de vudeloin » Ven 15 Avr 2011 17:16
Les résultats des élections présidentielles péruviennes étant quasi définitifs, on peut donc tirer les premiers enseignements du vote de la vingtaine de millions d’électeurs et d’électrices appelés à voter, de manière obligatoire, lors des élections générales de ce 10 avril.
Pour clôturer le dépouillement de l’ensemble des bulletins de vote, il ne manque que quelques bureaux dans le département de Loreto, dont nous avons indiqué qu’il s’agissait du plus étendu et du plus dépeuplé des départements péruviens ( il correspond au parcours supérieur de l’Amazone quand le grand fleuve sud américain commence à avoir quelque dimension ) et, de manière plus étonnante peut être, quelques résultats des bureaux de vote installés à l’étranger, et singulièrement aux Etats-Unis.
Ainsi 641 000 électeurs péruviens sont répertoriés dans le cadre de la diaspora, dont la plus grande partie ( 413 000 ) sur l’ensemble du territoire des Etats américains et parmi eux, plus de 205 000 sur celui des seuls Etats-Unis d’Amérique du Nord et plus de 12 000 sur celui du Canada.
A noter que l’on compte 194 000 électeurs environ dans les pays européens, dont plus de 107 000 domiciliés dans l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne.
Nous traiterons peut être cette question du vote des Péruviens exilés, d’autant qu’il ne correspond pas du tout, en termes de rapports de forces politiques, à ce qui a pu être observé dans le pays lui-même.
Notons tout de même, entre autres aspects, que les Péruviens d’Europe ont relativement peu voté ( taux de participation provisoire : 57,7 % ) et voté en faveur de Pedro Pablo Kuczynski ( 25,4 % ), devant Keiko Fujimori ( 21,7 % ), Luis Castaneda ( 20,3 % ), Alejandro Toledo (17,3 %) et Ollanta Humala (13,4 %).
En France, le taux de participation provisoire s’établit à 48,2 % et l’ordre d’arrivée est légèrement différent avec un tiercé PPK (32,8 %) – Toledo (21,8 %) – Humala (16,7 %).
Alejandro Toledo est d’ailleurs arrivé en tête dans le bureau de vote ouvert à Bordeaux ( je ne sais s’il y existe un consulat péruvien ) et les résultats des bureaux ouverts à Toulouse et à Lyon n’ont pas encore été transmis.
En Espagne, le vote des Péruviens est favorable à PPK, devant Keiko Fujimori et Luis Castaneda, les trois candidats totalisant plus des deux tiers des bulletins validés, mais avec une participation inférieure à 60 % et un nombre de bulletins exprimés inférieur à 50 %.
Le consulat de Barcelone a voté en faveur de PPK, en lui accordant 25,5 % des votes, contre 21,9 % pour Keiko Fujimori, 19,5 % pour Alejandro Toledo, 19,1 % pour Luis Castaneda et 11,9 % pour Ollanta Humala.
Celui de Madrid présente le même ordre d’arrivée et des pourcentages comparables, sauf que Luis Castaneda y est troisième avec 20,9 % des votes devant Alejandro Toledo.
Le vote des Péruviens de l’étranger, notons le, compte aussi pour les élections législatives puisque leurs voix sont mêlées à celles des résidents de la capitale, Lima, pour désigner les 35 élus du Congrès issus de cette ville.
Ce qui, dans le cas précis, pour les législatives, ajoute environ 340 000 voix aux 5,18 millions observés sur le territoire de la capitale.
Et met donc une partie des 35 élus précités sous l’empire du vote ainsi exprimé.
Revenons désormais au territoire péruvien lui-même et aux résultats obtenus au niveau national et départemental par les différents candidats.
Ollanta Moises Humala Tasso arrive donc en tête, de manière encore provisoire, avec 4 594 918 voix et 31,75 % des voix.
Lors du scrutin de 2006, il était dans la même situation et avait décroché 3 758 258 voix et 30,62 % des voix sur les suffrages validés.
Il n’a donc guère progressé en apparence en pourcentage mais a cependant gagné plus de 830 000 voix, ce qui constitue la preuve d’un enracinement de son influence, lié notamment à la construction d’un parti politique ( le Parti Nationaliste Péruvien ) et au soutien que lui accorde l’ex Union pour le Pérou, portée jadis sur les fonts baptismaux par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Javier Perez de Cuellar.
