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Un palmarès de l'activité des sénateurs

Forum de discussion dédié aux élections sénatoriales de septembre 2011 et au renouvellement pour la première fois d'une moitié du Sénat français.

Un palmarès de l'activité des sénateurs

Messagede Zimmer » Jeu 1 Juil 2010 23:39

Sénat : ceux qui bossent, ceux qui se planquent
Par Paul Terra , Raphaël Ruffier-Fossoul
Posté le 25/06/2010 à 12:03

Lyon Capitale publie le premier palmarès de l’activité des sénateurs. Aussi incroyable que cela paraisse, de mémoire de service presse de cette assemblée et aussi d’élus, un tel classement n’avait jamais été réalisé. Bilan : 150 sénateurs sèchent régulièrement en commission.

Image
©afp

Le Palais du Luxembourg est un monde à part. Les débats sont feutrés, la moyenne d’âge élevée (63,5 ans) et l’activité des sénateurs échappe à tout contrôle. Ils ne sont pas pointés en séance publique. Et pour trouver une trace de leur présence en commission, nous avons dû éplucher les journaux officiels de l’année écoulée. En réalisant notre classement, nous publions pour la première fois un cliché des travaux des 343 sénateurs français. Si nos députés sont soumis à un contrôle des médias et même des citoyens par des classements publiés presque tous les mois, nos sénateurs vivaient jusque là cachés et donc heureux. Qui savait par exemple qu’une dizaine d’entre eux ne mettaient jamais les pieds au Sénat ? Que 150 sénateurs ont participé à moins de 20 commissions en 2009-2010, séchant ainsi plus de la moitié des séances auxquelles ils étaient censés participer. Qui savait aussi qu’une centaine de sénateurs fréquentait très assidûment les séances publiques comme les commissions ? Notre enquête a révélé des inégalités flagrantes entre parlementaires. En nous basant sur leur activité, classée selon dix critères, nous avons vu apparaître un Sénat divisé en trois. Ceux qui bossent, ceux qui sont à mi-temps et ceux qui se planquent au Palais du Luxembourg.

Nous avons même trouvé un sénateur, François Vendasi, qui ne vient jamais à Paris et ne s’en cache pas. Les parlementaires que nous avons contacté n’ont pas sourcillé quand nous leur avons annoncé que Jean-Pierre Sueur occupait la plus haute marche. Et tous ont deviné que Didier Borotra, maire de Biarritz et auteur d’une seule question écrite cette année, fermait la marche. Il y a aussi ceux qui, presque honteusement, dissimulent leur inactivité derrière des textes de loi co-signés ou des questions écrites. Jean-Jacques Masson, sénateur de la Moselle, est ainsi le roi incontesté de la question écrite : 612 posées en un an. En revanche, il n’a jamais mis les pieds dans la commission à laquelle il appartient. Quant à la pertinence de ses questions écrites, elle laisse souvent songeur comme lorsqu’il demande à un ministre l’espace à respecter entre chaque tombe dans un cimetière. Il se murmure même dans les couloirs du palais du Luxembourg qu’au ministère de l’Intérieur un fonctionnaire est spécialement chargé de répondre à ses questions.

Nul ne sera surpris non plus de constater que les dix premiers de notre classement ne sont pas des “cumulards”. “Le fait de ne pas avoir d’autres mandats m’aide à me consacrer pleinement à mon rôle de parlementaire. J’arrive à suivre beaucoup de sujets”, explique Jean-Pierre Sueur, sénateur PS du Loiret et premier de notre classement. Les sénateurs de milieu de tableau, les médiocres, cumulent, eux, souvent des fonctions dans des exécutifs locaux. À l’image d’un Gérard Collomb, sénateur-maire et président du Grand Lyon. Son activité parlementaire en séance publique s’est résumée à sept interventions. En commission, il est venu neuf fois. Beaucoup de sénateurs que nous avons contacté le considèrent comme l’archétype du sénateur fantôme. Il laisse pourtant derrière lui une grosse centaine de sénateurs. Cela en dit long sur l’activité générale du Sénat. Mais il y a une constante chez les 343 sénateurs de France : leur rémunération. Elle est la même pour le dernier comme pour le premier : 7650 euros brut par mois.

