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La vie politique ukrainienne

Forum dédié à la vie politique sur le "vieux continent". Réagissez sur les institutions européennes, les élections ou les décisions politiques de nos voisins européens.

Re: La vie politique ukrainienne

Messagede manudu83 » Jeu 30 Oct 2014 21:48

Poutine est un saint, il y a des agents de la CIA sur ce forum qui font de la désinformation, c'est sur.
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Fabien » Jeu 30 Oct 2014 23:25

manudu83 a écrit:Poutine est un saint, il y a des agents de la CIA sur ce forum qui font de la désinformation, c'est sur.


Oui, c'est sûr. Et vous pouvez me croire, en tant que taupe du SVR les agents de la CIA, j'ai l'habitude de les répérer! ;-))
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede alamo » Ven 31 Oct 2014 07:53

MiniM a écrit:
Pour que l'allégorie soit complète il aurait tout de même fallu que les troupes françaises traversent la frontière, annexent une partie de la Wallonie (au moins Tournai et Mons), et fassent ratifier l'annexion en question en organisant un referendum dans la zone annexée (après avoir un peu exilé ou intimidé les quelques pro-flamands vivant dans la zone). Avec ce petit ajout, je pense que je pourrais souscrire à l'allégorie dans son ensemble.


nulle comparaison ne peut être parfaite, mais attention à la propagande (chinoise)

si l'on s'autorise quelques affirmations comportant quelques marges d'incertitude (et là, visiblement, c'est le cas), il aurait aussi fallu que la marine flamande coule un paquebot de croisière guatémaltèque (il y avait peu d'avions à l'époque, il faut bien le dire) avec ses 400 passagers, et accuse du forfait quelques indépendantistes wallons porteurs de tromblons...[/quote]

Avez-vous le moindre début de preuve pour vos allégations?[/quote]

pas plus qu'il n'y en a, dans notre petite histoire, de l'entrée de troupes (françaises) en Wallonie, et largement aussi crédible (d'autant que je n'ai pas dit que c'était volontaire, des bavures, il y en a partout, même dans le Tarn).

mais pour le moment je n'ai vu ni "invasion", ni "annexion".

en Ukraine, il n'y a pas eu d'intervention armée russe.

il y a très probablement des "conseillers" militaires russes encadrant (en off) les insurgés, j'aurais même du mal à croire qu'il en soit autrement, mais ça m'étonnerait qu'il y en ait autant que de militaires et barbouzes français ou américains encadrant les islamistes (baptisés ASL) en Syrie, pourtant loin de nos frontières. Et je ne parle même pas des Turcs...

Et côté armée ukrainienne, on y trouve aussi moult conseillers américains et agents des services secrets polonais, sans parler des purs mercenaires.

je cherche juste à rappeler la nécessité de l'esprit critique, et à faire un peu réfléchir, par les comparaisons, au deux poids deux mesures qui font trouver noir d'un côté ce que l'on trouve blanc de l'autre.
un peu trop ambitieux peut-être...
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Fabien » Ven 31 Oct 2014 09:45

alamo a écrit:
MiniM a écrit:
Pour que l'allégorie soit complète il aurait tout de même fallu que les troupes françaises traversent la frontière, annexent une partie de la Wallonie (au moins Tournai et Mons), et fassent ratifier l'annexion en question en organisant un referendum dans la zone annexée (après avoir un peu exilé ou intimidé les quelques pro-flamands vivant dans la zone). Avec ce petit ajout, je pense que je pourrais souscrire à l'allégorie dans son ensemble.


nulle comparaison ne peut être parfaite, mais attention à la propagande (chinoise)

si l'on s'autorise quelques affirmations comportant quelques marges d'incertitude (et là, visiblement, c'est le cas), il aurait aussi fallu que la marine flamande coule un paquebot de croisière guatémaltèque (il y avait peu d'avions à l'époque, il faut bien le dire) avec ses 400 passagers, et accuse du forfait quelques indépendantistes wallons porteurs de tromblons...


