Je rebondis sur un post de Jean-Philippe d'un autre sujet : cette page parait plus appropriée pour ma réponse.
Jean-Philippe a écrit:Pour Bayrou, c'est encore pire puisqu'il n'a plus qu'une petite dizaine de parlementaires fidèles dont la plupart, sénateurs, sont directement menacés par le renouvellement de 2011.
Effectivement, les sénatoriales de 2011 seront l'occasion du renouvellement des mandats des derniers sénateurs bayrouistes qui restent au sein du groupe UC et dans ce cas, en plus, les sénateurs Modem sont pour la plupart dépendants des stratégies de l'UMP.
La plupart (si ce n'est pas la quasi-totalité) des sénateurs de l'UC élus ou réélus en 2004 ont rejoint le Nouveau centre ou Jean Arthuis, bref se positionnent au centre droit et ont rompu avec Bayrou (Morin-Desailly, Dini, Pignard, Pozzo di Borgo, Amoudry, Dubois, Merceron, Dupont - dans cette liste, parmi les mandats courant jusqu'en 2014, seul Marcel Deneux est Modem). En 2008, le Modem est resté totalement sur le carreau, en perdant 2 sièges de sénateurs, celui d'André Vallet qui ne se représentait pas dans les BDR et celui de Philippe Arnaud, largement battu en Charente...sans avoir de compensation (les listes ou candidats isolés du Modem obtenant la plupart du temps des scores anecdotiques).
Cette fois-ci, le Modem risque encore d'être fragilisé : après les municipales et les cantonales de 2008, il peut difficilement espérer conquérir de nouveaux sièges dans les départements renouvelables en partant seul (il devrait de toute façon partir seul car trop distant de la droite pour faire alliance et le PS a déjà fort à faire pour négocier avec le PC, le PG, EELV ou le PRG donc c'est niet pour le Modem).
Le dernier cercle de Bayrou va livrer en septembre 2011 son (dernier ?) combat. Avec une échelle de risques différente selon les personnalités en jeu :
- Ne se représentera pas : Didier Borotra, 74 ans, sénateur-maire de Biarritz - il ne manquera à personne au Sénat, dans la mesure où il ne se rend plus au Palais du Luxembourg depuis des années (la quasi-totalité des fonctionnaires du Sénat ne savent pas à quoi il ressemble!). Dans ce département, le Modem reste actif et pourrait rempiler au Sénat avec un autre élu, en l'occurrence l'ancien et peut être futur président du CG, Jean-Jacques Lasserre. Problème : sa stratégie d'union avec la droite au niveau local l'a quelque peu éloigné de Bayrou, même s'il reste au Modem - en cas de bon score, il pourrait emmener avec lui une de ses proches, Denise de Saint Pé, qui est une fidèle également du président du Modem : mais là encore, tout dépend de la droite, car celle-ci peut aussi jouer une stratégie intelligente (sur le papier, après évidemment, il y a les logiques d'appareil et les ambitions qui abattent ces scénarii), en favorisant l'élection de centristes plutôt qu'en jouant une logique de monopolisation : les centristes tendance Lasserre peuvent attirer plus facilement les voix décisives...
- Sont sur la sellette, avec risques élevés de chute : les franciliens Denis Badré et Jean-Jacques Jégou semblent en effet très affaiblis et sont loin d'être garantis de leur réélection, au contraire. En effet, la logique d'étiquette dans ces départements urbains est déterminante et les votes totalement prédictifs : dans les Hauts-de-Seine, le Modem ne peut compter que sur la capacité de Denis Badré à brasser large, parmi les déçus de la droite car, à l'occasion des municipales, le Modem a souvent été du côté des vaincus lors des fusions (Sèvres, Châtillon, Clamart, Colombes...) ce qui signifie peu de grands électeurs. Surtout que Denis Badré est loin d'être certain de vouloir repartir (le Modem l'encourage forcément très fortement, car sans Badré, le parti perdra son siège). Dans le Val-de-Marne, le Modem est là encore très menacé, surtout depuis que Vincennes est dans les mains du nouveau centre et que le Modem s'est mis dans l'opposition dans la plupart des communes en montant des listes autonomes et a perdu Mandres-les-Roses, avec la chute de Jean-Brice de Bary en 2008.
- Peuvent être favorisés par la droite, qui cherchera à éviter que leur siège ne tombe dans les mains de la gauche : dans cette catégorie, je pense à Jacqueline Gourault ou Jean-Marie Vanlerenberghe : des UDF historiques, qui peuvent toujours être faciles à convaincre, du moins par rapport à des gens de gauche...Dans le Loir-et-Cher, Jacqueline Gourault a son petit réseau et il se murmure que la droite ne devrait pas trop la menacer, pour éviter la dispersion et le passage à gauche de son siège ; dans ce cas, elle pourrait rendre en off l'ascenseur à un centriste, proche de l'UMP, pour la succession de Pierre Fauchon, qui, à 82 ans, ne se représentera pas...
Le Modem montera peut être voire surement des listes dans les départements à la proportionnelle mais sans réelle chance de victoire : c'est le cas dans les départements franciliens, mais la plupart des élus UDF des élections de 2004 ont été soit battus (Nicole Rivoire à Noisy-le-Sec par exemple) ou ont soit, ça concerne la grosse majorité, rejoint le Nouveau centre, le PR ou l'Alliance centriste (Vincent Delahaye à Massy, Hervé Marseille à Meudon, Laurent Lafon à Vincennes, Hervé Chevreau à Epinay, la liste de ces grands élus est bien sûr longue...).
Et au scrutin majoritaire, le Modem a très peu de chances, encore faut-il de toute façon qu'il présente des candidats dans les départements concernés (quel intérêt de présenter des candidats dans la Mayenne face aux sortants de l'ALC très implantés ? quel utilité de s'humilier un peu plus en faisant des scores anecdotiques dans les P-O, le Lot-et-Garonne, le Puy-de-Dôme ou le Loiret ?)...