Cette alliance de la gauche et du centre gauche est d’ailleurs matérialisée par le choix de Marisol Fernandez, député UPP de Piura en qualité de première vice Présidente d’Ollanta Humala.
La position de l’ancien lieutenant colonel de l’armée, fils d’un avocat d’origine indienne membre du PC péruvien, s’est clairement affirmée dans le pays inca comme en témoignent les scores obtenus dans les départements andins : Cusco (62,6 %), Tacna (57,1 %), Puno (62,7 % ), Huancavelica (55,6 %), Ayacucho (58 %), Apurimac (51,5 %), Arequipa (47,9 %), Moquegua (47,8 %).
Il est légèrement moins influent sur le département de Junin (38,3 %), plus mixte en tant que paysage et population, comme sur le département de Huanuco (44,1 %) et plus encore, celui de Pasco (30,4 %, où il est devancé de peu par Keiko Fujimori ).
Ollanta Humala parvient également en tête dans le département d’Ica, dont le chef lieu est bien connu des cruciverbistes ou des auteurs de problèmes de mots croisés sans trop d’imagination (31 %) et s’est positionné en tête dans les départements de la selva ( Madre de Dios 51,3 %, Ucayali 39,1 %) comme il s’est trouvé en tête dans les départements amazoniens ( Amazonas 40,8 %, San Martin 36 %).
Enfin, Ollanta Humala se place en première position dans le département d’Ancash, situé entre Lima et l’Equateur, avec 30,9 % des suffrages.
Un département mixte, comprenant une partie andine pour le moins élevée ( on y trouve notamment le Huascaran, première montagne du pays avec une altitude de 6 768 mètres, mais aussi une zone quasi désertique et une partie côtière largement consacrée à la pêche notamment dans la ville – port de Chimbote ( province de la Santa ) qui abrite 40 % de la population du département « bleu « .
Anqash est en effet le mot quechua pour désigner la couleur bleue.
C’est d’ailleurs au vote des habitants de Chimbote, ville ravagée par le tremblement de terre de 1970, que Ollanta Humala doit d’être arrivé en tête dans l’ensemble du département puisqu’il y a devancé de 22 000 voix le candidat centriste Alejandro Toledo, battu de 4 000 suffrages environ sur l’ensemble de ce département maritime et montagnard.
16 départements péruviens auront donc placé en tête le candidat de la gauche nationaliste, héritier, d’une certaine manière, des généraux progressistes et non alignés des années 70.
Certains ont d’ailleurs pu le présenter comme une sorte de clone de Juan Velasco Alvarado, président de 1968 à 1975, après avoir renversé le gouvernement de Belaunde Terry et de l’Action Populaire, aussi sûrement qu’il est assimilé par ses opposants de droite à une sorte de « Chavez « local.
L’autre force d’Ollanta Humala, c’est qu’il est aussi souvent second là où il n’est pas en tête, et notamment derrière Keiko Fujimori dans les départements où la fille de l’ancien Président est arrivée en tête des suffrages.
La progression de l’influence du candidat nationaliste est générale au pays mais recouvre des réalités diverses : ainsi, dans la capitale, Lima, où il perd 2,4 % des voix sur 2006 quand il gagne 8,7 % dans le département d’Amazonas, 1 % dans la ville de Callao ou plus de 5 points sur celui de Cusco.
Situation d’autant plus surprenante que la ville s’est donnée l’automne dernier une maire de sensibilité de centre gauche, Susanna Villaran.
Mais évidemment moins incompréhensible puisque la capitale dispose, par principe, d’une population plus métissée et plus « blanche « que bien d’autres départements du pays.
Six départements ont placé en tête la fille d’Alberto Fujimori qui accroît très sensiblement le score obtenu en 2006 par la candidate soutenue alors par son père, Maria Chavez Cossio.
Il s’agit du département du piémont andin de Pasco, où Keiko Fujimori obtient 456 voix de majorité sur Ollanta Humala parmi les votes de plus de 164 000 électeurs et surtout du bloc Nord Est du pays, avec les départements de Cajamarca ( 33,9 % et 14 000 voix d’avance sur Humala), La Libertad (28,6 % et un peu moins de 32 000 voix d’avance sur Humala ), Lambayeque (27,8 % et 4 730 voix d’avance sur Humala ), Piura (32 % et un peu de 6 700 voix d’avance sur Humala) et, enfin, Tumbes (35,5 % et 8 100 voix d’avance sur Humala).