Avez-vous le moindre début de preuve pour vos allégations?[/quote]

pas plus qu'il n'y en a, dans notre petite histoire, de l'entrée de troupes (françaises) en Wallonie, et largement aussi crédible (d'autant que je n'ai pas dit que c'était volontaire, des bavures, il y en a partout, même dans le Tarn).

mais pour le moment je n'ai vu ni "invasion", ni "annexion".

en Ukraine, il n'y a pas eu d'intervention armée russe.

il y a très probablement des "conseillers" militaires russes encadrant (en off) les insurgés, j'aurais même du mal à croire qu'il en soit autrement, mais ça m'étonnerait qu'il y en ait autant que de militaires et barbouzes français ou américains encadrant les islamistes (baptisés ASL) en Syrie, pourtant loin de nos frontières. Et je ne parle même pas des Turcs...

Et côté armée ukrainienne, on y trouve aussi moult conseillers américains et agents des services secrets polonais, sans parler des purs mercenaires.

je cherche juste à rappeler la nécessité de l'esprit critique, et à faire un peu réfléchir, par les comparaisons, au deux poids deux mesures qui font trouver noir d'un côté ce que l'on trouve blanc de l'autre.
un peu trop ambitieux peut-être...[/quote]

Trop ambitieux? Normalement non, mais les esprits s'échauffent tellement vite sur ce sujet.
Pourtant, les médias relayant les arguments du camp "occidental" nous ont déjà si souvent mené en bateau que nous devrions tous être capables d'un peu d'esprit critique... D'autant que l'information indépendante est là, disponible, il suffit de se donner la peine de diversifier ses sources, de lâcher un peu TF1, Libé, Le Monde, France Inter et les autres!
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Herimene » Ven 31 Oct 2014 12:21

Autant je peux comprendre qu'on soutienne de manière générale la Russie de Poutine car elle représente une certaine contre-puissance face à l'hégémonie américaine dans les relations internationales, autant j'ai du mal à comprendre comment des Européens peuvent se réjouir de la possible dislocation d'un autre Etat européen et la quasi invasion de celui-ci par la Russie. D'autant qu'une bonne partie des habitants de cet Etat n'aspire qu'une chose : se rapprocher de l'Europe et enfin en finir avec l'hégémonie russe qui aura fait tant de mal au pays au cours du XXème siècle. En gros juste réaliser ce que tous les anciens pays est-européens ont réalisé, à l'exception de la Biélorussie dictatoriale. On ne peut d'ailleurs pas dire qu'ils s'en portent plus mal et qu'ils regrettent leur choix dans l'ensemble (euphémisme : pour la Pologne et l'Estonie, c'est même une réussite complète).

Sinon pour rentrer davantage dans le vif du sujet, je trouve complètement ahurissant que les admirateurs de Poutine brandissent tous la menace du "néofascisme ukrainien". Qu'il y ait des gens d'extrême-droite du côté pro-ukrainien, c'est indéniable. Maintenant leur poids est finalement assez marginal et en régression (comme le montre très bien les résultats des élections) face à des nationalistes plus classiques mais effectivement tout aussi intransigeants vis-à-vis de l'inviolabilité des frontières ukrainiennes... cela n'en fait pas des ultra-nationalistes ou des néofascistes mais juste des patriotes. Je rajouterai que face à l'urgence de la situation, il est compréhensible que le camp pro-européen et national ukrainien ait accepté l'apport de militants d'extrême-droite ukrainienne. Certes moralement ce n'est pas très glorieux mais après tout ce type d'union nationale est finalement une situation très classique en temps de guerre, qui permet de ne pas rajouter des divisions aux divisions.

D'ailleurs du côté pro-russe, entre nationaux-bolchéviques, authentiques néo-staliniens, ultranationalistes russes, eurasistes et panslavistes, on ne peut pas dire qu'on soit en manque de militants extrémistes. Je rigole bien d'ailleurs en voyant comment l'ensemble de l'extrême-droite européenne, y comprisses composantes les plus radicales soutient le camp pro-russe et relaie les accusations de néo-fascisme de l'autre côté. De qui se moque-t-on ?

