de vudeloin » Mar 8 Fév 2011 17:19
Pour compléter la précédente étude, une petite revue de détail sur les cantons renouvelables du Gers, concernant cette fois les cantons tenus par des élus de gauche.
Le canton d’Auch Nord Est est le premier de ceux que nous examinons.
Il compte un peu moins de 7 000 habitants ( ce qui est beaucoup pour le département ), regroupés entre une partie d’Auch et 8 autres petites communes, de tradition rurale, mais de population de plus en plus éloignée des activités agricoles, toutes comptant moins de 500 habitants et parfois encore moins.
Les deux tiers de la population cantonale procèdent du chef lieu auscitain et les résultats de 2004 avaient été clairs : le candidat socialiste avait été élu au premier tour avec 51,1 % des voix et un succès d’ailleurs construit dans les autres communes puisqu’il n’avait eu qu’une majorité relative ( 47,6 % tout de même ) sur Auch.
Deux maires du canton sont orientés à droite et deux autres à gauche, au moins.
Rien ne semble devoir conduire à un autre résultat qu’en 2004.
Le canton d’Auch Nord Ouest compte pour sa part entre 9 et 10 000 habitants et recouvre une partie de la cité auscitaine et 7 sept autres communes dont la plus importante, Preignan, était la ville d’élection du conseiller général sortant.
Ceci dit, les rapports de forces n’ont guère changé et trois des communes du canton sont gérées par le PS ( Preignan, Duran et Castin ) et une par un DVG ( Montaut les Créneaux ).
L’UMP ne peut compter a priori que sur le maire de Roquelaure, Michel Baylac, présidente d’une communauté de communes constituée par les villages situés près d’Auch sans intégrer la communauté d’Auch.
Rien ne semble devoir provoquer un autre résultat qu’un nouveau succès du PS ( près de 59 % au second tour en 2004 )
Le canton de Cologne, dans la Lomagne, constitue un cas intéressant.
Plutôt porté à droite jusqu’ici, il avait choisi en 2004 un conseiller général PS, élu au terme d’une élection serrée.
Au premier tour, la gauche avait recueilli 781 voix et la droite et l’extrême droite 806.
Nous sommes, rappelons le, dans un canton de 13 communes rurales comptant au total 3 500 habitants environ.
Au second tour, le candidat PS avait été élu avec 891 voix contre 818 au radical valoisien Max Laborie, maire de Cologne.
La situation politique du canton laisse apparaître une certaine présence de la droite, avec la mairie de Cologne, celles de Catonvielle, Roquelaure Saint Aubin et Sirac.
Le sortant PS, Philippe Dupouy peut mettre en face sa mairie de Touget et le soutien du maire de Saint Georges.
Aux élections municipales, Max Laborie a été réélu sur Cologne avec le moins bon score de sa liste, en réalisant 260 voix sur 510 inscrits.
Philippe Dupouy, lui, a été plébiscité sur Touget avec 289 voix sur 381 inscrits.
Le climat n’est donc pas négatif pour le sortant PS, malgré la difficulté de l’exercice, d’autant qu’aux régionales, le chef lieu a voté à gauche avec 156 voix contre 94 à la liste UMP au second tour.
Le canton est donc a priori une des chances de reconquête de la droite mais cela sera tout de même difficile.
Le canton de Lombez, tenu par l’ex socialiste devenu PRG Jean Loubon ne devrait pas changer de couleur non plus.
La petite capitale du Savès règne sur un canton de 25 communes comptant 5 700 habitants, dont une part importante ( plus de 1 800 ) dans le chef lieu.
Jean Loubon a été nettement élu en 2004 ( 48 % au premier tour, plus de 58 % au second ) et la domiciliation du siège ne devrait pas changer.
Le canton de Saramon, 16 communes et environ 5 000 habitants, est le cas suivant à examiner.
Le siège est détenu par un DVG, Jean Pierre Salers, maire du chef lieu, élu en 2004 avec 60 % des voix au second tour face au maire UMP du petit village de Lartigue, Arnaud Wadel.
On retrouve pour 2011 une bonne partie les mêmes acteurs : Jean Pierre Salers est toujours maire de Saramon, Arnaud Wadel de Lartigue, le candidat Vert Henri Chavarot est encore maire de Faget Abbatial, Michel Burgan, candidat PCF en 2004, est toujours maire de Castelnau Barbarens et le PS André Piccin est l’élu d’Aurimont.