Les trois familles du Sénat

Notre classement fait apparaître un sénat divisé en trois. Celui des médiocres, des cancres et puis il y a aussi des bons élèves. À chaque fois, ils sont une centaine. “Notre assemblée n’est pas en première ligne comme l’Assemblée nationale. Nous ne sommes pas médiatisés”, nous confie Christiane Demontès. Et certains ont intérêt à ce que le Sénat reste dans l’ombre tant leur activité est anecdotique.
:: Les bons élèves
Ils sont tout de même une centaine à honorer réellement leur mandat. Avec en tête de notre classement, Jean-Pierre Sueur. Au total, en commission comme en séance, il a pris 1162 fois la parole. Durant l’année, il s’est exprimé sur à peu près tous les sujets. La première place de Jean-Pierre Sueur a aussi une explication plus cabotine. “Si on veut faire durer un débat sur plusieurs heures ou plusieurs jours, on lui demande d’intervenir. Il le fait gentiment et avec plaisir et cela énerve très vite les sénateurs de la majorité. Il peut faire durer l’examen d’une loi pendant deux jours”, raconte un sénateur socialiste. Notre classement illustre aussi une prime à l’opposition. “Ils sont plus bavards, plus accrocheurs. Ils tirent sur tout ce qui bouge tout en sachant que leurs demandes n’aboutiront pas. L’attitude de certains sénateurs de l’opposition est devenue plus un jeu qu’un vrai poids politique”, tempère Éric Doligé, sénateur centriste du Loiret. “Jean-Pierre Sueur, aide-t-il les entreprises en difficulté de son département ?”, s’interroge un autre sénateur.
Notre classement fait surtout jaillir un constat limpide : aucun des dix premiers n’exercent de fonctions exécutives locales. “J’arrive à m’impliquer dans mon mandat de sénateur car je suis bien entouré localement. Et puis je suis conseiller général depuis 1974 donc je connais bien les rouages de cette assemblée et comme je suis en plus dans l’opposition, cela ne prend pas trop de temps”, admet Alain Vasselle sénateur-maire UMP de l’Oise et conseiller général, 13è de notre classement. L’astuce pour être un bon sénateur cumulard serait donc de sacrifier un mandat. Un choix souvent fait au Sénat mais beaucoup, près des deux tiers du Palais du Luxembourg ont, eux, choisi de sacrifier leur mandat parlementaire.
:: Les médiocres
Ils forment le ventre mou de notre classement. Une armée souvent silencieuse, celle des sénateurs qui passent dire bonjour à intervalles réguliers. Des parlementaires à mi-temps. Le reste de leur temps, il le consacre à leurs autres mandats. Dans cette catégorie, on retrouve sans surprises des cumulards : Gérard Collomb (maire de Lyon et président du Grand Lyon), Jean-Claude Gaudin (maire de Marseille et vice-président du Sénat), François Patriat (président de la région Bourgogne), Alain Lambert (président du conseil général de l’Orne). Et puis il y a ceux qui sans forcément cumuler deux mandats à responsabilité n’en font pas lourd. Quelques exemples de sénateurs à temps-partiel : Christian Gaudin (202è) n’a co-signé qu’une seule loi sur l’élagage des voies publiques, le suppléant de François