A vrai dire, je crois qu'il faut dépasser tout ça. D'un côté on a des patriotes ukrainiens, de l'autre des séparatistes nationalistes russes. Le conflit est assez simple en fait : il s'agit de savoir si on laisse un Etat européen se faire détruire de l'intérieur par son puissant voisin.
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Corondar » Ven 31 Oct 2014 12:51

J'ai surtout du mal à comprendre pourquoi on rejoue un peu facilement un parfum de guerre froide anachronique dans le dossier ukrainien. Peut-être car à l'époque de la guerre froide, les grilles de lecture étaient plus simples (simplistes ?), plus rassurantes ?
Dans le dossier ukrainien il est indéniable qu'on est face à une guerre civile où un peuple se divise quant au destin qu'il souhaite prendre : pro-européen à l'ouest, pro-russe à l'est.
Dans ce genre d'affaire on assiste à tous les reclassements politiques habituels, tous les excès usuels, tous les dérapages classiques. La guerre c'est moche, la guerre civile encore plus. Et comme dans toute guerre civile, des puissances étrangères interviennent pour soutenir le camp qui correspond le mieux à leurs intérêts. Ce n'est ni nouveau, ni propre à des tensions américano-russes.
On ne sort de ce genre de situation que de deux manières : soit par la division du pays, soit par l'écrasement d'un camp par l'autre. Dans le cas de l'Ukraine je pense que l'on va s'acheminer vers la première option.
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Fabien » Ven 31 Oct 2014 15:04

Corondar a écrit:J'ai surtout du mal à comprendre pourquoi on rejoue un peu facilement un parfum de guerre froide anachronique dans le dossier ukrainien. Peut-être car à l'époque de la guerre froide, les grilles de lecture étaient plus simples (simplistes ?), plus rassurantes ?
Dans le dossier ukrainien il est indéniable qu'on est face à une guerre civile où un peuple se divise quant au destin qu'il souhaite prendre : pro-européen à l'ouest, pro-russe à l'est.
Dans ce genre d'affaire on assiste à tous les reclassements politiques habituels, tous les excès usuels, tous les dérapages classiques. La guerre c'est moche, la guerre civile encore plus. Et comme dans toute guerre civile, des puissances étrangères interviennent pour soutenir le camp qui correspond le mieux à leurs intérêts. Ce n'est ni nouveau, ni propre à des tensions américano-russes.
On ne sort de ce genre de situation que de deux manières : soit par la division du pays, soit par l'écrasement d'un camp par l'autre. Dans le cas de l'Ukraine je pense que l'on va s'acheminer vers la première option.


Tout à fait. Comme l'indiquait Jacques Sapir, les insurgés n'ont à l'heure actuelle pas les moyens de prendre l'ensemble des oblast de Lugansk et Donetsk comme ils le revendiquent. Et l'Ukraine n'arrivera pas plus à noyer dans le sang l'insurrection comme en rêvent certains à Kiev. La Russie, si elle mesure soigneusement son soutien, ne le tolérera jamais. Et je ne pense pas que les populations locales le souhaitent.

Garder l'Ukraine dans ses frontières actuelles, sous l'autorité de ce gouvernement-là, est une vue de l'esprit. Mécaniquement, l'Ukraine amputée de la Crimée et d'une partie du Donbass penche fortement du côté "pro-occidental", de façon définitive sauf "accident". N'oublions pas que les majorités du parti des régions n'étaient pas écrasante. Plusieurs millions d'électeurs en moins, qui étaient très majoritairement de ce côté, cela suffit à faire pencher durablement la balance vers l'actuel pouvoir. Cela continuera même en admettant que les opposants qui s'abstiennent reviennent dans le jeu. Et cette majorité "pro-occidentale" durablement installée au pouvoir est aussi ultra-nationaliste. Les choses sont allées trop loin pour que Lougansk et Donetsk acceptent jamais son autorité. Comme le dit Sapir, la solution raisonnable serait une indépendance de facto présentée officiellement comme large autonomie, à l'instar du Kurdistan irakien. Si c'est sans l'accord de Kiev, cela donnera la Transnistrie. Avec leur consentement, on aurait un classique processus d'autodétermination.

J'ai bien peur malheureusement qu'il n'y ait pas de majorité dans la nouvelle Rada pour accepter ce divorce par consentement mutuel. Avec le "Front Poulaire" de Iatseniouk, Samoponitch, le parti radical de Lyaschko et les amis de Timochenko, on a un puissant parti de la guerre qui représente au moins 40% des sièges, sans compter les indépendants proches d'eux! Ces gens-là étaient déjà réticents vis à vis de la baisse d'intensité des hostilités, abusivement présentée comme cessez-le-feu. Ils ne sont sans doute guère plus enthousiastes pour le vague statut spécial temporaire concédé à Minsk. Alors imaginez quand ils devront entériner la sécession de fait de Lougansk et Kiev... Il faudrait une très forte volonté politique pour faire passer cela. Un De Gaulle ukrainien en somme, et je doute que le milliardaire-président aie le profil!Je crains fort qu'il se sente au contraire obligé de donner des gages aux ultra-nationalistes. C'est pour cela qu'on peut malheureusement s'attendre à ce que le conflit reprenne de plus belle. D'autant qu'en face, les insurgés ne peuvent baisser les armes sans avoir pris au moins Marioupol et Sloviansk.

