La vie politique québécoise

[MiniM]

Pour nuancer l'analyse, les deux circonscriptions sont à population fortement immigrante, pas vraiment représentative des circonscriptions en bascule qui font les gagnants.

[Eco92]

En effet, je trouve que l'exposé bon mais je n'arriverai pas aux même conclusions.

Bien sûr le gouvernement Marois n'est pas populaire mais on parle de deux partielles dans des fiefs libéraux avec très peu de participation et une des deux circo avec des circonstances très particulière.

Ainsi dans Outremont, comme le rappelait Oskial, il n'y avait pas de candidats. A ce titre le score de Couillard dans un fief libéral me parait plutôt faiblard, on pouvait s'attendre à ce que QS et ON marquent des points, ça a été le cas mais avec un score vraiment étonnant, comme signalé. La victoire de Couillard n'additionne pas du tous les pourcentages des trois partis, loin de là.

Dans Viau je tirerai d'autres conclusions. Oui le score du PQ est bas et le PLQ haut, pas de doute là dessus. Bon là encore il s'agit d'un fief libéral mais d'autres éléments qu'une chute du PQ expliquent la hausse libérale :
- Une CAQ en chute libre, on savait que le parti de Legault baisserait, là ça a été très violent et les électeurs se sont sans doutes reportés sur le candidats PLQ car...
- Le candidat PLQ était attractif, ex-proche du PQ, habitué des cabinets, homme de réseaux et de médias il avait (et a eu) la capacité d'élargir le socle libéral aux décus du PQ et de la CAQ, avec un discours d'homme ouvert et très combatif sur la charte des valeurs, sujet clivant et particulièrement dans des circos très immigrantes et ce d'autant que...
- La candidate PQ était très mauvaise, durant la campagne les médias ont révélé de nombreux posts facebook où elle attaquait frontalement Pauline Marois en l'invitant à "retourner à son jardin" et parlait du PQ comme d'un «nid à vipères» doit elle souhaitait la mort en juillet. Difficile de mobiliser ses électeurs avec une telle candidate qui a refait scandale durant la campagne en répondant "Oui, merci pour l'idée pour le prochain texte" à cette question d'internaute "doit-on inclure dans la charte le retrait du mot “Juif” de l’hôpital [général juif de Montréal]? Interdire la circoncision? Les papillotes de la fonction publique?" (http://www.journaldemontreal.com/2013/11/10/tania-longpre-revient-sur-ses-propos-concernant-lhopital-general-juif)

Ceci expliquant à mon sens autant ces scores que le contexte national.

[Eco92]

A la surprise générale Daniel Paillé, chef du Bloc Québécois depuis la sévère défaite de 2011, a démissionné hier. La raison n'est pas politique mais médicale. En effet, il a été diagnostiqué épileptique il y a quelques mois, à un stade non-grave s'il suivait un mode de vie normal. Il renonce donc à ses fonctions politiques.

Parti fédéral majeur au Québec depuis sa fondation en 1991, le Bloc avait été balayé lors des élections fédérales de 2011, passant de 49 députés à 4, cinq ensuite grâce à un transfuge. Dernièrement Paillé s'était fait entendre en excluant vigoureusement une de ses rares députés pour son opposition au projet de Charte des valeurs.

Ancien député provincial et fédéral (battu en 2011), ancien ministre de l'industrie, Daniel Paillé a 63 ans. Le bureau du bloc se réunira début janvier pour nommer un chef intérimaire et organiser un congrès.

[Eco92]

Alors qu'en décembre les sondages indiquaient un mieux, jugé surprenant, pour Pauline Marois et le PQ, un nouveau sondage vient confirmer l'avance des péquistes.

Créditée de 40% de bonne opinion la première ministre voit son socle d'électeurs se consolider et indique que si la gouvernement n'aurai pu être assurer de majorité en cas d'élections, ils n'en seraient pas loin.

Ainsi l'institut souligne "l'avance du PQ sur les libéraux auprès des francophones; 42% contre 24%. Le PQ domine en région avec 39% d'intentions de vote, et a désormais rejoint la Coalition avenir Québec dans la région de la capitale, avec 30%. Dans l'île de Montréal, le PLQ est en avance avec 43% contre 28% au PQ et 10% seulement à la CAQ." Québec Solidaire est stable à 10%..

