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Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Laissez votre imagination s'exprimer. Quel sera le futur de la vie politique en France ? Qui seront les gagnants ou les perdants ? A vous de le dire.

Re: Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Messagede Républicain67 » Mar 24 Avr 2018 11:12

gerguil a écrit:
Républicain67 a écrit: Bon la RDA menait aussi une politique très nataliste due au déficit démographique, en privilégiant les jeunes couples mariés avec enfants dans l'attribution des logements par rapport aux célibataires.


Comme pour les HLM en France
Pas tout à fait. Je n'ai jamais entendu que les offices de HLM français privilégiaient les jeunes couples mariés pour l'accès au logement comme en RDA. Dans les années 1970, le gouvernement d'Erich Honecker a mit en place un crédit au logement pour les jeunes couples mariés pour inciter au mariage des jeunes et une fécondité plus élevée. Pour les jeunes couples mariés de moins de 26 ans. Résultat, dans les années 1980 l'âge moyenne du mariage en RDA tournait souvent autour de 20-22 ans, ce qui peut paraître impensable dans les sociétés capitalistes. D'ailleurs cette politique nataliste et pro-mariage a été supprimée dès la réunification allemande. Et la fécondité et le mariage ont drastiquement reculé depuis 1990 dans l'Est de l'Allemagne. Cela démontre en partie, contrairement à ce que prétendent certains partis de droite que le socialisme était bien plus pro-famille que l'économie libérale. Les femmes travaillaient très souvent en RDA et il y avait des crèches partout, contrairement à la RFA attachée au principe de la mère au foyer.
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Re: Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Messagede cevenol30 » Mar 24 Avr 2018 16:53

tet2lar a écrit:Les graphiques de positionnement des différents partis européens sont intéressants.
Par contre, le terme "libéral" qui est opposé à "autoritaire" est assez ambigu. Entre ses différentes significations (sociétale, institutionnelle ou économique) on peut avoir des résultats substantiellement différents.


La signification économique est assez clairement exclue puisqu'inclue dans l'autre axe. En pratique, ce n'est pas si évident (d'où la prédominance éventuelle de la diagonale gauche anti-autoritaire/droite autoritaire) puisque notamment le libéralisme "pur" exclut et... réprime tout syndicalisme (loi Le Chapelier en France) mais ce sont deux axes distincts.
Dans l'étude en anglais (le pdf ne donne pas que la nomenclature , il est question de
CHES 2017 Codebook a écrit:“Libertarian” or “postmaterialist”
(qu'on pourrait traduire pour le second terme par post-matérialiste et pour le premier par "libertaire" ou "libertarien", termes faisant respectivement écho pour nous aux anarchistes et aux libertariens américains, ce qui peut sembler très différent... 'pas simple!) qui s'explicite ainsi (si je traduis la suite de ladite nomenclature): les partis (ainsi étiquetés) sont favorables "à des libertés personnelles élargies, par exemple l'accès à l'avortement, le mariage homosexuel ou une plus grande participation démocratique"... De fait, cet axe mêle du sociétal "stricto sensu" et des questions sur le type de démocratie ou d'autorité de l'Etat.
En fait et si je comprends bien, le graphique nous donne juste les positions sur l'axe horizontal droite-gauche (étatisme vs libéralisme économiques) "LRECON" et l'axe vertical autoritaire/postmatérialiste "GALTAN" sans prendre en compte le reste (comme les positions sur l'UE, ...)
Le positionnement du zéro/milieu sur l'axe peut aussi prêter à caution: le FN par exemple était classé un plus nettement à gauche sur l'axe étatiste/libéral en 2017, la différence peut tenir à une différence d'évaluation (et/ou au départ de Philippot).
Résumer des positions diverses en deux coordonnées sur des axes peut aussi amener à des malentendus: ce n'est pas parce que deux partis seraient très proches sur ce graphiques qu'ils sont d'accord sur tout ou s'entendent bien... D'une part parce que certaines sous-positions inversées amènent au même score (ce qui est d'autant plus facile qu'on est plus "au milieu" sur l'axe observé), d'autre part le classement n'inclut pas tout. Ainsi, le PDeCat et Ciudadanos sont relativement proches sur le graphique mais il y a comme des étincelles entre eux sur certaines questions...

(Par contre, effectivement, cet axe "vertical" inclut ou pourrait inclure divers aspects qu'il faudrait scinder pour arriver à une représentation en 3,4,... dimensions (qui serait moins lisible!). Parmi ces aspects, une partie de l'aspect d'ouverture à l'international, le répartition des pouvoirs entre échelons au sein du pays (qui elle-même se pose différemment selon la taille et le niveau d'homogénéité culturelle et géographique), les aspects militaires, sécuritaires (police/justice), sociétaux en un sens strict (couples, familles), bioéthiques et médicaux, écologiques, ...
De plus, certaines positions vues comme très "progressistes" par ceux qui les émettent peuvent être vues et classées par d'autres, "de l'extérieur", comme conservatrices soit dans l'absolu soit parce qu'il s'agit de conserver un acquis... Ce classement pouvant lui-même être objectif (c'est censé être le cas ici) ou purement polémique dans la mesure où il s'agit d'embarrasser un adversaire...)