Peut-être suis-je exagérément pessimiste, mais je m'attends à des mois sinon des années de conflit. Dans le meilleur des cas, il restera circonscrit à une petite partie du pays. Mais on ne peut exclure que cela tourner à la guerre civile généralisée. La seule possibilité d'éviter cela est que les occidentaux et les russes fassent pression chacun de leur côté. Poutine a déjà montré qu'il ne soutenait pas les insurgés de façon inconditionnelle et illimitée. On aimerait qu'en face les gouvernements de l'UE fassent de même vis à vis de Kiev, cela les aiderait peut-être à consentir aux compromis nécessaires. Mais franchement, je n'y crois guère.
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede alamo » Ven 31 Oct 2014 15:29

D'accord avec Fabien comme avec Corondar

A partir du moment où dans son immense majorité (et en Crimée, c'était 96% d'une participation de 87%), une population ne veut plus appartenir au pays auquel elle a été rattachée à une époque (en l'occurrence ici, très récemment à l'échelle de l'histoire), je ne vois pas bien au nom de quoi des régimes étrangers devraient invoquer "l'intangibilité des frontières" pour justifier que l'on aille lui coller ds bombes sur la gueule lorsqu'elle réclame un référendum d'autodétermination.

Car c'est cela qu'ils réclament ces gens; on n'a pas affaire à une poignée de mafieux terrorisant la population sous couvert de nationalisme (la Corse), mais à une population qui ne se voit pas de destin (ni d'ailleurs de point quelconque) commun avec l'autre.

Et que l'on ne nous bassine pas avec la question de la sincérité du scrutin référendaire tel qu'on la vu en Crimée, quand on a vu la pantalonnade des deux élections organisées par le pouvoir putschiste de Kiev pour se chercher un habillage de légitimité.

Maidan n'est pas une révolution, c'est un coup d'état, comme en Syrie ou en Libye, a contrario de ce qui s'est passé en Tunisie ou en Egypte (quoi que l'on pense de l'évolution ultérieure des régimes issus de ces révolutions).
Que dans certaines régions d'un pays multilingues, on refuse de se soumettre au pouvoir issu du coup d'état, c'est plutôt normal.

Mais personne ici ne se réjouit en quoi que ce soit de la dislocation d'un autre pays, j'ai toujours été le premier à déplorer cet éclatement de pays au nom de l'homogénéité ethnique ou religieuse (souvent aussi par l'abandon de toute solidarité parce que les provinces riches cherchent à se détacher de régions pauvres qu'elles considèrent comme des boulets : Slovénie, Flandre, Catalogne, Ecosse, Italie du Nord, etc), y compris dans les fantasmes débiles de "l'Europe des Régions", qui ne bénéficient qu'à l'extension sans fin de la toute-puissance des multinationales qui n'ont plus d'Etat en face d'elles : La France a déjà du mal à faire valoir ses intérêts face à Mittal, on imagine le poids de l'Auvergne ou de l'Alsace.

Mais si réellement un référendum en Bretagne, en Alsace ou en Poitou-Charentes montrait que 90% des populations de ces régions veulent être indépendants, je le déplorerais comme de tout ce qui vienne casser une nation réunie par une histoire et un destin commun pour rétablir les baronnies féodales d'avant Philippe le Bel, mais je ne vois pas en quoi j'aurais une légitimité quelconque pour m'y opposer; je n'ai aucun sentiment de propriété sur ces régions.

"L'aspiration" des populations de l'ouest de l'Ukraine à se rapprocher de l'UE est du même ordre que celle des habita,nts de Mayotte à devenir un département français : un rêve de prise en charge par des contrées vues (à tort) comme un eldorado, dans un pays où les salaires minimum et moyen sont deux à trois fois moins élevés qu'en Chine.

