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Elections de 1981

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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 12:38

Pour poursuivre sur la lecture des résultats du premier tour, regardons maintenant d'un peu plus près la performance du candidat PS, François Mitterrand, arrivé en seconde position, comme semblent l'avoir prévu les sondages publiés avant le premier tour et qui va terminer relativement près de VGE ( un peu plus de 700 000 voix d'écart sur l'ensemble du corps électoral ) et laisser Chirac relativement loin derrière ( à près de 2,3 millions de voix ).

Le résultat du candidat socialiste marquait une rupture avec l'équilibre des forces présent tout au long des années 70 dans la vie politique française : de quatre forces politiques d'influence proche, comprise entre 20 et 25 % des votes, on passe à une situation où deux forces dépassent assez nettement les 25 % ( le cumul des votes des deux premiers candidats se situant au dessus de la majorité absolue des suffrages ) et deux forces, minoritaires ou d'appoint, faisant moins de 20 %.

On notera que si 1988, de par le score élevé de François Mitterrand au premier tour, traduira à nouveau la primauté de l'influence des deux candidats qualifiés pour le second tour, ni le scrutin de 1995 ni celui de 2002 ne verront la majorité des électeurs voter pour l'un des deux qualifiés.

Et il faudra attendre 2007 pour que le score cumulé des deux qualifiés excède de nouveau la barre des 50 %.

Revenons en à 1981 et à la performance de François Mitterrand.

Nous noue en tiendrons à l'ordre alphabétique des départements dans un premier temps pour pointer les endroits où le score du candidat PS lui permettra soit de se situer en tête de tous les candidats, soit de se positionner pour le second tour avec un score intéressant.

D'abord l'Aisne, où le candidat PS fait 25,34 % et termine à 434 voix seulement de Giscard d'Estaing, sur près de 300 000 exprimés.

Ensuite les Ardennes où le candidat PS arrive en tête avec 26,79 % des voix (25,53 % pour VGE et 19,63 % pour Georges Marchais, ce à une époque où le PCF dispose de deux des trois députés du département ).

Puis l'Ariège où le candidat PS arrive largement en tête avec 32,41 % des voix, tandis que VGE est talonné par Marchais ( 20,80 % pour le Président sortant, 20,46 % pour le leader du PCF ).

Ensuite l'Aude, terre de tradition PS où Mitterrand obtient 34,41 %, Georges Marchais arrivant second avec 20,40 % des suffrages.

François Mitterrand est également en tête en Charente, son département de naissance, où il obtient 27,84 %.
Il doit se contenter de la seconde place dans le département voisin de Charente Maritime avec 24,42 % ( VGE 26,35 % et 5 587 voix de plus ) mais la performance du «  régional de l'étape « , le maire MRG de la Rochelle Michel Crépeau ( 11,94 % ) doit sans doute être recherchée comme la cause de cette situation.

Le candidat PS l'emporte en Côte d'Or, où il réalise un intéressant 30,63 %, devançant largement le Président sortant, fortement concurrencé par Jacques Chirac soutenu notamment par Robert Poujade, le maire de Dijon.

Il est évidemment en tête dans les Côtes du Nord, devenues d'Armor, où il réalise 27,97 % contre 27,24 % pour VGE, le score du candidat PS étant conforté par la performance honorable du candidat communiste ( 16,20 %).

Mitterrand est également premier en Dordogne (26,09 %), dans le Doubs (28,95 %), la Drôme (28,25 %).

Il n'a qu'environ deux points de retard et 5 000 voix sur VGE dans l'Eure, et se retrouve troisième dans le Gard dans un contexte particulier.

En effet, le PCF détient alors les quatre sièges de député de ce département.

Pour ce premier tour, c'est VGE qui arrive en tête avec 73 594 voix, devant Georges Marchais qui réalise 72 917 voix et François Mitterrand qui obtient 70 173 voix.

Après ce mouchoir de poche, une série de départements vote clairement en faveur de Mitterrand.

La Haute Garonne (33,74 %) , le Gers (34,13 %), la Gironde (33,23 %) confirment l'ancrage à gauche du Sud Ouest.

L'Hérault, avec 26,39 % des voix pour Mitterrand ( 3 924 voix d'avance sur VGE ) , choisit aussi le candidat PS.

