Retraites : nouvelle journée de grève début septembre
Par Hayat Gazzane
29/06/2010 | Mise à jour : 20:37
Sept syndicats, sauf la CGC, ont appelé à un mouvement social le 7 septembre, jour du début d'examen du projet de réforme des retraites à l'assemblée.
Ils promettent de poursuivre les actions «tout au long du processus législatif de la réforme des retraites». Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA ont donc décidé ce mardi, à l'issue d'une réunion au siège de la CFDT, d'appeler à une nouvelle journée de mobilisation le 7 septembre, jour où s'ouvrira le débat parlementaire sur le projet de réforme. La CGC a toutefois décidé de ne pas rejoindre le mouvement.
Les sept syndicats appellent «tous les salariés du privé et du public, les demandeurs d'emploi, les jeunes et les retraités à construire ce jour une mobilisation d'ampleur». D'autres «initiatives intersyndicales » sont aussi prévues aux niveaux national et local le 13 juillet, jour du Conseil des ministres où le projet de loi devrait être adopté. «Durant l'été, les organisations syndicales interpelleront les parlementaires», précise plus globalement un communiqué de l'intersyndicale.
«Une campagne médiatique précipitée»
A l'issu de cette réunion, les syndicats ont à nouveau rappelé leur mécontentement face à l'une des réformes «les plus dures d'Europe» qui «aggrave les inégalités entre les hommes et les femmes» et «qui pénalise particulièrement les salariés ayant commencé à travailler jeunes et ceux ayant eu des carrières chaotiques et incomplètes». Les organisations syndicales accusent également le gouvernement d'avoir mené «une campagne médiatique précipitée qui travestit la réalité du projet».
Les syndicats attendent une mobilisation au moins aussi forte que celle du 24 juin dernier. Ce jour là, entre 395.000 et un million de personnes étaient descendues dans les rues selon la police. Les syndicats avaient eux avancé le chiffre de deux millions de manifestants.
http://www.lefigaro.fr/retraite/2010/06/29/05004-20100629ARTFIG00724-retraites-nouvelle-journee-de-greve-debut-septembre.php
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, assure, mercredi 15 septembre, sur France Inter, que les socialistes n'ont "jamais demandé la retraite à taux plein à 60 ans" pour tous, notant que "depuis des années", il était fixé à 65 ans en France. "L'âge légal, c'est essentiellement ce droit de partir à 60 ans, qui va d'abord toucher ceux qui ont leur durée de cotisation. Ceux qui n'ont pas leur durée de cotisation ne partent pas à 60 ans ou s'ils décidaient de partir, ils auraient une décote, comme c'est déjà le cas aujourd'hui", a-t-elle ensuite précisé devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
Le PS est "un parti de gouvernement" et "je souhaite être crédible dans ce que je propose", a-t-elle lancé à la radio. Elle a reconnu qu'"il faudra qu'une majorité de Français travaillent plus longtemps". "Aujourd'hui, c'est 41 ans, nous proposons une règle" prévoyant que "quand l'espérance de vie s'accroît d'une année, il faudra six mois de plus de cotisation, donc de travail", a expliqué la numéro un du PS. Dans le système mêlant "protections collectives et libertés individuelles" prôné par le PS, "chacun aura un compte temps et il devra travailler tant d'heures pour avoir sa retraite à taux plein mais pourra l'organiser comme il veut pendant sa vie", a indiqué Mme Aubry devant l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS). "En revanche, nous ne voulons pas que ceux qui ont commencé à travailler tôt, qui ont eu des emplois pénibles, ne puissent pas partir comme c'est le cas aujourd'hui à 60 ans", a expliqué la maire de Lille sur France Inter.
Sept Français sur dix (71%) estiment justifié le mouvement social de mardi contre la réforme des retraites, indique un sondage Ifop pour Sud-Ouest Dimanche selon lequel le soutien de l'opinion "gagne en fermeté", 42% jugeant la grogne "tout à fait justifiée". "La légitimité accordée aux manifestations demeure à la fois très élevée et stable", 71% des personnes interrogées jugeant le mouvement "justifié", soit un score au même niveau que ceux mesurés par l'Ifop avant les précédentes journées de mobilisation (70% soutenaient les manifestations du 7 et 23 septembre), commente l'institut.
Mais, "dans un contexte où le mouvement se radicalise avec les appels à une grève reconductible (...), le soutien de l'opinion gagne en fermeté", la part des Français considérant le mouvement "tout à fait justifié" s'accroissant très fortement (42%, +9 points en un mois). L'Ifop note également que les femmes "soutiennent davantage la mobilisation que les hommes (75% contre 67%), ce qui s'explique sans doute par la polarisation du débat ces jours derniers sur la question de la retraite pour les mères ayant interrompu leur carrière".