Les salariés français, allemands ou autres, en revanche, peuvent s'inquiéter...
Pour la "réussite complète" de l'Estonie et de la Pologne, je laisse chacun apprécier, mais quand on voit qu'en Roumanie certains sondages ont donné une majorité de gens regrettant la vie qu'ils menaient sous Ceaucescu, sans doute le seul "vrai" dictateur des pays de l'Est avec Hodja, on peut (en tout cas on devrait) s'interroger sur le modèle que l'on leur a apporté.
Un recul de l'espérance de vie, des filles qui avant allaient à l'école faisant aujourd'hui le trottoir en occident, le chômage de masse, les salaires de misère (comme avant, sauf que le coût de la vie a quintuplé), c'est ça, la réalité de la Russie et des pays d'Europe de l'Est. Quant à Poutine, ce n'est pas forcément terrible, mais il n'est arrivé au pouvoir que parce qu'Eltsine, marionnette des occidentaux, avait ruiné le pays et appauvri sa population.

Arrêtons les délires sur l'invasion de la Russie, qui n'a pas plus eu lieu en Ukraine en 2014 qu'en Pologne en 1981.
Le discours de guerre froide vient très clairement aujourd'hui des dirigeants occidentaux et des pantins qu'ils ont installés à Kiev, pas des Russes qui n'y ont aucun intérêt.
Si l'Ukraine se coupe en deux, ce que comme Corondar j'estime très probable, ce ne sera pas dû à la Russie, mais aux apprentis sorciers qui ont voulu jouer avec le feu en manipulant des populations entières pour satisfaire leurs intérêts ou plutôt ceux de leurs commanditaires : les puissances du fric. Quitte à installer au pouvoir des fachos ou semi fachos comme on a installé des fanatiques islamistes ailleurs.

Enfin, ce que je trouve, moi, ahurissant, c'est que même lorsqu'a été prouvée l'inanité de tous les délires propagandistes que l'on a subi depuis des décennies (les "charniers" de Timisoara, les bébés sortis des couveuses au Koweït, les sosies de Saddam Hussein, les deux millions de morts au Kosovo, l'attaque chimique de la Ghouta, j'en passe et des meilleures), il se trouve encore des gens pour s'avaler toutes les nouvelles couleuvres qu'on leur sert. Et en redemandant de la sauce encore...
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede Fabien » Ven 31 Oct 2014 15:57

Herimene a écrit:Autant je peux comprendre qu'on soutienne de manière générale la Russie de Poutine car elle représente une certaine contre-puissance face à l'hégémonie américaine dans les relations internationales, autant j'ai du mal à comprendre comment des Européens peuvent se réjouir de la possible dislocation d'un autre Etat européen et la quasi invasion de celui-ci par la Russie. D'autant qu'une bonne partie des habitants de cet Etat n'aspire qu'une chose : se rapprocher de l'Europe et enfin en finir avec l'hégémonie russe qui aura fait tant de mal au pays au cours du XXème siècle. En gros juste réaliser ce que tous les anciens pays est-européens ont réalisé, à l'exception de la Biélorussie dictatoriale. On ne peut d'ailleurs pas dire qu'ils s'en portent plus mal et qu'ils regrettent leur choix dans l'ensemble (euphémisme : pour la Pologne et l'Estonie, c'est même une réussite complète).

Sinon pour rentrer davantage dans le vif du sujet, je trouve complètement ahurissant que les admirateurs de Poutine brandissent tous la menace du "néofascisme ukrainien". Qu'il y ait des gens d'extrême-droite du côté pro-ukrainien, c'est indéniable. Maintenant leur poids est finalement assez marginal et en régression (comme le montre très bien les résultats des élections) face à des nationalistes plus classiques mais effectivement tout aussi intransigeants vis-à-vis de l'inviolabilité des frontières ukrainiennes... cela n'en fait pas des ultra-nationalistes ou des néofascistes mais juste des patriotes. Je rajouterai que face à l'urgence de la situation, il est compréhensible que le camp pro-européen et national ukrainien ait accepté l'apport de militants d'extrême-droite ukrainienne. Certes moralement ce n'est pas très glorieux mais après tout ce type d'union nationale est finalement une situation très classique en temps de guerre, qui permet de ne pas rajouter des divisions aux divisions.