Fillon, Jean-Pierre Chauveau (287è) n’a posé qu’une seule question sur… le tir aux corbeaux. Dans l’armée des sénateurs anonymes, beaucoup se contentent du strict minimum. “Les débats deviennent des débats de spécialistes. Jean-Pierre Sueur parle sur tout mais ils ne sont plus très nombreux comme lui”, pointe François-Noël Buffet. Résultats quelques sénateurs n’interviennent que sur un seul sujet. Bernard Angels (176è), par exemple, est intervenu à huit reprises dont sept sur la loi de finances. “Nous légiférons trop. Parfois, nous devrions être en même temps en commission et en séance publique. Il ne faut pas s’étonner si les gradins sont vides. Et puis, pour les nouveaux sénateurs, le travail est très difficile. La première fois que l’on m’a donné un texte de loi, j’ai eu l’impression que c’était du chinois. Je ne comprenais rien. Je pense qu’il faut presque un mandat pour être efficace et trouver sa place”, se souvient Alain Vasselle (UMP). Pour info, un mandat de sénateur dure neuf ans.
Les “cancres”
Pour une grosse partie d’entre eux, l’étiquette cancre n’est pas assez forte. L’école buissonnière leur convient mieux. Et certains l’assument. “Je ne me rends pas souvent au Palais du Luxembourg. Je suis un homme de dossiers et ce sont les activités locales qui m’intéressent. Je préfère aider les maires de mon département. La vie parisienne, ce n’est pas mon truc. Mais on ne peut pas dire que je ne fais rien. Le travail d’un sénateur, c’est aussi la représentation locale”, s’explique François Vendasi, sénateur radical de gauche de la Haute-Corse. Sauf que l’activité de province est inquantifiable. “Je vais au Sénat une fois par an. Vous savez, moi, je suis avant tout un chef d’entreprises”, nous a confié François Vendasi. Sa dernière visite remonte à novembre 2009. Mais c’est insuffisant pour être dernier. Didier Borotra, sénateur-maire de Biarritz a fait pire. “Depuis 1992, date de mon élection, je crois que je ne l’ai vu qu’une demi-douzaine de fois”, s’amuse Alain Vasselle, sénateur UMP. Anecdote révélatrice, tous les sénateurs que nous avons contacté ont deviné que Didier Borotra était la lanterne rouge. Et puis il y a la litanie des excuses brandies pour justifier un mauvais classement. “Je m’occupe beaucoup de mes ouailles, de mes électeurs, les maires. Je suis aussi président du groupe France-Chine et vice-président du Groupe Énergie, cela me prend beaucoup de temps” précise ainsi Jean Besson, sénateur PS de la Drôme. “Tous vos critères ne me concernent pas. Je fais des déplacements pour mes rapports. Je suis un sénateur chevronné, je sais là où je peux influer et là où ma présence n’apportera rien. Je vais en commission dès qu’un sujet m’intéresse”, s’explique Jean François-Poncet, sénateur UMP du Lot-et-Garonne. Sa mémoire lui a joué des tours puisque lors de cette session parlementaire, il n’a rendu aucun rapport et qu’il n’a assisté qu’à cinq commissions. À noter qu’il est tout de même vice-président de la commission des affaires étrangères et aussi vice-président de la commission des affaires européennes.