Aucun de ces candidats n’a été véritablement mis en question lors des municipales mais les régionales ont marqué un virage à gauche plus net, la commune d’élection du candidat UMP de 2004 votant à gauche aux deux tiers.
Le vainqueur du scrutin sera de gauche, le tout étant de savoir de quelle étiquette.
Le canton de Saint Clar, dans la Lomagne, est le suivant à regarder.
14 communes, pays de bonne chère et de l’ail, 2 800 habitants environ dont un millier sur le chef lieu, bastide anglaise…
Et un sortant PS, Bernard Gendre, élu d’un cheveu en 2004.
Au premier tour, la droite prend l’avantage avec 833 voix contre 760 à la gauche
Un écart qui doit beaucoup aux autres communes et non au chef lieu, alors mairie de Bernard Cassaignau, sortant UDF, ayant pris la suite, si l’on peut dire, de l’ancien député et Ministre PS, André Cellard.
Sur Saint Clar, même, les candidats de gauche font 262 voix et les deux candidats de droite ( UDF et FN ) 264 !
D’autres communes sont plus marquées à droite : 42 voix contre 5 sur Castéron, 130 voix contre 42 dans la commune de Tournecoupe.
Au second tour, la gauche l’emporte de 6 voix sur le canton avec 896 voix contre 890.
Depuis, de l’eau a coulé dans l’Arrats, et les municipales de 2008 ont été marquées, entre autres, par le passage à gauche de Saint Clar et la défaite de l’ancien conseiller général UDF face au jeune ingénieur aéronautique, membre du PS, David Taupiac.
On a beaucoup voté à Saint Clar aux municipales 2008, avec 635 votants sur 703 inscrits, soit plus de 90 % et David Taupiac a fait 369 voix sur 624 exprimés, soit plus de 59 % des votes.
Le candidat communiste Jacques Cadéot, avec un peu plus de 51 % des votes, a fermé la marche d’une élection victorieuse pour la totalité des membres de la liste de gauche.
Et Bernard Gendre a été brillamment réélu sur Saint Léonard, sa commune d’attache.
Pour être clair, il semble bien que rien n’empêche la gauche de bisser le succès aux cantonales, maintenant que la position principale de la droite a basculé.
Le canton de Valence sur Baïse compte, lui, 16 communes et un peu plus de 4 500 habitants dont 1 200 sur le chef lieu, un peu plus de 900 sur la station thermale de Castéra Verduzan et un peu plus de 600 sur Saint Puy.
Le canton est d’ailleurs partagé entre l’eau ( celle de la Baïse, celles thermales de Castéra Verduzan ) et le vin, notamment à cause de Saint Puy, connu pour avoir été le village du sieur Blaise de Montluc, fameux bretteur, Maréchal de France, et j’en passe et inventeur présumé ( ce doit être une gasconnade ) du pousse rapière…
Mais, en termes électoraux, c’est le canton de Philippe Martin, député et président du conseil général.
En 2004, Philippe Martin avait dépassé les 45 % au premier tour, suivi du candidat communiste, Paul Capéran, avec 25 %.
Depuis, Paul Capéran ( bien que non candidat aux cantonales cette fois ) a été élu maire de Valence, le PS tient Bézolles, Castera Verduzan ( avec le fils de l’ancien sénateur PS Aubert Garcia, Jean Michel Garcia ), Lagardère ( des fois que nous aurions des doutes sur l’endroit où nous sommes ! ), Roquépine.
Le PCF, outre Valence, dispose de la mairie du village de Maignaut Tauzia et conserve une influence dans la petite commune de Bonas, où la liste du Front de Gauche a fait 22 voix aux régionales ( contre 24 à la liste PS et 7 à celle de l’UMP )…
Saint Puy a voté par 170 voix contre 105 aux régionales pour la liste Malvy.
Bref, Martin dans un fauteuil et peut être dès le premier tour.
Le canton suivant est le canton de Miélan, dans l’arrondissement de Mirande et ce que l’on appelle l’Astarac.
19 communes, 4 800 habitants environ, une base de loisirs autour de la retenue d’eau de Miélan, des terres vallonnées et verdoyantes destinées notamment à l’élevage bovin, et de la place : 192 km carrés, soit près de deux fois la surface de Paris…
Le conseiller général est PCF, élu depuis 1998, un peu à la surprise générale, et il s’agit de Gérard Fauqué, agriculteur, ancien seconde ligne de rugby, maire du petit village de Duffort.