D'ailleurs du côté pro-russe, entre nationaux-bolchéviques, authentiques néo-staliniens, ultranationalistes russes, eurasistes et panslavistes, on ne peut pas dire qu'on soit en manque de militants extrémistes. Je rigole bien d'ailleurs en voyant comment l'ensemble de l'extrême-droite européenne, y comprisses composantes les plus radicales soutient le camp pro-russe et relaie les accusations de néo-fascisme de l'autre côté. De qui se moque-t-on ?

A vrai dire, je crois qu'il faut dépasser tout ça. D'un côté on a des patriotes ukrainiens, de l'autre des séparatistes nationalistes russes. Le conflit est assez simple en fait : il s'agit de savoir si on laisse un Etat européen se faire détruire de l'intérieur par son puissant voisin.


Pour ma part, je ne suis pas un "admirateur de Poutine". Si je le reconnais et le respecte comme un des hommes d'Etat les plus doués du moment, si je salue la sagesse et la clairvoyance de sa politique internationale, je ne partage pas du tout ses idées (il représente la droite nationaliste et traditionaliste, très attaché au rôle de la religion dans la société, favorable à l'économie de marché, a une vision plutôt autoritaire du pouvoir, etc... ) ni ses méthodes. Je suis tout au contraire un homme de gauche, socialiste ( au sens jauresien et pas au sens hollandien du terme!), républicain, anti-clérical, désireux d'avancer vers un système véritablement démocratique.

Parler de "réussite complète" pour l'intégration des pays de l'est est tout de même un peu simpliste, je suis d'accord avec alamo sur ce point (comme sur beaucoup!). Il y a des déséquilibres majeurs non-résolus dans ces états. D'ailleurs les citoyens de ces pays en sont les premiers conscients à en juger par leurs comportements électoraux qui traduisent un certain désenchantement démocratique...

Même en admettant que cela soit une franche réussite, il est bien évident que l'opération ne sera pas rééditée pour l'Ukraine. L'UE n'a rien à offrir à ce paus, si ce n'est les plans d'ajustements structurels et l'inféodation à l'OTAN sans avoir les prérogatives d'un membre de cette alliance. Tout le monde le sait, les plus honnêtes du camp atlanto-libéral en conviennent à demi-mot. Et c'est une grande faute d'avoir laissé prospérer l'illusion européenne au nom de laquelle l'Ukraine s'engage dans une voie sans issue. S'ils continuent sur cette voie, les ukrainiens vont se retrouver le bec dans l'eau. Fâchés avec leur grand voisin, et pas mariés pour autant avec une Europe qui va plaider le malentendu, jurer ses grands dieux qu'elle n'a jamais rien promis à l'Ukraine. Et quand les pauvres citoyens ukrainiens vont comprendre qu'ils se sont fait avoir dans les grandes largeurs, devinez-donc qui va en profiter?

L'extrême-droite aurait donc un "poids marginal et en régression" en Ukraine? Si, comme nos médias dominants vous ne rangez dans cette catégorie que Svoboda, c'est certain. Mais c'est une grave erreur d'analyse de s'en tenir à l'étiquette affichée officiellement par les partis ukrainiens "pro-occidentaux" et de plaquer nos grilles d'analyse. Savez-vous que l'une des figures du Front Populaire de Iatzeniouk, Andriy Parubiy est l'un des cofondateurs du parti néo-nazi SNPU? Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres! La nouvelle Rada est truffée de miliciens admirateurs de Bandera... Quel que soit le parti du camp vainqueur (à part celui de Porochenko, et encore!), creusez un peu et vous trouverez des gens avec des positions qui leurs vaudraient l'exclusion du FN. Du reste, ce n'est pas un hasard si tant de gens ont pu pratiquer une forme de "vote utile" au détriment de Svoboda et au profit du Front Populaire... Montrer le vrai visage de ceux à qui chez nous on tresse des couronnes, je comprends que cela vous dérange. Mais à un moment donné, il faudra bien sortir du déni et accepter de voir la réalité en face.

L'extrême-droite européenne soutient le camp"pro-russe", c'est son problème, pas le mien. Vous noterez que l'extrême-droite ukrainienne, qui connait sans doute mieux le sujet est unanimement de l'autre côté... Alors qu'inversement, l'essentiel de ce que l'Ukraine compte de progressistes (et cela ne fait pas tant de monde hélas), soit soutient les séparatistes, soit défend la paix.
Je ne nie pas qu'il y ait aussi des gens pas très recommandables parmi les insurgés. Mais du point de vue des gens de Donetsk et Lougansk, il y a une agression militaire, une occupation! Dans ces conditions-là, vous vous battez au côté de tous ceux qui veulent résister, qu'ils soient communistes, nationalistes grand-russe, nostalgiques du tsarisme ou n'importe quoi d'autre.

