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Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

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Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Popeye » Mer 10 Nov 2010 10:54

Bonjour à tous,

Je cherchais justement un site qui me permettais de débattre avec d'autres sur des questions politiques que je me pose.
Ma question est simple mais je n'arrive pas à avoir de réponses qui me conviennent :

Pourquoi un parti centriste n'est pas LA solution à tous ?

Après tout, le centre n'est-il pas par définition le juste milieu entre la droite et la gauche ? A l'image d'une balance.
Est-on toujours obligé de bêtement avoir à diviser un groupe/un pays ? Si l'on se réunissait en un groupe qui partage les valeurs des uns et aussi celles des autres, ça serait quand même beaucoup plus parler de démocratie. Je n'arrive d'ailleurs pas à comprendre comment des partis qui se disent de gauche ou de droite, peuvent parler de démocratie alors même qu'ils demandent de choisir son camp.

Un mec plutôt connu à dit un jour :
De même que tout royaume divisé est bientôt défait, toute intelligence qui se divise en plusieurs études différentes s'embrouille et s'affaiblit.
*Leonard de Vinci

S'embrouille et s'affaiblit, c'est exactement se qui se passe en ce moment en France, les partis de gauche et de droite ne cessent de s'embrouiller UMP, PS ... et s'affaiblissent. et je pense que personne ne pourra contredire ce propos sans avoir de "parti pris".

Merci d'avance de vos réponses qui seront, je l'espère, sans "parti pris", qui signifie pour moi, sans prise de recul. :)
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Sergent Bauchat » Mer 10 Nov 2010 11:51

Il me semble qu'il y a le MoDem (pour ceux qui se sentent dans l'opposition) et le Nouveau Centre (pour les autres...)

En faut-il un de plus ?

Je ne le crois pas, si on ne veut pas arriver à une situation de trop-plein où personne ne comprendrait plus rien...
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Popeye » Mer 10 Nov 2010 12:04

Ce n'est pas l'aspect physique qui m’intéresse, mais plus théorique*
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede pierrot » Mer 10 Nov 2010 15:04

Popeye a écrit:Je n'arrive d'ailleurs pas à comprendre comment des partis qui se disent de gauche ou de droite, peuvent parler de démocratie alors même qu'ils demandent de choisir son camp.

:shock: :shock: :shock:
Le droit de choisir un "camp", c'est à dire en réalité de choisir ceux à qui l'ont confit une partie du pouvoir est justement le principe de la démocratie. Par définition, le choix suppose une alternative, donc au moins 2 camps.
Et peu importe la façon dont se désignent les camps : la gauche contre la droite, la république contre la monarchie, les libéraux contre les conservateurs, les libéraux contre les interventionnistes, les jacobins contre les girondins, les nationalistes contre les internationalistes, les productivistes contre les décroissants... et même le camp de ceux qui souhaitent qu'il n'y ait pas de camps contre les autres. ;)

Le système du parti unique (centriste ou non) censé représenter "les valeurs des uns et aussi celles des autres" donc n'appelant aucune opposition et s'affirmant alors comme une forme aboutie de démocratie, l'Histoire en regorge mais cela n'a jamais débouché sur quoi que ce soit de démocratique. :roll:

Pour recourir moi aussi à une citation, ma grand-mère disait ceci :
il faudrait que les bons de droite se mettent avec les bons de gauche pour le bien du pays, au lieu de se battre entre eux.

Mais le consensus absolu en tant que summum du contrat social, cher Popeye, c'est comme le fer dans les épinards c'est une idée reçue répandue mais fausse! L'organisation politique d'une société n'a pas pour but d'éviter les conflits (ils sont inéluctables et inhérents à la nature humaine ) elle a pour but de les résoudre ou de les dépasser.