Pour donner une idée des écarts, il faut par exemple souligner qu’on comptait 842 bureaux de vote dans le département de Pasco et 6 280 dans celui de Piura, ce qui, dans les deux cas, établit aux alentours de moins d’une voix ou d’une voix de majorité par bureau de vote le score de la candidate de droite populiste.
En 2006, Pasco avait voté ( à 28 % ) en faveur d’Ollanta Humala qui y avait devancé de très peu Alan Garcia, l’ex, futur et futur ex Président qui avait recueilli 27,9 % des suffrages.
Le petit département de Tumbes, situé à la frontière équatorienne sur la Côte Nord, avait également préféré Humala qui y avait décroché un score de 23,7 %, devant Lourdes Flores, la candidate de droite 23,3 % et Alan Garcia 22 %.
Ce qui fait que, bien que second, Ollanta Humala gagne 4 points dans ce département largement dédié au tourisme.
Cajamarca, département mixte puisqu’il présente la particularité d’être à la fois andin mais aussi dominé par une population majoritairement blanche et non indienne, avait donné 28,4 % des votes à Ollanta Humala en 2006, le plaçant devant Alan Garcia (21,1 %), Maria Chavez (18,4 %) et Lourdes Flores (14,3 %).
Notons que, comme souvent en Amérique Latine et singulièrement dans les pays andins qui n’ont jamais eu le caractère de colonies de peuplement pour les Espagnols, la population d’origine hispanique est d’abord venue d’Andalousie et d’Extrémadure, régions pauvres s’il en est de la péninsule.
Autre particularité, le département compte un certain nombre de descendants de juifs convertis venus d’Europe et d’Espagne.
Mais le faible score de PPK dans ce département (6,7 %) semble montrer que, s’appuyant sur la base fournie par le score élevé de Maria Chavez en 2006, Keiko Fujimori a probablement capté sur son nom une part non négligeable de l’électorat de Lourdes Flores et, surtout, de l’APRA, restée sans candidat(e) pour ces présidentielles.
Dans les trois autres départements de Lambayeque, La Libertad et Piura, c’est en effet Alan Garcia qui était arrivé en tête lors du scrutin 2006.
Le candidat apriste, ancien Président, avait même obtenu 53,5 % des voix dans le département de La Libertad, véritable bastion historique de l’APRA, puisque sa capitale, Trujillo ( rien à voir avec le sinistre dictateur que connut sous ce nom la République Dominicaine ) fut le lieu de naissance du fondateur de ce parti, Victor Raul Haya de la Torre.
Dans ces trois départements apristes de 2006, Humala progresse de manière non négligeable ( 5,3 points à Lambayeque, 8,6 points à La Libertad et 5,1 points sur Piura ) mais c’est bel et bien Keiko Fujimori qui semble avoir capté l’essentiel de l’effacement de l’APRA.
Une exception à cette règle, peut être, pour Luis Castaneda Lossio, le candidat de la Solidarité Nationale et d’une partie des transfuges du fujimorisme, qui obtient 23,9 % sur Lambayeque.
Résultat assez logique, vu qu’il est né à Chiclayo, dans le département.
Pour ce qui concerne Keiko Fujimori, outre les six départements que nous venons de pointer, si elle parvient souvent en seconde position dans un certain nombre de départements ( et notamment à Lima et Callao ), elle souffre aussi de scores relativement faibles dans les départements indiens situés au Sud du pays : 11,4 % sur Arequipa, 12,2 % sur Moquegua, 15,6 % à Puno, 10,2 sur Tacna ou encore 10,8 % sur le département de Cusco.
Vous allez me dire, à ce stade de ce développement, qu’il manque quelques départements dans l’analyse.
Eh oui, puisque nous allons désormais parler du meilleur de tous les candidats, en tout cas de celui que les Etats-Unis et les milieux d’affaires auraient voulu qu’il figure au second tour, c'est-à -dire Pedro Pablo Kuczynski Godard, désigné localement sous son acronyme PPK.