Essayez de vous mettre un peu à leur place... Le président pour qui vous avez presque tous voté est renversé de façon anti-constitutionnelle, sous pression de bandes armées. Un gouvernement provisoire se met en place, exclusivement constitué de gens de l'ouest du pays, représentant les forces politiques auxquelles vous êtes hostiles. On parle de supprimer le statut de votre langue. On accélère sans vous demander votre avis la signature d'un accord de libre échange avec l'UE qui va ruiner votre industrie. Quand vous trouvez que cela commence à faire beaucoup et que vous le faites savoir en manifestant, on vous réprime sauvagement. On réhabilite les collabos de la seconde guerre mondiale. On détruit les statues héritées de l'URSS, auxquelles vous êtres très attachés comme à un pan de votre histoire.
Quand le ton commence à monter, on vous envoie l'armée. Quand l'armée se révèle peu emballée à l'idée de massacrer ses compatriotes et peu efficace dans ce sale boulot, ce sont des milices d'extrême-droite qui arrivent en première ligne. On vous bombarde à grande échelle, y compris en usant de moyens interdits par des conventions internationales. Plus tard, vous découvrirez des charniers. On engage une procédure pour interdire le parti pour lequel 30% d'entre vous ont voté aux dernières législatives. On vire manu-militari les députés de ce parti de la Rada. On jette dans des poubelles un député du parti qui a la faveur de la majorité d'entre vous.
Vous faites quoi, vous dans ces conditions? Vous ouvrez la porte aux miliciens de Kiev avec un grand sourire et vous leur offrez le café? Moi, j'aurais plutôt tendance à soutenir les insurgés. Et si certains d'entre eux ont d'autres idées que les miennes, tant pis. L'urgence du moment est de défendre ma terre, mes biens, ma famille, ma vie. Face aux milices armées par les milliardaires, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, on ne peut pas se permettre de faire le tri.
Cela ne veut pas dire que je soutiens à proprement parler les insurgés (qui du reste sont surtout appuyés, chez nous, par des communistes orthodoxes plus que par l'extrême-droite). Mais je les comprends!
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Re: La vie politique ukrainienne

Messagede ploumploum » Lun 8 Déc 2014 16:50

La farce qu'est la crise ukrainienne continue.

On a peur des "méchants" russes et de leurs différentes invasions mais en attendant c'est plutôt du côté ukrainien que l'on observe des faits "surprenants". Le nouveau gouvernement issu du "triomphe des pro-européens" lors des dernières élections comprend trois étrangers.

(entre crochets et en gras : mes ajouts)

Le ministère des finances est attribué à Natalia Iaresko, ressortissante américaine d'origine ukrainienne [parents ukrainiens mais naissance à Chicago], qui a fait une partie de sa carrière au département d'Etat, le ministère des affaires étrangères américain, avant de travailler dans le privé. Un Lituanien, Aïvaras Arbomavitchous, ancien champion de basket mais surtout dirigeant de la filiale kiévienne du fonds d'investissement East Capital, est nommé à l'économie.[ né à Vilnius mais marié à une ukrainienne] Enfin Sandro Kvitachvili [né à Tbilissi], ancien ministre géorgien de la santé et du travail, prend le ministère de la santé, un poste important tant le système de santé ukrainien est miné par la corruption.

Ces trois entrées détonnantes sont une initiative du président Porochenko, qui a réservé aux « étrangers », comme les désigne déjà la presse ukrainienne, une partie des postes qui revenaient à son parti. Les décrets de naturalisation ont été pris en urgence, mardi.[la double-nationalité est interdite, mais bon le respect de la loi est un concept théorique en Ukraine depuis quelques mois...]


Un autre étranger pourrait faire son entrée dans l’administration : il s'agit de Mikheïl Saakachvili, ancien président de Géorgie qui s'est exilé aux USA après la défaite de son camp en 2013.

http://www.lemonde.fr/europe/article/20 ... _3214.html
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