On notera aussi que presque aucun parti listé n'est totalement extrême au sens où il toucherait un des bords du spectre ni a fortiori sur les deux axes à la fois donc tout le monde est modéré/mitigé à un moment. Seul XA (Aube Dorée, sauf erreur) en Grèce pousse le côté autoritaire au maximum.

On peut voir aussi que la France est en gros le seul pays où un parti "du centre" (d'en bas à droite) est au pouvoir à titre dominant. Il est donc prévisible que des duels droite-gauche plus classiques redeviennent plus fréquents...
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Re: Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Messagede Républicain67 » Mar 24 Avr 2018 20:24

Deux axes essentiels ne sont pas testé. Premièrement l'axe productiviste/écologiste/décroissant. Le productivisme regroupe à la fois des partis classiques, partisans du système capitaliste industriel et des partis communistes. C'était du moins le cas dans un passé récent, avec les pays du bloc socialistes, comme par exemple la RDA qui comptaient parmi les pays les moins ecolos du monde (centrales au lignite, industries très polluantes, productivisme). Au niveau environnemental, les anciennes démocraties populaires n'ont rien à envier aux politiques anti environnementales des États-Unis ou du Canada (gaz de schiste, charbon, sortie du protocole de Kyoto). L'écologie peu à la fois regrouper des mouvements progressistes et réactionnaires. Les mouvements réactionnaires défendent la nature, oeuvre de Dieu, refus de la modernité, de l'industrie, agrarisme... pour des raisons totalement différente que les Verts. Ça se voit clairement en Allemagne avec les Verts (gauche) et le petit ÖDP, parti écologiste conservateur, ou en Suisse avec la division de l'écologie politique entre les Verts suisses (gauche) et les Verts libéraux (centre droit), les deux partis siégeant au Parlement.

L'autre axe est le rapport à la démocratie et aux institutions. Notamment entre les partisans du parlementarisme, de la démocratie directe ou les partisans d'un pouvoir fort de type présidentiel et plebiscitaire. Enfin le rapport à la violence et la légalité peut dans le cas de l'extrême droite et de l'extrême gauche être un facteur de clivage. C'est ainsi qu'au sein de l'extrême droite européenne on observe un vrai clivage entre des partis légalistes (respect des institutions démocratiques) comme le FN, la Lega, l'AfD, le PVV, le Vlaams Belang (encore que ce dernier séparatiste rejettent les institutions belges tout en y participant), souvent membres de l'ENL et des partis clairement néofascistes et néonazis (essentiellement regroupés au niveau européen dans l'Alliance pour la paix et la démocratie) qui rejettent le système démocratiques et peuvent avoir des liens avec l'extrême droite violente ou dans le cas du Jobbik hongrois disposer d'une branche paramilitaire: NPD allemand (1 député européen, jusqu'à récemment des députés dans certains parlements régionaux), Casapound et Forza nuova italiens, Aube Dorée grecque, "Notre Slovaquie", Jobbik hongrois, Svoboda ukrainien (ces trois derniers ayant ou ayant eu des députés), BNP britannique...
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Re: Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Messagede Républicain67 » Mar 24 Avr 2018 20:54

Il est par exemple intellectuellement malhonnête de mettre dans le même sac des partis populistes de droite comme le FN, le PVV, la Lega, UKIP, l'AfD (encore que la il y a une tendance modérée surtout à l'Ouest et une aile radicale völkisch et extrémiste,à l'Est avec des gens comme Björn Höcke ou André Poggenburg), le VB... respectant les institutions démocratiques et des partis clairement neofascistes et antidémocrates ayant des liens avec des groupes violents. On peut mettre dans le deuxième groupe des partis radicaux disposant parfois d'une aile parlementaire: npd, Aube dorée,Jobbik. Notre Slovaquie, Casapound, Parti radical ukrainien....