Bon, avoue-le , Popeye, c'était une blague ??? :mrgreen: Non, sérieux, c'est toi mamie ???
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Popeye » Mer 10 Nov 2010 15:41

Bonjour Pierrot,

Quelle avalanche de mots, nécessaire ? :?
J'ai toujours pas l'impression d'avoir ma réponse. ;)
tu dis
L'organisation politique d'une société n'a pas pour but d'éviter les conflits


mais je n'ais jamais dit d'éviter les conflits ...


Tu dis aussi
le droit de choisir un "camp", c'est à dire en réalité de choisir ceux à qui l'ont confit une partie du pouvoir est justement le principe de la démocratie

mais ça ne les empêche pas de parler de démocratie. Ce que je veux dire c'est que si un parti est regroupé de gens de droite et de gens de gauche, tout le monde trouve se compte. Après ce parti est tenue d'agir démocratiquement.


Tu dis enfin que
Par définition, le choix suppose une alternative, donc au moins 2 camps.

s'en suit une ribambelle de mots ne faisant que citer des choses du passé. Je ne suis pas d'accord, les deux camps surviennent qu'au dernier tour, donc après une multitude de différents partis, seul les deux qui plaisent le plus sont tirés du lot. On peut donc se retrouver un parti de centre et un autre de gauche ou de droite ou autre ... où dans ce cas le choix et de satisfaire une partie du peuple ou bien une partie des deux parties, ce qui représenterai un plus gros chiffre pour le second.


Faisons un schéma :

Sur 5 personnes (impair pour qu'il y ai majorité), ont leur dit de voter parmis 3 idées :

Idée 1 : Je veux beaucoup de rouge
Idée 2 : Je veux beaucoup de blanc
Idée 3 : Je veux un peu de rouge et peu de blanc

Maintenant disons que toutes les personnes sont altruistes,
la logique veut que l'idée 3 est celle qui satisfait tout le monde.

Mais en réalité, 2 personnes choisissent l'idée 1, 2 autres l'idée 2 et la dernière l'idée 3.
Pas de majorité, mais au second tour, la dernière personne choisis l'idée 1.
L'idée 1 est votée par 3 personnes sur 5, c'est elle qui est affecté pour tous et les 2 pèlerins n'ont rien a dire.

C'est donc une réalité égoïste que d'avoir à choisir entre la gauche ou la droite ?
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Jean-Philippe » Mer 10 Nov 2010 17:39

Sous la IIIe République, la parti radical incarnait d'une certaine façon le centre puisqu'il participait à presque tous les gouvernements. En Finlande aujourd'hui, il y a trois grands partis dont celui du centre qui s'allie je crois systématiquement avec le parti arrivé en tête.
Mais dans ces deux cas, ces partis ne sont pas seuls à gouverner : ils avaient juste tendance à atténuer les tendances trop peu centristes de leurs alliés du moment.

Sur le reste, je suis d'accord avec ce qu'a écrit Pierrot. Gouverner, c'est choisir. Et choisir entraîne forcément des frustrations de la part du camp minoritaire.
Quand on observe les partis dits centristes, que ce soit en France ou à l'étranger, la plupart ont un électorat plutôt homogène et s'allient surtout avec un bord.
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Robespierre » Mer 10 Nov 2010 20:47

Le centre s'est systématiquement retrouvé "orienté" à droite tout le temps que la gauche et le PS en particulier, pour la période 71/97, est apparu comme une formation se retrouvant au pouvoir par "défaut", parce qu'elle faisait peur, que son offre politique était jugée pas "sérieuse", "dispendieuse" que, en un mot, son expérience du pouvoir était perçue comme une "aventure" pour reprendre l'expression employée autour de 81 à l'approche de l'alternance. D'où, aussi, le sentiment que seule la droite était légitime pour aspirer à l'exercice des responsabilités tant locales que nationales.

La victoire de 97 et la séquence durable des 5 années de ce que l'on peut nommer le "quinquennat Jospinien" a montré dans tous les sens du terme le visage d'une véritable gauche de gouvernement. Cela s'est illustré sur la gouvernance et sur une série de mesures qui ont marqué les esprits et leur époque et a surpris en termes de clivage gauche/droite (cf. les privatisations).

