de vudeloin » Mer 1 Aoû 2012 20:08
Trois millions trois cent mille kilomètres carrés, plus d'un milliard deux cents millions d'habitants, une capitale dont l'agglomération compte seize millions d'habitants, une agglomération dépassant les vingt millions d'habitants (Mumbai) et une autre de plus de treize millions (Kolkata), vingt trois langues officielles parmi lesquelles l'hindi, le bengali, le telugu, le tamoul, le gujarati, le kannada ou encore le mahrati ou le malayalam, une structure fédérale en Etats (vingt huit au total plus sept territoires fédéraux), l'Inde ou plutôt l'Union indienne est le pays de tous les superlatifs.
L' Union Indienne, depuis l'indépendance de janvier 1947 et la douloureuse partition qui conduisit, dans un premier temps, à la naissance des deux Pakistan (à l'Ouest, l'actuelle république du Pakistan ; à l'Est, l'actuel Bangla Desh alors appelé Pakistan oriental), a, le plus souvent, été dirigée par l'Indian National Congress, parti inspiré du modèle de l'African National Congress, créé par le Mahatma Gandhi et dont la direction fut longtemps assurée par le Pandit Nehru, figure majeure de la vie politique internationale dans les années 50 et 60, notamment dans le cadre du Mouvement des Non alignés.
Ainsi en fut il lors de la fameuse conférence de Bandung où Nehru, Tito, Soekarno et Nasser furent l'illustration d'un « Tiers Monde » qui voulait affirmer son rôle politique dans le jeu de confrontation des deux Grands.
Le Parti du Congrès dispose aujourd'hui encore du pouvoir en Inde, après avoir connu les longues périodes de pouvoir exercées tant par le pandit Jawaharlal Nehru que par sa fille Indira Gandhi ou encore son petit fils Rajiv Gandhi même si, depuis 1976, d'autres forces politiques ont pu aussi être aux commandes du pays.
Notamment en 1976 lorsque Morarji Desai, dissident du Congrès et dirigeant de ce qu'on appela alors le Congrès O (pour Old, vieux en anglais), aile conservatrice du parti historique, fit alliance avec la droite dans la coalition du Janata Dal (Ligue du peuple) pour prendre le pouvoir.
Le Janata Dal de 1976 a connu un grand nombre de scissions et de mouvements divers, certains membres du parti se retrouvant aux côtés des partis de droite et d'autres dans l'alliance de gauche notamment constitués par les deux partis communistes du pays.
Le parti Janata Dal version Secular (séculariste), proche d'un centre gauche de bon aloi, rejetant notamment le système des castes (officiellement dissous par la Constitution mais toujours prégnant dans la vie sociale et économique du pays), a ainsi présidé les affaires du pays avec Vishwanath Pratap Singh, premier Ministre de décembre 89 à novembre 90, puis Inder Kumar Gujral, d'avril 1997 à mars 1998, ou encore Haradanalli Doddegowda Deve Gowda, Premier Ministre qui l'avait précédé de juin 96 à avril 1997.
La droite indienne, pour sa part, a exercé le pouvoir avec la montée en puissance du Bharatiya Janata Party, ou Parti du peuple indien, mouvement politique issu de l'extrême droite hindouiste qui est devenu, au fil du temps, la deuxième force politique de l'Union.
Durant les élections de 2009, les partis politiques indiens dont certains ont une influence de caractère national et d'autres ne sont que des partis régionaux, étaient groupés pour l'essentiel en quatre grandes alliances.
D'une part, l'Alliance Nationale Progressiste (United Progressive Alliance) structurée autour du parti du Congrès, groupement ayant finalement obtenu 153 482 356 voix (37,22 %) et 262 élus au Lok Sabha (Assemblée nationale).
Le Congrès est le premier parti de l'alliance avec 206 élus et un peu plus de 119 millions de suffrages, soit 28,55 % des voix exprimées.
Le second parti est le All India Trinamool Congress, parti proche du Congrès représenté exclusivement dans l'Etat du Bengale Occidental, dont la population se situe aujourd'hui entre 90 et 100 millions d'habitants (chef lieu Kolkata), avec 19 élus et un peu plus de 13,3 millions de suffrages, soit 3,2 % des exprimés.
