Fabien a écrit:Quel suspens! Ce long dépouillement à rebondissement n'est cependant pas une première à l'échelle internationale.
J'observe d'ailleurs qu'ils ne sont finalement pas si nombreux les pays, où, comme en France, l'affaire est réglée en quelques heures. Si quelqu'un connait les explications de cette singularité , je suis preneur!
En tout cas, elle est à mon avis plutôt positive. Un dépouillement court, très décentralisé, et sous le regard du public, limite les soupçons de fraude. Nous français sommes de grands adeptes de l'autoflagellation, mais il faut bien dire que nous avons sans doute un des meilleurs processus de vote au monde (je ne parle pas du système électoral, mais des opérations de vote). Il est rapide, fiable, prêtant finalement à peu de suspicions de fraude comparé à d'autres pays. C'est pour cela que quand certains veulent y toucher (vote électronique, heureusement un peu passé de mode), je sors mon revolver!
En France, on a effectivement le dépouillement sur place, d'un vote à l'urne uniquement (pas de vote par correspondance avec des enveloppes en plus à ouvrir etc) et le soir même, en bonne partie par des bénévoles (venus des camps des candidats) avec l'aide de fonctionnaires municipaux, sur des bureaux de vote relativement petits. En gros, 3h après la fermeture des bureaux, ils sont dépouillés. Quand tout se passe bien, ça va donc vite (ailleurs, on a souvent affaire à des comptages de tas énormes de bulletins par du personnel salarié/fonctionnaire sur ses heures de travail). Quand il y a des étrangetés, on se contente d'en garder trace (même pas au PV: on n'y inscrit souvent pas grand'chose), listes d'émargement, bulletins blancs et nuls et on attend qu'il y ait un recours. Ceci dit, il y a quand même des recours et annulations sur les élections, municipales et cantonales/départementales notamment et concrètement, quand le score est aussi serré, il est fréquent que le résultat soit retoqué, il y a vite quelques signatures ou procurations pouvant paraître douteuses sur le papier.
Les défauts éventuels en France sont l'absence de réévaluation immédiate des bureaux douteux (c'est au contraire le cas au Pérou) et la non-indépendance de l'autorité comptabilisatrice (préfectures, ministère de l'Intérieur). Sur le second point, il y a toutefois peu de problèmes, sachant que les militants prennent note des résultats et les remontent dans leur propre appareil, ce qui fait qu'un mauvais report des chiffres se voit vite (et donne lieu à recours éventuellement).
Dans des contextes plus tendus, un peu post- ou péri-dictatoriaux ou avec présence de guérillas ou de crime organisé, avec de l'intimidation sur les assesseurs voire sur les communes en entier, ou encore une tendance des autorités locales à frauder, c'est toutefois plus compliqué. La principale modification, fort fréquente, est alors d'avoir une autorité électorale indépendante.