Eco92 a écrit:Après tant de temps de mandat rien d'aberrant, on notera que cela libère une des circonscriptions les plus sures des libéraux. En 2014 Chagnon avait été réélu avec 83,2 % des suffrages et sans candidats de la CAQ (en 2012 face à la concurrence de la CAQ il s'était contenté d'un petit 67,69 %).
Écrire ça me donne envie de faire un petit point sur les "châteaux-forts libéraux" de Montréal. Il faut savoir que le PLQ est un parti qui par en élection en étant assuré d'avoir un tapis d'une vingtaine de sièges, quasi tous autour de Montréal et Laval. Ces comtés sont les traditionnels comtés anglophones et, même si le fait qu'aucun référendum n'est annoncé et que la CAQ tente de séduire les anglophones peut les faire basculer un peu, il y a très peu de risques qu'ils passent à un autre parti. Les seules fois où ces circonscriptions sont passées à un autre parti (hors changement d'étiquette en cours de mandat) c'est lorsque le Parti égalité, fondé pour protester contre l'adoption de la loi 101 par les libéraux, a été créé et a arraché 4 sièges en 1989.
Ainsi le modèle Qc125 n'hésite pas à placer les 13 circonscriptions de Montréal Ouest et six circonscriptions de Montréal Est (sur 14) en 99% de chances de victoires pour le PLQ (bon en réalité une à l'Est est à 81% mais reste quasi certaine). On peut y ajouter 3 circos de Laval (sur 6) a plus de 85%.
http://qc125.com/circ/reg-montrealouest.htmhttp://qc125.com/circ/reg-montrealest.htmhttp://qc125.com/circ/reg-laval.htmCe sont des circos idéales quand il y a des départs pour le PLQ car cela permet de placer des candidats vedettes, en les recrutant avec une certitude d'élection, c'est toujours plus facile de franchir le pas dans ces conditions (et c'est aussi un moyen de s'assurer qu'ils seront élu et pourront siéger au conseil des ministres). Ceux qui partent ne le font donc pas par peur de ne pas être réélu mais soit de ne plus être dans la majorité (passer de ministre, souvent le cas de députés vedettes envoyés dans des circos sures, à député d'opposition ennuie certains), soit après de longues années de mandats et laissent ainsi la place à des candidats qui pourront se forger dans l'opposition.
Ci-dessous je détaille la situation de ces circos une par une mais pour faire court et synthétique :
Sur 22 circonscriptions libérales sures :13 où les sortants se représentent ;
6 où les sortants s'en vont, avec 2 déjà candidats investi (dont une sortante dont la circo a été supprimée) ;
3 où l'on ne sait pas encore ce qu'il en sera (je parierai sur une circo avec un départ et deux avec candidature du sortant).
De cette lecture il ressort que le PLQ a certes quelques circos gagnables assurées à offrir à des candidats vedettes mais pas tant que ça, beaucoup de sortants se représentants (au minimum 14, sans doute 16 voire 17). Pour nuancer, outre que cela lui apporte quand même un certain nombre de sièges surs, plusieurs de ces élus sont assez récents : soit ils ont été élu en 2014, soit lors de partielle, le renouvellement a donc eu lieu en partie.
Le sortant se représente-
Robert-Baldwin, libérale depuis 1970 le député élu auparavant était indépendant et s'est présenté ensuite sour la couleur libérale). Carlos J. Leitão ministre de l'économie et candidat vedette en 2014, se représente et sera facilement réélu, il avait obtenu 87% en 2014.
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Marquette, libérale depuis sa création en 1981. Le sortant François Ouimet a beau être élu depuis 1994 et n'avoir jamais été ministre, il ne semble pas vouloir s'en aller. Ses réélections ont toujours été faites avec de l'avance mais nettement moins que ses collègues (62,5% en 2014 et 49,2% en 2012).
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Acadie, libérale depuis sa création en 1973. Christine St-Pierre, ministre des relations internationales et de la Francophonie, avait obtenu un peu plus de 70% en 2014.
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Mont-Royal - Outremont, dans les fait la circonscription est nouvelle et fusionne deux circonscriptions : Outremont (libérale depuis sa création en 1966 sauf un bref changement d'étiquette de 75 à 76), représentée par Hélène David, ministre de la Condition féminine et de l'Enseignement supérieur depuis 2014 et Mont-Royal (libérale depuis sa création en 1973), représentée par le Conseil du trésor Pierre Arcand depuis 2007. Pour l'anecdote les deux ont été représentées par l'actuel Premier Ministre Philippe Couillard. La fusion donne assurément une circo libérale et les deux sortants voulaient se représenter ici, le PM a tranché pour Pierre Arcand mais madame David a une autre circo sure (voir plus bas).
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D'Arcy-McGee, libérale depuis sa création en 1966 (excepté un passage au parti égalité en 89). Élu en 2014 avec 92% des voix David Birnbaum, ancien dirigeant du lobby Alliance Québec, un groupe de défense des intérêts des anglo-québécois, et ex-directeur général de la branche Québec du Congrès juif canadien, n'a guère de raison de se sentir inquiété dans une des circonscription les plus anglophones et à plus forte communauté juive du Québec.
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Saint-Henri–Sainte-Anne, libérale depuis sa création en 1994, représentée de 2007 à 2015 par Marguerite Blais, ex-ministre qui a démissionné en cours de mandat. Le PLQ avait attiré la co-fondatrice et ex-présidente de la CAQ Dominique Anglade, devenue vice-premier ministre et ministre de l'économie et de l'innovation. Son élection avait été difficile comparativement à d'autres circos (38,64 %, avec 10% d'avance) mais elle semble sure d'être réélue selon le modèle de qc125. On notera que Marguerite Blais revient en politique, pour la CAQ (!), mais dans la circo voisine de Marguerite-Bourgeoys.
