En Ohio, le trésorier républicain de l'état, Josh Mandel, vient d'abandonner la course dans les primaires républicaines pour le poste sénatorial renouvelable lors des midterms de cette année (poste occupé par le démocrate Brown). Mandel faisait office de favori côté républicain (il avait déjà affronté Brown il y a 6 ans, sans démériter puisqu'il n'avait que 5 points de retard sur le démocrate à l'époque), à tel point qu'il était le seul candidat. On ne sait pas qui va prendre sa suite, les républicains les plus en vue de l'état se réservant plutôt pour les primaires pour le poste de gouverneur, Kasich ne pouvant se représenter (ce dernier a confirmé qu'il n'était pas intéressé par le poste sénatorial, beaucoup pensent qu'il préfère se consacrer à une nouvelle candidature présidentielle pour 2020...). La deadline pour les aspirants candidats est le 07 février. Côté démocrate, Brown est candidat à sa succession et personne ne devrait sérieusement la lui contester.
Mandel explique sa décision au regard de l'état de santé de sa femme, à qui on aurait diagnostiqué une grave maladie.
Petit point sur les élections aux postes de gouverneurs à venir cette année, qui, à mon avis, sont peut-être plus importantes que les élections pour le Congrès :
1) actuellement, les républicains dirigent l'exécutif dans 33 états, les démocrates dans 16, et un état est dirigé par un indépendant (l'Alaska). Parmi les 50 états, 36 connaîtront une élection pour le poste de gouverneur cette année.
2) la carte des gouverneurs est presque l'exact opposé de la carte sénatoriale : elle avantage les démocrates. Sur les 36 élections à venir, 26 ont des sortants républicains, 9 des sortants démocrate et 1 a un indépendant. Parmi les sortants démocrates, un seul se représente dans un état remporté par Trump en 2016 (la Pennsylvanie), alors que 8 sortants républicains ont vu leurs états choisir Clinton (New Hampshire, Nevada, Nouveau Mexique, Maine, Illinois, Massachusetts, Maryland et Vermont).
Il est à peu près acquis que les démocrates devraient réduire l'écart avec les républicains. La question est de savoir jusqu'à quel point et dans quels états ?
Un petit aperçu des courses les plus intéressantes à suivre :
1) au Colorado, le sortant démocrate, John Hickenlooper, a atteint la limite des mandats. Le siège est donc ouvert. L'état est désormais un des plus pourpres des USA (un sénateur de chaque parti, 4 représentants républicains et 3 représentants démocrates). Les primaires s'annoncent compétitives dans chaque camp (beaucoup de candidats des deux côtés, avec les deux ailes des deux partis bien représentés). Tant qu'on ne saura pas qui gagnera l'investiture de chaque parti, il est difficile de se prononcer.
2) en Illinois, le sortant républicain Bruce Rauner est candidat à sa réélection. Mais il est très impopulaire (30% d'opinions positives), et les démocrates ont fait de cet état une de leurs cibles prioritaires (l'Illinois est très bleu). Le sortant républicain devra surement affronter le milliardaire Pritzker, favori côté démocrates. Le gouverneur sortant est lui même milliardaire. Un duel très coûteux en perspective. Je vois plutôt les démocrates l'emporter ici.
3) au Nouveau-Mexique, la sortante républicaine Susana Martinez est elle aussi frappée par la limite des mandats. Un état de plus en plus bleu et là aussi une des cibles prioritaires des démocrates. A priori deux représentants de l'état devraient s'affronter : la démocrate Michelle Lujan Grisham et le républicain Steve Pearce. Ici je mettrais une petite pièce sur une victoire démocrate (on verra si les deux favoris remportent bien leurs primaires respectives).
4) dans le Maine, le sortant républicain LePage ne peut pas se représenter (il connait lui aussi une popularité pas terrible, sa défaite lors du référendum sur l'Obamacare passe mal). Le parti républicain est mal en point dans cet état et très divisé. Du coup ça se bouscule pas au portillon côté républicain (la sénatrice Collins ayant renoncé). Côté démocrates par contre beaucoup de candidats appâtés par une possible victoire. Là aussi on y verra plus clair après les primaires.
5) le Connecticut est l'exact opposé du Maine : le sortant démocrate Malloy pourrait se représenter mais il y a renoncé pour cause de défaite programmée (il est très impopulaire). Du coup c'est côté démocrates que ça se bouscule pas, alors que côté républicain il y a pléthore de candidats. On est sur un état très bleu mais qui pourrait bien basculer au GOP. Là aussi on verra ce que donnent les primaires.
6) le Nevada est un autre gros morceau, dans un état très pourpre. Le sortant républicain Sandoval ne peut pas se représenter, malgré une popularité indéniable. Le favori côté républicain est l'attorney general de l'état, Adam Laxalt. Problème : lui et le gouverneur sortant se détestent cordialement. Les démocrates sont très dynamiques dans cet état (le parti local est très bien organisé), et la démographie tend à les avantager. Un scrutin potentiellement serré.
7) en Floride, le sortant Rick Scott ne peut pas se représenter (on ne sait toujours pas si il tentera sa chance au sénat). Ce sera la mère des élections pour les gouverneurs de cette année (comme toujours avec la Floride). Le GOP et les démocrates vont dépenser beaucoup d'argent pour l'emporter ici. Ce sera sans doute l'une des courses les plus serrées.