Outre les choix politiques tronqués de 2002 - pour les raisons évidentes que l'on connait - et à moindre mesure celui de 2007 - où les français ont d'avantage été sensibles à la personne et à la campagne de Nicolas Sarkozy plutôt qu'à son programme - il est intéressant de noter que c'est cette année là qu'un véritable changement s'est confirmé au sein de l'électorat centriste.

Le pouvoir en place était impopulaire (cf. 2004, les suites de 2005 et la mobilisation contre le CPE) et a durablement heurté l'électorat centriste et modéré.

C'est dans ce contexte que Bayrou a obtenu l'excellent score du 1er Tour de 2007, jouissant à la fois d'une stature d'homme intègre et pédagogue et de la déception née de la campagne et de la personnalité de Ségolène Royale. Ses électeurs ne se sont alors pas massivement reportés sur le candidat de droite qualifié au second tour, comme il en était systématiquement le cas précédemment. Et l'on a pu constater, des municipales aux partielles en passant par les dernières régionales (pour ce qui concerne le type d'élection à deux tours) que cet électorat pouvait se reporter assez clairement en faveur du candidat ou de la liste de gauche.

D’où vient alors cette évolution ?

… Je ne reviendrai pas sur les qualifiants du début de la mandature Sarkozy et la façon avec laquelle ce dernier cristallise toutes les défiances, même au sein de son électorat qui est moins discipliné (phénomène inédit d’abstention) et moins fidèle (cf. le tropisme écologique).

Bref, ma thèse est la suivante : pour les « centristes » la droite au pouvoir aujourd’hui ne jouit plus d’une image rassurante à tous points de vue (gouvernance : clientélisme, excès de pouvoir ; économie : résultats en berne, gestion des finances publiques calamiteuse ; social : envolée des injustices et véritable attitude d’hostilité vis-à-vis des solidarités) … elle n’inspire plus confiance ni volonté d’adhésion. Elle est trop néo-libérale, voire «ultra»-libérale. Et Sarkozy a jusqu’à choqué, par sa désinvolture, l’électorat catholique.

De plus, ce « centrisme », est la résultante d’une désidéologisation de notre époque. On « ose » plus. On ne « s’encarte » plus ni à gauche ni à droite. On ne prend plus fait et cause à la faveur ou à la défaveur d’une cause dans sa globalité … on « relativise » à outrance tous les sujets politiques et de société dans un exercice consistant à jouer les « avocats de diable » et où le poids des arguments ont la même valeur.

C’est la raison pour laquelle le « centrisme » ou plutôt l’électorat centriste - c’est toute la différence, par sa somme d’individualités - se reporte dans un camp ou dans un autre s’il en est satisfait et s’il y a matière, pour lui, a y trouver de la confiance, du sérieux, de la compétence et de la constance.

Or, force est de constater que cet électorat ne se retrouve plus dans l’action actuellement menée par l’UMP. S’il considère que l’offre politique à gauche - bien qu’il lui reconnait des qualités dans sa façon de gérer au niveau local (cf. la série de gain parmi les grandes villes où se concentre cet électorat) - n’est pas totalement parfaite ni « attirante » jusqu’à présent (et des efforts sont tentés en ce sens), je ne vois pas ce qui le motiverait à accorder sa confiance envers l’UMP.

Après ce long constat, et pour répondre à la question principale de ce post, je considère que le centrisme ne pourra jamais être LA solution à tous. Pourquoi ?

Parce que son autonomie est difficile : cela est dû au deux courants majeurs gauche/ droite et que le centre ne s’est jamais particulièrement distingué en dehors de l’accompagnement, de son soutien détaché ou de son abstention complice à l’égard des projets de la droite : le centrisme est plutôt un « faire-valoir » pour masquer qu’il s’agit en fait d’une droite modérée.