Mais l'Indre et Loire place également en tête le candidat socialiste avec 28,59 % des voix et 2 416 d'avance sur VGE.

L'Isère, c'est là plus logique et l'avance de Mitterrand sur le président sortant atteint 11 400 voix...

Les Landes votent PS, avec un 34,02 % clair et net.

La Loire Atlantique, où Mitterrand atteint 28,47 % des voix ( retard de 7 000 voix sur VGE ), confirme son évolution vers la gauche, une gauche faisant 44,52 % au premier tour ( droite : 51,08 %).

François Mitterrand arrive en tête dans le Lot (30,97 %) comme dans le Lot et Garonne (27,37 %).

Il obtient un résultat intéressant en Haute Marne, terre d'élection d'Edgar Pisani, gaulliste devenu PS, où il fait près de 28 % et termine à 820 voix de Giscard d'Estaing.
Le département, fort orienté à droite aujourd'hui, votera pour le candidat socialiste au second tour...
Mais n'anticipons pas !

François Mitterrand l'emporte évidemment dans la Nièvre où son score atteint 39,33 % au premier tour mais échoue à parvenir en tête dans le Nord.

Dans le département le plus peuplé de la métropole, le candidat socialiste réalise 346 897 voix, contre 366 297 voix pour VGE et, notons le, 287 069 voix pour Georges Marchais, loin devant Jacques Chirac et ses 195 828 électeurs.

Mitterrand arrive par contre en tête dans le Pas de Calais où il obtient 221 988 voix, contre 209 454 voix pour VGE et 185 427 pour Georges Marchais.

Ce qui fait que, sur la Région, le candidat socialiste n'est devancé par VGE que pour 6 866 voix...
Et que le candidat PCF fait, une fois encore, un bon dixième de ses votes au niveau national dans la Région...

Dans l'Oise, François Mitterrand talonne de nouveau VGE (25,54 % pour le candidat PS, 26,02 % pour VGE, soit 1 628 voix ).

Les Pyrénées Atlantiques ont également permis au PS de talonner le candidat sortant, l'écart étant en effet de 570 voix sur l'ensemble du département.

Les Hautes Pyrénées, avec 30,97 %, placent nettement François Mitterrand en tête et l'on peut noter le faible score, toutes choses égales par ailleurs, de Michel Crépeau (2,41 %).

Dans les Pyrénées Orientales, où le maire de Perpignan était passé du mitterrandisme au giscardisme ( Paul Alduy fut maire SFIO en 1971 et PSD en 1977 ), l'écart fut réduit : 43 937 voix pour Mitterrand, 45 533 voix pour Giscard d'Estaing et, là encore, 35 850 voix pour Marchais.

La Haute Saône place elle aussi Mitterrand en tête (29,26 %) et la Saône et Loire lui permet de talonner VGE (85 970 voix contre 88 296 pour le Président sortant ).

Si à Paris, Mitterrand arrive derrière Chirac et VGE, il se situe en bonne position dans le reste des départements de l'Ile de France.

Mitterrand est 13 417 voix derrière VGE à Paris, 2 640 voix en Seine et Marne, 14 735 voix dans les Yvelines, 9 628 voix dans les Hauts de Seine, soit un total 40 440 voix.
Il est devant VGE dans l'Essonne de 18 136 voix, en Seine Saint Denis de 28 746 voix, dans le Val de Marne de 16 092 voix et dans le Val d'Oise de 10 684 voix.

Ce qui fait que la plus grande région de France a placé en tête le candidat du PS de plus de 35 000 voix.

Dans les derniers départements de la liste, notons le score du Tarn (29,57 %), celui du Tarn et Garonne (27,72 %, plus 5,89 % pour Michel Crépeau dans ce département très radical ), la Haute Vienne (26,89 %), où Georges Marchais est arrivé deuxième ou encore le résultat de la Vienne où Mitterrand arrive 1 639 voix derrière VGE.

Le résultat du candidat socialiste est donc à la fois représentatif des bastions historiques de la social démocratie et du socialisme en France mais aussi des progressions nettes dans ce qui avait, longtemps, constitué les zones de force de la droite.

Mais ce ne sont là que quelques impressions...

