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Une vie politique en Birmanie ?

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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede Relique » Ven 13 Nov 2015 08:39

Après de longs jours d'attente (les médias français attendaient les résultats pour lundi après-midi), le parti d'Aung San Suu Kyi, la LND, aurait remporté officiellement la majorité des sièges, 348.

http://www.france24.com/fr/20151113-bir ... -elections

Par contre, dans d'autres articles, je vois qu'il y avait 323 sièges en jeu dans la chambre basse...

Quelqu'un aurait-il des détails du vote et de la répartition des sièges ?
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede ploumploum » Ven 13 Nov 2015 10:58

Relique a écrit:Après de longs jours d'attente (les médias français attendaient les résultats pour lundi après-midi), le parti d'Aung San Suu Kyi, la LND, aurait remporté officiellement la majorité des sièges, 348.

http://www.france24.com/fr/20151113-bir ... -elections

Par contre, dans d'autres articles, je vois qu'il y avait 323 sièges en jeu dans la chambre basse...

Quelqu'un aurait-il des détails du vote et de la répartition des sièges ?


Le Parlement birman est composé de deux chambres :
- Pyithu Hluttaw (Chambre des Représentants) : 440 sièges dont 110 réservés aux militaires
- Amyotha Hluttaw (Chambre des Nationalités, une sorte de Sénat) : 224 sièges dont 56 réservés aux militaires

ce qui fait que les électeurs élisent seulement 498 des 664 membres du Parlement (Pyidaungsu Hluttaw/ Assemblée de l'Union)


Résultats provisoires

A la Chambre des représentants (330 élus) :
LND de Aung San Suu Kyi dispose 238 sièges
Le Parti de l'union, de la solidarité et du développement, (parti au pouvoir), ne remporte que 28 sièges pour l'instant.

A la Chambre des Nationalités (168 élus) : LND : 110 sièges
PUSD : 12 sièges

http://www.mmtimes.com/index.php/nation ... ament.html
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede Relique » Ven 13 Nov 2015 12:52

Merci !

Donc la LND aurait déjà la majorité absolue à la chambre des représentants, et serait à deux-trois sièges de celle-ci à la chambre des nationalités, si je comprends bien.
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede ploumploum » Ven 13 Nov 2015 17:57

Le Live du Myanmar Times

A la dernière actualisation, la LND a 247 sièges à la Chambre des Représentants et 131 sièges à la Chambre des Nationalités.
---> majorité absolue dans les deux chambres malgré la part (de 25 %) réservée aux militaires.

http://www.mmtimes.com/index.php/electi ... -blog.html
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede cevenol30 » Jeu 10 Mar 2016 12:43

La Ligue Nationale pour la Démocratie a désigné son candidat à la présidence de la République (élection par le Parlement bicaméral): ce n'est pas Aung San Suu Kyi (bloquée par une disposition de la Constitution visant les parents d'enfants étrangers - or le père de ses enfants est britannique...) mais un proche, Htin Kyaw.
2 autres candidats sont désignés, probablement futurs vice-présidents:
Henry Van Theu, diplômé en droit et représentant de la minorité ethnique Chin par la chambre haute dominée par la Ligue Nationale pour la Démocratie
Un autre sera proposé par les militaires (un quart des sièges par nomination + quelques sièges démocratiquement obtenus)

AFP: http://www.lecourriercauchois.fr/actual ... dent-.html
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede cevenol30 » Lun 21 Mar 2016 17:25

Htin Kyaw a bien été élu président de la Birmanie.

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/ar ... _3216.html

Il a obtenu 360 voix sur 652. Il y a apparemment 12 absents ou sièges vacants. Et des déperditions côté LND puisqu'il manque 18 voix sur ses 378 sièges. Avec les sièges réservés aux militaires et malgré une majorité écrasante parmi les sièges obtenus au suffrage populaire, le camp démocratique gagnant a une majorité assez serrée, laissant peu de place à des différentiations. Le mode de scrutin semble être uninominal à un tour comme chez l'ex-colonisateur britannique, ce qui a favorisé l'obtention d'une majorité. Il y a cependant d'autres partis, au total 6.000 candidats pour 91 partis aux dernières élections (habituel foisonnement post-dictature souvent observé y compris au Cambodge dans les années 90 + partis des minorités ethniques).

A plus long terme, le pays a d'importants défis: retard économique (le PIB/habitant est inférieur à celui du Laos voisin!), différences entre régions, question des minorités ethniques. La Thaïlande voisine a une vie politique difficile, ce qui n'incite pas à l'optimisme béat.
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede cevenol30 » Ven 25 Mai 2018 23:21

La vie politique birmane au sens large est encore marquée par les conflits ethniques:
dans l'Etat Rakhine, une guérilla rohingya a émergé, la répression militaire a été très étendue et une bonne partie de cette population musulmane et officiellement apatride (la nationalité birmane leur a été retirée) s'est réfugiée au Bangladesh voisin.
Dans l'Etat Kachin, la guérilla a repris après 17 ans de cessez-le-feu et le conflit occasionne des déplacés, au nombre de 100.000 environ. (On voit ici un village fuir, en partie à dos d'éléphant: https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/v ... _3216.html )
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede cevenol30 » Ven 28 Sep 2018 09:10

Deux journalistes de l'agence Reuters ont été condamnés suite à une enquête sur un épisode de massacre de Rohingyas.
Aung San Suu Kyi a approuvé publiquement cette condamnation, assurant qu'elle était légale.