Parce que la clarté de son offre politique est fluctuante : l’alternance des postures décrédibilise son action et atténue la confiance qu’il lui est nécessaire pour être porté au pouvoir …

… ou pour y rester, parce que sa durée serait limitée : il ne satisferait jamais complètement les demandes et attentes des populations.
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Popeye » Lun 15 Nov 2010 10:27

Tout d'abord, merci à ceux qui ont pris le temps d'y répondre et ceux qui y réfléchit toujours :D , je vois que je ne suis pas le seul à me poser cette question.

Maintenant pour répondre à Robespierre, c'est très intéressant ce que tu dis.
quand tu dis
Parce que son autonomie est difficile : cela est dû au deux courants majeurs gauche/ droite et que le centre ne s’est jamais particulièrement distingué en dehors de l’accompagnement, de son soutien détaché ou de son abstention complice à l’égard des projets de la droite : le centrisme est plutôt un « faire-valoir » pour masquer qu’il s’agit en fait d’une droite modérée

, "Le centre ne s'est jamais particulièrement distingué" donc si un leader charismatique, entouré de politique qui fuit la droite et la gauche, se présente pour les présidentielles, il a une chance de l'emporter ? --> je pense justement au parti radical, qui a nommé Borloo comme leader et je soupçonne certains politique de droite qui viennent de partir de l'UMP hier (Rama Yade, Bernard Kouchner, etc) de rejoindre le parti radical !

Après, pour répondre à ton raisonnement général, le système : de centre qui n'a eu de cesse de s’engluer sur le parti élu, droite ou gauche, n'est-il pas vouer à disparaître pour inverser ce système, peut-être ringard ? je veux dire, d'évoluer, de s'adapter à aujourd'hui pour qu'il y ait un parti Centre (au centre ;) du débat, elu à la présidentielle ) et une gauche et une droite qui s'englues au centre ?
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede vudeloin » Ven 7 Jan 2011 14:31

On pourrait surtout citer Edgar Faure, qui disait, il y a longtemps

" le centre où est il ? Mais, à droite, au fond du couloir ! "
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Re: Pourquoi un parti centriste n'est-il pas LA solution à tous?

Messagede Artisan-Politologue » Ven 7 Jan 2011 16:54

Edgar Faure disait aussi que ce n'était pas la girouette qui tournait mais les vents qui changeaient de direction.
Le débat suscité par Popeye n'est pas nouveau, mais il survient souvent de la part de citoyens s'intéressant sincèrement à la politique mais fatigués des guéguerres droite/gauche.
Je ne suis pas sûr qu'en France, pays où les concepts de droite et de gauche en politique sont nés, on puisse s'en passer. Comme dirait l'autre, il y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes...
Même de Gaulle, qui voulait "rassembler les Français" a du se résoudre, sur la fin, à être soutenu par une droite dont, au minimum, il se méfiait...
Même au sein du FN, qui se veut ni de gauche, ni de droite mais "Français", la plupart des militants se disent "de droite".
Même Jean-Pierre Chevènement a échoué en 2002 à réunir les "républicains des deux rives".
Au milieu des années 90, l'écologie politique a failli couler parce qu'elle était sur une ligne "ni droite ni gauche", elle n'a surnagé que quelques temps après que Dominique Voynet ait arrimé les Verts à gauche.
En fait, il ne suffit pas de créer un grand parti centriste (de toutes façons ce genre de choses ne se décrète pas) pour que le clivage gauche/droite qui, j'en conviens, énerve beaucoup de Français, disparaisse. La fonction créé l'organe et non l'inverse. Pour que ce clivage disparaisse, il faudrait un réalignement électoral.
Celui-ci aurait pu se produire après le referendum sur Maastricht en 1992, ou après les 19 % de François Bayrou à la présidentielle de 2007. Il n'en a rien été, le système est resté debout.
Maintenant on peut se poser la question: pourquoi est-il resté debout?

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