A l'instar des précédentes enquêtes, les plus jeunes soutiennent très massivement la protestation (84% des 18 à 24 ans) alors que les plus âgés apparaissent plus partagés (55% des plus de 65 ans et plus soutiennent le mouvement). Les catégories populaires approuvent davantage les manifestants (87% des ouvriers et des employés contre 66% des cadres supérieurs et 56% des retraités), de même que les salariés du secteur public (87% contre 75% dans le privé et 51% des indépendants). Les sympathisants de gauche soutiennent massivement la grogne (90%) alors que 66% des sympathisants UMP la trouvent injustifiée, relève l'Ifop.
Sondage réalisé par téléphone les 7 et 8 octobre sur un échantillon de 955 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas).
Les partisans de Hamon et d'Emmanuelli critiquent l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans et demi.
Il y a des engagements qu'on n'est pas prêt à prendre au sein de la gauche du PS: accepter sans rien dire l'allongement de la durée de cotisation à 41 ans et demi pour financer le système de retraites. Alors, lorsque Martine Aubry a cherché à clarifier la position du Parti socialiste sur la réforme des retraites, jeudi dernier sur France 2, en précisant que les socialistes y étaient favorables, la première secrétaire en a inquiété plus d'un.
À les entendre, le message est mal perçu en pleine mobilisation sociale. «Avant, dans les manifestations, on n'entendait qu'un “Non à Dominique Strauss-Kahn”. Maintenant, on entend aussi “Non aux 41 ans et demi”», rapporte un membre du courant de Benoît Hamon. Cela grincerait donc. «L'électorat s'interroge sur notre volonté réelle à faire une autre réforme des retraites» que celle du gouvernement, poursuit-on. Le retour à un âge de départ à 60 ans serait une promesse inaccessible pour le plus grand nombre.
«Martine Aubry va dans le mur», s'alarme donc le maire du XIVe arrondissement de Paris, Pascal Cherki. «Affirmer une position sur les 41 ans et demi, c'est nous mettre en décalage avec la mobilisation sociale. Au moment du contrat première embauche, est-ce qu'on a dit qu'on était d'accord avec une partie du projet du gouvernement?» Dimanche soir, il a publié sur son blog un message éloquent à destination de la première secrétaire, intitulé: «J'ai un doute». Dans l'entourage de Benoît Hamon, Razzy Hammadi, secrétaire national aux services publics, s'interroge aussi: «La différence avec la droite ne peut pas être une question de curseur.»
Négociées âprement au printemps dernier, les propositions du PS sur la réforme des retraites avaient fait l'objet d'un équilibre entre l'aile droite et l'aile gauche du PS. L'allongement de la durée de cotisation y figurait, mais de manière un peu floue. L'aile gauche a l'impression de se faire forcer la main par l'aile sociale-démocrate soucieuse d'éviter la multiplication des promesses.
Aujourd'hui, la gauche du parti voudrait cependant voir le tir corrigé. Tenu par sa position de porte-parole, Benoît Hamon évite de s'engager. Si le PS a critiqué «l'absence de négociation» du gouvernement, il ne peut pas dire que sa propre réforme ne sera pas discutée, explique-t-il en substance. L'ancien ministre Henri Emmanuelli est plus explicite: «La durée de cotisation doit faire partie de la négociation avec les syndicats» en 2012, affirme-t-il. «Nous n'avons pas à décréter que ce sera comme ceci ou comme cela.» Pour le député des Landes, le PS doit rester en phase avec «les classes moyennes et les classes populaires».
L'inquiétude est là: la gauche du Parti socialiste craint plus que tout la non-différenciation politique. «Une partie de notre électorat risque de s'abstenir si on donne le sentiment que le PS c'est la droite en moins pire», explique-t-on. On attend une mise au clair avec la première secrétaire, mais pas lors d'un bureau national. Hors de question de mettre en scène une division, promet-on.
Pour Martine Aubry, la fronde de son aile gauche risque d'être gênante, au-delà du débat sur les retraites. Sa candidature potentielle aux primaires est portée notamment par le courant de Benoît Hamon et d'Henri Emmanuelli qui défendent la «légitimité» de sa candidature. Ils ne souhaitent pas voir la ligne de Dominique Strauss-Kahn l'emporter.
Mais il est peu probable que la première secrétaire modifie son positionnement. Elle sera aujourd'hui dans le cortège parisien, rejointe par Ségolène Royal. C'est la première fois qu'on verra les deux leaders manifester ensemble. L'ancienne candidate à la présidentielle et la première secrétaire testeront peut-être leurs popularités dans le défilé.
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