Economiste, homme d’affaires ( au point qu’il semble avoir, au moment où il était Ministre des Finances d’Alejandro Toledo, été juge et partie dans certains investissements puisqu’à la fois Ministre péruvien et représentant d’un fonds de pension US au Pérou ), descendant d’un médecin juif allemand venu de Poméranie et fondateur d’une léproserie sur le cours de l’Amazone, cousin plus ou moins éloigné de … Jean Luc Godard, marié en premières noces avec la fille de l’ancien directeur de la CIA William Casey, et père d’une journaliste connue chroniquant au New York Times, PPK avait toutes les garanties pour être le candidat idéal d’une droite péruvienne «modernisée », branchée sur une globalisation – mondialisation de bon aloi.
Il avait groupé sous son Alianza por El Gran Cambio ( Alliance pour le Grand Changement, rien que cela ), le vieux Parti Populaire Chrétien, démocrate chrétien, mais aussi la défunte Alliance pour le Progrès et le parti évangélique Restauracion Nacional, éliminé en 2006 avec 4,38 % des voix aux présidentielles.
Fondé par un pasteur, ce parti de droite religieuse fondamentaliste bénéficiait évidemment de l’aide des USA et des courants ultra conservateurs américains.
Pour ne rien oublier en route, PPK, de par sa double nationalité péruvienne et nord américaine (estadounidense diraient les Péruviens comme les autres Sud Américains ), est en effet apparu comme électeur du Parti Républicain aux USA et donateur des campagnes des Bush père et fils.
Et il a fait des réseaux sociaux ( Facebook et autres Twitter ) l’un des outils de sa campagne électorale.
A la sortie, qué fracaso !
Même s’il s’est mis au reggaeton ( il fut ainsi caricaturé ! ), il n’est arrivé en première position des élections que dans la province de Lima et dans la « Cité constitutionnelle de Callao « en obtenant 26,9 % des votes dans le premier cas et 28,9 % dans le premier cas.
Performance plus faible que celle de Lourdes Flores, arrivée en tête en 2006 sur Lima avec 34,2 % des voix et seconde à Callao avec 30,1 % derrière Alan Garcia ( 30,8 % ).
PPK fut donc fort loin, dimanche dernier, de capter là encore l’électorat de l’APRA que d’aucuns lui promettaient, devançant sur Lima Keiko Fujimori de 218 000 voix environ ( mais de 315 000 sur la capitale elle-même, ce qui signifie que PPK a été devancé par KF dans les 8 autres provinces du département réunies ) et de 34 000 voix sur Callao.
En 2006, Lourdes Flores avait devancé Ollanta Humala de près de 500 000 voix sur la capitale et Alan Garcia de près de 600 000 voix.
Sur l’ensemble du département, Ollanta Humala gagne 50 000 voix environ, tandis que Keiko Fujimori fait progresser de près de 900 000 voix le score de Maria Chavez Cossio.
Quant à PPK, en obtenant 1 422 418 suffrages dans le département de Lima ( plus de 50 % de ses votes au plan national ), il reste en deçà du score de Lourdes Flores ( 1 533 519 voix en 2006 ), a fortiori si on intègre le supposé report des votes Garcia ( 985 645 voix en 2006 ).
La performance de PPK n’est donc pas exceptionnelle là où on pouvait l’attendre et, dans la moitié des départements du pays, le score du candidat de droite est inférieur à 10 % : 4,1 % dans le département d’Amazonas, 6,7 % à Cajamarca, 9 % à Lambayeque, 7,7 % à San Martin, 8,9 % à Tumbes, 9 % dans le département d’Ucayali, 8,9 % dans le département de Puno, 9,5 à Madre de Dios, 9 % à Huanuco, 4,5 % à Huancavelica, 5,4 % à Ayacucho ou encore 6,9 % dans l’Apurimac.
Outre les départements où il parvient en tête, PPK ne dépasse les 20 % que dans le département de Moquegua et dans celui d’Arequipa, mais il s’agit de départements assez largement favorables à Ollanta Humala ( près de 48 % dans les deux cas ) et où les scores de Keiko Fujimori comme d’Alejandro Toledo sont plus faibles que leur moyenne nationale. ( On est dans le Sud du pays ).