http://www.lyoncapitale.fr/lyoncapitale/journal/univers/Politique/France/Senat-ceux-qui-bossent-ceux-qui-se-planquent


Pour télécharger le classement en pdf : http://www.lyoncapitale.fr/lyoncapitale/content/download/126911/862626/file/lyoncapitale_palmares_senateur.pdf
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Re: Un palmarès de l'activité des sénateurs

Messagede Jean-Philippe » Ven 2 Juil 2010 19:29

Heureusement que les journalistes, eux, ne chôment pas.
Sur le cumul, la démonstration est flagrante.
Je suis étonné que l'indemnité ne soit pas en partie adossée à l'activité parlementaire. Comme quoi, il reste du boulôt pour Larcher s'il veut améliorer l'image du Sénat.

Sur les 20 premiers, on compte 11 socialistes, 3 communistes et 6 UMP. Sur les 20 derniers, on compte 4 socialistes, un radical de gauche, 2 centristes, un non inscrit (Gaston Flosse) et 12 UMP. Si on retire 4 sénateurs arrivés en cours d'année et classés dans les 20 derniers, le résultat est le suivant : 2 socialistes, un radical de gauche, 3 centristes, un non inscrit (Gaston Flosse), 1 RDSE (ex UMP), 12 UMP.
Les derniers sont souvent des élus ultra-marins.
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Re: Un palmarès de l'activité des sénateurs

Messagede vudeloin » Mar 11 Jan 2011 20:54

Le palmarès est assez discutable, à la vérité.
ne serait ce que parce que le simple fait d'être membre de la majorité, ou d'exercer certaines fonctions, offre naturellement parfois plus d'occasions de parler en séance.
rapporteur général du budget ou d'un projet de loi, cela aide pour apparaître dans la liste en bonne place.
Surtout quand le budget comprend la réforme de la taxe professionnelle et que la discussion intègre un millier d'amendements.
Je crois surtout que l'élément principal de cette affaire, c'est que l'activité parlementaire visible est le fait d'un nombre somme toute assez restreint de parlementaires et qu'une séance publique avec trente à quarante parlementaires dans l'hémicycle correspond à une bonne fréquentation.
en tout cas, sur une statistique plus récente, j'ai eu l'occasion d'apprendre, quant au débat sur la réforme des retraites, que les sénateurs de l'opposition avaient utilisé plus de 80 % du temps de parole, le groupe CRC SPG, ne comptant pourtant que 24 élus, ayant même devancé le groupe PS dans cet exercice.
et que les sénateurs du groupe UMP, en leur nom propre, n'avaient cumulé que 4 % du temps des débats.
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Re: Un palmarès de l'activité des sénateurs

Messagede maxxx » Mar 11 Jan 2011 21:24

Ce n'est pas une surprise : les élus(e)s communistes ont la réputation d'être les plus assidus dans l'hémicycle du Palais du Luxembourg : l'exemple d'Annie David est particulièrement symbolique de ce point de vue.

Il faut toujours avoir à l'esprit, à la lecture de ces classements, le fait de savoir si les élus mentionnés cumulent ou non, et surtout depuis quand ils sont élus...Il me semble assez logique au premier abord que les nouveaux élus de septembre 2008 ne figurent pas forcément parmi les élus les mieux classés, tout simplement parce que leurs homologues des séries 2001 et 2004 sont déjà rodés et qu'ils peuvent plus facilement saisir lors des renouvellements les postes qui exigent le plus de présence ou de travail visible (rapporteur, présence à la Cofi...) : n'importe quel connaisseur du Sénat reconnaitra qu'il est plus facile d'être présent à la Cofi qu'à la Commission des affaires culturelles...Entre discuter du PLF ou des collectifs budgétaires et examiner le rapatriement des têtes maoris, je laisse deviner où va l'affluence...

Que des sénateurs comme JP Sueur ou Nicole Bricq trustent les meilleures places de l'assiduité, OK, car c'est vrai qu'on les voit...Mais que JP Sueur vienne ensuite argumenter qu'il ne cumule pas, je trouve le propos ironique, dans la mesure où, comme Nicole Bricq, il ne cumule pas de manière forcée, battu deux fois aux municipales sur Orléans...

Dans les palmarès, je décernerai quand même une palme à Yves Daudigny : il fait partie des sénateurs les mieux classés et les plus assidus tout en étant élu que depuis 2008 et surtout en assumant la présidence d'un exécutif départemental hors Idf...Preuve que certains parviennent à être rapidement efficaces et savent s'organiser...
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Re: Un palmarès de l'activité des sénateurs

Messagede Fabrice_BLR » Mer 14 Sep 2011 22:03

Vraiment dommage qu'il n'existe pas de site www.nossenateurs.fr sur le même modèle que www.nosdeputes.fr
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