8) dans le Michigan le sortant républicain ne peut pas se représenter et il est frappé par une grosse impopularité qui handicapera sans doute son camp. Côté républicain le favori est un candidat très à droite soutenu par Trump, l'attorney general Bill Schuette. Côté démocrates un clintonien et un sandersien vont s'affronter. Les primaires s'annoncent musclées des deux côtés. Il faudra voir ce que ça donne.
9) en Ohio, Kasich ne peut se représenter. Il dispose pourtant d'une très bonne popularité. Côté républicain, l'attorney general et le secrétaire d'état ont formé un ticket pour y aller ensemble en tant que gouverneur et lieutenant gouverneur. Un candidat populiste très trumpien entend leur contester l'investiture lors des primaires. Côté démocrates on a un candidat très libéral soutenu par l'aile gauche qui vient de se lancer. Là aussi relative incertitude on verra après les primaires.
10) dans le Maryland, le sortant républicain Larry Hogan se représente. C'est un républicain très centriste (dans cet état très bleu il est quasi obligatoire d'être un RINO) relativement populaire. Pour l'heure on ne connait pas l'identité de son futur challenger démocrate. Dans les sondages il a une faible avance sur un "démocrate générique". Vue la mobilisation de la base démocrate et l'état, il peut tout à fait perdre, là aussi on verra ce que donnent les primaires démocrates.
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Extraits d'un message posté le 11 janvierpolitique-monde-f26/vie-politique-americaine-t918-600.html#p120064Le célèbre (et controversé et gracié par Trump aussi) ancien sheriff Arpaio se lance officiellement dans la course aux primaires républicaines pour le siège sénatorial de l'Arizona.
http://edition.cnn.com/2018/01/09/polit ... index.html
Il devra affronter la candidate de l'establishment, Martha MacSally (représentante de l'état au Congrès), et une autre candidate très à droite, la sénatrice de la haute assemblée locale, Kelli Ward.
Cela va diviser les voix de l'aile droite entre Ward et Arapaio à priori. Un sondage vient de sortir d'ailleurs concernant cette course à 3 : MacSally à 31%, Arpaio à 29% et Ward à 25%. La démocrate Krysten Sinema (très vraisemblablement la candidate démocrate pour l'élection de novembre) croise très fort les doigts pour que le gagnant soit Arpaio ou Ward (vu son passif auprès de la communauté, le premier lui garantirait sans doute de faire un tabac auprès des électeurs latinos, et tous deux devraient mouiller la chemise pour les voix des républicains modérés).
https://www.realclearpolitics.com/epoll ... -6235.html
Des primaires assez incertaines du côté du GOP à priori donc, mais l'élection ayant lieu en aout, il peut se passer beaucoup de choses d'ici là , avec toujours l'inconnue MacCain...
[...]
Pendant ce temps, le nombre des élus républicains à la Chambre qui ne se représentent pas continue d'augmenter, avec deux défections de plus en Californie, portant le nombre de districts détenus par des républicains où le sortant ne se représentera pas à 32 (contre 15 côté démocrates). On aura sans doute plus d'une cinquantaine de sièges ouverts à la Chambre, chiffre très élevé et peu courant aux USA.
http://www.cnn.com/2018/01/09/politics/ ... index.html
Dans ce cadre, les républicains de Californie et de New-York semblent craindre le pire ; le GOP détient pour l'heure 14 sièges en Californie (sur 53) et 9 dans l'état de New-York (sur 27). Or, dans ces deux états les postes de l'exécutif seront aussi à renouveler, et le GOP compte souvent sur ces élections là pour attirer sa base avec des candidats suffisamment attractifs même si ils n'ont bien souvent aucune chance de gagner. Or, avec le système de jungle primary californien, il y a fort à parier que le poste de gouverneur verra 2 candidats démocrates s'affronter en finale, et, dans l'état de New-York, le GOP local n'a pour l'heure aucun candidat pour les postes de gouverneur, attorney general ni de sénateur. Apparemment personne côté républicain ne souhaite affronter les sortants Cuomo, Schneiderman et Gillibrand, à qui on prédit déjà des victoires du type landslide.
https://www.politico.com/story/2018/01/ ... 5?lo=ap_b1
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Extrait d'un message posté le 14 janvier :politique-monde-f26/vie-politique-americaine-t918-600.html#p1201284) au Dakota du Nord, après l'Ohio, un autre républicain en vue a confirmé qu'il ne comptait pas se lancer à la conquête du siège sénatorial occupé par la démocrate Heitkamp : il s'agit du représentant de l'état au Congrès (et oui, le Dakota du Nord, de par sa faible population n'a qu'un seul représentant à la Chambre), Kevin Cramer. Il faisait figure de meilleur candidat potentiel pour tenter la bascule de ce siège démocrate (l'un des plus gagnables pour le GOP de cette fournée). Il préfère se représenter à la Chambre. Pour l'heure, le seul candidat restant dans la primaire républicaine est un sénateur de la haute assemblée locale, Tom Campbell, qui n'a clairement pas le niveau de visibilité dans l'état de Cramer ou Heitkamp.
https://www.washingtonpost.com/powerpos ... fd43310ff1