L'étude montre aussi que nombre d'anciens caquistes pourraient être tentés par le PLQ, montrant une moins forte concurrence avec le PQ qu'en 2012.

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201401/21/01-4731089-sondage-le-pq-serait-reelu-pres-de-la-majorite.php

Au registre des nouvelles politiques, les investitures continuent d'être données pour les élections d'avril. Ainsi l'ancien bloquiste Pierre Paquette, ex-député bloquiste pressenti pour succéder à Gilles Duceppe puis Daniel Paillé, a été investi dans L'Assomption, où il affrontera François Legault, le leader de la CAQ.

Par ailleurs le caucus libéral a connu un psychodrame lundi en excluant Fatima Houda-Pépin, seule députée musulmane du Québec, qui avait pris ses distances avec son parti sur la question de la Charte des valeurs. Opposée à la tolérance totale prônée par le PLQ, celle qui dit lutter contre les intégrisme religieux a refusé de se plier à la position du caucus auquel elle appartient depuis 30 ans. C'est l'aboutissement d'un conflit médiatique de plusieurs semaines et un coup dur pour le PLQ. Couillard montre certes son autorité mais y aura mis le temps, trop sans doute.

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/politiqueprovinciale/archives/2014/01/20140120-150512.html

[Eco92]

Le budget sera déposé jeudi prochain a annoncé le ministre des finances Nicolas Marceau.

Il n'a a priori aucune chance d'être adopté, le PLQ et la CAQ ayant annoncé voter contre. Québec Solidaire ne devrait pas le soutenir, le jugeant austéritaire.

En cas de budget refusé, des élections doivent être déclenchées. La question qui se pose actuellement est donc de savoir si Pauline Marois annoncera des élections anticipées avant le budget ou non, en tous les cas cela annonce la tenue d'un vote fin mars/début avril.

Les sondages donnent actuellement un PQ de nouveau victorieux, avec une courte majorité.

[Eco92]

Fait intéressant, le PQ portait trois projets présentés comme de "grandes lois" importants pour le parti. Le déclenchement imminent d'élections anticipés (normalement suite au rejet du budget demain, mais qui au Québec demain est dans deux jours puis qu’actuellement on est dans la matinée d'aujourd'hui... Hum, pas très clair) a été présenté sacrifiant ces lois, une position à laquelle le porte-parole du gouvernement Stéphane Bédard n'a jamais voulu se ralier.

Depuis quelque jour il a donc tenté d'élargir la journée parlementaire, a appelé l'opposition à la responsabilité et demandé qu'ils votent ces lois avant le budget et la relâche parlementaire. Une course législative à laquelle l'opposition ne s'est pas du tout prêté, bien que les sujets soient relativement consensuels.

La loi donc on parle le plus est celle sur la fin de vie (loi 52), et notamment l'aide médicale à mourrir. Sujet relativement consensuel, la loi est préparée depuis 4 ans et très attendue par la population, elle devrait être largement votée, mais le PLQ a inscrit près de 40 orateurs sur ce sujet. Officiellement pour que chacun puisse s'exprimer sur un sujet complexe, officieusement on parle d'un blocage afin d'éviter que le PQ fasse adopter une loi populaire avant d'aller en élection. Sauf que c'est tellement gros que j'ai du mal à croire que les électeurs soient dupes, enfin bon.

Cela étant, pour leur défense, l'attitude du PQ est un peu étrange, qu'est-ce qui les empêchait de faire le budget une plus tard plutôt que de tout précipiter maintenant ? C'est tout aussi étrange de vouloir forcer le parlement à aller plus vite que d'ordinaire. Globalement il reste environ 5h avant la relâche, et quasi aucune chance que la loi 52 soit adoptée.