A vous de commenter comme il se doit les choses !
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 12:44

Jean-Philippe a écrit:
vudeloin a écrit:Ainsi, le Finistère, le Puy de Dôme, l'Ille et Vilaine, l'Ain, l'Aveyron ou l'Ardèche ont un conseil général aujourd'hui dirigé par la gauche et parfois, avec une majorité assez nette.


On ne peut qu'être d'accord sur le constat d'ensemble, excepté sur l'Aveyron qui a un exécutif de droite. En 2007, Sarkozy n'y était majoritaire qu'avec 50,8%, probablement un des plus bas taux pour un candidat de droite à la présidence (à vérifier pour 1981 et 1988).


Le fait est que j'ai mis l'Aveyron dans cette liste alors que ce n'est pas aujourd'hui un département de gauche...
Mais dont les deux sénateurs sont de gauche, ce qui doit expliquer ma méprise :)
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Re: Elections de 1981

Messagede ploumploum » Dim 1 Mai 2011 12:48

Il me semble que ces élections ont plutôt vu un basculement des communistes vers le PS (perte d'un million de suffrages entre 78 et 81). Mais je voudrais une petite précision vudeloin : Auriez vous les résultats précis en Seine Saint Denis ? Car il me semble que le département fut l'un des seuls ( 2 je crois, d'après mes souvenirs) à placer Marchais devant Mitterrand
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Re: Elections de 1981

Messagede ubil » Dim 1 Mai 2011 13:51

Voici les résultats de Seine-Saint-Denis:
Laguiller: 2,53% (14 634 voix)
Bouchardeau: 1,24% (7 209)
Marchais: 27,29% (158 133)
Mitterrand 24,47% (141 813)
Crépeau: 2,41% (13 985)
Lalonde: 4,44% (25 752)
Giscard: 19,48% (112 843)
Chirac: 15,50% (89 823)
Garaud: 1,27% (7 364)
Debré: 1,36% (7 866)
qu'on peut retrouver sur ce site
http://cdsp.sciences-po.fr/AE.php
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Re: Elections de 1981

Messagede Jean-Philippe » Dim 1 Mai 2011 14:06

Je viens de trouver un lien intéressant (fait dans la perspective des élections de 2002) avec des cartes avec les résultats par départements du 1e tour aux présidentielles de 1981 1988 et 1995 pour les principaux candidats (PS, PC, écolo, LO, RPR, UDF, FN). Il n'y a pas de chiffres précis par département mais les cartes sont parlantes.

http://www.cevipof.com/DossCev/elec2002/Carto/p3ndx.html
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 14:23

ploumploum a écrit:Il me semble que ces élections ont plutôt vu un basculement des communistes vers le PS (perte d'un million de suffrages entre 78 et 81). Mais je voudrais une petite précision vudeloin : Auriez vous les résultats précis en Seine Saint Denis ? Car il me semble que le département fut l'un des seuls ( 2 je crois, d'après mes souvenirs) à placer Marchais devant Mitterrand

Tu anticipes, ploumploum ! ;)
Vu de près que je vais traiter le cas de Chirac, arrivé troisième, puis celui de Marchais qui fut quatrième...

Mais, pour le coup, on va tâcher aussi de trouver les éléments de mesure du bougé entre 78 et 81 du côté de la gauche, comme entre 74 et 81 pour les deux candidats de droite.

Dans le fil de la discussion, j'avais indiqué, sur la présentation des résultats du premier tour, que Chirac avait fait nettement plus de voix que Chaban et VGE moins comme Président sortant que comme candidat un peu " outsider " en 1974.

PS 100 000 voix de moins pour Giscard d'Estaing en 1981 sur 1974, 1,4 million de voix de plus pour Chirac par rapport à Chaban.
Un mouvement aussi spectaculaire, sur bien des aspects, que le transfert PCF - PS.
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 15:35

Il fut un moment , dans la campagne électorale de 1981, où certains commencèrent à envisager la possibilité d'un duel Chirac Giscard au second tour, éliminant les deux candidats de gauche et sollicitant de fait le « vote utile « en faveur de l'un ou de l'autre, et singulièrement, du Premier Secrétaire du PS.

En toute objectivité, rien ne devait conduire à ce processus mais il est évident que le score de Jacques Chirac, handicapé par le ralliement de certains caciques du RPR et Ministres du Gouvernement Barre à la candidature du Président sortant, a été suffisamment élevé pour apparaître comme une forme de succès.

