de alamo » Ven 7 Mar 2014 20:05
Ce n’est pas le sens de ce que j’ai écrit sur le sujet.
Je ne défends pas Poutine (dont les mobiles ne sont pas plus nobles que ceux d’Obama, Hollande ou Cameron) et encore moins Ianoukovitch, je dénonce le mensonge, la manipulation, la perte du sens même des mots et le deux poids deux mesures systématique qui ôtent toute cohérence et aux actes de nos dirigeants.
Et je le fais remarquer, même lorsque c’est assorti de commentaires sarcastiques, c'est toujours du factuel.
J’avais pointé les similitudes troublantes dans le déroulement de différentes « révolutions », comme on nous les vend, dans différents pays. Par exemple sur les fameux tireurs embusqués qui, à chaque fois, tuent en même temps opposants et policiers, estimant qu’il s’agissait selon toute probabilité, de provocations. N’avais-je pas raison ?
J’avais dit que les troubles ne faisaient que commencer et qu’il y aurait rapidement des velléités séparatistes notamment en Crimée. N’est-ce pas vérifié ?
J’avais attiré l’attention sur la part très importante de l’extrême droite y compris ouvertement nazie dans les gens qui ont pris le pouvoir. Ce n’est pas vrai ? Je n’ai fait que recueillir à leur sujet des informations tout à fait publiques, je n’ai rien inventé.
Le référendum en Crimée est illégal et dépourvu de légitimité démocratique? possible mais la prise de pouvoir par les bandes de la place Maidan aussi. On ne peut pas approuver l’un et condamner l’autre (dans quelque sens que ce soit)
Ce n’est pas « bien » quand les policiers embarquaient les manifestants de la place Maidan ? Soit mais alors ce ne l’est pas plus quand la police du nouveau régime arrête les manifestants de Donetsk.
Un référendum n’est pas démocratique lorsque des hommes en uniforme patrouillent dans les rues ? c’est vrai mais pas moins que le vote au Parlement qui destitue le président en place lorsqu’il se fait sous la menace de nervis qui ont de toute façon empêché une bonne partie des députés de voter.
On n’est pas dans une notion de « bien » et de « mal », qui n’existe ni en droit ni en diplomatie.
Ianoukovitch avait-il pris le pouvoir par la force ? Non, il a été élu démocratiquement sans que personne, même ses opposants, ne parle de fraude quelconque. A partir de là , le renversement du pouvoir ukrainien s’apparente-t-il à un coup d’état ? oui, incontestablement. On peut l’approuver pour des raisons idéologiques ou autres, mais on ne peut pas nier son caractère.
Ce coup d’état, ou en tout cas les organisations qui l’ont commis, ont-ils été financés par l’étranger ? c’est ce qu’a dit la secrétaire d’Etat américaine Mme Noland, je ne vois pas pourquoi je ne devrais pas la croire (sauf à penser, Corondar, que les Américains mentent tous comme des arracheurs de dents…)
Respectons les faits, toujours les faits, et restons dans les jugements basés sur le droit international.
Y a-t-il « invasion » russe en Crimée ? pour le moment, jusqu’à preuve du contraire, non ; d’abord parce qu’il est assez difficile de distinguer les troupes de Crimée de celles de la Russie vu qu’ils parlent la même langue et sont habillés de la même façon. Mais surtout parce que même si des troupes russes étaient effectivement en Crimée (d’une certaine manière elles y sont de façon permanente puisque la Russie y a gardé le base marine de Sébastopol ; il y a des bases américaines dans nombre de pays et personne n’irait accuser les USA d’occuper ou d’envahir ces pays, pas plus que je n’ai envahi l’Allemagne en allant y effectuer mon service militaire), il ne s’agirait pas d’une invasion au sens de l’Iraq, de la Grenade, du Panama ou de la Tchécoslovaquie, puisqu’elles y sont appelée par le pouvoir politique en place (la Crimée est une République autonome). De la même façon que la France n’a pas « envahi » le Tchad et la Centrafrique à l’époque de Giscard, ni le Mali récemment.
Et peu importe ce que l'on pense des pouvoirs en question.
Ce qui est insupportable, c’est la façon qu’ont les dirigeants occidentaux jouer les professeurs de morale en reprochant aux autres de faire ce qu’eux font au centuple, et en se positionnant comme le camp du « bien » contre celui du « mal » (on n’est pas sortis du discours reaganien), même quand ils font les pires saloperies.
Ayons au moins le courage d’assumer nos politiques. Si on me dit « on a décidé de virer Assad, quitte à installer les pires fanatiques islamistes à sa place, parce qu’on a besoin de faire passer le gazoduc de l’Emir du Qatar, on en a besoin » ou « on a une occasion de renverser le pouvoir ukrainien pour faire chier Poutine et installer des bases de l’OTAN à 300 km de Moscou, ça lui apprendra à nous avoir pompé l’air sur la Syrie », je ne serai pas forcément d’accord sur le principe , mais je reconnaîtrai en tout cas la franchise du discours et la cohérence de la stratégie.
Mais arrêtons l’hypocrisie et la tartufferie…
Pour le reste, puisque comme je vous l'avez compris j’aime les faits et l’histoire géopolitique, je peux aussi vous établir la liste (la plus exhaustive possible) de toutes les interventions militaires et agressions de pays étrangers par les Etats-Unis depuis 1945 (on peut remonter au début du 19ème siècle si on veut mais ça va être long), et évidemment, pour faire bonne mesure celles de l’URSS/Russie.
Hors guerres mondiales évidemment, et hors interventions à la demande du pouvoir en place, quelle que soit la sympathie qu’on lui porte.
Ça demandera un peu de boulot, là la mémoire ne suffira sans doute pas, mais en revanche il n’y aura, je vous l’assure, que des faits historiques avérés.
Pour finir, concernant la petite comparaison osée sur le thème de la légitimité politique, j’aurais sans doute dû compléter :
J’ai dit qu’en cas d’élection en Russie, Poutine serait réélu facilement parce dans le contexte actuel le soutien populaire dont il bénéficie sera renforcé par le phénomène usuel de regroupement autour du chef en cas de conflit avec un extérieur. Même les plus farouches détracteurs de Poutine le savent parfaitement.
En Syrie, devant les exactions et crimes d’une armada de mercenaires et fanatiques de tout poil, de plus de 80 nationalités ou ethnies différentes, et au bout de trois ans de guerre civile, Assad serait probablement réélu sans peine. Les « opposants » que nous choyons le savent eux aussi parfaitement, c’est pour cela qu’ils posent en préalable l’interdiction à Assad de prétendre à un destin politique. Ce n’est pas un jugement de valeur sur Assad, et là encore ce n’est pas moi qui le dis, mais des membres de l’administration américaine eux-mêmes
En Ukraine, j‘ai dit qu’en cas d’élections libres, je ne savais pas qui l’emporterait des partisans de l’ancien pouvoir ou du nouveau , c’est vrai, je n’en sais rien, et personne ici non plus.
Et j’ai dit (non, laissé entendre en fait) qu’en cas d’élection présidentielle demain (je ne vois pas bien le rapport avec les municipales de mars), je doutais des chances de F. Hollande de repasser. J’en doute plus que jamais, mais chacun a le droit d’y croire…
PS : à Manudu83, Corondar, Zanas : même si nous ne sommes pas d'accord sur nombre de points, je trouve très agréable de pouvoir pratiquer la controverse et le débat contradictoire sur des sujets de fond, avec des gens sachant écrire et argumenter...