Corondar a écrit:Si je comprends bien le sens de mettre des majorités plus élevées que la majorité simple pour ce genre de destitution (éviter que le chef de l'exécutif soit à la merci de la première tentative parlementaire partisane venue), je suis toujours perplexe en cas d'échec de peu d'un tel processus. Je ne dis pas que ce sera le cas ici, mon propos est théorique : quelle légitimité pour un éventuel président qui aura été désavoué par 65% des parlementaires, mais qui pourra rester en place parce que ce ne sera pas 66% ?
ploumploum a écrit:Corondar a écrit:Si je comprends bien le sens de mettre des majorités plus élevées que la majorité simple pour ce genre de destitution (éviter que le chef de l'exécutif soit à la merci de la première tentative parlementaire partisane venue), je suis toujours perplexe en cas d'échec de peu d'un tel processus. Je ne dis pas que ce sera le cas ici, mon propos est théorique : quelle légitimité pour un éventuel président qui aura été désavoué par 65% des parlementaires, mais qui pourra rester en place parce que ce ne sera pas 66% ?
Ah..la vaste question de la légitimité avec ses multiples réponses possibles bien sûr !
Mon opinion, ici, est que D.Rousseff dispose encore d'une certaine légitimité. ce n'est pas tant le fait qu'une partie des élus (Cunha en 1er) soit aussi impliquée dans les affaires ou qu'ils soient opportunistes qui la justifie (chacun des camps négocie des soutiens en promettant des postes...) mais plutôt (pour moi) que D.Rousseff a été élue et réélue par le peuple brésilien.
Aujourd'hui, elle est impopulaire (tout comme ses opposants). Mais a t-on déjà vu un président destitué à cause de son impopularité ?
Et puis se pose aussi la question de la légitimité de la succession car Rousseff n'est pas la seule citée dans Lava-Jato :
Michel Temer, vice-président--> cité dans Lava-Jato
Eduardo Cunha, Président de la Chambre---> cité dans Lava-Jato + affaire du compte caché en Suisse
Renan Calheiros, Président du Sénat--> cité dans Lava-Jato
La seule personne non impliquée dans l'ordre de succession définie par la Constitution est la 4ème : Ricardo Lewandowski, le Président du STF.
Globalement cette question posée rejoint un peu ce que j'ai dit auparavant, quelque soit l'issue de la procédure, il y aura de grandes cicatrices et cela ne va pas se régler en un coup de baguette magique.
Sinon, la coalition gouvernementale rétrécit une nouvelle fois : le Parti Progressiste (PP-Partido Progressista) va majoritairement voter pour la destitution (35 des 47 députés du parti)
O Globo, dans son dernier pointage, donne 304 Pour la destitution/ 110 contre
Et le vote de la Chambre des Députés va finalement avoir lieu le 17 avril.
http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... _3222.html
http://infograficos.oglobo.globo.com/br ... hment.html
http://oglobo.globo.com/brasil/votacao- ... l-19069413
Corondar a écrit:En l'espèce, je ne suis pas persuadé que le fait que les éventuels remplaçants soient aussi corrompus que Rousseff soit un argument suffisant pour repousser la destitution. Quant à sa légitimité du suffrage populaire, c'est évident, elle peut s'en prévaloir. Il ne me viendrait pas à l'esprit de demander la destitution de Hollande au nom de sa simple impopularité, réelle ou supposée. Mais si les informations de lava jato qui circulent aujourd'hui publiquement avaient été connues avant le scrutin, aurait-elle été réélue ?
Corondar a écrit:Personnellement, j'estime que tout ce petit monde devrait avoir un minimum de dignité et démissionner d'eux mêmes. Mais bon, je dois être un peu trop optimiste et exigeant.
Si la procédure suit son cours, le Sénat doit approuver ou non à la majorité simple (41 sur 81) la mise en accusation de la présidente, qui serait alors écartée du pouvoir pendant cent quatre-vingts jours au maximum, en attendant le vote définitif des sénateurs sur sa destitution.
rihanno a écrit:Ces débats, ces votes au parlement et ces manifestations anti corruption sont je pense un signe que la démocratie marche bien au Brésil
Idem pour l' Islande qui a viré son 1er ministre dont les Panam Papers ont révélé qu 'il avait de l'argent caché dans des comptes offshores
En France on devrait s'en inspirer pour expulser nos dirigeants corrompus (de droite comme de gauche) même ceux élus au suffrage universel direct
Corondar a écrit:C'est fait : à 4 heures du matin, heure française, le oui atteint les 342 voix.
C'était pour le moins baroque comme manière de voter : chaque député à tour de rôle s'exprimait, dans un joyeux capharnaüm (avec chaque camp qui agitait ses pancartes, sous les huées, les encouragements et les confettis). Tout cela n'est pas vraiment l'idée que je me fais d'une démocratie qui fonctionne bien ou normalement.
Comme je l'ai dit, à mes yeux, beaucoup des politiciens brésiliens impliqués dans les affaires de lava jato auraient du démissionner d eux mêmes. Mais le moins qu'on puisse dire c'est que tout le processus est clairement instrumentalisé, et qu'à mon avis, vu le contexte, rien de bon ne va sortir de tout ça.
Alors que 60% des parlementaires brésiliens ont eu à répondre de faits de corruption face à la justice, Dilma Rousseff n'est impliquée dans aucun scandale de corruption pour l'instant. Même le scandale Petrobras, qui touche son mentor Lula da Silva.
Selon Transparency Intenational, 36 des 65 députés qui formaient la commission parlementaire qui a autorisé la mise au vote de la motion de destitution le 11 avril dernier ont déjà été condamnés ou sont inculpés pour des faits allant de malversations électorales au blanchiment d'argent.
Selon Mario Conti, du journal Folha de Sao Paulo, «rien jusqu'à présent ne prouve un enrichissement personnel de la présidente. Il est évident qu'elle a contribué à l'État de récession dans lequel est plongé le pays, qu'elle a menti pendant la campagne électorale, qu'elle est irascible. Mais tout cela ne constitue pas un crime de responsabilité et ne justifie pas une destitution… Elle n'a pas volé et c'est une bande de voleurs qui la juge.»
Son programme, «Pont vers le futur», prévoit de remettre en cause un grand nombre d'acquis sociaux décidés pendant les présidences de Lula et de Dilma Rousseff et qui ont permis de sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté. Même la constitution de 1988 est remise en cause avec la volonté d'en finir avec les budgets minimaux pour la santé et l'éducation.
Mais elle n’a jusqu’ici fait l’objet d’aucune investigation témoignant d’un enrichissement personnel. Ce qui n’est pas le cas du possible futur vice-président, Eduardo Cunha, président de la Chambre des députés, à l’origine du lancement de l’impeachment, accusé de corruption et de blanchiment d’argent. La grande majorité des députés qui ont sanctionné Mme Rousseff sont eux aussi suspectés, voire accusés, de charges bien plus lourdes. Ainsi de Paulo Maluf, du Parti progressiste (PP, droite), ancien maire et gouverneur de Sao Paulo, recherché par la justice américaine, condamné en France et fiché par Interpol depuis 2010.
[...]
Retourner vers Politique dans le monde
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 3 invités