Pourtant, même si cela fut peu dit à l'époque, le score de Jacques Chirac ( inférieur à 18 % ), se situait en dessous du score du RPR aux élections législatives de 1978.

Rappel des résultats de ce scrutin législatif qui détient toujours le record de participation de toute la Ve République

Résultats 1er tour 2e tour
PS 6 451 151 22,58% 7 212 916 28,31%
RPR 6 462 462 22,62% 6 651 756 26,11%
UDF 6 128 849 21,45% 5 907 603 23,18%
PCF 5 870 402 20,55% 4 744 868 18,62%
MRG 603 932 2,11% 595 478 2,36%
Majorité présidentielle 684 985 2,39% 305 763 1,20%
Divers 793 274 2,77% 57 418 0,22%
Extrême gauche 953 088 3,33%
Écologistes 621 100 2,14%


Ce qui veut dire, a priori, que Giscard fait 2 millions de voix de plus que les candidats UDF de 78, quand Chirac fait plus d'1,2 millions de voix de moins que les candidats RPR...

Nous nous intéresserons donc, parce qu'il ne s'agit pas des mêmes élections ( c'est bien le truc ) aux départements où Chirac dépasse les 20 %, ce qui lui donnait un poids significatif.

Cela concerne d'abord les Alpes Maritimes (20,30 %), puis l'Aveyron (21,95 %), le Cantal (33,45 %), la Corrèze (41,44 %), la Corse du Sud (27,38 %) et la Haute Corse (27,27 %), la Creuse (28,17 %), la Dordogne (21,65 %), l'Ille et Vilaine (20,20 %).

Pour une bonne part, ces départements ont des caractères d'attachement à la droite conservatrice assez ancien, même si on peut observer les scores du Limousin où Chirac règne sans partage à droite face à une UDF plutôt faiblarde.

Chirac est évidemment en tête en Corrèze, mais aussi en Haute Corse et dans la Creuse.
En Dordogne, outre le soutien indéfectible du maire de Périgueux, Yves Guéna, Jacques Chirac obtient aussi un bon score de par la forme d'euroscepticisme qui existe dans la région.

Chirac réalise ensuite 23,30 % dans le Lot, où il est en tête de la droite ; 20 % dans le Maine et Loire et 21,81 % dans la Manche, signe de deux départements à tradition conservatrice ; 23,70 % en Mayenne et 24,94 % dans l'Orne ( mêmes observations ), 20,77 % dans les Pyrénées Atlantiques et 20,56 % en Haute Savoie.

Tous ces départements sont de tradition conservatrice intégrale ou partielle ( le vote RPR dans les Pyrénées Atlantiques étant concentré dans le Pays Basque plus qu'en Béarn ).

Chirac arrivera en tête à Paris avec près de 27 % des voix (263 096 suffrages), mais arrive le plus souvent 3e de l'élection dans les autres départements de l'Ile de France, obtenant 20,68 % dans les Yvelines et 20,62 % dans les Hauts de Seine.

Enfin, Chirac fait 20,86 % en Vendée, 23,21 % en Haute Vienne ( où VGE n'arrive que 4e ), et fait des scores élevés en Polynésie et dans l'archipel de Wallis et Futuna.

Le score de Jacques Chirac est donc importante dans les départements de sa Région d'élection, mais aussi et surtout dans une bonne partie des départements de forte tradition conservatrice.

Notons pourtant le résultat mitigé du candidat RPR en Alsace ( 15,16 % dans le Bas Rhin, 18,02 % dans le Haut Rhin ) qui signifie clairement que le vote utile a existé à droite, en faveur du candidat sortant.

Rappelons d'ailleurs que, malgré sa défaite sans appel au second tour, Chirac fera un pourcentage de votes plus élevé en 1988, puis en 1995 et en 2002, puisqu'il se situera à chaque fois près des 20 %...

Tandis que le candidat UDF connaîtra une chute de son influence jusqu'à disparaître ou presque en 2002 ( moins de 7 % pour Bayrou et un peu plus de 3 % pour Alain Madelin ).