Le Monde a publié "par solidarité" l'article des journalistes: sur le contenu, c'est un clair exemple d'épisode de nettoyage ethnique, bien embarrassant pour les autorités (village détruit, exécution avec fosse commune, le tout en large sur-réaction à des incidents sans commune mesure et qui semblent surtout avoir servi de prétexte attendu) https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

Plus largement, les militaires ne sont pas les seuls à considérer les Rohingyas comme des apatrides, cette idée a été largement répandue, les (pseudo)démocrates comme Aung San Suu Kyi et les autres minorités ethniques le pensent aussi bien souvent. Les autres minorités seraient même furieuses qu'on fasse quelque chose pour les Rohingyas seuls alors qu'elles considèrent avoir des problèmes avec l'Etat central et l'armée depuis bien plus longtemps (ce qui est vrai si on considère l'existence de conflit armé)
cf. p.ex. cet entretien avec un ex-guérillero kachin: https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et- ... 1200968515

Aux dernières nouvelles, l'ONU a émis un rapport qui
(...)demande que la justice internationale poursuive le chef de l’armée birmane Min Aung Hlaing et cinq autres gradés pour « génocide », « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre »

https://www.la-croix.com/Monde/Asie-et- ... 1200964204
La Birmanie a (sans surprise...) rejeté ce rapport.
Le souci est que le monde est au courant et que des réfugiés sont sortis en masse vers l'extérieur (contrairement aux autres conflits ethniques birmans où les déplacements de population ont surtout été intérieurs), qui plus est vers le Bangladesh, Etat déjà pauvre, fort peuplé et menacé par les eaux - autant dire que le reste du monde va devoir payer de l'aide et/ou courir des risques de déstabilisation...
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede cevenol30 » Mar 13 Nov 2018 10:42

L'ONU a pointé le rôle politique des militaires birmans et le frein qu'il peut constituer notamment à la résolution de la question rohingya.
Mais les militaires birmans veulent garder la main tant que ne sont pas réglées les différentes guérillas ethniques dont certaines remontent à l'indépendance (et dont le maintien est lui-même lié à la présence de l'armée birmane et ses exactions...)
https://actu.orange.fr/monde/rohingyas- ... b9940.html

Quant à l'aide internationale, les Etats-Unis ont accordé une aide de 185 millions de dollars soit environ 185 dollars par personne si on considère que les Rohingyas sont un million dont 700.000 ont fui.

Aung San Suu Kyi s'est vu retirer son titre d' "ambassadrice de confiance" d'Amnesty International, l'ONG estimant que la prix Nobel ne défend plus les valeurs qu'elle était censée porter.
https://www.francetvinfo.fr/monde/asie/ ... 31419.html

Un chroniqueur proche de l'ex-junte et des militaires a écopé de 7 ans de prison pour avoir critiqué Aung San Suu Kyi sur sa page Facebook. S'il continuait à cracher un venin datant de la dictature, il ne faisait pourtant qu'exercer sa liberté d'expression au profit d'un autre parti politique, celui issu de la junte. L'article affirme d'ailleurs à la suite de l'intéressé que face aux difficultés du pouvoir civil actuel, le parti politique de l'ex-junte pourrait profiter des élections de 2020 pour regagner du terrain voire récupérer le pouvoir: il lui suffit après tout d'un tiers des sièges démocratiquement pourvus, un quart étant dévolu aux militaires (1/3 * 3/4 + 1/4 = 1/2), si l'entente passée entre les militaires et leur parti civil continue... et si les élections sont bien organisées librement, ce dont on peut douter déjà si chaque opposant qui s'exprime risque une forte peine.
Il semble au fond qu'il faille craindre tant un retour policé des militaires et de leur clique qu'une dérive accrue du pouvoir actuel de la LND, les deux camps étant à la fois liés par les accords de sortie de la dictature militaire et profondément rivaux. L'existence des sièges spécifiques des militaires serait une anomalie à corriger mais qui sait quelle serait leur réaction...
https://actu.orange.fr/monde/birmanie-s ... 09bff.html
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Re: Une vie politique en Birmanie ?

Messagede Eco92 » Lun 1 Fév 2021 09:45

Si le rôle d'Aung San Suu Kyi reste largement critiqué depuis qu'elle a pu sortir de réclusion et être élue présidente de facto en 2016, en grande partie sur son refus de protéger les Rohingyas, qui subissent un véritable génocide.

J'indique de facto car elle n'a pas le droit d'être présidente suite à une loi spécialement votée pour cela empéchant les époux d'étranger d'avoir ces fonction. Elle est cependant "conseillère spéciale" du président (actuellement Win Myint) et Ministre des Affaires étrangères depuis. L'armée a conservé un rôle très important, des ministères, un tiers des députés malgré des élections plus libres qu'avant, etc.

Le scrutin de novembre - ultra-dominée par le parti de San Suu Kyi - avait été entaché d'accusations de fraudes, l'armée menaçant de reprendre le pouvoir. Ce matin Aung San Suu Kyi a été arrêtée, le président Win Myint également. Le vice-président Myint Swe, un ex-officier supérieur qui fut responsable des services de renseignement militaires, a été nommé président par intérim et pourrait transférer ses pouvoirs au chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing.


https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/01/en-birmanie-l-armee-s-empare-du-pouvoir-et-arrete-aung-san-suu-kyi_6068333_3210.html
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