La préparation des assesseurs est effectivement plus que limitée puisque, pour les bénévoles, elle se limite à ce qui peut être fait en interne à leur parti ou équivalent: souvent, au mieux, une demi-journée lors du samedi du week-end électoral, le seul moment où il n'y a pas d'opérations de campagne, généralement prioritaires.
Les élus et fonctionnaires municipaux ont plus l'habitude... mais parfois en ont de mauvaises, simple "zappage" de nouveautés (ex. compter les blancs et nuls séparément) ou parfois tricheries habituelles...
En tous cas, j'ai déjà entendu dire que, pour gagner une élection, il faut avoir un assesseur dans chaque bureau de vote, pour bien contrôler le déroulement des opérations (et aussi plus prosaïquement parce que c'est le signe d'un réseau militant ou sympathisant suffisamment étoffé), sachant qu'il suffit pour être assesseur ou délégué d'être électeur du même département, ce qui peut permettre de répartir de gros noyaux militants.
Des mouvements comme LREM (dans le cas landais notamment cf.
https://www.interieur.gouv.fr/Elections ... 2017/(path)/legislatives-2017/040/04003.html ) ont pu sentir là comme ailleurs leur relative faiblesse militante.
Là , même en n'ayant pas pu pleinement contrôler et collecter des éléments suspects, le nombre de suffrages potentiellement litigieux dépasse l'écart, ce qui justifie clairement un examen plus approfondi.
Certains éléments cités sont de grands classiques comme les inaugurations et travaux souvent concentrés comme par hasard en fin de campagne - ce qui peut se contester, c'est si le candidat était présent en tribune ou cité alors qu'il n'était pour rien dans ces travaux, les éventuels versements de réserve parlementaire ayant été décidés par l'ancien député (en l'occurrence H. Emmanuelli, décédé peu avant)
Plus largement, il est vrai que la règle selon laquelle il faut que l'écart de voix au premier ou au second tour soit inférieur au nombre de cas précis litigieux est assez restrictive:
-parce que le résultat d'une élection est aussi l'atteinte ou non des seuils de 1% et 5%, parfois cruciaux pour certains mouvements et leurs finances
-parce qu'il faudrait davantage sanctionner la triche et la mauvaise organisation même si elles n'ont pas suffi à inverser le résultat. A la présidentielle, certains bureaux voient leur résultat invalidé, ce qui ne change guère le résultat mais au moins c'est un coup de semonce pour les organisateurs (au niveau des communes).
Ici, le dysfonctionnement de la distribution des documents électoraux pourtant livrés en temps et en heure par les candidats a été réel, même si les proportions n'ont pas été "trop massives": il aurait fallu que les préfectures soient plus fortement sermonnées.
Pour préciser le côté "trop massif" qui aurait pu mener à un recours gagnant: il faut recueillir un échantillon important d'enveloppes électorales non ouvertes (généralement, ce sera fait par l'équipe d'un candidat, avertie de manques sur les premières enveloppes distribuées et contactant des sympathisants acceptant de voter pour lui sans même avoir parcouru la prose des autres), faire un constat d'huissier (payant) et en tirer un taux de circulaires manquantes... il faut ensuite appliquer ce taux au résultat du scrutin: pour que le recours puisse avoir ses chances, il faut que le taux d'inscrits semblant ne pas avoir reçu la circulaire d'un candidat soit supérieur, si possible largement, à l'écart (en % des inscrits) qui le sépare du dernier qualifié au premier tour ou du gagnant au second.
Autant dire que les candidats sont plus souvent lésés que les préfectures...