Les deux autres lois sont plus techniques :
- Loi sur le nouveau Code de procédure civile (28) : résultant d'un débat depuis plusieurs années, la refonte de ce code civil est un travail de longue haleine qui n'est pas strictement partisan. Il passait en lecture avant la loi 52 et il semble que cette loi sera adoptée.
- Loi sur l’inspecteur général de Montréal (73) : là j'avoue que j'ai pas tout compris mais si elle rentrait dans les "trois lois majeures", elle a été jugée comme la moins importante des trois et a été placée derrière les deux autres, ce qui risque de ne pas la faire adopter, ce alors même que les libéraux ont indiqué qu'ils étaient prêt à voter la loi rapidement (l'actuel maire de Montréal, qui réclame la loi, est un ancien député libéral).

http://www.ledevoir.com/politique/quebec/400255/quebec-entame-le-sprint-final
http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201402/19/01-4740399-aide-medicale-a-mourir-blocage-parlementaire-en-vue.php

[MiniM]

La loi 28 sur le code de procédure civil est tout simplement un nouveau code de procédure pour les tribunaux non-administratifs. Ce n'est pas un sujet politique.

La loi 73 sur l'inspecteur général de Montréal est une loi modifiant la charte de la ville de Montréal (la loi régissant la ville de Montréal) afin que le conseil municipal puisse nommer un inspecteur général. Sa fonction principale sera de surveiller tous les contrats passés par la ville, avec des pouvoirs d'enquêtes étendus, comme dans plusieurs villes des États-Unis.

Et le maire de Montréal était un député libéral fédéral, pas provincial. Malgré les noms identiques, il n'y a pas de liens formels entre les deux partis et beaucoup de gens sont membres de partis différents à différents paliers de gouvernements.

[Eco92]

Oui je sais pour les partis, j'ai cru que Coderre était un élu provincial, mea culpa. Il y a en effet une vraie diversités au niveau des affiliations provinciales/fédérales (un des meilleurs exemple à mes yeux reste Mulclair, député libéral provincial désormais chef du NPD).

Merci pour ces précisions sur les deux lois qui en effet, ne semblent pas politiques à proprement dit, et semblent faire consensus.

[anjou49]

On pourrait encore penser à Lucien Bouchard qui est passé du Parti Progressiste-Conservateur [Deux termes idéologique opposé mais bref] au Bloc Québecois de tendance souverainisme québecois et social-démocrate.

Il faut préciser que le Parti Libéral du Québec est plus libéral-conservateur et donc proche du Parti Conservateur de Stephen Harper que du Parti Libéral du Canada de tendance libérale / social-libéral. Jean Charest, ancien premier ministre et ancien chef du PLQ était membre du PPC

Pour revenir aux futures élections du printemps prochain, un récent sondage donne le PQ à 40% et pourrait devenir majoritaire. (PLQ: 34% / CAQ: 16% et QS: 7%). Si en 2015, le PLC redevient majoritaire au niveau fédéral cela annoncera des relations tendues entre un gouvernement fédéral libéral de Trudeau et un gouvernement provincial PQiste de Marois

[MiniM]

En fait, le parti libéral provincial est vaguement de centre-droit, mais l'idéologie principale est le fédéralisme (opposition au souverainisme). Même chose pour le PQ, qui est vaguement de centre-gauche, mais dont l'idéologie principale est le souverainisme (ça va des socialistes à des intégristes catholiques).

Pour le fameux parti "progressiste-conservateur", cela est du à des raisons historiques. Dans les années 40, le parti Conservateur était en grand besoin d'un chef. Ils ont recruté l'ancien chef du parti progressiste du Manitoba John Bracken. Il a accepté à la condition que le parti adopte le nom de "progressiste-conservateur". Il était devenu chef des progressistes du Manitoba (et premier ministre du Manitoba) de la même manière. Le parti progressiste a gagné l'élection de 1922 mais n'avait pas de chef, donc ils ont demandé à Bracken, le président du collège agricole du Manitoba, qui n'était pas impliqué en politique.

Le parti progressiste du Manitoba était en fait le nom adopté, pour leurs activités électorales, par les "Fermiers Unis du Manitoba", une organisation agricole. Il s'était dissous dans les années 30 et avait fusionné avec le parti libéral du Manitoba sous le nom de parti Libéral-Progressiste du Manitoba et ont dominé le parti pour les décennies à venir.