de vudeloin » Sam 1 Oct 2011 11:18
Une autre manière de regarder le résultat des sénatoriales 2011 est de constater où en sont les rapports de forces régionaux, quant au découpage administratif et politique de notre pays.
Nous commencerons par la situation de l'Outre Mer, appréhendée de manière globale.
La gauche dispose des 2 sièges de la Guyane, des 2 sièges de Martinique, des 3 sièges de la Guadeloupe ( gain de 2 élus cette année ), de celui de Saint Pierre et Miquelon ( gagné cette année ), de 2 sièges à la Réunion, d'un siège à Mayotte ( deux gains cette année ) et d'un des élus de Polynésie, soit un total de 12 sièges, avec une progression de 5 sièges cette année.
On y compte un élu PCR, 4 élus PS avérés et 7 DVG.
La droite dispose des deux sièges de Saint Martin et Saint Barthélemy ( véritable anomalie législative, au fond ), de deux sièges à la Réunion, d'un siège à Mayotte, des deux sièges de Nouvelle Calédonie, d'un siège en Polynésie et du siège de Wallis et Futuna, soit un total de 9 sièges, au lieu de 13 avant ce renouvellement, ce qui signifie clairement que la gauche a, enfin, inversé le rapport des forces sénatorial dans l'intergroupe ultramarin.
8 de ces sièges sont UMP et un non inscrit.
( pour ceux qui auraient du mal à faire les plus et les moins, je rappelle tout de même que la droite a compensé une de ses cinq pertes avec le second siège calédonien ).
Et que les variations ultramarines ont été déterminantes dans le résultat final.
Retour en Métropole, après avoir noté que la Corse, non concernée par le renouvellement 2011, reste fidèle à la gauche avec ses deux sénateurs PRG.
L'Alsace, largement contrôlée par la droite, n'était pas plus concernée par ce renouvellement et garde donc 2 sénateurs de gauche (PS) et 7 de droite (dont 1 GM).
La Bourgogne n'avait qu'un département en jeu, la Nièvre et les rapports de forces n'ont donc pas varié, avec la réélection des deux élus PS qui donne 4 sénateurs à la gauche contre 6 à la droite.
En Champagne Ardennes, où Marne et Haute Marne étaient en jeu, pas de changement : la gauche demeure privée de représentation sénatoriale, avec un monopole de la droite sur les 9 sièges représentant les quatre départements de la Région.
En Franche Comté, où seul le Jura était en jeu, on a vu, de par le comportement des élus Verts, que la situation n'avait pas changé, avec 5 élus de gauche ( 4 PS, 1 MRC ) contre 3 élus UMP.
En Lorraine, la gauche, en perdant un siège en Moselle, se retrouve avec 4 élus contre 9 de droite, les résultats de cette année masquant assez mal la progression en voix, notamment sensible dans la Meuse ( où le PS a fait plus de 40 % au second tour ), mais aussi en Meurthe et Moselle ( gain de plus de 150 voix sur 2001 ), et même en Moselle ( gain de près de 140 voix de la liste d'Union PS PCF ).
Allons au Nord.
Dans la région Nord Pas de Calais, la gauche a gagné un siège dans chacun des deux départements, puisque nous comptons désormais 3 sénateurs PCF , 8 PS et 1 EELV, soit 12 élus contre 6 de droite et du centre, avec 1 Modem, 1 Nouveau centre, 1 NI et 3 UMP dont 1 non officiel...
En Picardie, le gain par le PS du quatrième siège de l'Oise donne un 3e élu à une gauche qui fait encore face à 7 élus de droite et du centre, faisant de la région l'une de celles où le décalage entre représentation sénatoriale et réalité politique est le plus net.
La gauche contrôle en effet les trois conseils généraux et le conseil régional.
La Haute Normandie n'était pas concernée par l'élection de cette année et elle garde donc ses 3 élus de gauche face à 6 élus de droite ( même observation que pour la Picardie ).
La Basse Normandie, pour sa part, a réélu son unique sénateur de gauche ( Jean Pierre Godefroy dans la Manche ), accompagné d'une délégation de 7 sénateurs de droite et du centre, même si elle comporte notamment l'atypique Nathalie Goulet, réélue avec des voix de droite, du centre et de gauche face au candidat du Président du conseil général...
Dans la région Centre, excellent paramètre des évolutions politiques dans notre pays, la droite ne risquait rien sur l'Eure et Loir (3 élus UMP), le Cher (2 UMP) et l'Indre (idem) puisque ces 7 sièges n'étaient pas concernés par le renouvellement.