D'un autre côté, il y a un aspect que les médias français n'évoquent quasiment pas, mais qui est de plus en plus analysé en Allemagne. Il existe notamment dans l'ex RDA ("Nouveaux Länder" et ancienne Berlin Est) une porosité réelle entre les électeurs de la gauche radicale et de la droite radicale. L'électorat de Die Linke n'est absolument pas le même en Allemagne de l'Est qu'en Allemagne de l'Ouest. A l'Est il est beaucoup plus populaire et beaucoup plus protestataire. La Linke et avant le PDS ont joué sur la nostalgie de la RDA, les bons côtés pas la dictature: emploi garanti et logement garantis, absence de pauvreté, société plus solidaire et morale (entraide, absence de criminalité). La gauche radicale issue du SED a adopté un visage régionaliste défenseur des intérêts des Allemands de l'Est victimes des conséquences socio-économiques de la réunification (apparition d'un chômage de masse et d'une forte précarité, promesses non tenues, contrôle de l'économie par des Allemands de l'Ouest...), en utilisant parfois des affiches assez limite jouant sur le souvenir de la RDA comme lors des élections législatives de 2013, du type "Der Osten wählt rot, klar" (L'Est vote rouge, c'est clair). Encore aujourd'hui près de trente ans après la réunification la pauvreté et le chômage (malgré une forte amélioration) sont le double de l'Allemagne de l'Ouest, les salaires sont inférieurs de 20%. Le vote protestaire échappe désormais à une Linke qui se notabilise (elle dirige ainsi la Thuringe) et est capté par l'AfD. Des études ont prouvé que parmi les membres de Pegida, il y a de nombreux électeurs de la Linke. Depuis 2014, plus l'AfD monte à l'Est, plus la Linke baisse. L'AfD a clairement pris l'électorat populaire protestaire à la gauche radicale. Lors des dernières législatives, la Linke légèrement progressée en terme de voix, notamment en prenant de nombreuses voix au SPD à l'Ouest, notamment dans les grandes métropoles comme Hambourg ou Brème et à Berlin Ouest. En réalité la Linke est après la Union et le SPD celui qui a perdu le plus de voix. Près de 500 000 électeurs, essentiellement à l'Est et la partie orientale de Berlin, ont été perdu au profit de l'AfD. C'est paradoxal qu'un parti néolibéral qui de surcroît veut supprimer le Solidaritätbeitrag (la péréquation entre les Länder de l'Ouest et de l'Est, dont à grandement profité l'ex RDA pour remettre à flots son économie sinistrée après la réunification et qui injecte chaque année des milliards dans l'économie des Länder de l'Est), soit plébiscité par de nombreux Allemands de l'Est, donc pas mal d'anciens électeurs de la Linke (parti qui s'est effondré en Allemagne orientale aux dernières législatives). Bodo Ramelow, ministre-président Die Linke de Thuringe, a eu le courage d'évoquer ce phénomène dès l'annonce des résultats des législatives. Une Linke notabilisée, intégrée au système et ayant parfois déçu les électeurs à perdu une partie importante de son électorat à l'Est au profit de l'extrême droite. C'est peut-être politiquement incorrect de le dire, mais de nombreuses études électorales allemandes le démontrent: à l'Est les electorats de Die Linke et de l'AfD sont très proches (populaires et protestataires) et parfois même se recoupent. Tout le contraire des grandes métropoles de l'Ouest.
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Re: Les duels classiques droite-gauche en voie de disparition ?

Messagede cevenol30 » Mar 15 Mai 2018 13:43

L'axe "productiviste/écologiste/décroissant" n'est effectivement pas affiché.
Il est vrai que les partis écologistes "de droite" ne sont pas pris en compte, seuls étant comptés comme partis écologistes significatifs ceux liés au groupe Vert du Parlement Européen (pas complètement à tort, vu le poids électoral de l'ÖDP ou de l'AEI), ces partis écologistes de gauche étant souvent fort "libertaires". Cela aide à oublier ce possible 3e axe.
Plus largement, les partis pris en compte ont pour la plupart, sinon la totalité, des parlementaires (c'est le cas d'Aube Dorée / XA en Grèce, sinon ils n'y seraient peut-être pas).

Un autre axe en fait non pris en compte est celui lié aux niveaux territoriaux et institutionnels: à l'international, rapport à l'UE, à l'immigration mais aussi à l'ONU ou à l'aide au développement. Et intra-nationalement, entre centralistes et régionalistes notamment (p.ex. c'est surtout là-dessus que le PDeCat et Ciudadanos diffèrent) mais c'est même plus complexe puisqu'il y a aussi des défenseurs des départements et provinces ou encore des communes et plus largement, peu de monde souhaite la monopolisation des compétences par un seul niveau... D'ailleurs les questions de régions et de minorités culturelles se posent de façons différentes selon les pays (certains Etats étant d'ailleurs des régions qui ont réussi à se détacher, p.ex. l'Irlande, la Slovénie...).

Par contre, la question des institutions et de leur démocratie est bien incluse, dans l'axe "vertical", mais y elle est mélangée avec les aspects sociétaux. Les auteurs de l'étude ont considéré que c'est lié... alors que cela peut être plus complexe. Notamment, il peut ou a pu arriver que certains progressistes autoritaires veuillent imposer un éloignement des structures traditionnelles par des moyens coercitifs ou tout en exerçant un pouvoir fort. Donc ils auraient été "en bas" sur l'axe vertical sociétal et "en haut" sur l'axe... Inversement, certains conservateurs sociétaux sont très méfiants par rapport à l'autoritarisme des institutions, aux passeports biométriques par exemple, sont pour la proportionnelle...
Evidemment, on supporte d'autant moins l'autoritarisme qu'il est au service d'idées opposées aux siennes et on peut d'autant plus être pour la proportionnelle ou la démocratie directe qu'on est minoritaire. Et vice-versa. C'est humain...
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