Nous mènerons évidemment, sur la base des résultats de 78 comparés avec ceux de la présidentielle, une petite étude sur l'évolution du vote RPR...
Et de même par rapport à la performance de Chaban.
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 18:45

Pour compléter le portrait de la «  bande des quatre « , référence à une certaine manière de parler de la politique des années 70 et 80, mais surtout à un événement bien connu de la vie politique chinoise, à savoir l'élimination de la veuve de Mao Ze Dong et de ses alliés, parlons maintenant de la candidature communiste de 1981, celle de Georges Marchais.

Evidemment, le score du candidat communiste le 26 avril 1981 ne fut pas tout à fait à la hauteur des espérances, sans le moindre doute, du Parti de la Place du Colonel Fabien...
( certains esprits mutins m'ont maintes fois indiqué que Place du Colonel Fabien cela faisait PCF comme le Parti qui y occupe encore l'essentiel du bâtiment tracé par le crayon agile d'Oscar Niemeyer , ;) )

On peut tout aussi bien, avec le recul de l'Histoire la plus récente, que le score atteint par Georges Marchais en 1981 ferait largement les choux gras de tout candidat communiste ou soutenu par le Parti Communiste aujourd'hui...

Comme nous l'avons vu, le PCF présente en 1981 un état des lieux pour le moins intéressant.

Il n'a que rarement eu autant d'élus locaux, en tout cas, jamais autant sous la Ve République, autant d'adhérents dans la même période, et dispose du plus important groupe parlementaire qu'il n'ait jamais eu dans un contexte de suffrage uninominal à deux tours.

En 1978 ( nous y reviendrons peut être un jour dans un autre fil de discussions, mais il faudra pour cela que je commence par aller fouiller dans de vieilles, très vieilles archives ), il y a 84 députés PCF élus à l'Assemblée Nationale et, dans le droit fil des municipales de 1977, le groupe sénatorial du PCF s'est renforcé, au point d'atteindre 23 élus.

Je ne vais pas ici indiquer avec le plus de précision possible où étaient élus ces 107 parlementaires ( je pourrais essayer, mais bon ) mais le fait est que le PCF est alors largement présent sur de larges parties du territoire, à commencer peut être par les départements de Seine Saint Denis ( 9 députés, 4 sénateurs ), du Val de Marne ( 4 députés, 2 sénateurs ), des Hauts de Seine ( 5 députés, 2 sénateurs ), du Gard ( les 4 députés du département ), de la Haute Vienne ( les 3 députés du département ), de l'Essonne ( 3 députés, 2 sénateurs ) ou encore des Bouches du Rhône ( 7 députés, 1 sénateur ).

Pour mesurer la force et l'influence du PCF et de la candidature Marchais, nous reprendrons, comme pour le cas de Jacques Chirac, le cas des 18 départements où le candidat PCF dépasse les 20 %.

Il y a d'abord le cône Nord de la France,

Georges Marchais obtient en effet 65 047 voix et 21,70 % dans l'Aisne ( il y compte alors 2 députés et gère entre autres les villes de Saint Quentin et Hirson ) ; 287 069 voix et 21,44 % dans le Nord ( il y comptait alors 8 députés, tous élus dans la partie Sud du département ), 185 427 voix et 23,17 % dans le Pas de Calais ( un département où le PCF disputa en 1978 le leadership à gauche ), 70 993 et 22,39 % dans la Somme ( où le PCF avait trois députés et gérait la plupart des villes importantes du département ).

Deuxième secteur d'influence du PCF : la région Parisienne avec les deux départements de Seine Saint Denis et du Val de Marne, alors gérés par un conseil général à direction communiste.

Avec 158 080 voix et 27,28 %, Georges Marchais est en tête en Seine Saint Denis.

Autant dire que le score ne fut pas à la hauteur des attentes...

Dans le Val de Marne, son département d'élection, il réalisa 121 964 voix et 21,38 %.
Georges Marchais n'arriva cependant qu'en troisième position dans ce département dont nous rappellerons qu'il est toujours présidé, pour son conseil général, par un élu communiste.

Troisième secteur d'influence : une partie du Massif Central et du centre France, à savoir le Cher, l'Allier, le Limousin et la Dordogne.