Mais le Loiret a réélu le « miraculé « Jean Pierre Sueur ( 1 PS, 2 UMP), l'Indre et Loire a bouclé la boucle en éliminant son dernier sénateur de droite ( 1 PCF, 2 PS) et le Loir et Cher a bouté hors du Sénat l'ambitieux Maurice « Momo « Leroy (1 PS, 1 Modem), soit 5 élus de gauche, 1 Modem et 9 UMP pour la Région.
Avant le renouvellement 2001, la totalité de la délégation sénatoriale du Centre était à droite.
En Pays de Loire, la gauche ne pouvait escompter aucun gain en Sarthe ( 3 UMP ) et en Vendée ( 1 UC, 2 villiéristes ), non concernés par l'élection.
En Mayenne, après un second tour surprise en soi, les 2 UC sont réélus même si le score de Michel Angot montre que la gauche dispose désormais d'une certaine audience ( et que cela ne se limite pas au fait d'avoir conquis la mairie de Laval ).
Par contre, en Loire Atlantique et dans le Maine et Loire, on décompte désormais 3 élus PS et 2 EELV, face à 3 UMP et 1 UC – Nouveau centre.
Un rapport 5/12 donc entre gauche et droite qui traduit encore assez mal des évolutions de plus en plus nettes de la Région vers la gauche ( le Conseil régional est resté à gauche en 2010 et les cinq villes Préfectures sont toutes de gauche également ).
La grosse affaire, ceci dit, c'est peut être la Bretagne, parce que là , avec ce qui vient de se passer dans le Morbihan, la gauche se retrouve avec 12 sénateurs et sénatrices, face à 2 élus UMP, le rapport 10/4 déjà peu favorable à la droite s'étant donc encore dégradé.
On peut penser que la gauche finira par prendre le conseil général du Morbihan et que ce département rejoindra donc les trois autres sur la pente naturelle de la Région, à condition toutefois que le renouvellement des générations d'élus soit correctement mené.
Le Poitou Charentes, où la gauche ne peut encore compter que sur les 2 élus charentais ne votait pas cette année.
Même remarque pour le Limousin où la gauche est déjà en situation de monopole, avec la totalité des 6 élus.
En Auvergne, la perte par la droite du siège Puydômois donne pour l'heure 5 élus à la gauche (1 PCF, 3 PS, 1 PRG) contre 4 à la droite (1 apparenté UMP, 1 PRV, 2 UC) et permet donc l'inversion d'un rapport de forces où l'UMP est de plus en plus faible.
En Rhône Alpes, l'Ain ( 2 PS et apparentés, 1 PRV ), le Rhône (2 PS, 1 PCF, 2 UC, 2 UMP), la Savoie (1 PS, 1 UMP), la Haute Savoie (2 UMP, 1 UC), la Drôme (3 PS) et l'Ardèche (2 PS) ne votaient pas, laissant donc assurés 11 sièges de gauche et 9 à droite et au centre.
La perte d'un siège par la droite dans la Loire (2 PS, 1 PCF, 1 UMP) et le gain du cinquième élu de l'Isère par la gauche (2 PS, 1 PCF, 2 UMP dont 1 dissident) permettent à la gauche de creuser l'écart avec 17 élus sur la Région contre 12 à droite et au centre.
La Région PACA ne votait pas, et les rapports de forces n'ont donc pas varié : Alpes de Haute Provence (1 PS), Hautes Alpes (1 NI), Alpes Maritimes (1 PS, 4 UMP), Var (1 PS, 3 UMP), Vaucluse (1 PS, 2 UMP) et Bouches du Rhône (1 PCF, 4 PS, 3 UMP), soit 9 sièges à gauche et 13 à droite.
En 2014, toute la Région votera d'un bloc et l'on verra bien...
En Languedoc Roussillon, ne votaient pas l'Aude (2 PS), le Gard (2 PS, 1 UMP), l'Hérault (1 PS, 1 DVG, 2 UMP), soit 6 élus de gauche et 3 de droite.
Le basculement de la Lozère et le gain d'un siège en Pyrénées Orientales permettent à la gauche de compter désormais 8 élus contre 4 de droite, au lieu d'une égalité parfaite à 6 partout.
En Midi Pyrénées, pas de bouleversement non plus, avec une confirmation des rapports de forces existants en Hautes Pyrénées et dans le Lot, les seuls départements concernés cette année.