On trouve aussi les 18 députés du Dravida Munneda Kazagham, élus notamment dans l'Etat de Tamil Nadu, Etat de plus de 70 millions d'habitants dont la capitale Chennai est aussi connue sous le nom de Madras.
Le Parti nationaliste du Congrès, parti de centre /centre gauche aux alliances variables (avec le Congrès au niveau national, avec la gauche dans l'Etat de Kerala et avec la droite du BJP en Assam) dispose lui de 9 élus, avec un peu plus de 8,5 millions de voix et 2 % des votes.
Divers partis régionaux complètent l'Alliance.
La deuxième grande alliance est l'Alliance démocratique nationale (National Democratic Alliance) constituée autour du BJP qui a obtenu en 2009 un total de 102 689 312 voix (24,63 %), et 159 élus au Lok Sabha.
Le BJP est le principal élément de l'ADN avec 116 élus, 78,5 millions de voix environ (18,8 %), ayant perdu 22 sièges sur l'élection précédente.
Le deuxième parti de l'Alliance est le Janata Dal (United), parti centriste essentiellement présent dans les Etats du Bihar (plus de 105 millions d'habitants, capitale Patna) et du Jharkand (près de 35 millions d'habitants, capitale Ranchi et ville importante Jamshedpur), Etat qui en a été détaché.
Le Janata Dal (U) dispose de 6,3 millions d'électeurs et de 20 députés.
Le troisième parti de l'Alliance est le mouvement d'extrême droite Shiv Sena (ou Armée de Shivaji, par référence à un ancien empereur mahrate), très influent dans le Maharashtra, Etat de plus de 110 millions d'habitants, dont la capitale est Mumbai (Bombay).
Le SS a obtenu en 2009 6,5 millions de voix et 11 députés.
L'ADN compte aussi dans ses rangs le Shiromani Akali Dal, parti des Sikhs du Punjab, pourvu de 4 députés et d'un peu plus de 4 millions de voix ou encore sur le Rashtriya Lok Dal, parti présent uniquement dans la partie Ouest de l'Uttar Pradesh, premier Etat de l'Inde pour la population, avec 200 millions d'habitants.
Le RLD organise notamment les Jats, à l'origine peuples d'agriculteurs du Nord ouest de l'Inde rejetant le système des castes et dispose de cinq députés par accord avec le BJP.
Toutefois, le parti vient de se rallier, en fin d'année 2011, à l'Alliance constituée autour du Congrès.
La troisième alliance politique du pays est le Troisième Front, constitué autour des deux partis communistes indiens, le PCI marxiste, dominant dans le Bengale Occidental et le Tripura, notamment, et le PCI, notamment influent dans l'Etat de Kerala, au Sud.
Le premier se situait historiquement dans l'orbite de Pékin et le second dans celle de Moscou, situation qui se manifesta dès 1964 et l'aggravation des désaccords politiques entre les deux écoles du communisme, et se marqua encore plus avec la guerre de 1970 face au Pakistan, puisque la Chine soutenait le Pakistan et l'URSS l'Inde dans la confrontation armée qui donna naissance au Bangla Desh.
Pour autant, les deux mouvements participent depuis plusieurs années à la même alliance politique, qui leur a donné l'occasion à plusieurs reprises de gérer la destinée de certains Etats (Bengale Occidental notamment, mais aussi Kerala et Tripura).
Les deux partis communistes, ensemble, ont réuni en 2009 28 millions de suffrages et environ 6,8 % des voix.
Les autres partis de l'alliance sont le parti socialiste révolutionnaire et le All India Forward Bloc, influents dans les mêmes Etats que les deux partis communistes mais aussi le BSP ou Bahujan Samaj Party, pourvu de plus de 25 millions de suffrages et de 21 députés, parti de centre gauche représentatif des Intouchables (caste des Dalit) ou encore le Telugu Desam Party, influent dans l'Etat d'Andra Pradesh (85 millions d'habitants, capitale Hyderabad), doté de dix élus, le All India Anna Dravida Munnetra Kazagham, parti de centre gauche influent dans l'Etat de Tamil Nadu et adversaire du DMK allié au Congrès ainsi que le Biju Janata Dal, parti centriste et social démocrate influent dans l'Etat de Bihar.