Passons au dernier cas intéressant de ce scrutin, celui d’Alejandro Toledo Manrique, indien né dans l’Ancash, le gamin de Chimbote, ancien cireur de chaussures de Lima, et devenu Président de la République en 2001 après que le Pérou se soit débarrassé d’Alberto Fujimori.
En 2001, Alejandro Toledo était arrivé en tête au premier tour des présidentielles en recueillant plus de 35 % des votes, devant Alan Garcia, qu’il avait battu de 630 000 voix environ au second tour.
Mais les 3 871 167 voix qu’il avait alors recueillies ont fondu comme neige au soleil des Andes en 2006.
Après une présidence marquée par la corruption et frappé par la règle constitutionnelle en vigueur au Pérou qui veut que le sortant ne puisse se représenter pour un second mandat consécutif, Toledo avait vu Valentin Paniagua, le candidat du Front du Centre, n’obtenir que 706 156 suffrages, ne parvenant à dépasser les 10 % que dans le département de Loreto ( Iquitos ), précisément celui où Alejandro Toledo est aujourd’hui en tête avec le tiers des voix.
Alejandro Toledo, soutenu par le parti centriste Peru Posible dont il est membre et l’historique parti Accion Popular ( celui de Belaunde Terry, le président antérieur au coup d’Etat militaire progressiste de 1968 ), a donc retrouvé une certaine audience en réalisant un score supérieur à 15 % au niveau national et relativement équilibré malgré une faiblesse particulière sur la Côte Sud et le pays historique inca.
Il est cependant doté de plus de 2,2 millions de voix, soit tout de même plus de trois fois le nombre de suffrages du regretté Valentin Paniagua, président par intérim à la chute de Fujimori et candidat malheureux de l’élection 2006.
Ce qui n’empêche que la leçon principale de ces élections présidentielles semble bien être le véritable échec des partis historiques de la vie politique péruvienne.
Ni le Parti Populaire Chrétien, engagé derrière PPK, ni l’Action Populaire, soutenant Alejandro Toledo, ni encore plus l’APRA, qui s’est presque auto liquidée en ne présentant aucune candidature ne font aujourd’hui partie des vainqueurs de ce premier tour.
Ce sont en effet d’une certaine manière deux candidats hors système, l’un plutôt de gauche, dans la tradition « progressiste « de l’armée dans ce pays, et l’autre, réellement de droite populiste qui se retrouvent au second tour.
D’où la perplexité de ceux qui ont soutenu l’un des candidats battus devant un choix délicat.
Les secteurs économiques et patronaux semblent avoir choisi : déçus de ne pas trouver PPK au second tour, ils semblent enclins à se rabattre sur le vote en faveur de Keiko Fujimori, sans trop d’hésitation.
Le souvenir, toujours vivace, d’une présidence Fujimori marquée par la violence et la corruption, malgré quelques efforts en direction du développement de régions jusque là plutôt oubliées, ne suffit pas à convaincre les secteurs en question de faire ce choix.
Mais, bon, en gros, Fujimori ayant débarrassé le Pérou du Sentier Lumineux ( mais pas des narco trafiquants, loin de là ), cela vaut quitus.
Un souvenir qui suffit cependant à d’autres secteurs de la droite péruvienne, notamment dans la bourgeoisie intellectuelle de Lima ( Mario Vargas Llosa en étant la parfaite illustration ), à préférer le « moindre mal « , c'est-à -dire le vote en faveur de Ollanta Humala.
Objectivement, il semble bien que l’électorat d’Alejandro Toledo Manrique soit enclin à se reporter sur la candidature Humala ( n’oublions pas qu’en 2006, sans soutien affiché de qui que ce soit, Ollanta avait réuni plus de 2,5 millions de voix supplémentaires au second tour, terminant avec 47,4 % des suffrages ) et qu’il puisse escompter recueillir aussi une partie des votes PPK.
On peut aussi penser que l’électorat de Luis Castaneda sera, pour sa part, plutôt enclin à voter Fujimori.
Du jeu des alliances des uns et des autres, des compromis trouvés dans les semaines qui séparent du second tour du scrutin, dépendent évidemment les résultats du second tour.
Mais le scénario imprévisible de ce premier tour peut se conclure par une nouvelle élection serrée au second, comme par une victoire qui serait probablement assez nette du candidat nationaliste de gauche.