L'UMP ne compte toujours que deux élus sur la région, avec Alain Châtillon en Haute Garonne et le duc de Montesquiou dans le Gers et tous les autres sièges sont à gauche : le siège de l'Ariège, un de l'Aveyron, deux de Haute Garonne, un dans le Lot, un en Hautes Pyrénées et deux dans le Tarn pour le PS, soit 8 élus ; un élu en Aveyron, deux en Haute Garonne, un dans le Gers, un dans le Lot, un dans les Hautes Pyrénées et deux dans le Tarn et Garonne pour le PRG, soit 8 élus également.
En Aquitaine, les deux sénateurs PS de Dordogne et les 6 élus de Gironde ( 3 PS, 3 UMP) ont été les spectateurs de la réélection des 2 élus PS des Landes, et du succès de la gauche en Lot et Garonne (1 élu PS, 1 élu UC) et en Pyrénées Atlantiques (2 PS, 1 Modem) qui donnent 10 sièges à gauche sur la Région contre 5 à droite et au centre.
Au lieu d'un rapport 8/7.
Le lecteur attentif aura noté que j'ai gardé l'Ile de France pour la fin, d'autant que la région votait en totalité.
En Seine et Marne, statu quo à 3/3 mais avec une gauche dont la liste principale arrive en tête de l'élection, véritable innovation dans le paysage politique local.
Dans les Yvelines, la gauche est à 2/4, la liste PS Verts ayant compensé son refus d'accepter une présence du PCF, au demeurant légitime, par un effondrement des centristes qui disparaissent du paysage d'un département où ils ont tout de même eu une certaine influence historique.
Les élus de Versailles et de l' agglomération Versailles Grand Parc semblent avoir fait le choix du vote utile en faveur de la liste Larcher, une dispersion sur les listes centristes ayant sans doute fait courir le risque du troisième élu à gauche.
Dans l'Essonne, statu quo et gaspillage de l'opportunité d'un quatrième élu à gauche qui aurait été la plus belle sanction des divisions de la droite.
Dans le Val d'Oise, statu quo, là encore, avec un fort gain de votes pour la gauche ( plus de 100 voix sur la liste d'Union au regard de 2004 ).
Notons que si Argenteuil a compliqué la vie de la gauche aux élections cantonales de mars, elle lui a facilité les choses en septembre !
Dans la petite couronne, si Philippe Dallier ne s'abstient pas de suivre les consignes nationales de l'UMP ( pas de coup aux centristes, pour être clair ), la gauche gagne trois sièges.
Elle doit se contenter des deux élus EELV de plus dans les Hauts de Seine et le Val de Marne.
Enfin, Paris a confirmé son ancrage à gauche, avec 8 élus sur 12 ( je me souviens encore d'une époque où Claude Estier était le seul sénateur parisien de gauche ), même si nous avons vu que cela s'est joué à un cheveu sans doute arraché sur la tête d'Yves Pozzo di Borgo !
La prochaine fois, Daniel Vaillant se débrouille pour passer au premier tour et la droite lâchera l'un de ses quatre derniers sénateurs...
La même remarque vaut d'ailleurs pour les 13e et 20e arrondissements, contraints à un second tour en 2008 pour une poignée de voix...
Ceci posé, la gauche est devenue majoritaire en Ile de France avec 7 élus PCF, 6 EELV et 17 PS ( dont 1 dissident très « organisé « ), soit 30 élus.
Tandis que la droite dispose de 19 élus UMP ( dont quelques dissidents très organisés eux aussi ), 1 PRV, 3 Nouveau centre, soit 23 sièges.
La situation antérieure donnait 26 sièges à gauche et 27 à droite, avec une ventilation différente ( le PCF comptant 9 sièges et les Verts 3 à gauche, le courant centriste ayant perdu son siège des Yvelines et celui du Val de Marne de l'autre côté, pour ne regagner que le siège de l'Essonne ).
L'Ile de France connaît donc un bénéficiaire net de l'union de la gauche ( EELV ), la victime d'une trahison et de la magouille ( le PCF ), mais aussi un coupable sanctionné par le suffrage universel ( l'UMP, qui passe de 22 à 19 élus et perd nombre de voix sur le précédent scrutin ).
Aller plus haut pour la gauche francilienne nécessitera sans doute de se renforcer en grande couronne et de confirmer et conforter les positions acquises en 2008 sur Paris et la petite couronne.