Le problème de l'alliance du Troisième Front, malgré son influence, est sans doute que les partis régionaux de centre gauche y sont plus forts, désormais, en termes d'élus, que les partis à vocation nationale comme les deux partis communistes.
La quatrième alliance s'appelle tout simplement le Quatrième Front.
Cette alliance a obtenu 21 456 117 voix (5,14 %) et 27 élus dont 23 pour le Samajwadi Party (ou Parti socialiste) très influent dans l'Uttar Pradesh, et singulièrement auprès des Yadav, ou classe des bergers et éleveurs dans le système indien...
Les quatre autres sièges ont été conquis par le Rashtriya Janata Dal, parti régional du Bihar.
Mais bon, sur ce, je vous fais grâce de la totalité des 364 partis politiques qui ont pris part à l'élection de 2009.
Les pouvoirs locaux, qui ont leur importance en Inde, sont assez partagés également.
Le Congrès gère les Etats d'Andra Pradesh, d'Assam, d'Haryana, de Jammu Kahsmir,
de Kerala, du Maharashtra, du Rajasthan et son allié le Trinamool Congress le Bengale Occidental.
Le Janata Dal (United) dirige le Bihar.
Le BJP tient les Etats de Chattisgarh, de Gujarat, du Jharkhand, du Karnataka, du Madhya Pradesh,
Le BJD dirige l'Orissa
Le Shiromani Akali Dal préside le Punjab.
L'AIADMK, parti du Troisième Front, mène les affaires du Tamil Nadu et le Samajwadi Party le premier Etat de l'Inde pour la population, l'Uttar Pradesh.
Les Etats moins peuplés (souvent himalayens) sont ainsi présidés :
Arunachal Pradesh (Congrès), Goa (BJP), Himachal Pradesh (BJP), Manipur (Congrès), Meghalaya (Congrès), Mizoram (Congrès), Nagaland (Front populaire du Nagaland, proche du BJP), Sikkim (Front démocratique du Sikkim, proche du Congrès), Tripura (PCI marxiste), Uttarakhand (Congrès).
Le principal territoire fédéral, celui de la capitale, New Delhi, est également géré par le Congrès.
Par Etat, lors des législatives de 2009, le Congrès avait obtenu 33 élus sur 43 dans l'Andhra Pradesh, 2 sur 2 dans l'Arunachal Pradesh, 7 sur 14 en Assam, les 7 élus de Delhi, 9 sur 10 en Haryana, 13 sur 20 dans le Kerala, 17 élus sur 48 dans le Maharashtra plus 8 pour son allié le NCP, face aux 11 élus du Shiv Sena et 9 pour le BJP, les deux élus du Manipur, les deux sièges du Meghalaya avec son allié NCP et l'élu du Mizoram, 8 sur 13 dans le Punjab, 20 sur 25 dans le Rajasthan, 26 sur 39 dans le Tamil Nadu avec les 18 élus de son allié le DMK, les cinq élus de l'Uttarakhand, 25 élus sur 42 au Bengale Occidental avec les 19 élus de l'allié bengali du Congrès, l'AITC et trois des six élus des territoires en dehors de Delhi.
Le BJP était la première force politique sur l'Etat de Chattisgarh, avec 10 élus sur 11, au Gujarat avec 15 élus sur 26, en Himachal Pradesh avec 3 élus sur 4, 8 élus sur 14 au Jharkhand, 19 sur 28 au Karnataka, 16 sur dans le Madhya Pradesh, et trois des élus des territoires.
Le BJD était en tête en Orissa et le Janata Dal (United) dans le Bihar, tandis que le PCI marxiste gagna les deux sièges du Tripura.
Enfin, en Uttar Pradesh, sur 80 sièges, 10 furent gagnés par le BJP, 5 par le Rashtriya Lok Dal, 21 par le Congrès, mais surtout 20 par le BSP, parti des intouchables et 23 par le Samajwadi Party.
C'est d'ailleurs le BSP, avec 27,5 % des voix et près de 15,2 millions de voix, qui parvint en tête des partis en termes de suffrages.
A noter que dans cet Etat, malgré la faible participation, il fallait en moyenne compter sur 700 000 suffrages par circonscription.
Au regard du nombre d'électeurs de quelques pays d'Europe dont nous avons pu suivre les élections, cela laisse songeur...