pays est un peu un cas à part en Afrique, de par son statut de pays d'immigration.

Selon les données disponibles, on compte en effet, notamment autour des activités économiques, plus de 5 millions de ressortissants d'autres pays d'Afrique dont 2 venus du Burkina Faso au sein de la population du pays estimée à environ 22 millions de personnes dont près de la moitié n'a pas dix huit ans.

Ce qui ne permet que de constater que le nombre des électeurs est plutôt nettement inférieur à celui qui devrait être inscrit, sans oublier que la guerre civile qui a eu lieu dans le pays a provoqué un certain nombre de déplacements de population d'une région l'autre.

En tout cas, le chemin vers la démocratie apaisée ne semble pas encore tracé avec ces élections dont le FPI demande d'ailleurs l'annulation, les qualifiant de « mascarade « .

Ce qui me semble préoccupant, c'est que l'intervention de la France a d'abord facilité le renversement de Laurent Gbagbo par les forces d'Alassane Ouattara et de Guillaume Soro et que nous avons, en quelque sorte, cautionné ce qui vient de se passer ce 11 décembre avec ces élections législatives loin d'être tout à fait transparentes et parfaitement sujettes à caution.

[vudeloin]

Le détail des suffrages est désormais connu dans presque toutes les circonscriptions, sauf la n° 195, située dans le Tonkpi (région des Dix Huit Montagnes).
Sans trop de surprise, le PDCI emporte en effet la circonscription 51, située dans le district de Yamoussoukro, en obtenant 4 108 voix contre 2 677 voix pour un candidat indépendant.
De même, le RDR emporte le siège de la circonscription 3, dans la région d'Agneby Tiassa (Lagunes), en réalisant 1 281 voix contre 903 suffrages au PDCI – RDA et 1 309 voix aux divers candidats indépendants.

Sur l'ensemble du pays, on compte donc, sauf le dernier siège cité plus haut, 1 955 694 bulletins exprimés, soit un pourcentage de 34,48 %.

Le RDR en est à 823 884 voix, soit 42,13 %
Le PDCI – RDA à 561 391 voix, soit 28,70 %
Les indépendants à 416 594 voix, soit 21,30 %

Par l'opération du Saint Esprit électoral, on constate donc que plus de 70 % des voix ont été en direction des deux partis associés au Gouvernement mais aussi que 50 % (à une poignée de voix près) des électeurs ont voté soit pour le PDCI, soit pour les indépendants.