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Verdun, libérale depuis sa création en 1966, en 2014 le PLQ avait indiqué la sortie à Henri-François Gautrin, élu depuis 1989, au nom du renouvellement et pour assurer une circo sure à Jacques Daoust, candidat vedette élu avec 50,5 % et nommé ministre des transports. Il a du démissionner en 2016 suite à un scandale et Isabelle Melançon lui a succédé, élue avec 35,61 % mais a priori pas menacée, elle est devenue ministre du développement durable et de l'environnement.
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Maurice-Richard, ex-Crémazie, circo qui a beaucoup bougée entre le PQ et le PLQ mais donnée comme sure avec 81% par QC125 (donc pas aussi sure que les autres). La ministre de la Culture Marie Montpetit avait obtenu 39% en 2014, battant de 7% la sortante péquiste. La "sureté libérale" est ici sans doute due à la grande faiblesse actuelle du PQ.
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Jeanne-Mance–Viger, libérale depuis sa création en 2003. Filomena Rotiroti en est l'élue, relativement discrète au provincial bien que présidente du caucus, depuis 2008. Un libéral n'y est jamais descendu sous les 68%, sa dernière élection s'est faite à 78% des suffrages et elle devrait être tranquillement réélue.
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Anjou–Louis-Riel, libérale depuis 1998 et représenté par Lise Thériault depuis 2002. De nombreuses fois ministre, vice-PM jusqu'à octobre 2017, actuelle ministre de la Protection des consommateurs et de l'Habitation, elle a affirmée être sure de sa réélection en octobre et est donc candidate. Ses scores ont rarement passé les 50% mais elle a tjs été réélue dans ce qui n'est pas un fief historique (le chef puis premier-ministre péquiste Pierre Marc Johnson en fut le député).
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Fabre, libérale depuis 2003. Monique Sauvé y a été élue en 2015 lors d'une partielle avec 43%, les libéraux n'y ont jamais une folle avance mais semble sur de conserver le siège.
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Chomedey, libérale depuis sa création en 1981. Le sortant Guy Ouellette, un temps inquiété par l'UPAC, en est sorti blanchi et a été investi par le PLQ. Il avait été réélu avec 73% en 2014.
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Mille-Îles, libérale depuis 2003. Cette circonscription lavalloise n'est pas à propremebnt parler un fief mais la ministre des aînés Francine Charbonneau, élue avec 50,5% en 2014, devrait être réélue. A ce jour le modèle qc125 la donne à 86% de chances mais la CAQ pourrait créer la surprise.
On ne sait pas-
Notre-Dame-de-Grâce , libérale depuis sa création en 1966 (excepté un passage au parti égalité en 89). La ministre de la réforme des institutions démocratiques Kathleen Weil, qui est élue depuis 2008 et a occupé de nombreux ministères (dont la Justice et l'immigration) n'a pas fait connaître ses dispositions mais a toujours été élue avec au moins 62% (76% en 2014).
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Bourassa-Sauvé, libérale depuis sa création en 2003. L'avocate Rita de Santis est élue en 2012 avec 42% des suffrages, puis plus de 60% en 2014 et devient ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques en janvier 2016. Son passage au ministère est jugé catastrophique et elle en est démis en octobre 2017. Elle a annoncé ne pas avoir encore pris de décision mais c'est sur que son passage ministériel ne joue pas pour elle.
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LaFontaine, libérale depuis 1985. Le sortant Marc Tanguay (élu en 2012) n'a aucune raison a priori de ne pas repartir mais rien n'a été annoncé pour le moment. En 2014 il a obtenu 73% des voix.
Le sortant ne se représente pas-
Jacques-Cartier, au PLQ depuis 1939 avec un intermède Parti égalité de 89 à 94. Geoffrey Kelley, actuel ministre des affaires autochtones, avait obtenu 85% des voix en 2014.
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Nelligan, au PLQ depuis sa création en 1981, représentée par Martin Coiteux, ministre de la sécurité publique. Il avait obtenu plus de 80% en 2014 et effectuait son premier mandat.
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Saint-Laurent, libérale depuis sa création en 1966. Le leader parlementaire du gouvernement et ministre des relations canadiennes Jean-Marc Fournier y obtenait 82% en 2014. Le PLQ y a investi Marwah Rizqy, avocate et fiscaliste renommée (ce qui a pu étonner tant son engagement contre les paradis fiscaux semble éloigné du PLQ).
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Westmount–Saint-Louis, créée en 1994 et représentée depuis par le libéral Jacques Chagnon, actuel président de l'Assemblée nationale. Il y avait été réélu avec 83% des suffrages en 2014.
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Marguerite-Bourgeoys, libérale depuis sa création en 1966. Le retrait surprise du ministre des transport Robert Poeti (élu en 2012 avec 56%, puis réélu en 2014 avec 70%) a permis de redonner un siège sur à Hélène David, ministre de l'enseignement supérieur et ministre de la condition féminine, dont la circonscription a été supprimée.
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Viau, libérale depuis 1981. David Heurtel y a été élu lors d'une partielle en 2013 avec 59% et a été réélu avec 62% en 2014. Bien que son passages au ministère de l'environnement ait été contesté, il a été plutôt bien reçu à l'immigration et n'était pas menacé mais il a mis en avant des problèmes familiaux et de santé et a annoncé son retrait dans une relative surprise.
Il y a certes d'autres circos sures pour les libéraux comme La Pinière (où le ministre de la santé Gaètan Barrette se représente), etc.