Elu par surprise donc en 1998 ( la gauche était minoritaire au soir dur premier tour ), Gérard Fauqué a été réélu en 2004, en obtenant 40,7 % des voix au premier tour, contre 29,4 % à Claude Sénac, candidat UMP, maire d’Aux Aussat et 25,7 % au candidat PS, André Danos, maire de Villecomtal sur Arros.
Au second tour, Gérard Fauqué a été réélu en obtenant 1 801 voix et 66,1 % contre 922 voix et 33,9 % au candidat UMP.
Depuis, les affaires de la droite ne se sont pas arrangées.
Miélan est en effet passée à gauche en 2008, avec la défaite du candidat de droite de 1998 Louis Lacoste, le meilleur élu de la liste de gauche ayant obtenu environ 57 % des voix au second tour.
Villecomtal, commune connue pour sa laiterie du groupe Danone ( elle fournit largement les grands distributeurs en lait sous marque de distributeur ), a confirmé son ancrage à gauche.
La liste d’André Danos a en effet obtenu de 76 à 92 % des exprimés.
Gérard Fauqué a été réélu dans sa commune en réalisant 95 voix sur 121 électeurs inscrits…
Et Céline Salles, maire de Malabat, a été élue présidente de l’intercommunalité du canton.
Aux régionales de 2010, pour mémoire, sa petite commune a donné 48 voix à la gauche au second tour contre 1 à la liste UMP de Brigitte Barèges…
La réélection de Gérard Fauqué, dont l’électorat personnel va au-delà des votes communistes sur le canton en d’autres occasions, ne semble faire guère de doutes.
Terminons avec le canton de Riscle.
Le canton compte 21 communes, est proche des Landes – la commune de Barcelonne du Gers étant située face à Aire sur l’Adour -, s’étend sur 231 km carrés ( pas trop serrés là encore ) et se peuple d’environ 7 000 habitants.
Le chef lieu compte environ 1 800 habitants, Barcelonne 1 300.
En 2004, le canton a basculé à gauche, de nouveau, même si sa tradition est plutôt modérée.
Il a aussi une tradition viticole, puisque nous sommes ici dans le périmètre du Côtes de Saint Mont, vin bien charpenté pour accompagner le magret de canard, par exemple…
Revenons aux élections de 2004.
Premier tour : le PS se positionne en tête avec 1 794 voix, contre 1 528 au candidat UDF, 267 au candidat PCF et 216 au candidat du FN.
La gauche dispose donc d’une avance de 317 suffrages, qu’elle doit notamment à Barcelonne du Gers ( 441 voix à gauche, 310 à droite ) et à sa performance sur le chef lieu, pourtant alors tenu par la droite ( 547 voix contre 399 ).
Au second tour, le candidat PS, Guy Darrieux, est élu avec 2 242 voix contre 1 828 au candidat UDF, soit un écart de 414 suffrages, légèrement accru.
La participation ( 78,6 % ) est en conformité avec les habitudes locales.
Barcelonne ( 477 voix contre 315 ) et Riscle ( 611 contre 441 ) apportent un concours décisif au succès du candidat PS.
Depuis, les choses ne se sont pas améliorées pour la droite.
Riscle a basculé à gauche en 2008 puisque Guy Darrieux, médecin généraliste de son état, a emporté la mairie jusqu’ici tenue par Jean Claude Eugène pour la droite.
Sa liste a obtenu de 50 à 57 % des votes au premier tour, lui-même réalisant 620 voix sur 1 095 exprimés.
Barcelonne est toujours PS, d’autres mairies plus ou moins petites ont des élus de gauche ( PCF, PS, DVG ) et les régionales ont confirmé le passage à gauche ( Riscle : plus de 65 % au second tour ; Barcelonne : plus de 66 % ; Viella : plus de 62 % ).
Rien qui ne semble donc mettre en difficulté l’élection d’un candidat de gauche, et notamment la réélection du sortant.
Au final, aucun des cantons actuellement ne semble véritablement menacé, si ce n’est que celui de Cologne, à la condition que la droite parvienne à inverser les tendances observées depuis quelques temps.
Tout semble donc indiquer que la majorité départementale peut compter quelques élus de plus au soir du 27 mars et la droite se retrouver avec une représentation très réduite.