Le Cher donne 36 392 voix et 20,36 % au candidat communiste ; l'Allier, département d'élection d'André Lajoinie, de vieille tradition communiste ( aujourd'hui, il s'agit du second département à présidence PCF ), 49 934 voix et 22,64 % - Marchais y termine cependant en troisième position, à peu de distance de François Mitterrand comme de VGE - ; la Creuse apporte 18 269 voix et 20,33 %, la Corrèze voisine, largement chiraquienne mais alors présidée par un élu communiste lui donne 34 459 voix et 21,86 % ; la Haute Vienne place Georges Marchais en seconde position avec 52 547 voix et 24,27 % ; enfin, la Dordogne 50 028 voix et 20,33 %.

Dernière zone d'influence du PCF en 1981 : le littoral méditerranéen, avec des scores supérieurs à 20 % dans l'Ariège, les Pyrénées Orientales, l'Aude, l'Hérault, le Gard et les Bouches du Rhône.

Pourcentages ? Ariège 20,46 % ( à l'époque le PCF est influent sur Pamiers et gère la commune de Lavelanet et la plupart des communes du pays d'Olmes, dédiées à l'industrie textile ) ; Aude 20,40 % ; Bouches du Rhône 25,55 % des voix ( ce qui place le PCF en tête sur le département pour 224 voix de plus que Giscard d'Estaing, en sachant que Georges Marchais fut notamment premier sur la ville de Marseille où il dépassa les 28 % ) ; Hérault 20,92 % ( le PCF administre alors Sète et Béziers et compte deux députés ) ; Gard 25,13 % ( le PCF échouera à 677 voix d'arriver en tête sur un département où il administrait alors Nîmes, Alès ou encore Beaucaire ) ; Pyrénées Orientales 20,88 % ( le PCF y dispose alors d'un député haut en couleur, ancien combattant de la Résistance, André Tourné ).

Si l'on regarde en partie ces résultats, force est de constater que, pour bien des aspects, les zones de force du PCF n'ont pas profondément évolué et que la plupart des départements que nous venons de citer continuent, même avec un Parti moins influent qu'à l'époque, à lui accorder une audience plus élevée que la moyenne nationale.

Autre chose par contre est de faire la liste des départements où le score de Georges Marchais fut inférieur à 10 %, autre signe parmi d'autres du déclin électoral de l'organisation.

Nous eûmes dans cette série l'Aveyron (9,63 %), le Finistère (9,98 %), l'Ille et Vilaine (7,38 %), la Haute Loire (8,69 %), la Loire Atlantique (9,34 %), la Lozère (8,48 %), le Maine et Loire (7,01 %), la Manche (7,07 %), la Mayenne (5,28 %), le Morbihan (9,63 %), l'Orne (8,64 %), le Bas Rhin (4,55 %), le Haut Rhin (5,84 %), la Haute Savoie (9,24 %), Paris (9,17 %), les Deux Sèvres (8,15 %) et la Vendée (6,71 %).

Outre Mer, où les élections n'eurent qu'une valeur relative, notons tout de même le score de 21,96 % de Georges Marchais à la Réunion, puisque le PCR de Paul Vergès avait appelé à voter pour lui.

Ce qui ne sera pas le cas, notons le, en 1988...

Pour ce qui est des scores les plus faibles du PCF, notons tout de même que l'on retrouve en grande partie les parties du pays les plus attachées au conservatisme.

Mais qu'on y retrouve aussi Paris, signe d'une perte d'influence dans la capitale qui n'a pas seulement à voir avec le recrutement social de la population, me semble t il mais beaucoup avec l'état de l'organisation communiste sur la capitale, après un XXIIIe Congrès marqué par une tension forte entre responsables communistes locaux.

Ce qui n'empêche que ces scores locaux, apparemment faibles pour 1981, feraient sans doute le bonheur de bien des militants d'aujourd'hui !
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Re: Elections de 1981

Messagede républicain » Dim 1 Mai 2011 21:10

En 1981, le PCF avait 3 sénateurs (sur 6) dans le Val-de-marne et non-pas 2. Hélène Luc, Charles Lederman et Marcel Rosette.
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Re: Elections de 1981

Messagede vudeloin » Dim 1 Mai 2011 22:18

Tout juste republicain... Le Truc, c'est qu'un changement de Président du Groupe a du m'enduire d'erreur et me laisser penser que celui qui n'était plus Président ( Marcel Rosette ) n'était plus Sénateur non plus...
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